CHAPITRE 36

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Plusieurs personnes s'écartent de nous et regardent la scène sans agir. Au contraire, les gens semblent même s'en amuser. Mais d'où viennent-ils pour rire de ça ? Danael s'apprête à aller tabasser le type qui est à terre, mais je l'arrête dans son élan. Je lui attrape le bras et crie :

- Danael ! Je t'en supplie, arrête !

Je sens les larmes me monter aux yeux, tout comme la panique. Je sais que ce qui arrive maintenant est totalement de ma faute. A cause de ma stupide fierté, à cause de notre stupide jeu, à cause de notre relation si étrange et si dingue.

Danael tourne la tête vers moi, et rive ses yeux aux miens. Mon cœur se sert. Son visage est rempli de colère. Ses yeux sont sombres et semblent cracher de la haine. Il pourrait presque me faire peur. Mais je n'ai pas peur de lui. Je sais qu'il ne me ferait rien. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais j'en suis totalement convaincue. Lorsqu'il voit mon visage, il semble légèrement se détendre. Il baisse les yeux sur ma main qui accroche son bras pour le retenir. Je la retire, et laisse tomber mes bras le long de mon corps. J'ai conscience que nous sommes le centre de toutes les attentions, mais ça m'est égal. Danael finit par abaisser son poing et lance malgré tout un regard assassin au type par terre.

Sans crier gare, Danael attrape mon poignet droit et m'entraine de force à sa suite. Cependant, nous sommes arrêtés dans notre course par le premier gars, celui qui était dans mon dos et qui m'embrassait la nuque. Maintenant que j'ai complètement repris mes esprits, mon corps en frissonne. Son visage est un mélange de colère, de mépris et d'amusement.

- Où vas-tu comme ça, Danael ?

- Barre-toi de mon chemin, Dimitri ! Sinon, je jure que je te fracasse ta sale gueule contre le sol.

- Tant de violence, ricane le dénommé Dimitri. Qui te dit que je ne te battrais pas ?

Danael semble perdre patience, j'ai peur de ce qui pourrait arriver. Je sais que Danael est vraiment fort, mais ce Dimitri semble assez balaise, lui aussi. Je peux mieux l'observer maintenant. Il a le teint assez pâle, quasiment blanc. Ses cheveux clairs sont coupés courts. Il a bien plus de tatouages que ce que je pensais et a même plusieurs piercings aux arcades. Il porte une veste en jean noire sans manche, déchirée. Il me semble soudain dangereux et me fait peur. Je me demande d'où se connaissent Dimitri et Danael. Ce dernier s'approche un peu plus de lui.

- Laisse-moi passer. Je ne le redemanderais pas. On règlera ça une prochaine fois.

Dimitri reste encore quelques secondes devant nous, les bras croisés. Avec Danael, ils se fixent, s'observent, comme si ils avaient une discussion secrète, en silence.

Finalement, Dimitri se pousse et nous laisse passer. Après que nous l'ayons dépassé, je l'entends crier à Danael :

- Dans un mois pile ! Tu sais où ! T'auras intérêt à ramener ton cul !

Je ne sais pas ce qu'il veut dire, et je me retourne pour le regarder, mais Danael continue de me tirer, m'empêchant de m'arrêter. Il ne lui répond pas, ne lui jette même pas un seul coup d'œil, pourtant, je suis sûre qu'il l'a entendu et qu'il a même très bien compris le sens de ses paroles, contrairement à moi.

Nous passons devant Hana, Maggie et Kat qui ont été rejointes par Alex et Harry, mais Danael ne ralentit pas son allure pour autant. Nous arrivons maintenant dehors.

- Danael, tu vas me lâcher, oui ? Tu commences à me faire mal.

Et c'est la vérité. A force de tirer sur mon poignet, je commence à y ressentir une douleur, sans compter le fait qu'il le sert vraiment fort.

