CHAPITRE 62

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Chanson pour ce chapitre : Katy Perry - Choose Your Battle

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Se sentir vide au plus profond de soi. Je pense que c'est l'un des pires sentiments que l'on puisse ressentir. Ce vide qui vous dévore tout entier de l'intérieur. J'ai horreur de cette sensation, et pourtant c'est exactement ce que je ressens en ce moment précis. Du vide.

Le fait de m'être avoué mes sentiments pour Danael rend la chose encore plus douloureuse, plus difficile. J'aimerais ne jamais m'avoir rien admis. Ce serait tellement plus simple et moins douloureux.

Mais j'en ai fini de pleurer à cause de Danael. Je marche – ou plutôt je cours – jusqu'à mon mobil-home. J'ai mis mon cerveau sur off. Je ne veux pas réfléchir, pas penser, ou le moins possible. Les mots durs de Danael et notre dispute continuent de résonner dans ma tête.

Quand j'arrive à destination, je fais tomber deux fois de suite mes clés par terre tellement je tremble de colère. Lorsque j'arrive enfin à ouvrir la porte, j'entre en trombe. Je me dirige directement dans mon placard, attrape ma valise à roulette et la jette sur mon lit tout en commençant à la remplir. Je fourre dedans en vrac tout ce que je trouve. Des habits, des chaussures... Dans un petit sac à dos je mets mes appareils photos, mon portefeuille, mon téléphone portable. Quand mon regard tombe sur la photo de Danael et l'appareil photo Polaroid, tous les deux sur ma table de nuit, je me précipite dans leur direction, retourne la photo face contre le meuble pour ne plus la voir et pose l'appareil dessus. Je ne les emporterai pas avec moi. A quoi bon ?

Dans le salon, j'attrape des affaires à Blue que je mets dans le sac de sport rouge que Danael avait laissé ici. J'attrape le chaton qui a bien grandi en un mois seulement et le met aussi dedans. Je ne peux pas le laisser ici. Je ferme le sac mais pas entièrement de façon à lui laisser encore de l'air. Je n'arrive pas à mettre toutes mes affaires dans mes sacs mais tant pis. Au moins j'ai le principal. Avec un peu de chance je pourrais récupérer d'une manière ou d'une autre ce que je laisse ici.

Dans la cuisine je trouve une feuille blanche et un stylo qui traine et y laisse un mot :

Je rentre chez moi, à Duramene. Désolée. J'espère qu'Armand ne sera pas trop fâché. C.

Je ne me sens pas de m'étendre davantage et je ne vois pas quoi dire d'autre. Je laisse le papier sur la table.

Je prends mes bagages et sors. Je referme à clé, cache la clé sous un pot de fleurs à côté de la porte et file. Je croise plusieurs personnes qui me regardent étrangement avec tous mes sacs, mais je me contrefiche complètement de ce qu'ils peuvent penser. En ce moment même, je me moque de ce que tout le monde penser. C'est sûrement un coup de tête, mais je veux partir d'ici. Tout de suite. Je ne me sens pas de rester une journée de plus ici, au risque de croiser Danael ou même Nicole, ou peu importe qui d'autre encore. Qui sait ce qu'il peut bien cacher d'autre ? Je n'en sais rien, et finalement je n'ai jamais rien su. J'ai été la pauvre idiote de l'histoire, une fois de plus.

Je passe en trombe à l'entrée du camping, bouscule quelqu'un mais ne me retourne pas pour voir de qui il s'agit me contentant de lui marmonner une excuse.

Je ne sais pas où je vais aller ni ce que je vais faire. J'ai l'intention de trouver une chambre d'hôtel en ville et d'y passer la nuit. Je vais essayer d'appeler ma sœur en espérant qu'elle puisse venir me chercher. Si j'appelle mes parents maintenant, ils risquent non seulement de s'inquiéter, mais surtout de s'énerver. Je ne compte pas prendre ce risque. Mieux vaut attendre le tout dernier moment pour les prévenir, cela vaut mieux pour moi. De toute manière, je n'ai pas encore trouvé quelle explication leur donner.

ImprévusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant