Chapitre 38 - Dernier Soir

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Je cours à toute vitesse, il faut que je me calme, j'accélère, calme-toi, j'accélère, plus vite! J'accélère. Je vais vite, trop vite, mon cœur a du mal à suivre, j'accélère, STOP!
Je m'écroule sur le gazon. Autour de moi tout est flou et extrêmement lumineux, j'ai du mal à respirer: A chaque inspiration, ma respiration semble se bloquer. Je ne sens plus mes muscles, les battements de mon cœur me donnent des nausées, j'ai une douleur atroce à la main.
On va dire que je ne suis pas au meilleur de ma forme...

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Je suis restée ici une vingtaine de minutes. A souffler, réfléchir, penser, me calmer. M'éclaircir les idées. Redevenir peu à peu moi-même.

Et puis sans même m'en rendre compte, je me suis levée et j'ai commencé à marcher. Maintenant, je me rends d'un pas lent au dortoir. Je ne me concentre pas sur le trajet, mes jambes me guident alors qu'intérieurement mon esprit s'égare.

Mes pensées s'embrouillent, se mélangent. La fatigue. C'est sûrement lié à ça. Je suis épuisée. Que ce soit mentalement ou physiquement, je suis épuisée.

Je repense à la vie que m'a fait subir ma belle-mère, à la vie que me fait subir Kimberley. Je repense à mon père. Les larmes me montent aux yeux: j'aurais tant voulu qu'il soit là. Qu'il soit à mes côtés, pour pouvoir me réconforter en me prenant dans ses bras comme il en avait l'habitude... J'aurais aimé qu'il soit à mes côtés, pour qu'il puisse me voir grandir, pour que je puisse le rendre fier. Il me manque tellement... N'est-ce pas injuste?! Pourquoi la mort entraîne-t-elle toujours les personnes auxquelles nous tenons le plus? Pourquoi nous les enlèvent-elles? Je repense aux années de mon enfance passées aux côtés de mon père. Je repense à cette période où il se débrouillait tant bien que mal à m'élever tout en travaillant, où il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour me rendre heureuse... Et puis enfin, je repense aux événements de cette année. Ma vie complètement chamboulée. Les rencontres que j'ai faites. Mia, Gabriel, Jeff, Christopher, Alexander, Ethan, Jane, April et James... A cette énumération, peu à peu, un sourire s'étire sur mes lèvres.

Soudain, je prends conscience de l'endroit où je me trouve: Face aux dortoirs. A quelques mètres devant moi, Jeff, Alexander, Ethan et James se chamaillent en rigolant joyeusement. Et sans même savoir pourquoi, je reste clouée sur place à les observer parler et rire entre eux et une énorme vague de bonheur se propage en moi: Qu'est-ce que je les aime!

Ce même sourire béat reste accroché à mon visage alors que je continue de les regarder, réalisant à quel point ils sont importants pour moi, à quel point ils me sont chers. Les voir s'amuser est pour moi un réel bonheur, j'ai comme des étoiles dans les yeux. Je pourrais rester comme ça une éternité mais bientôt Jeff me remarque et s'approche:

- Andrew! On t'attendait!

- Il est temps de perpétuer cette tradition!!! s'exclame Ethan qui parait euphorique.

- Quelle tradition? demandé-je, inquiète.

- Tu verras une fois arrivée, dit James en m'entraînant par le bras.

« Arrivé où? » Pensé-je.
Mais je ne prends même pas la peine de poser la question sachant pertinemment qu'aucun d'eux ne me donnerait la réponse, trop excité à l'idée de me faire la surprise.

Alors je me laisse faire, guidée une nouvelle fois encore, à travers les bois.

Pendant tout le temps du trajet, Jeff avance tout devant, se prenant apparemment pour le vieux sage de la forêt, armé d'une énorme branche qui lui sert de canne imaginaire. A côté de lui, Alexander se recoiffe toute les deux secondes en chantonnant joyeusement. Et enfin, au-dessus de nous, Ethan se déplace d'arbres en arbres en poussant des cris tel Tarzan à la recherche de sa Jane.

Mais où allons-nous?

Au fur et à mesure que nous avançons, nous croisons de plus en plus de lycéens empruntant la même direction que nous. En les voyant si proche de nous, je meurs d'envie de leurs demander où nous allons, mais je me retiens. Si je venais à faire ça, Jeff serait prêt à m'arracher les oreilles simplement pour que je ne puisse pas entendre la réponse... Et puis j'y tiens à mes petites oreilles moi!

Enfin, les distances entre les arbres s'agrandissent, la forêt semble s'éclaircir...

- Tu vas voir, ça va être génial! souffle James comme un enfant surexcité.

- TA-DAAAAAMMMMM!!!!! braille Ethan en sautant de son arbre pour atterrir bras et jambes face à nous.

Derrière lui, je peux entrevoir un immense lac dont l'eau aux reflets turquoises se trouve simplement agitée par la faible brise provoquant de légères vaguelettes sur la surface lisse du lac.

Je suis aussitôt fascinée par la splendeur de ce lieu et reste quelques secondes les yeux écarquillés, complètement émerveillée.

Toujours dans son rôle de vieux sage, Jeff se positionne au milieu de l'attroupement de lycéens et frappe de sa canne imaginaire le sol à plusieurs reprises, afin de montrer sa présence et obtenir le silence.
Je me rapproche du regroupement de personne, interloquée par ce qu'il a à nous dire.

- Il y a de ça plusieurs années que nous la perpétuons,..." Commence Jeff avec une voix de vieillard.

-... Et aujourd'hui nous continuerons à notre tour, à reproduire cette fabuleuse tradition. Mes amis, tous ensembles, alors que le soleil plongera dans ce lac reflétant ses magnifiques rayons orangés, nous plongerons avec lui. Nous aussi, dans ce lac. Tel est la tradition."

Aïe! Je suis mal!

En plus de ça, j'ai eu la grande intelligence de m'habiller d'un t-shirt blanc, t-shirt blanc mouillé devenant alors transparent. Mais pourquoi j'ai fait ça, pourquoi?

Le soleil commence déjà à se coucher...

Je ne peux pas, je ne dois pas, plonger dans ce lac.

Sinon, c'est fini pour moi, je serai découverte!

Je n'ai pas le choix, il faut que je m'éclipse discrètement...

Mais alors que j'avance le plus discrètement possible vers la forêt, James me soulève pour me mettre sur son épaule en s'avançant dangereusement vers le lac.

- JAMES, STOP! STOP! STOOOOOP!!!"

Trop tard. Il a plongé et moi avec.

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Vivre Dans La Peau d'Un Garçon - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant