La ligne d'arrivée est là, devant nous, à quelques mètres, je pourrais même la toucher.
Et à côté de nous, au même niveau, une autre équipe, un autre binôme prêt à nous rattraper et nous voler notre victoire.
Hors de question! Cette victoire nous appartient!**********************
L'action se passe au ralenti.
Je regarde Ethan, le visage crispé, les yeux grands ouverts, la mâchoire serrée. Il entraîne mon bras à son rythme.
Je regarde nos baskets: Sales, boueuses, qui s'écrasent sur le sol éparpillant de part et d'autres des petites particules de terre sèche.
Je regarde nos jambes qui répètent ce même geste au ralenti. Lentement. Elles se plient et se détendent inlassablement.
Je regarde l'autre groupe, l'autre binôme.
Nos adversaires, nos ennemis.
Je regarde la ligne face à nous. La ligne blanche tracée à la craie. La ligne que nous devons dépasser, dépasser avant eux. La ligne qui parait si insignifiante mais qui, pourtant, a le pouvoir de nous offrir la victoire. La ligne qui nous offrira la victoire!
Enfin, je regarde les personnes regroupées autour de nous, les spectateurs, les supporters, les amis, les professeurs, James. James. Je regarde James qui hurle mon nom, mon faux nom. Qui m'applaudit, m'encourage, hurle pour moi. Qui est présent pour moi. Qui observe ma course. Qui a l'espoir que je gagne. Qui veut que je gagne.
Et c'est à ce moment que, comme prise d'une force surnaturelle, j'accélère. Je sprinte. Je ne sens plus mes jambes, ni mes bras d'ailleurs. Je n'entends plus que les battements de mon cœur. Je ne vois plus les spectateurs, je ne vois plus Ethan, je ne vois plus nos adversaires, je ne vois que lui :James.
Coup de sifflet: Un bruit strident qui me ramène à la réalité.
Ethan se jette dans mes bras. Je balbutie:
- Quoi...Que...Quoi?
- ON A GAGNÉ!!! ON A GAGNÉ GRÂCE A TOI ANDREW!!!
Je reste encore ahurie quelques secondes avant de voir par-dessus l'épaule d'Ethan, James s'approcher, applaudissant, un sourire adorable aux lèvres.
Je me détache de mon coéquipier pour avancer à mon tour à la rencontre de James. Je dois me retenir de toutes mes forces pour ne pas courir et le serrer dans mes bras. J'observe sa mâchoire bien dessinée, ses magnifiques cheveux en bataille, ses yeux d'un bleu profond, ses joues creuses, ses lèvres attirantes... Les battements de mon cœur sont tellement bruyants que ça en devient même assourdissant. J'arrive devant lui. Face à lui. A quelques centimètres de lui. Et maintenant, qui sait ce qu'il va se passer?!
Il me tend la main et je ne comprends pas tout de suite:
- Bien joué Andrew.
Bam!
C'est comme une gifle que je viens de me prendre de plein fouet.
Je suis Andrew. Andrew et non June. Je suis un garçon. Je ne suis qu'un ami pour James. Un simple ami. Et rien ne changera jamais. Jamais.
Je le regarde dans les yeux. James. Quelqu'un d'inatteignable pour moi. Quelqu'un de si différent, de si parfait.
Par mes simples pensées, par les rêves que je me suis faite seule, dans ma tête, je m'inflige moi-même une déception immense.
Des larmes commencent à s'accumuler dans mes yeux.
Reprend-toi June, reprends-toi. Tout ça, c'est juste des histoires que tu te fais dans ta tête, Ok? Maintenant relève la tête, rend-lui sa poignée de main avec le sourire et pars. Pars, éloigne-toi de lui et calme-toi.
Je m'apprête à m'exécuter, levant une main tremblante quand soudain, deux bras enlacent le cou de James et le visage de Kimberley entre dans mon champ de vision.
Celle-ci me gratifie d'un sourire malsain avant de tourner ses yeux vers ceux de James. Peu à peu, Kimberley approche son visage du sien. Ils se rapprochent peu à peu. Mes larmes menacent de couler mais pourtant je reste pétrifiée face à ce spectacle. Bientôt leurs lèvres vont se toucher. J'ai un haut le cœur. Leurs lèvres se frôlent. Je vomis.
Littéralement. Je vomis sur les haut-talon parfaitement vernis et auparavant saillant de Kimberley. Je vomis de tout mon saoul le repas de ce midi. Et je peux maintenant assurer qu'un vomi de petit pois carotte ne donne pas très faim.
Vomir est quelque chose de très désagréable, d'horrible dans de nombreuses situations. Mais pas dans celle-ci. Dans cette situation, c'est comme une sorte de jouissance. Ça ne reste pas moins désagréable mais ça me permet d'éviter quelque chose d'affreux. Pour même remplacer ça par quelque chose de meilleur.
Si on oublie le gout affreux dans ma bouche et mon mal de gorge, on remarque seulement le visage hystérique de Kimberley, la main compatissante de James posée sur mon épaule et la victoire dans mes yeux. Ma victoire personnelle. 1-0 Kimberley!
- Je t'emmène à l'infirmerie, se propose James en passant son cou sous un de mes bras.
Pas de souci, je me laisse guider, aux anges.
Attends... 2 secondes... STOOOOOOP!!!
Infirmerie = Examinassions = Enlever vêtements = Découverte fille = NOOOOOOONNNNN!!!
Je me détache précipitamment de James.
- En fait non.
- Hein?
- Pas la peine. C'est la fatigue mélangée à de l'adrénaline, de la faim et un petit mal de ventre. C'est rien. J'ai juste besoin de repos.
- Tu en es sûr?
Je hoche la tête.
- Très bien, alors je te ramène au dortoir et cette fois tu n'as pas le choix.
Encore une fois, il place mon bras sur ses épaules et me conduit jusqu'à la chambre.
Arrivée là-bas, je m'affale sur mon lit épuisée par les efforts et les sentiments accumulés dans cette longue journée.
Je m'endors quasiment instantanément et étant à demi consciente, je sens James remonter délicatement la couverture jusqu'à mon cou tout en murmurant un doux «bonne nuit» au creux de mon oreille. Un rêve ou la réalité? Je ne le saurais jamais...
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>Après encore une fois loooooongtemps voici le nouveau chapitre. Mais j'avais une excuse: les examens... Bon ok. J'utilise ce mot pour faire plus important et tout et là on va me dire "Mais c'est juste le brevet Pauline" et patati et patata... Mais BREF!
>J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu.😁
>Et maintenant je vais essayer de recommencer à poster plus souvent.😉
>Bonne lecture! J'espère que ça vous plait toujours autant!😊
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Vivre Dans La Peau d'Un Garçon - TERMINÉ
Novela JuvenilJe suis face à ma porte de dortoir. Je tourne la poignée de ma chambre et m'apprête à découvrir mon petit cocon pour cette année. Je tombe alors nez à nez avec mon futur colocataire. En ce moment même, j'aurais été très heureuse de découvrir une cha...