🏆Kyra Stanley
Toute la journée, je ne cessai de repenser à ma conversation avec les gars. Ils devaient se douter de quelque chose. Gigi agissait normalement, alors j'imagine que les gars ne lui avaient rien dit encore, mais je n'osais pas penser à ce qui pourrait arriver.
J'étais arrivée à l'aréna bien avant Anto. Je voulais patiner un peu seule avant qu'elle n'arrive. Je lui avais laissé son équipement dans le vestiaire et j'étais allée faire des tours de patinoire. J'avais mis mes patins de fille que je mettais normalement pour pratiquer ma vitesse, mais cette fois-ci, je ne voulais rien faire du tout. Juste patiner.
«La grande forme ma Stanny!» entendis-je Anto arriver.
Je me collai un sourire sur le visage ce qui ne fut pas très difficile vue l'accoutrement ridicule d'Anto. Elle avait du bubble wrap de taper partout sur elle, plus mon casque de goaler, des genouillère et des protèges-coudes pour faire du vélo et son inséparable stabilisateur.
«Surtout quand je te vois habiller comme ça, lui répondis-je en la prenant en photo.
- Va chier!»
Nous patinâmes un moment. En silence. J'étais complètement perdue dans mes pensées, tellement que je ne remarquai pas lorsqu'elle s'arrêta pour me regarder. Je fis encore plusieurs tours de la patinoire avant de m'apercevoir qu'elle ne me suivait plus.
«Est-ce que tu vas continuer encore longtemps à faire comme si tout allait bien ou tu vas finalement te décider à me raconter ce qui se passe? me demanda-t-elle.
- Y'a rien.» lui assurai-je.
Il y eut un moment de silence. Elle ne rajouta rien. Elle prit son stabilisateur et donna trois coups de patin pour s'en aller, mais elle se ravisa. Elle revint vers moi.
«Tu te rappelles lorsque tu m'as dit que s'il t'arrivait quelque chose d'important que ce n'était plus à Coco que tu irais le dire après l'avoir dit à Gigi? me demanda-t-elle sur un ton de reproche.
- Ouais.
- Est-ce que tu te rappelles qui tu m'as dit qui l'avais remplacé?
- Oui, c'est toi.
- Et qu'est-ce que je t'ai répondu?
- Cool.
- Qu'est-ce que tu attends pour me dire ce qui se passe avec toi?
- Je ne peux pas te le dire, c'est tout!
- Pourquoi? Est-ce que t'aies enceinte.
- Ça serait tellement plus simple si ce n'était que ça.» lui répondis-je tout bas.
J'étais au pied du mur. Je ne lâchais jamais une affaire, lorsque je voulais savoir quelque chose, je faisais tout pour tout savoir. Anto était comme ça elle aussi. J'imagine que c'était une des nombreuses raisons qui faisaient que ça cliquait entre nous.
«Alors c'est quoi! Bon sang Kyra!» s'exclama-t-elle visiblement fâchée.
Elle ne m'appelait jamais par mon prénom. Personne ne m'appelait jamais par mon prénom, sauf ma mère, mais elle ne comptait pas vraiment. J'allais me mettre à pleurer. J'avais gardé ce secret toute l'année. Il ne me restait plus que 22 jours à le garder, mais j'avais horriblement besoin de me confier à quelqu'un. Je ne pouvais pas, malheureusement.
«Tu vas le savoir dans 22 jours, lui répondis-je simplement.
- Dans 22 jours, c'est notre dernier match de la saison et après ce sont les Séries. Qu'est-ce qui t'arrive non d'un chien. Est-ce que ça l'a un rapport avec l'argent que tu nous as dégoté au début de l'année pour payer l'aréna?
- De quoi tu parles? essayai-je de patiner un peu.
- Je t'en pris! Tout le monde le sait que ta mère n'aurait jamais mis d'argent de côté pour tes études! Elle se fou de toi comme de l'an 40 depuis que ton père est mort! Tu peux les prendre eux pour des imbéciles, mais pas moi parce que tu sais que je suis aussi intelligente que toi!»
