CHAPITRE 66

22.2K 1K 8
                                    

Des rayons de soleil filtrent à travers la fenêtre au-dessus de mon lit lorsque je me réveille. Je m'étire et reprends mes esprits, mes repères. Je regarde autour de moi et remarque que Danael est toujours endormi, étendu de tout son long dans le lit. Le calme se lit sur ses traits détendus. Il est si mignon ainsi, presque vulnérable.

J'attrape mon portable à côté de moi en essayant de ne pas trop bouger pour ne pas le réveiller et je regarde l'heure. 10h15. En temps normal, je ne me réveille pas souvent aussi tard. Je n'aime pas faire de grasse matinée. Je préfère me lever tôt. Heureusement que nous sommes dimanche.

Minute.

On n'est pas dimanche ! On est samedi et je suis censée être en train de travailler !

- Et merde !

Je saute en bas du lit en vitesse et je ne fais plus du tout attention à si je fais beaucoup de mouvements ou de bruits.

Avec tout ce qui s'est passé hier j'ai totalement oublié d'activer mon réveil sur mon portable et je ne me suis pas réveillée. J'ai déjà plus de deux heures de retard !

J'ouvre à la voler ma penderie, attrape mes habits de travail. Derrière moi, j'entends Danael gigoter dans le lit et grogner.

- Mais pourquoi est-ce que tu fais autant de bruit ?

- Je suis en retard ! J'ai oublié de mettre mon réveil !

- Oh ce n'est que ça...

Je me retourne les poings sur les hanches.

- Comment ça "que ça" ? J'ai plus de deux heures de retard !

- Au moins tu as pu te reposer une fois durant toutes tes vacances. Ça ne te fait pas de mal.

Je préfère ne pas lui répondre et prends mes habits pour me diriger dans la salle de bain, quand soudain une évidence vient me frapper de plein fouet. Je me tourne vers Danael.

- Attends. Ne me dis quand même pas que tu te rappelais que je travaillais ce matin mais que tu ne m'as rien dit. Que tu ne m'as pas rappelé qu'il fallait que je mette mon réveil.

Il affiche un grand sourire avant de se retourner dans le lit.

- Je ne le dirais pas alors.

- C'est pas vrai !

Je fulmine intérieurement.

- Je n'ai pas le temps de me disputer avec toi, là, tout de suite. Mais crois-moi, cette discussion n'est pas fini !

- Génial ! me répond-t-il la voix rauque, fatigué et surtout blasé.

La tête dans l'oreiller, il ne réussit qu'à lever le bras pour me faire un pouce, comme pour me dire : "On fait comme ça". Je lève les yeux au ciel et pars sans attendre davantage. Je ne prends pas la peine de petit-déjeuner et je file en quatrième vitesse à la salle de sport que je dois nettoyer. Danael est toujours allongé de tout son long sur le lit lorsque je m'en vais, je suis presque sûre qu'il s'est rendormi. Il ne doit pas avoir l'habitude de se lever tôt.

Malgré moi et malgré ma colère, je ne peux m'empêcher de sourire à cette vue.

***

12h45. Je n'ai toujours pas fini de tout nettoyer, mais je n'en ai plus pour longtemps. Je refuse de partir avant d'avoir fini. Habituellement, je prends bien mon temps, mais aujourd'hui je n'ai pas fait une minute de pause.

Toujours en astiquant les machines de sports, mes pensées ne cessent de divaguer depuis que je suis partie du mobil-home. Je me demande comment va ma sœur. Nous ne sommes pas les deux sœurs les plus proches qu'il puisse exister, mais quand même. L'état dans lequel elle m'a appelée hier soir me préoccupe. Je sais que je ne devrais pas m'en faire et que c'est une grande fille, mais je ne peux m'en empêcher. J'espère que ce n'était dû qu'au fait qu'elle ait trop bu à sa fête et rien d'autre...

Danael doit avoir raison : je réfléchis beaucoup trop. D'ailleurs, en parlant de lui, je me demande bien ce qu'il peut faire en ce moment. Je suis sûre que c'est un lève tard et qu'après mon départ il en a profité pour terminer sa nuit.

Ce n'est pas possible ! Encore et toujours mes pensées reviennent à la même personne : Danael. Peu importe à quoi je peux penser, elles finissent toujours par dériver vers lui. Ça devient grave...

Cependant, je ne peux m'empêcher de sourire en me remémorant tout ce qu'il s'est passé hier entre lui et moi. Les mots qu'il m'a dit, ses caresses, ses mains sur ma peau, sa voix à mon oreilles... Tout.

Je suis encore plongée dans mes pensées quand soudain deux mains viennent me cacher la vue. Un corps ferme se colle à mon dos sans que je ne sache de qui il s'agit. Mon corps se tend, je suis prête à me défendre quand un souffle chaud vient me chatouiller l'oreille et une voix rauque familière me susurre :

- A ton avis, de qui s'agit-il ?

Mon corps se détend immédiatement.

- Danael !

Les deux mains diminuent leur pression sur mes yeux, et avant même que je n'ai pu faire un mouvement, elles m'attrapent au niveau des hanches et me tournent brusquement. Je me retrouve le visage à quelques centimètres seulement de celui de Danael qui affiche son éternel sourire en coin et je ne peux m'empêcher de le détailler.

Il vient écraser ses lèvres sur les miennes et je lui rends son baiser avec force. Cela ne fait que quelques heures que je ne l'avais pas vu, pourtant il me manquait déjà. C'est frustrant cette emprise qu'il a sur moi.

Il détache doucement nos lèvres pour que nous reprenions chacun notre souffle. Je suis collée à lui, il pose son front contre le mien et je ferme quelques secondes mes yeux. Quand je les rouvre, je remarque qu'il m'observe.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Je ne peux m'empêcher de lui poser la question car je pensais sincèrement qu'il attendrait simplement mon retour au mobil-home, voire même ne pas le revoir de la journée...

Il hausse les épaules, l'air moqueur.

- Je voulais juste venir te distraire de ton travail ennuyant à mourir.

Je souris à mon tour.

- Bravo, tu as plus que réussi alors.

Je m'écarte un peu de lui et j'ai déjà la sensation de froid et de vide qui m'envahit. Est-ce la même chose pour lui ou suis-je la seule à ressentir ça ? Quoiqu'il en soit, je lui rétorque :

- Je n'ai pas fini ce que je devais faire ici, il faut vraiment que je me dépêche, désolée. On peut se retrouver après si tu veux ?

A peine ai-je fini de prononcer cette phrase que mon ventre se met à gronder. Je n'avais même pas fait attention au fait que je meurs de faim. Danael hausse un sourcil, amusé.

- Aller, viens, je t'invite à manger.

- OK, mais je...

- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ce n'était pas une question. Donc : viens, je t'invite à manger. Tu finiras ce fichu travail une autre fois. Voire, jamais. Tout le monde s'en tape.

Il ne me laisse pas le temps de protester une nouvelle fois car déjà il m'attrape par la main et m'entraine à sa suite.

ImprévusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant