CHapitre 54

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🏆Kyra Stanley

Nous étions veille du retour au jeu d'Anto. Toute la semaine, mon boss m'avait obligée de faire autre chose que travailler. J'avais étudié pour mes examens toute la semaine et je les avais tous passés avec brio comme d'habitude. Par contre, je n'avais pas ramassé une cenne.

Ce soir, c'était le bal de finissants. Xavier m'avait invité et je lui avais dit que j'allais y aller avec lui, mais j'avais un autre plan. Je lui avais dit que ma robe était kaki et le pire dans tout ça c'était qu'il m'avait cru.

Honnêtement, je ne m'étais pas achetée de robe parce que je n'avais pas l'intention d'aller à mon bal de graduation. Par contre, j'avais fait promettre à Anto de prendre Bourgeois Junior en photo dans son habit kaki et de me l'envoyer.

À la place d'aller à ce bal avec cet imbécile, j'avais décidé que j'allais accomplir un nouvel exploit: j'allais courir 42 km sans m'arrêter et le plus vite que je le pouvais. Je ne l'avais jamais fait, mais je me suis dit que c'était le moment où jamais.

Je venais de terminer mon secondaire, l'année prochaine, j'allais entrer au Cégep. Mon enfance officiellement était terminée même si elle s'était plutôt terminées plusieurs années plus tôt. J'allais accomplir mon dernier exploit en tant qu'étudiante au secondaire.

Je me préparai rapidement. Je me mis une short de sport noire et rose et une camisole moulante. Je n'écoutais jamais de musique lorsque je courais et je ne m'apportais jamais d'eau. J'étais donc libre de tout mouvement parce que je laissais mon cell bien caché chez moi.

Je décidai de parcourir toutes les rues près de chez moi, j'avais apporté un bidule que tu accroche à ta ceinture pour courir et qui calcule le nombre de kilomètres que tu fais. Dans mon cas, je l'avais réglé pour qu'il sonne lorsque j'aurai parcouru 42 km.

Lorsque j'eus terminée de faire les rues de mon quartier, je décidai de courir jusqu'à mon ancienne école primaire, puis jusqu'à mon école secondaire, puis au Centre Bell. Je parcourus la rue Sainte-Catherine au complet en m'imaginant toutes les parades de la Coupe Stanley qu'il y avait eu ici.

Je terminai ma course devant l'aréna des Glorieux. J'étais un peu essoufflée, mais j'avais sué comme un porc. Je regardai l'aréna. Tellement de choses s'étaient passées là depuis des années. J'avais appris à patiner là, j'avais gagné plusieurs Coupes lorsque notre équipe était jeune et bonne.

Je m'approchai vers la porte. Elle était débarrée. Je décidai d'entrer. J'avais grand besoin de prendre une douche et je ne voulais pas rentrer chez moi. Je venais souvent prendre des douches dans les vestiaires la nuit, avant. Je restais longtemps sous l'eau sans rien faire seulement penser.

J'avais l'impression que toute la crasse qui pouvait s'accumuler et tous mes problèmes s'en allaient au simple contact de l'eau chaude sur ma peau. J'avais vraiment besoin de ça. J'étais déchirée parce que je voulais être avec mon équipe lorsqu'elle allait gagner la Coupe, mais je savais que ça n'allait pas arriver.

J'ignore combien de temps je restai sous l'eau, les yeux fermés. J'étais bien. J'étais calme. Je me sentais en paix avec moi-même. Je restai là à ne rien faire au moins deux heures. Puis, je sortis de la douche, me séchai et me rhabillai.

Lorsque je sortis de la place réservée au douche, je regardai le cadran. 1h a.m. J'étais restée sous la douche une heure. Mon regard se porta devant moi. Gigi était là. Pourquoi? Depuis combien de temps? Je l'ignorais, mais il se tenait devant moi.

«Tu es restée longtemps sous la douche, me dit-il.

