CHAPITRE 78

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Assise sur l'un des grands tabourets de la cuisine de la villa des Poquelin, je tourne le dos à l'entrée. Ma tête dans mes mains, je ferme si fort mes paupières que ça en devient douloureux. Je ne le vois pas, mais je sais parfaitement que c'est lui qui est rentré. La porte de l'entrée se referme et des pas se rapprochent. De plus en plus...

- Capucine ?

Mes yeux s'ouvrent instantanément au son de cette voix. De sa voix. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et j'inspire ne m'étant même pas rendu compte que je retenais ma respiration. Je sais que cette discussion va finir en dispute, voire même pire. J'ai peur de m'être imaginé ce lien entre lui et moi. Entre nous. J'ai peur d'avoir imaginé ce nous qui n'a peut-être jamais vraiment existé finalement. J'ai peur que cette discussion soit notre dernière car, peu importe ce que je peux affirmer et vouloir, je ne suis pas prête. Je ne suis pas prête à le perdre. Alors, doucement, précautionneusement, je fais tourner mon siège pour me retrouver face à lui. Je me force à faire revenir mon courage.

- Surprise ! lâché-je d'un ton faussement enjoué.

Nos regards se croisent et je ne saurais décrire le sien. Je saute en bas de mon tabouret. Son corps tout entier se crispe dès que je fais un pas dans sa direction. Je m'arrête. Ses yeux fuient les miens et sa mâchoire se serre.

- Tu ne souhaitais sûrement pas me voir, commencé-je, mais il me semble que j'ai le droit à des explications.

- Des explications ? A quel sujet ?

- A toi de me le dire. Ne fais pas semblant.

Ses pupilles se plantent enfin dans les miennes et je soutiens son regard.

- Tu es sacrément gonflé, Danael. Tu me demandes de ne pas te fuir, mais au final tu es le premier à le faire.

- Ce n'est pas ce que tu crois.

- Ah oui ? Et qu'est-ce que je crois, hein ? Est-ce que tu le sais ? le coupé-je en le pointant du doigt. Peut-être que tu regrettes ? Peut-être que tu n'assumes pas ? Ou peut-être même que tu t'es bien foutu de moi ?!

Alors qu'il se dirigeait vers le frigo, Danael se fige sur place, la porte du réfrigérateur grande ouverte, une bouteille d'eau à la main, l'air mi étonné, mi en colère.

- Quoi ? Non, tu te trompes !

- Quelle est ton excuse alors ? J'ai le droit de savoir. Ça fait une semaine ! Si tu penses que nous nous sommes trompés, que c'est aller trop vite ou que sais-je encore, tu peux me le dire. Je peux tout entendre. Tout, mais pas ce silence. Pas de mensonge. Je saurais gérer et...

Soudain, il balance presque sa bouteille sur la table, comble l'espace qui nous sépare et attrape mon visage entre ses deux grandes mains avant de plonger ses deux iris bicolores dans mon vert. Ma peau réagit immédiatement à son toucher et se couvre de milliers de frissons.

- Ce. N'est. Pas. Ça.

Son regard s'adoucit tandis qu'il détache très distinctement chacune de ses paroles et que mon cœur fond littéralement dans ma poitrine. Il faut que je me rende à l'évidence, il a une emprise terrifiante sur mon être... Non, je dois encore résister et ne surtout pas flancher !

- Pourquoi m'avoir évitée pendant une semaine alors ? demandé-je en me détachant de son emprise pour mettre un maximum d'espace entre sa peau et la mienne.

Il soupire et passe une main dans ses cheveux avant de masser sa nuque.

- Ça n'a aucune importance...

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