Danael lâche enfin mon poignet. Il est toujours dos à moi. Il ne dit rien. Je ne sais pas quoi faire. Je regarde autour de moi, mal à l'aise, mais les gens font la fête comme si de rien était. Je m'apprête à dire quelque chose, pour briser ce silence pesant, quand soudain Danael me devance. Il se retourne d'un coup, plante ses yeux remplis de colère dans les miens, qui ne doivent montrer que de la honte.

- Qu'est-ce qui t'a pris, putain ?! Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi, bordel de merde ?!

Il me crie littéralement dessus. Par réflexe, je recule d'un pas, ce qui ne lui échappe pas. Je m'en veux tout de suite. Un voile vient obscurcir ses yeux. Plusieurs visages se tournent dans notre direction. Danael regarde un coup autour de nous, à toute vitesse, puis soupire et se passe une main dans les cheveux. Il semble essayer de contrôler ses émotions, comme s'il tentait de se calmer. Je m'avance de nouveau d'un pas vers lui.

- Tu me poses ces questions-là, alors que je pourrais tout aussi bien te les retourner. Qu'est-ce qui t'a pris de faire irruption comme ça sur la piste de danse, de pousser un gars et de frapper le second ? Et puis, pourquoi m'avoir emmenée ici avec toi, hein ? Je pensais avoir été claire avec toi.

- Tu ne pensais tout de même pas que j'allais t'obéir ? Rien que l'expression sur ton visage montre que toi-même tu ne veux pas que je suive tes ordres. Et tente de dire que tu n'as pas essayé de m'énerver en dansant avec ces mecs !

Et on dirait que j'ai réussi... Je suis sur le point de répliquer, mais il me stoppe net avec un geste de la main.

- Peu importe, de toute manière. Je ne suis pas là pour parler de ça. Ne t'approche plus de ces gars. Tu ne sais pas qui ils sont. Ils sont bien trop dangereux pour toi.

- C'est-à-dire ?

- Ça ne te regarde pas. Juste, ne t'en approche pas.

- Ça ne me regarde pas ?! Tu te fous de moi ?! J'étais en train de danser avec deux gars et, toi, tu te ramènes et les agresses. Ensuite, tu oses me dire, droit dans les yeux, que ça ne me regarde pas ? Mais pour qui me prends-tu ?

Il m'attrape le bras, jette un coup d'œil autour de nous, puis se penche vers moi en baissant le ton, l'air très sérieux :

- Tu ne les connais pas. Ce ne sont pas des gars avec qui tu peux jouer comme tu le faisais. Si je n'étais pas intervenu, ils ne s'en seraient pas seulement arrêtés à un simple plotage, crois-moi. Et puis, tu as une drôle façon de danser.

Le rouge me monte aux joues. La colère boue en moi. J'arrache mon bras de son emprise, et, de la même manière que lui, je parle tout bas, les yeux rivés aux siens :

- De un, je danse comme je veux. De deux, tu dis qu'ils sont dangereux, mais tu traînes avec à ce que j'ai pu comprendre. Tu les connais. Ce sont tes potes. Donc, peut-être que tu leur ressemble dans le fond, non ?

Je m'apprête à tourner les talons. Danael essaye de me rattraper le poignet, mais cette fois-ci je réussis à l'éviter.

- Oh, et j'ai failli oublier : de trois, finalement, toi non plus je ne te connais pas, n'est-ce-pas ?

Il ouvre la bouche comme pour me répondre, mais aucun son n'en sort. Je marche à reculons, lentement, mettant au fur et à mesure de plus en plus de distance entre lui et moi. Je secoue la tête de droite à gauche. Non. Non, je ne veux pas l'entendre. Non, je ne veux plus l'écouter. Non, je ne veux plus me battre avec lui. J'en ai assez.

Il passe une nouvelle fois sa main dans ses cheveux, les ébouriffants encore un peu plus au passage. Il me fixe. Un combat intérieur semble faire rage à l'intérieur de lui.

Je finis par me retourner. Je me force à ne pas jeter un coup d'œil en arrière, et je rentre de nouveau dans la villa.


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