- Ouais, j'avais beaucoup de crasse à enlever.

- T'as couché avec?

- Qui?

- Bourgeois Junior.

- Non. Je n'ai jamais couché avec lui. Plutôt mourir.

- Quelle crasse tu avais à enlever alors?

- Je viens de courir un 42 km à travers la ville et j'avais besoin de réfléchir.

- Tu fais ça souvent venir prendre ta douche si tard dans le vestiaire? me demanda-t-il.

- Je le faisais beaucoup avant.

- Je n'en ai jamais rien su.

- Je le faisais souvent pourtant. Mais toi, qu'est-ce que tu fais ici? Tu n'allais pas au bal?

- Sans cavalière, je ne voulais pas paraître pour un looser.

- Moi, je connais quelqu'un qui y est allé sans cavalière. Enfin, il pensait avoir une cavalière, mais elle l'a fait marcher du début à la fin. Elle lui a même fait croire qu'elle avait une robe kaki et qu'il fallait qu'il ait un habit kaki lui aussi.

- Ça ne me surprend même pas de toi.»

Nous nous tûmes. Je voulais lui dire tant de choses, mais je n'aurais jamais pu mettre deux mots ensemble. Je n'étais pas vraiment bonne pour mettre des mots sur mes sentiments. J'étais capable de menacer des gens de mort à sang froid, mais je n'étais pas capable de dire comment je me sentais lorsque nous gagnions un match. Il y avait trop de sentiments qui se bousculaient en même temps dans ma tête.

«J'ai trouvé quelque chose qui t'appartient.» me dit-il soudainement.

Il me fit signe de s'approcher de lui ce que je fis. J'ignorais qu'est-ce qu'il voulais me donner. Il fouilla dans la poche arrière de son jeans et en sortit une petite boîte de velours rouge. Je repensai immédiatement à sa presque demande en mariage.

«Le rouge est la couleur de l'honneur, commença-t-il, il représente aussi la vitalité, la vigueur, l'instinct combatif et ses tendances agressives, la passion et le besoin de conquête. Cette couleur est à ton image.»

Je ne dis rien. Il resta debout, mais il ouvrit la boîte. Je m'attendais au pire. Pour la deuxième fois, je poussai un soupir de soulagement en voyant ce qui s'y trouvait. Mon collier des Canadiens. J'ignorais comment il l'avait trouvé, mais visiblement, il me le redonnait ce soir.

«L'or de cette chaîne que j'ai dû faire changer parce que tu as décidé de la détruire, poursuivit-il, exprime la connaissance. Il représente aussi la richesse, le pouvoir, la domination, le centre de la chaleur, l'amour, le don et le foyer de la lumière. Ce métal est à ton image aussi.»

Il prit une pause. Je savais qu'il allait continuer de parler, alors j'attendis.

«Le bleu, poursuivit-il, représente la sérénité, la vérité, la candeur, la paix et le calme. Cette couleur est aussi à ton image. Le blanc représente la pureté, la renaissance et la lumière. Cette couleur est aussi à ton image. J'ai fait beaucoup de recherches pour pouvoir te dire tout ça, maintenant, laisse-moi tu remettes ce collier à sa place.»

J'eus un sourire en coin. Il savait pourquoi j'étais partie. Il me pardonnait pour ce que je lui avais fait. Il comprenait. Je tassai mes cheveux de mon cou et il se plaça derrière moi pour me l'attacher. Au contact de ses doigts dans mon cou, je me sentis en paix.

Lorsqu'il eut terminé, je me retournai et l'embrassai. Je l'aimais toujours. Il me rendit son baiser. Je sautai il m'attrapa. J'enroulai mes jambes autour de son corps. Tous nos gestes se faisaient à la perfection, à l'unissons.

«Je t'aime.» lui soufflai-je à l'oreille.

Il m'embrassa de plus belle. Tout ce que je peux vous dire: ça avait été une nuit des plus magiques.


Les GlorieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant