CHAPITRE 82

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Inspire. Expire. Inspire. Expire...

- Capucine, tu peux encore refuser... S'il-te-plait...

Danael, qui se tient debout à côté de sa moto, devant la ligne de départ de fortune, dessinée il y a peu à l'aide d'une bombe de peinture pour l'occasion, nos deux casques dans les mains, tente désespérément, une dernière fois, de me faire changer d'avis. De me faire renoncer à participer à cette course avec lui.

Inspire. Expire. Inspire. Expire.

- Non. Je viens...

Après que Dimitri ait annoncé son horrible idée de me faire participer à la course, j'ai sincèrement cru que j'allais mourir d'une crise cardiaque. Mes jambes ont réussi à me tenir debout par je ne sais quel moyen tandis que l'envie de vomir s'est emparée de moi.

Quant à Danael, il s'est instantanément jeté sur Dimitri lorsque celui-ci a eu seulement fini de prononcer ses mots. Cette fois, ce n'est pas moi qui l'ai retenu le retenir. Ils sont tombés au sol, Danael sur Dimitri. Il lui a asséné coup de poing sur coup de poing au visage. Pourtant, Dimitri ne s'est pas défendu, et quand ils ont finalement été séparé, Dimitri s'est seulement levé, a essuyé le sang qui coulait de son visage, puis il a souri, rigolé, a regardé Danael avant de planter son regard vide dans le mien et de sourire de toutes ses dents. Des frissons ont parcouru les moindres parcelles de mon corps de dégout. Alors là seulement l'évidence m'a frappée de plein fouet.

- Je vais participer, ai-je alors lancé à Dimitri en le regardant droit dans les yeux.

Danael qui se débattait pour qu'on le lâche s'est arrêté d'un seul coup.

- Quoi ?! Non !

"Je te fais confiance" a été ma seule réponse, tandis que Dimitri est reparti dans un fou rire sans joie, avant de disparaitre pour se soigner. Je dois le faire. Danael doit gagner et ne doit plus approcher ce fou-furieux, c'est la seule chose que je sais. Dont je suis certaine. Plus que tout. Dimitri n'aurait rien lâché et aurait tout fait pour que je sois impliquée d'une manière ou d'une autre dans ce délire de course, je le sens. De plus, au fond de moi je me sens plus rassurée d'accompagner Danael. Je n'ai absolument aucune confiance en Dimitri. Son regard froid, son sourire sans joie et son visage dénué de toute émotion montrent à quel point il se moque de ce qui l'entoure et aussi à quel point il sera donc prêt à tout pour arriver à ses fins. Au moins, il a eu ce qu'il veut, il en est heureux et fera moins d'histoires.

Inspire. Expire. Inspire. Expire.

J'ai confiance en Danael. Il va gagner. Il le faut. En gagnant, il se libèrera de l'emprise de Dimitri et de tout ce bordel de courses illégales. Il doit s'en éloigner. Si son père ou même des médias venaient à l'apprendre ce serait la fin pour sa famille et leur entreprise, j'en suis certaine. De la même façon qu'il m'est facile de deviner que son père n'est au courant de rien du tout là-dedans. En revanche, ce que je ne m'explique pas, c'est pourquoi ses amis ne l'ont pas empêché de faire tout ça ? Pourquoi ne pas l'avoir aidé à s'en sortir ?

Inspire. Expire. Inspire. Expire.

Quoiqu'il en soit, me voilà, ici, plantée face à Danael et sa moto, le cœur battant à tout rompre, prêt à sortir à tout moment de ma cage thoracique. Comment ai-je encore pu m'embarquer dans toute cette folie ? On se croirait dans un film.

Je tends la main et prends le casque qu'il tient toujours. Je le glisse sur ma tête. Je ne suis sincèrement pas habillée pour ce qu'il va se passer. J'aurais mieux fait de décider de me changer avant de suivre Danael tout à l'heure, plutôt que de ne pas réfléchir, comme d'habitude, et de foncer tête la première... Je devrais pourtant savoir que c'est toujours le plus douloureux.

ImprévusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant