J'attrape mon téléphone dans la poche arrière de mon pantalon afin de prévenir Jasper que je suis comme une cruche à la porte de chez lui et qu'un trousseau de clés ne serait pas de trop en ce moment. Après avoir essuyé ses moqueries et une bonne crise de fou rire, je raccroche sans même le remercier.
***
Frapper n'est clairement pas le mot le plus représentatif pour qualifier l'acharnement dont je fais preuve contre cette pauvre porte. Je cogne aussi fort que possible, mais je n'ai aucune réponse. C'est bien son genre ! Toujours quelque chose d'une importance capitale à faire à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. J'ai servi un mensonge éhonté à ma mère au téléphone pour qu'elle me fournisse son adresse et je ne suis pas prête à partir d'ici sans l'avoir vu. Nous sommes descendus si bas. Son portier a été à deux doigts d'appeler la sécurité avant que je ne lui fourre ma pièce d'identité sous le nez afin de lui prouver notre lien de parenté. Je lance un coup de pied pour évacuer toute ma colère lorsqu'une voix totalement ahurie m'interpelle.
— Juliet ?
Je fais face à celui que je considérais autrefois comme mon idole, mon protecteur, mon meilleur ami. Je le toise aussi froidement que possible, car aujourd'hui je ne vois qu'un illustre inconnu. Habillé d'un survêtement, j'ai, semble-t-il, interrompu son petit jogging nocturne.
— Marcellus.
— Bon Dieu Juliet ! Est-ce toi qui faisais tout ce boucan ? J'ai été alerté par les voisins !
— Oh, je t'aurais bien appelé... mais... mais non, attends ! Que suis-je bête ! J'ai tenté de le faire sauf que le numéro n'était plus attribué. Tu ne t'es pas donné la peine de me mettre dans ta liste de diffusion pour me prévenir du changement.
Il soupire en ouvrant sa porte et s'efface pour me laisser entrer.
— Le concierge m'a contacté pour me dire qu'une jeune femme se présentant comme ma sœur était montée. Je dois dire que je suis assez stupéfait. La visite de Nérissa aurait été moins surprenante. Un verre ? demande-t-il en descendant des petites marches.
Son logement a des escaliers ! Je suis en pleine hallucination. Bien que je ne me sois jamais fait d'illusion sur la tournure de nos relations dans le futur, je ne connais même pas la vie de mes frères et de ma sœur. C'est si désolant ! Lorsque le taxi m'a déposé devant son immeuble, j'ai cru m'être trompé d'adresse, mais maintenant que je suis dans son appartement c'est bien pire. Tout transpire le luxe et la démesure. La hauteur sous plafond doit avoisiner au bas mot les cinq mètres et de gigantesques baies vitrées surplombent une bonne partie de la ville. La taille de son ego doit être colossale. Qu'est-il advenu du frère réservé avec lequel j'ai grandi ?
— Un Daïquiri fraise, je présume ? Tu n'as bu que ça à l'anniversaire de Léonin, énonce-t-il platement.
— Je suis ici pour discuter.
— Je m'en doute, mais rien ne nous empêche de le faire de façon agréable.
— Évite ces politesses excessives avec moi par pitié ! je m'enflamme.
— Je te saurais gré de changer de ton avec moi, je suis ton grand frère.
— De frère tu n'as que le sang, mais ça c'est un autre débat.
— Je ne sais pas quelle mouche t'a piqué ce soir, mais soit ! Quel est donc le but de tout ceci ?
— Andrews, je lâche comme une bombe.
— Comment ? s'étrangle-t-il.
— Je viens de passer une journée particulièrement compliquée. Pourrais-tu aller à l'essentiel en gardant cet air ahuri pour quelqu'un d'autre ?
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WHEN JULIET NEEDS ROMEO
RomansaC'est une chose de prendre des risques inconsidérés pour tenter de se sentir plus vivante que jamais et c'en est une tout autre que de se jeter volontairement au cœur d'une tempête indomptable. J'ai beau tourner ça dans tous les sens dans ma tête, j...