CHapitre 44

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🏆Richard Gignac

La trahison de Kyra me pesait encore sur la conscience. Je ne comprenais pas pourquoi elle avait fait ça. Anto avait beau me répéter que Kyra ne m'avait jamais trompé, je n'arrivais pas à le croire. Elle n'avait jamais même essayer de le démentir.

Je l'aimais. Je l'adorais. C'était ma meilleure amie et la femme de ma vie. Je l'avais presque demandé en mariage. Je n'arrivais pas à me l'enlever de la tête. Plusieurs joueurs des autres équipes avec qui j'étais ami m'avaient texté pour me dire à quel point ils m'appuyaient et que c'était dégueulasse ce que Kyra m'avait fait, mais ça ne changeait absolument rien au tourbillon d'émotions dans lequel j'étais plongé depuis le 15 avril.

Je voulais la détester. Je voulais la détester autant que je détestais Bourgeois Junior, mais je n'y arrivais pas. Je l'aimais trop. J'espérais toujours la voir débarquer en plein milieu de la nuit pour venir apaiser mes pleurs et me dire qu'elle m'aime, mais je savais que ça n'arriverait jamais.

J'étais allé m'acheter un bâton de hockey avant la game parce que j'avais cassé le mien en pratiquant un slapshot la veille. Lorsque j'étais entrée dans le magasin, je l'avais vu. Encore plus belle que d'habitude.

Elle était penchée sur un document de math, sûrement un devoir. Les rayons de soleil qui filtraient entre les étiquettes collés sur les fenêtres lui éclairaient le visage. Elle était tellement magnifique lorsqu'elle était concentrée. Je dus faire un effort surhumain pour cesser de la regarder.

En temps normal, je ne me serais pas gêné à continuer de la regarder jusqu'à ce qu'elle ne relève la tête. Elle m'aurai lancé quelque chose du genre: «Je sais que j'suis belle, mais ce n'est pas une raison pour avoir une fixation sur moi.» à ça, je lui aurais répondu que je n'avais pas de fixation sur une chose aussi laide qu'elle, même si c'était complètement faux.

Lorsque je m'étais retourné parce qu'elle s'était adressée à moi, nous nous étions fixés l'un et l'autre. Nous ne savions pas quoi dire. J'espérais qu'elle me dise qu'elle ne m'avait jamais trompé. Qu'elle m'aimait toujours. Elle n'avait rien dit et son patron était intervenu. Elle avait fait comme si elle ne me connaissait pas. Ça m'avait vraiment fâché.

Honnêtement, j'avais vraiment eu le goût de lui casser un bâton de hockey en arrière de la tête, mais je ne savais que trop bien que j'aurais amèrement regretté ce geste. Je devais trouver un moyen de passer à autre chose, mais comment. Comment faisait-elle, elle?

Elle m'avait quand même donné une piste: la rage. La haine. Si je n'étais pas capable de la haïr elle, je pouvais sans problème haïr Bourgeois Junior. Je devais être le meilleur capitaine possible et je devais tout faire pour que mon équipe se rende en finale et remporte la Coupe.

C'est avec cette philosophie que je suis entré dans le vestiaire pour notre premier match des Séries en plusieurs années. Nous jouions contre les As de Blainville. Nous les avions battu toute l'année, mais nous n'avions plus notre meilleure joueuse.

Kyra. Comme je m'ennuie de toi.

«Okay guys! Ce soir, nous allons gagner ce match et nous allons gagner tous les prochains qui vont suivre. À partir de ce soir, la défaite n'est pas acceptée. Kyra n'est plus là, mais ce n'est pas une raison pour nous de nous mettre à perdre, dis-je juste avant que nous embarquions sur la glace.

- C'est justement à cause que Kyra n'est plus là que nous allons commencer à perdre! s'exclama Lamouche.

- C'est sûr qu'avec la manière dont tu joues, c'est pas toi qui va scorer les buts importants, répliqua Ti-Guy.

- Toi, parle pas Ti-Guy, t'as juste cinq buts cette année.» dit Rob.

Tout le monde commença à s'engueuler et à s'insulter. Je me croyais de retour à l'année passée. Je lançai un regard à mes deux assistants capitaines, Cast et Popo à qui Gast avait remis le A de Kyra pour je ne sais quelle raison. Les deux s'engueulaient avec le reste de l'équipe.

Équipe n'était plus le mot que j'utiliserais pour les décrire. Les deux clans s'étaient reformés. Popo, Guy, Ti-Guy, Ped, Nono, Coco, Roby et Sen d'un bord et Rob, Momo, Gasp, JJ, Lamouche, Swifty, Cast et Blondin de l'autre.

Je regardai vers la porte pour lancer un regard désespéré à Anto. Elle me regardait impuissante, de toute façon, si elle se mettait à parler, elle allait se faire ramasser parce qu'elle était loin d'être la meilleure joueuse de l'équipe. Elle était même la pire et elle ne jouait pas en plus ce qui n'aidait pas son cas.

Kyra était la seule, dans cette pièce, qui pouvait se lever et shooter de la marde aux autres. Elle n'avait rien à se reprocher. Mais elle n'était plus là. C'était à moi de ramener tout le monde à l'ordre. C'était moi maintenant le meilleur joueur de l'équipe à présent et j'étais le capitaine.

«SILENCE!» criai-je.

Je n'avais jamais crié après personne. C'était Kyra qui faisait ça d'habitude. La réaction fut immédiate. Tout le monde se tut et me regarda. En fait, ils se mirent à se regarder. Ils ne comprenaient pas ce qui se passait.

«Merci! Maintenant, est-ce que je peux comprendre ce qui vient de se passer? On se serait cru l'année passée! Est-ce que vous vous souvenez? L'année où on perdait tout le temps. Les années d'avant aussi c'était comme ça et on perdait. Est-ce que vous voulez que ça l'arrive encore cette année ou vous voulez gagner la Coupe? les questionnai-je.

- Même si on se rend en finale, comment veux-tu que l'on gagne contre Kyra Stanley, la joueuse qui a marqué 120 buts en un match? me demanda Ped.

- Parce qu'elle va nous aider en finale. Elle n'est pas une Bears. Elle est une Glorieuse. C'est l'équipe de son père.

- Dude. Elle t'a trompé avec Xavier Bourgeois, le capitaine de Bears. Je pense que ça nous en dit long sur avec qui elle est maintenant, me dit Roby.

- J'ai sorti avec Kyra pendant cinq ans et nous étions meilleurs amis depuis encore beaucoup plus longtemps avant. Je pense que je la connais mieux que toi, lui répondis-je.

- Tu ne la connaissais pas tant que ça si elle t'a trompé et que tu ne t'en es pas rendu compte, ajouta Gasp.

- Alors haïssons-la, déclarai-je.

- Je ne suis pas sûre de comprendre, intervint Anto.

- Kyra Stanley nous a trahi. Elle m'a trompé et elle nous a quittés en espérant aller gagner la Coupe avec une équipe qui avait plus de chances que la nôtre. Montrons-lui qu'elle avait tort, expliquai-je en comprenant plus ce que Kyra m'avait dit tout à l'heure.

- Ouais!» s'exclamèrent-ils tous à l'unisson, sauf Anto qui paraissait plus inquiète qu'autre chose.

Je me sentais triste parce qu'au fond de moi, je l'aimais toujours et je l'aimerais toujours, mais je me devais de passer à autre chose. Elle m'avait trompé et elle m'avait demandé de la détester. C'est ce que j'allais faire.

Watch out les Bears, les Glorieux s'en viennent!

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