Vivre Dans La Peau d'Un Garçon - TERMINÉ

Chapitre 45 - Quatre Mots

« LISTE DES ORDRES :
1) Tu as la formelle interdiction de parler à qui que ce soit de cette lettre.
2) Garde tes distances avec James. Évite-le, ne lui adresse pas la parole jusqu'à nouvel ordre.
3) Rends-toi ce soir à 21h au parc à proximité du lycée. Luke t'y  attendra. Vous vous battrez. Il t'en veut de lui avoir volé son  ex-copine, Mia. Il compte te flanquer une raclée. Ne préviens personne.  Viens seule. Sans aucune arme imaginable. Vous allez vous battre à la  loyale, poing contre poing. Si jamais tu fuis, tu connais déjà les  risques encourus. Bats-toi et reste jusqu'au bout. Même si tu es à  terre, prête à mourir, ne fuis pas. »
Déterminée à surmonter cette dure journée qui s'annonce, je me lève d'un coup de mon lit mais aussitôt, ma vue se brouille et je me vois obligée de me rasseoir.
Dites-moi que ce n'est pas vrai. Pas aujourd'hui. Je ne dois pas tomber malade aujourd'hui.
Me compressant le ventre d'un bras, je me faufile hors de la chambre.
Ce soir, je vais me battre. Il faut que je reprenne des forces.

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PDV JAMES

Je cours dans les couloirs lançant des regards noirs à quiconque ose porter son regard sur moi.

Qui est l'imbécile qui a osé placarder ces affiches mensongères dans tout le lycée?!

Il faut que je retrouve June. Il faut que je la retrouve pour que nous puissions trouver une solution, à deux. Il faut que je la retrouve pour pouvoir la réconforter si elle est triste, lui sécher ses larmes si elle pleure, la serrer dans mes bras si elle a peur. Il faut que je la retrouve pour elle. Il faut que je la retrouve pour moi. J'ai besoin de la voir, de savoir son état, de sentir sa présence. J'ai besoin d'elle.

J'accélère ma course et me retrouve en un rien de temps devant la porte de la chambre.

Je l'ouvre, emporté dans ma course, et me retrouve inquiet de ne découvrir personne dans la petite salle.

Anxieux, je replonge dans ce couloir peuplé de lycéens avides de ragots croustillants. Ils me regardent tous de bas en haut avec quelque fois de l'admiration, du dégoût ou bien même de l'attirance.

Leur demander où est June ne ferait qu'agrandir le nombre de regards malsains me toisant. Je refuse de leur donner cette satisfaction. Je refuse de me rabaisser à ça. Je refuse de nous rabaisser à ça.

J'arpente un à un tous les couloirs de l'internat. June où es-tu? Où te caches-tu?

Finalement, je la repère, se faufilant discrètement d'une salle de classe vide à une autre.

Je l'interpelle, m'en rapprochant.

Elle ne réagit pas, ne se retourne même pas. Elle ne m'a sûrement pas entendu...

Je m'approche et l'interpelle de nouveau. Toujours aucune réaction. Est-t-elle devenue complètement sourde?

Tout en m'en rapprochant peu à peu, je continue de l'appeler. Elle ne se retourne à aucun de mes appels et continue sa course droit devant elle. Elle semble me fuir, m'éviter.

Je me sens blessé. Que se passe-t-il?

Je m'arrête. Elle ne veut pas de moi? Elle me déteste? Elle m'en veut?

Après tout, ça semblerait normal, c'est à cause de moi qu'elle va être virée, qu'elle va revenir à son affreuse vie d'avant. A cause de moi...

J'ai l'impression de recevoir un coup de poignard en plein cœur.

C'est à cause de moi. A cause de moi. A cause de moi qu'elle est triste. A cause de moi qu'elle souffre. A cause de moi que sa vie est détruite. A cause de moi... Peut-être aussi que je ne vais pouvoir sécher ses larmes mais plutôt les faire couler. C'est à cause de moi que ses larmes vont couler le long de ses petites joues rebondies. Mais alors qui va sécher ses larmes? Hein, qui?