Les Glorieux

CHapitre 49

🏆Kyra Stanley

Nous étions le 23 mai. Ce soir, c'était le dernier match de la deuxième ronde. Je m'étais un peu entraînée avec Anto cette semaine, mais l'idée que j'avais eu de lui faire porter mon jersey, n'avais pas vraiment eu le résultat que j'espérais. Elle était toujours aussi nulle.

Sinon, mise à part que sa mère ait voulu la tuer parce qu'elle avait échappé son cell par terre en début de semaine et que sa vitre s'était complètement fracassée, il n'y avait pas eu beaucoup de nouveau sur le cas d'Anto. Enfin, elle pouvait recevoir de petit contact. Nous allions donc pouvoir commencer une partie intéressante de son entraînement: la bataille.

Les Glorieux avaient éliminé les Nordiques la semaine dernière. Je travaillais dur, mais je n'avais pas pu enlever de l'argent à ma dette parce que mon casque me coûta 200$ et c'était à peu près ce que j'avais réussi à amasser cette semaine.

Mes examens de fin d'année approchaient à grand pas et mes grandes ambitions d'étude en avance avaient rapidement pris le bord. Je détestais étudier et c'était la raison pour laquelle je n'étudiais que lorsque c'était vraiment nécessaire soit la veille de l'examen.

Les Canadiens avaient été éliminés la semaine dernière en deuxième ronde contre le Lightning de Tampa Bay. Je n'avais rien à faire de mes soirées et écouter les matchs des autres équipes pour savoir qui allait gagner la Coupe Stanley ne m'intéressait pas. Personne ne saurait l'année prochaine qui avait gagné la Coupe Stanley cette année, alors à quoi bon perdre mon temps avec des équipes américaines.

Je passais le plus clair de mon temps à l'aréna à patiner pour ne penser à rien ou à courir au travers de la ville pour la même raison. Je réussissais toujours à éviter Bourgeois Junior. Honnêtement, je savais que ça le rendait triste, mais je n'étais amoureuse de lui et je ne voulais pas faire semblant de l'aimer alors que ce n'était pas le cas.

Bref, je n'en menais pas large. Le deuil de ma relation avec Gigi me rattrapait et il n'était pas rare que je m'endorme en pleurant. Anto m'avait promis de venir voir la game. Je m'étais réconciliée avec Poulin et elle m'avait demandé de venir la rejoindre à l'aréna une demi-heure avant la game.

C'était là que je me dirigeai. J'ignorais pourquoi elle voulait me voir avant la game. Pour être honnête, je m'imaginais le pire. Peut-être qu'elle avait changé d'avis et qu'elle me haïssait de nouveau. Peut-être qu'elle allait vouloir partir une nouvelle bataille.

Mes doutes se dissipèrent lorsque je vis qu'elle était accompagnée devant l'aréna. En me rapprochant un peu plus, je reconnus le garçon qu'elle voulait impressionner le soir où nous avions joué notre première game contre de l'année. Ils se tenaient par la main.

Lorsqu'elle me vit arriver, un sourire illumina son visage. Elle me fit signe de m'en venir rapidement. Visiblement, ils sortaient ensemble et elle voulait me présenter son nouveau chum. J'étais très contente pour elle, mais les voir ensemble me rappelait énormément moi et Gigi.

«Kyra, je te présente Sylvain, Sylvain, je te présente mon amie Kyra, tu dois sûrement tu rappeler d'elle, elle avait scoré six buts en première période, la première fois où je t'ai demandé de venir me voir jouer? nous présenta Poulin.

- Oui, je me souviens d'elle.

- Ce qu'elle ne t'a peut-être pas encore dit, c'est que mon talent a fait que j'ai scoré 120 buts à une autre game, mais bon, ce n'est pas vraiment quelque chose dont je me vante! lui dis-je en riant.

- Arrête, chaque fois que je t'appelle, tu me réponds: «Oui allô, ici Kyra Stanley, la joueuse de hockey exceptionnelle qui a scoré 120 buts en un match!» Ne viens pas me dire que tu ne t'en vantes pas! me dit-elle.

- En fait, tu n'as jamais entendu mon message sur mon répondeur. Ça dit quelque chose genre: «Bonjour, vous avez rejoint la messagerie de Kyra Stanley, celle-là même qui a scoré 120 buts en une seule game. Je ne suis pas disponible pour l'instant, je suis sûrement en train de répéter mon exploit, alors laissez-moi un message!»

- Tu n'es pas possible!» s'exclama-t-elle.

Nous nous mîmes à rire. Puis, elle fit signe à Sylvain d'aller l'attendre à l'intérieur. Il entra dans l'aréna et pour être honnête, je ne comprenais pas ce qui se passait. Elle me fit signe de la suivre, mais elle changea d'idée à la vue de ma poche de hockey et mes bâtons.

«Est-ce que tu t'es achetée un nouveau casque? me demanda-t-elle.

- Ouais, pourquoi?

- Combien est-ce qu'il t'a coûté?

- 200$ pourquoi?» lui demandai-je, incertaine de ce qu'elle voulait faire.

Elle ne me répondit pas. Elle sortit son portefeuille de la poche arrière de son jeans et fouilla dedans. Elle en sortit deux billets de 100$ et me les tendit. J'eus un mouvement de recul. Ma crainte se confirma. Je ne pouvais pas accepter son argent.

«Je ne peux pas, lui dis-je.

- Arrête, tu vas prendre cet argent. C'est moi qui a brisé la visière de ton casque. Maintenant, je sais que tu as besoin de tout l'argent que tu peux gagner, je vais rembourser ton casque. Y'a pas de non. Tu prends les 200$ et on n'en parle plus.»

À contre cœur, je pris l'argent et la serrai dans mon portefeuille.

«Merci, la remerciai-je.

- Ça me fait plaisir!»

Nous nous enlaçâmes et nous rentrâmes dans l'aréna. Nous marchâmes ensemble jusqu'au vestiaires, puis nos chemins se séparèrent. Ce soir, nous allions gagner et samedi prochain, j'allais jouer contre les Glorieux. Mon ancienne équipe et mes anciens coéquipiers. Mes anciens amis.

Je pris une grande inspiration avant d'entrée dans le vestiaire des Bears. Il ne me manquait plus que 550$ maintenant. Cette pensée seule m'emplissait d'une joie que je n'aurais jamais cru possible. Je n'allais plus porter les couleurs des Bears encore longtemps.

J'allais bientôt retrouver mes couleurs. J'allais bientôt retrouver mon vestiaire. J'allais bientôt retrouver mes amis. J'allais bientôt retrouver ma maison et ma famille. Ça, ça me rendait folle de joie. Un sourire naquit sur mes lèvres. J'avais tellement hâte de retourner à la maison.