J'allais suffoquer. Tout le monde savait que je leur avais menti, mais personne ne m'en avait parlé. Pourquoi? Comment avaient-ils pu savoir que je leur avais menti? Ça aurait pu être vrai! Je n'en pouvais plus. J'ouvris la porte qui menait au banc des joueurs et m'assis. Anto vint s'asseoir à côté de moi en faisant éclater quelques bulles du bubble wrap qu'elle s'était tapée sur le cul.
«Kyra, parle-moi. Je me fais du soucis pour toi. Tu dois me dire ce qui se passe. Gigi le sait et visiblement, il ne sait pas comment réagir..., commença-t-elle.
- J'ai signé un contrat avec Éric Bourgeois pour qu'il paye l'aréna. En échange, je vais jouer avec les Bears en Séries.» révélai-je finalement.
Elle ne dit rien. Elle me regardait la bouche toute grande ouverte. La phrase qu'elle allait me dire resta sans fin. Je détournai mes yeux d'elle. Je ne voulais pas savoir ce qu'elle pensait de moi. Ce devait être terrible. Je regardais mes mains et je sentais des larmes coulés sur mes joues.
«Et non, Gigi n'est pas au courant.» rajoutai-je au bout d'un moment.
Elle ne dit rien. Je vis du coin de l'œil qu'elle avait refermé sa bouche. Je ne pouvais plus endurer ce silence. Je me levai et embarquai sur la glace. Je me mis à patiner le plus vite que je le pouvais. Anto resta assise sur le banc des joueurs à me regarder.
Je savais que je ne m'épuiserais jamais à patiner aussi vite. Je patinai vite et je ne me concentrai pas sur ce que je faisais. Je patinai très vite. Trop vite. Je m'enfargeai dans mes propres patins et m'étalai de tout mon long sur la glace. C'est à ce moment-là que je fondis en larmes.
Quelqu'un s'assit à côté de moi sur la glace. Je n'avais pas bougé et je ne lui prêtai aucune attention. Je continuai de pleurer encore un long moment.
«Stanny, me dit Anto calmement, pourquoi tu ne nous as rien dit avant?
- Parce que vous n'auriez jamais accepté que je fasse un pacte avec notre ennemi juré.
- On aurait pu t'aider à contourner ce pacte.
- J'ai essayé Anto! Pourquoi est-ce que tu crois que je me suis trouvée un travail et que j'ai arrêté de casser mes hockey en arrière de la tête des joueurs des autres équipes?
- Tu as amassé combien jusqu'à présent?
- Tu as besoin de ton argent. Je n'en veux pas.
- Kyra. Combien? insista-t-elle sur un ton sec.
- 8500$.
- Combien penses-tu pouvoir ramasser d'ici le 15 avril?
- J'en ai aucune idée, ça va dépendre de comment d'heures je peux travailler.
- Très bien. Je peux recommencer à m'entraîner, mais toi, tu dois travailler. Tu ne veux pas de mon argent, fine, mais si tu n'y arrives pas, tu vas devoir accepter mon argent.
- Qui va t'entraîner pendant que je travaille?
- Ton chum.
- Sauf qu'il n'est pas au courant et je ne veux pas qu'il le soit. Du moins, pas temps que je saurai pas avec quelle équipe je fais les Séries.
- T'inquiètes, je ne lui dirai rien.
- Et je n'accepterai pas ton argent.
- Pourquoi?
- Parce que tes parents ont besoin de leur argent pour payer tes soins médicaux, mais ne t'inquiètes pas. Les Glorieux vont gagner la Coupe avec ou sans moi et vous allez éliminer les Bears.
- Tu ne comprends pas, tu peux nous faire gagner la Coupe seulement si nous nous rendons en finale. Entre temps, nous allons nous faire éliminer.
- Non. Vous allez vous battre. Je connais les joueurs de mon équipe. Ils vont se sentir trahi et ils vont tout faire pour se rendre en finale pour nous éliminer. C'est simple.
- Stanny.
- Reste à mes côtés. C'est tout ce que je te demande.
- Très bien.»
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Les Glorieux
Teen FictionKyra Stanley jouait au hockey dans une ligue de garage. Elle était la joueuse la plus talentueuse de son équipe. Chaque fois qu'elle lançait au but, la puck rentrait. Malheureusement, son équipe n'était pas très riche et le manque d'esprit d'équipe...