CHAPITRE 79

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Littéralement collée au dos de Danael, nous traversons toute la ville à une allure plus que rapide. J'avais l'habitude de voir Scott rouler vite mais les quelques fois où il avait accepté que je monte sur sa fichue moto, il faisait toujours un effort pour ne pas conduire trop rapidement. Je lui en ai toujours été reconnaissante. Danael, lui, n'essaye même pas de faire semblant de le faire. Une façon de me punir et de faire en sorte que je ne veuille plus jamais monter sur son bolide ?

Je ne sais pas s'il roule toujours ainsi, ou si je l'ai mis en retard à son mystérieux rendez-vous, mais nous slalomons entre les voitures plus que nombreuses en ce début de soirée. Danael accélère encore un peu plus de temps à autres pour ne pas avoir les feux rouges. A plusieurs reprises, je me cramponne à lui de toutes mes forces et il ralentit un peu avant de finalement accélérer de nouveau quelques mètres plus loin.

Je ne sais pas non plus où il m'emmène, mais le trajet me semble long. Sûrement parce que j'ai l'impression que je vais mourir à chaque coin de rue. Pourtant, lui, est totalement concentré, imperturbable. Il est facile de deviner qu'il a largement l'habitude de conduire ainsi. Dans ces conditions.

Je ne connais pas vraiment cette ville, mais autant dire que ce n'est pas dans l'immédiat que je profite du paysage. L'air chaud de cette fin de journée étouffante fouette mes jambes rendues nues par mon short, et l'air s'infiltre sous le tissu fin de mon débardeur léger.

Mon Dieu, faites que rien ne nous arrive...!

Alors que nous avons roulé presque tout le long du trajet sur de grandes routes principales et très fréquentées, Danael fait bifurquer la moto dans une petite ruelle, longue, étroite, vide et isolée. Je crois mourir. Et plus nous avançons, plus je distingue du bruit. De la musique ? Des cris ? Des voix ? Impossible, non ?

Une minute plus tard, j'ai ma réponse. Possible... Mes yeux s'écarquillent et ma bouche s'entrouvre en un O sous mon casque. Dites-moi que je rêve... Réveillez-moi, par pitié !

Plus d'une cinquantaine de personnes – je ne suis pas sûre du nombre, sous le choc et l'émotion, j'en perds mes moyens – sont regroupées là, sur une place géante isolée du reste de la ville où débouche cette petite ruelle. Des filles aux shorts quasi inexistants et aux soutiens-gorge en guises de hauts tournent autour de mec tatoués et musclés qui s'amusent ou sont appuyés sur des motos. De la musique hurle à mes oreilles tandis que des gens dansent dessus. Mais ce qui me frappe le plus, ce sont ces motos. Toutes alignées les unes à côtés des autres. Toutes plus impressionnantes les unes que les autres.

Danael ralentit un peu plus loin de cette rangée de bécanes. Il coupe le moteur et je saute presque immédiatement à terre en retirant rapidement mon casque.

- On est où, là ? Au rassemblement des grosses bécanes et des bimbos à moitié à poil ? le mitraillé-je instantanément de questions, ironique.

- Non. Te voici à une course de motos, me répond-il calmement et très sérieusement en retirant son casque à son tour et en posant pieds à terre.

Il commence à s'éloigner, s'approchant un peu de la grosse foule de personnes, me laissant plantée là, abasourdie. Mais je reprends vite mes esprits et le rattrape :

- Comment ça, "à une course de moto" ? En pleine ville ? Mais c'est illégal ?!

Sans que je m'y attende. Danael se stoppe net et je le percute. Il ne bouge pas. Concentré. Il ne se retourne pas, ne me répond pas, examinant la foule, l'horizon comme à la recherche de quelque chose. Ou quelqu'un. Je pose ma main sur son bras pour l'obliger à me regarder et réitère ma question :

ImprévusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant