CHAPITRE 40

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Je marche dans le grand couloir à la recherche de Kat. Je me sens un peu mal à l'aise, mais il faut vraiment que je la trouve. Et puis, il va bien falloir que je me montre, je ne pourrais pas me cacher éternellement.

Lorsque je passe devant l'entrée du large salon, je ne repère personne que je connaisse dans la pénombre et la foule. Il y fait une chaleur étouffante, alors je choisis de déjà vérifier l'extérieur.

Bingo. Heureusement pour moi, je ne vais pas avoir besoin de retourner sur la piste de danse, car je trouve tous mes amis assis dans le sable, au bord de l'eau, en demi-cercle en train de discuter et de rire.

Harry et Kat sont l'un à côté de l'autre. Il a passé une main dans le dos de celle-ci. A côté de Kat se trouve Maggie puis Alex et enfin Hana.

Je m'arrête quelques secondes et les observe. Ils ont tous l'air si heureux que j'hésite à aller les embêter. Puis, ma petite voix intérieure revient à la charge, et pour une fois, elle me conseille : Ce sont tes amis. Tu ne devrais pas toujours les rejeter, les fuir ou autre. Ni te sentir mal. Ils sont là pour toi, et inversement. Va les voir, tu ne les embêteras pas. Ce sont tes AMIS. Et, pour une fois, je l'écoute.

A grand pas, déterminée, je me rapproche d'eux. Hana est la première à me remarquer. Je ne sais pas si j'hallucine, mais il me semble que son visage s'éclaircit en me voyant.

- Capucine ! Mais où étais-tu ?

Tous se retournent vers moi comme un seul homme, je leur fais le plus beau sourire dont je suis capable.

- J'étais avec Danael.

Les filles sourient, Hana sautillent presque sur place. Je rigole. Les deux garçons, eux, échangent un regard presque inquiet, puis Harry me regarde finalement avec un léger sourire, tandis qu'Alex, finit par hausser les épaules.

Je donne mon attention à Kat :

- Dis, où est le cadeau que je lui ai acheté ?

Je n'ai pas besoin de préciser de qui je parle, elle le sait très bien. Avant qu'elle ne réponde, je la vois fixer quelque chose au niveau de mon cou. Le suçon ! Rapidement, je pose ma main à cet endroit. Kat se racle la gorge et m'annonce :

- Je l'ai caché à un endroit pour que personne ne le pique. Attends, je vais te le chercher.

Sur ce, elle se lève et court en direction de la maison. Je me tourne quant à moi vers Hana qui s'est levée et s'est rapprochée de moi. En lui désignant tous les invités d'un large geste de la main, je lui demande :

- D'où viennent toutes ces personnes ? Comment les garçons les connaissent tous ?

Elle paraît soudain gênée, mal à l'aise. Elle remet une mèche de cheveux derrière son oreille. Puis, elle baisse le ton et se penche vers moi :

- Euh... C'est compliqué. Excuse-moi, Capucine, j'aimerais vraiment pouvoir t'en parlé mais je ne peux pas...

"C'est compliqué"... j'ai déjà entendu deux fois cette réponse ce soir, d'abord d'Alex et maintenant d'Hana. Cependant, je n'insiste pas. Elle retourne s'asseoir là où elle était, dans le sable, à côté d'Alex.

- Viens t'asseoir un coup, me lance-t-elle.

Je n'ai pas le temps de lui répondre car déjà Kat revient et me tend l'objet que je lui ai demandé. Je la remercie et m'excuse auprès des autres, leur disant que je reviens vite. Je le pense réellement. J'aimerais finir cette soirée à discuter et rire avec eux. Je me sens de mieux en mieux en leur compagnie. Ce sont mes amis.

Je marche en direction de la villa, pour retourner dans la chambre de Danael, espérant qu'il s'y trouve encore. Mais malheureusement pour moi, il n'y est pas. Il sort tout juste de la villa, en face de moi, une nouvelle bimbo collée à lui, à son bras. Ils sont à deux doigts de s'embrasser quand je gronde :

- Danael !

