Une bonne heure est passée. La chambre est calme, seules nos respirations maintenant régulières viennent troubler le silence. Ma tête est posée contre le torse de Danael, tandis que lui a passé une main dans mon dos qu'il caresse du pouce. Il a passé son second bras derrière sa tête. Je crois que je me suis assoupie pendant plusieurs minutes tout à l'heure.
- Je ne sais pas toi, mais je meurs de faim... me lance Danael avec un fin sourire.
Craquant.
Je redresse légèrement la tête. C'est vrai que maintenant qu'il en parle, mon estomac crie famine. Je n'ai pas tellement mangé à midi avec ce qu'il s'est passé, et je commence à ressentir les effets.
- Pareil de mon côté.
- Et si on descendait manger un bout ?
- Volontiers.
Je bouge un peu mais le simple fait de faire ce mouvement, un pincement me serre le bas du ventre et je grimace. Je ne me sens pas très à l'aise pour me lever, mais je ne peux pas non plus rester éternellement couchée. Il va falloir que je fasse avec, jusqu'à ce que la gêne disparaisse. Assez vite, j'espère.
- Ça va aller ? Tu peux te lever ?
- Ça va, ne t'inquiète pas.
Je m'assois au bord du lit mais Danael est plus rapide et ses pieds touchent déjà le sol. Il se tourne vers moi, me tend une main pour m'aider à me lever. Je m'appuie doucement contre lui, le temps de me dégourdir un peu. Mon regard tombe sur le drap taché de sang. Marqué par ma virginité perdue. Je grimace de nouveau. Il va falloir les jeter.
- T'en fais pas va, j'ai d'autres draps ! me taquine Danael en suivant mon regard et en me donnant un léger coup d'épaule ce qui me tire un sourire.
C'est fou comme il peut se montrer si différent avec moi, quand nous ne sommes que les deux.
Il enfile rapidement un nouveau boxer et son short, restant torse nu, tandis que je me contente de ma culotte et de lui piquer un tee shirt dans sa penderie pendant qu'il retire les draps et les met en boule.
- Attends, personne ne risque de les voir ? l'interrogé-je en désignant le tissu d'un mouvement du menton.
Danael ne vit pas seul ici. Hana, Alex ou même Armand pourraient les voir et cette simple idée m'embête un peu, même si je sais que c'est un peu bête.
Danael hausse les épaules.
- Tu veux que je les mette dans un sac avant de le jeter ?
- S'il-te-plaît...
Il acquiesce d'un mouvement de tête avant de disparaître. J'entends ses pas dans les escaliers. Je suis toujours face à la penderie. Je regarde mon reflet dans le miroir qui y est accroché. Extérieurement, je suis toujours la même. Une fille simple. Un carré noir. Des yeux verts. Une peau assez pâle. Mince et assez grande. Peu vêtue, mais toujours la même. Intérieurement, c'est bien autre chose. Je ne suis plus la pauvre fille seule, blessée, déprimée, avec la haine contre tous. Je suis changée. Je ne suis plus seule, j'ai des amis. Des vrais. Sur lesquels je peux compter, j'en suis certaine, je le sens. J'ai retrouvé le sourire, la joie et l'amour dans les bras forts et rassurants de Danael. Une fille nouvelle dans un corps qui est resté le même. Je souris à mon reflet. Mécaniquement, je respire le tee-shirt de Danael que je porte : il porte encore son parfum. J'adore.
Je me décide à descendre pour rejoindre la cuisine car mon estomac va finir par se transformer en grizzly affamé vu les bruits qu'il produit.
Je descends les marches un peu moins rapidement que d'habitude, mais je commence à supporter la gêne entre mes jambes. Je n'y ferais bientôt plus attention. Je traverse le grand séjour, mes pieds marchant sur les carreaux blancs du carrelage froid. Au moins, cela fait un contraste avec ma peau qui est toujours aussi chaude et qui va sûrement le rester tant que je serais dans cette maison, à proximité de Danael.
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Imprévus
RomanceCapucine Roger a 17 ans et s'apprête à passer ses grandes vacances, avant son année de terminale, à travailler dans un camping. Et pas n'importe lequel. Non, c'est celui du père du riche, arrogant et provocateur Danael Poquelin qui étudie dans le mê...