• CHAPITRE TRENTE-SIX •

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De son pouce, Nathan essuie le sang qui perle au coin de sa bouche. Il jette un regard méprisant à Marcellus, mais celui-ci semble bien trop atterré par ce qu'il vient de commettre pour s'en rendre compte. Le cours du temps se fige et même si Duncan se relève dignement, plus personne n'ose bouger. Nous sommes tous suspendus aux lèvres de Nathan.

— Les coups et blessures volontaires sont définis comme le fait d'exercer des actes de violence de manière consciente sur autrui. Je présume que je ne t'apprends rien en tant qu'avocat. Dis-moi, à ton avis quelle est la peine encourue ?

Ma mère plaque si fort une main sur sa bouche que le sang ne circule plus jusqu'à ses joues. Tout le monde retient son souffle, car mon frère a sciemment frappé Nathan et qu'aucun de nous n'est assez sot pour ne pas comprendre ce que cela implique.

— La fureur et la peine peuvent nous amener à faire des choses déplorables, continue celui-ci.

Les yeux de Marcellus s'écarquillent et il semble enfin percuter quelque chose qui m'échappe pourtant totalement.

— Tu ne peux pas être sérieux Andrews ! Ne compare pas l'incomparable. Que fais-tu de la préméditation ?

— Imaginons un simple instant qu'un homme complètement abêti de la colère décide de se rendre chez un ancien ami de faculté pour le frapper au visage. Pourrait-on parler de préméditation ici ?

— Une fois encore, ce n'est pas la même chose !

— Comme c'est commode ! Lorsqu'il s'agit des miens il est question de calculs et de desseins parfaitement réfléchis, mais quand il est question de vous, il s'agit de... de quoi au juste ?

— Ton père a...

— Mon père a tout perdu ! s'enflamme Nathan. Alors oui, le seul désir qui l'a animé fut de faire éclater la vérité au grand jour, quitte à ternir la fausse renommée de votre famille.

— C'était un accident ! éructe mon frère.

— Qui a causé tellement de torts, mais aucun que vous n'ayez décidé de reconnaître.

— Nous étions de simples adolescents. Je n'ai jamais voulu ça !

— Et je n'ai jamais avancé pareille chose. Pourtant tu n'as rien fait pour refréner le désordre que ton père a mis par la suite !

— Je n'avais pas le choix ! hurle mon frère.

C'est au tour de Nathan d'être médusé un moment par les propos de Marcellus.

— Je n'ai jamais eu mon mot à dire, poursuit-il.

Mon père s'anime et s'apprête à parler, mais le regard que lui coule Nathan est empreint d'une telle rage qu'il se ravise.

— Tu es un adulte maintenant et pourtant tu continues à te cacher derrière des excuses lamentables ! Tu es incapable d'assumer pleinement tes actes et tout simplement la vérité.

— Tu n'étais pas là !

— Et je le regretterai chaque jour de ma vie. Je n'aurais jamais dû convaincre mes parents de le laisser partir avec vous ! Romeo a toujours été insouciant et téméraire. J'aurais dû me douter qu'il manquerait à ses devoirs de grand frère.

— Il n'est pas condamnable non plus.

— Qui l'est alors ? demande-t-il en écartant les bras.

— Il n'aurait rien pu faire... De nouveau, c'était un malheureux accident.

— Qui l'est Marcellus ? Je veux t'entendre le dire. Là, maintenant à huis clos. Il n'y a que le clan Nicholson ici présent. Ce sera donc ma parole contre la vôtre si j'essaie d'ébruiter tout ceci et nous savons pertinemment comment vous réduisez les gens au silence.

WHEN JULIET NEEDS ROMEOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant