Une heure.
J'ai réussi à patienter une heure, ce qui, en soit, est un exploit pour moi étant donné que la patience est loin d'être l'une de mes meilleures qualités. Je n'ai pas pu patienter plus longtemps que ça.
Après le départ d'Alex sur le banc, j'ai encore un peu trainé dans le camping, puis je suis rentrée au mobil-home. Je me suis occupée de Blue, mais l'attente était insupportable. Alors, me voilà maintenant devant la porte de la villa des Poquelin, hésitant à frapper à la porte.
D'accord Alex m'a dit de frapper au cas où, juste pour prévenir Armand ou Danael, si ils sont là. Mais il a aussi dit que si personne ne me répondait, je pourrais tout de même rester. Quel est mon problème ? Il se résume en un simple prénom : Danael.
Si Armand ouvre la porte, ça sera super et ne me posera aucun souci. Si personne ne m'ouvre, ce sera encore mieux. En revanche, si Danael m'ouvre, ce sera un gros problème pour moi. Je me comporte sûrement comme une petite fille, mais je n'ai toujours pas digéré sa façon de m'avoir ignorée dimanche au restaurant avant de partir. D'abord il s'amuse avec moi, nous passons un moment vraiment, vraiment proches dans les toilettes, et puis quoi ? Ensuite il m'ignore comme si je n'étais qu'une pauvre plante verte que l'on ne regarde qu'à peine en passant !
L'idée de prendre mes photos sans prévenir personne me passe par la tête. Je n'aurais qu'à dire que j'ai frappé, mais que personne ne m'a ouvert. Peut-être que la personne ne m'a-t-elle pas entendu frapper, prétexterai-je.
OK, ça suffit, Capucine. Tu vas arrêter tes gamineries et frapper à cette porte. Qu'est-ce que je risque après tout ? Il ne va rien m'arriver. N'est-ce-pas ?
De toute manière, si Danael ouvre cette porte, il faudra que j'en profite pour m'expliquer avec lui. Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Je ne peux pas continuer ainsi. J'ai besoin de m'être au clair ce que nous sommes – si nous sommes quelque chose – mais aussi éclaircir cette situation. On ne peut pas continuer à s'éviter, s'ignorer, se disputer puis nous sauter dessus l'un l'autre. Je ne peux plus. Je dois mettre un terme à tout ça, et le plus vite possible sera le mieux.
Je prends mon courage à deux mains. Je ne fuirais pas. Danael ou pas, cela importe peu. Je tente de me rassurer, de me redonner de la témérité. Qu'est-ce qu'il pourra me faire de toute manière ? Qu'il soit d'accord ou pas, je reste.
Mentalement je prépare un petit discours pour la personne qui ouvrira la porte : "Bonjour. Alex m'a donné l'autorisation de venir prendre des photos ici. Je tenais juste à vous prévenir". Et ensuite, je sourirai. Parfait.
Une grande inspiration.
Je frappe, puis je compte jusqu'à dix. Si, à dix, personne n'est venu m'ouvrir, je déguerpis de devant cette porte où je commence à prendre racines.
Une grande expiration.
Je frappe.
Une grande inspiration.
1... 2...
Une grande expiration.
3... 4...
Une grande inspiration.
5...
La porte s'ouvre. J'aurais dû compter jusqu'à deux seulement... Elle s'ouvre si vite et avec tant de force que j'en sursaute.
Oh. Mon. Dieu.
Je ne saurais dire si je suis la personne la plus malchanceuse ou la plus chanceuse au monde en cet instant.
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Imprévus
RomanceCapucine Roger a 17 ans et s'apprête à passer ses grandes vacances, avant son année de terminale, à travailler dans un camping. Et pas n'importe lequel. Non, c'est celui du père du riche, arrogant et provocateur Danael Poquelin qui étudie dans le mê...