CHapitre 40

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🏆Kyra Stanley

Bourgeois Junior se plaça devant Gigi pour la mise au jeu. Je me jurai de lui casser un hockey en arrière de la tête avant la fin du match. Je n'avais plus rien à perdre après tout. Après quelques minutes de jeu, 1- j'avais scoré 10 buts et 2- lorsque je voulus retourner au banc, Gast m'annonça que j'allais rester toute la game sur la glace.

En soixante minutes de jeu, je pouvais faire beaucoup de dégâts. Bourgeois Junior le savait parce que lorsqu'il vit que ça fait dix minutes que je n'étais pas retournée au banc, il blêmit. Il savait que son équipe n'arriverait pas à scorer un seul but ce soir.

Je ne voulais pas seulement battre mon record de buts scorés en un match et laisser un bon souvenir de moi à mes coéquipiers. Je voulais aussi battre, démolir et anéantir l'équipe contre laquelle nous jouions. Ça, les Bears en étaient bien conscients.

À la fin de la première période, j'avais déjà battu mon record. 36 buts en une seule période. Je battais mon record de buts en un match ET celui en une période qui était de 15 avant aujourd'hui. Les gars et les filles me félicitèrent tous avant la deuxième période. Certains chantaient déjà l'arrivée de la Coupe.

En deuxième période, je redoublai d'efforts pour scorer un but aux trente secondes, je terminai la période avec quarante buts de plus. Nous gagnions 76-0, ce qui aurait été impensable en temps normal, mais je n'étais pas une joueuse de hockey normale. Il nous restait une période encore. Les gars me dirent de me calmer un peu, mais je n'en avais pas assez. Je voulais en scorer plus et toujours plus.

Lorsque l'on ne veut pas que quelque chose se termine, on dirait que ce sont dans ces moments-là que les minutes s'écoulent beaucoup plus rapidement. Mes coéquipiers avaient arrêté de jouer pour la troisième période, mais pas moi. J'étais partout sur la glace. Dès qu'un joueur des Bears avaient la rondelle, il la perdait immédiatement et elle se ramassait derrière le goaler.

Je voulais arriver à un chiffre rond comme nombre de buts dans le match. Je scorai donc 44 buts. Chaque fois que je scorais, je voyais que Bourgeois Senior était de plus en plus ravi d'avoir dépensé 10000$ pour moi au début de l'année. Je voyais la fierté sur le visage de mon chum et la jubilation dans le regard de Poulin.

Je redoutais plus que tout au monde le moment où la lumière de fin de match allait retentir dans l'aréna. Lorsqu'elle le fit, toute mon équipe sauta sur la glace pour venir m'encercler, mais je leur dis d'aller voir Blondin parce qu'il avait joué un match solide et qu'il avait fait de très beaux arrêts.

En réalité, Blondin n'avait reçu aucun lancé. Je ne voulais simplement pas que mon équipe vienne m'encercler. J'aurais étouffé. Je sentais une larme coulée sur ma joue à la vue de leurs visages heureux. Je voyais le regard triste d'Anto qui me regardait et l'incompréhension dans celui de Poulin.

Quelqu'un se plaça à côté de moi. Je savais pertinemment qui c'était. Il mit une main sur mon épaule. Je ne lui avais peut-être pas cassé mon hockey en arrière de la tête comme prévu, mais je ne me gênai pas à le frapper de toutes mes forces dans le ventre. Je venais d'évacuer toute la tension accumulée dans les derniers jours.

Je patinai rapidement vers le vestiaire en laissant Bourgeois Junior par terre sur la glace à essayer de reprendre son souffle. Je savais que mon geste avait été vu par mon équipe. Je n'arriverai jamais à leur annoncer sans fondre en larmes. Je ne voulais même pas imaginer la réaction de Gigi ou le regard qu'il poserait sur moi.

Je me changeai en vitesse et allai chercher un A où est-ce que l'on mettait les gilets de rechange. J'avais pris une décision pendant la game. Je devais remettre mon A à une fille parce qu'il ne fallait pas qu'il y ait seulement des leaders masculins. J'étais à peu près la seule fille qui se levait dans le vestiaire et qui n'avait pas peur de dire ce que je pensais. Je devais prendre quelqu'un qui ne se gênerait pas de le faire aussi.

«Stanny, beau coup de poing!» me complimenta Nono en entrant dans le vestiaire.

Le reste de l'équipe le suivait. Mon stock était déjà paqueté pour que je puisse partir, mais personne ne le remarqua tout de suite. Anto et Poulin arrivèrent et se placèrent dans l'embrasure du vestiaire. Mes coéquipiers commencèrent à se changer en parlant de notre victoire et comment ça allait être facile de gagner la Coupe avec moi dans l'équipe.

Je restai debout à les regarder. Je gardai mes mains dans mon dos pour que personne ne voit le A que je cachais. Gast entra dans le vestiaire. Les joueurs se turent. Il nous félicita et nous remercia tous pour notre saison merveilleuse, encore une fois.

Je ne l'écoutais pas vraiment. Je savais qu'il allait bientôt me laisser parler pour leur annoncer la terrible nouvelle. Je scrutais les visages de tout le monde. Personne ne me portait la moindre attention. Ils étaient tous accrochés aux lèvres de Gast qui était un excellent orateur. Tous, non. Gigi me regardait moi. Il essayait de comprendre ce qui se passait avec moi. Je soutins son regard.

«Stanny, je te laisse la parole.» me ramena mon coach à la réalité.

Tout le monde se mit à applaudir et ils se levèrent tous pour venir me féliciter, malgré mes protestations. J'allais étouffer. J'avais des bouffés de chaleur et je voulais fondre en larmes. Je ne méritais pas toute cette affection.

«Retournez vous asseoir. Maintenant.» dis-je sur un ton plus sec que je ne l'aurais voulu.

Le silence retomba immédiatement et ils retournèrent tous s'asseoir. Ils se lançaient des regards perplexes. Je n'étais pas du genre humble. Lorsque je réalisais un exploit, j'en parlais et beaucoup. Je voulais le célébrer, mais ce soir, je devais faire quelque chose de tellement dur. Je ne pouvais pas penser aux 120 buts que j'avais scoré.

«Qu'est-ce qu'il fait là lui? demanda soudainement Rob.

- T'inquiètes la tapette, j'viens pas terminer de te régler ton compte, je viens juste chercher ma nouvelle ailier gauche et blonde par la même occasion.» dit Xavier qui venait d'apparaître.

Tout le monde commença à parler en même temps. Personne ne comprenait ce qui se passait. Mon regard se posa sur Gigi. Si une minute plus tôt il ne comprenait pas plus la situation que les autres, maintenant, il comprenait.

«Tu m'as trompé.» dit-il simplement.

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