Il tourne la tête vers moi, et, dans son regard, je peux lire de la colère, du mépris. La bimbo aussi me fusille du regard mais, elle, je l'ignore.

- Tiens, tiens. Regardez qui voilà. Tu reviens me voir, maintenant, après t'être enfuie comme une voleuse ? Tu es déjà en manque ?

Je n'en crois pas mes oreilles. Qu'est-ce qu'il lui prend ? J'essaye de rester calme.

- Danael, il faut que l'on parle. Tous les deux. S'il-te-plait.

- Je n'ai pas envie.

Je répète, comme si c'était la solution miracle :

- S'il-te-plait.

Il est sur le point de retourner vers sa bimbo quand il me hurle :

- Ça ne me plait pas, non, putain ! Je n'ai pas envie de te voir. Tu te prends pour qui ? Tu peux dire des autres, mais tu n'es pas mieux. Tu t'enfuies à toute vitesse sans prévenir et puis tu te pointes de nouveau comme si tu ne m'avais pas laissé en plan comme un con. D'ailleurs, j'ai été con. Tu ne vaux pas mieux que les autres finalement. Tu as eu ce que tu voulais. T'as joui, puis tu t'es barrée. C'est tout ce qu'il t'intéressait, n'est-ce-pas ?

Je suis sur le point de craquer, les larmes aux yeux. Ses paroles sont comme des milliers de lames qui viendraient se planter dans mon cœur les unes après les autres. Il le voit, un sourire cruel se dessine sur son visage. C'est ce qu'il veut : me blesser. Qui pense-t-il être ? Je n'ai jamais été autant humiliée de toute ma vie. Quelques personnes se tournent vers moi, surtout mes amis. Je sens leurs regards dans mon dos. Danael a tellement parler fort que les quelques personnes qui restaient dehors ont tout entendu.

Je ne réfléchis pas, fais un pas vers lui et le gifle. Je cligne des yeux, et les larmes pour lesquelles je mettais tellement de force à retenir finissent par couler le long de mes joues. Il me fait encore pleurer. Je le déteste. Alors pourquoi cela me fait tellement mal ? La voix de Kat résonne dans ma tête : "Est-ce que tu l'aimes ?". Non ! Non, je ne l'aime pas et cela n'arrivera jamais. Jamais ! Ce garçon est d'une cruauté sans pareille ! Je n'avais encore jamais vu ça jusqu'à aujourd'hui. Comment est-ce seulement possible ? Comment quelqu'un peut-il devenir ainsi ? Comment quelqu'un comme ça peut-il exister ?

Danael n'a pas bougé, bouche-bée par ma gifle, une main posée sur sa joue. La surprise et la confusion font maintenant place à la colère. A la rage. Si ses yeux étaient des pistolets, je serais déjà étalée sur le sol, morte et vidée de mon sang.

- Tu n'es qu'un connard, Danael. Tu n'as absolument rien compris !

Avant qu'il ne réagisse et que je ne puisse plus parler, je lui prends de force la main et lui pose la petite boîte du pendentif dans celle-ci. Je le regarde dans les yeux, je veux qu'il voit ce qu'il me fait ressentir, ce qu'il me fait. Je veux qu'il entende aussi ce qui va suivre.

- Tiens, je suis allée rechercher ça, pendant que tu étais dans ta salle de bain. Je revenais à l'instant pour te l'offrir.

Je fais une pause. Puis, sans émotion, toujours les yeux rivés au siens, je lui dis :

- Joyeux anniversaire, Danael.

J'ai parlé en ne laissant transparaître aucune émotion dans ma voix. Il baisse les yeux sur la boîte, mais je lui tourne déjà le dos. Je m'éloigne de cette maison, de cette fête, de lui. Cette fois, je ne me retiens plus, je pleurs à chaudes larmes tandis que je prends le chemin du retour pour rejoindre mon mobil-home, sans un seul regard derrière moi, ni pour mes amis qui ont assisté à cette scène, ni pour Danael qui doit être en train d'ouvrir son cadeau.

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