Imprévus

CHAPITRE 31

Kat se laisse tomber à son tour, à côté de moi, sur le canapé. Je fixe un point, en face de moi, l'esprit dans le vague. Kat soupire et se frotte les yeux. Elle tourne le visage vers moi, et, d'un ton léger et rassurant, me dit :

- Bon, explique-moi tout, Capucine.

Je me passe les mains sur le visage et ramène mes genoux contre ma poitrine. Mon cœur bat encore à toute vitesse.

- Que veux-tu que j'explique ? Je crois qu'il n'y a rien à dire de plus.

- Ne te fiche pas de moi, ricane-t-elle. Je te laisse vers l'entrée du camping folle de rage contre Danael, refusant de parler avec lui, et je te retrouve finalement sur ton canapé – ou plutôt à califourchon sur Danael qui était lui-même assis sur ton canapé – en train de vous rouler des pelles.

Elle se racle la gorge.

- Et je préfère penser qu'il n'y avait que ça.

Je souris contre mon gré à ce souvenir et des papillons dansent dans mon bas ventre.

- Eh bien, je crois que finalement ce n'était pas si étrange. Enfin je veux dire, finalement tu ne nous as pas retrouvés en train de parler... Je continuais à refuser de lui parler. On a juste trouvé un autre moyen de communiquer...

Je rigole, essayant de détendre l'atmosphère, ou plutôt de me détendre moi. Mais la vérité, c'est que mon rire est plus nerveux qu'autre chose.

- OK, donc tu t'es dit "Plutôt que de discuter avec lui, je vais lui sauter dessus". Sois sérieuse, me gronde gentiment Kat. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il faisait ici, chez toi ?

- OK, tu as gagné, je vais tout te raconter.

Je prends une grande inspiration et je réfléchis par où commencer mon récit car, en réalité, je ne sais vraiment pas quoi dire. Je ne me comprends plus moi-même. J'ai l'impression de devenir quelqu'un d'autre et c'est un peu flippant. Je me tourne face à mon amie, et plante mon regard dans le sien.

- Après ton départ, vers l'entrée du camping, Danael continuait d'insister pour que nous parlions. Mais je n'ai pas changé d'avis et j'ai continué de refuser. Je l'ai planté là-bas d'ailleurs. Je pensais en avoir fini avec lui. Pour aujourd'hui, du moins. Mais j'avais tort. Comme souvent avec lui, en fait...

Cette vérité vient me frapper de plein fouet. A chaque fois que je pense m'en être débarrassé, il revient à la charge avant même que je ne puisse m'en rendre compte. Je ferme les paupières pendant une seconde, secoue la tête comme pour faire disparaître ces pensées, et je reprends :

- Bref, je suis rentrée au mobil-home. J'avais décidé de prendre ma douche. Mais à un moment, j'ai entendu du bruit, j'ai pensé que c'était Blue qui faisait des bêtises. (Ce dernier s'est d'ailleurs réveillé et Kat l'attrape pour jouer avec, tout en m'écoutant.) Simplement, quand je suis sortie, ce n'est pas une boule de poils roux que j'ai trouvé, mais plutôt un mec arrogant en train de fouiller dans mon frigo.

J'évite de préciser que j'étais nue avec comme seul habit un linge de bain, et comme seule arme, une basket. Kat semble vraiment surprise par mes dernières révélations.

- Attends, mais tu n'avais pas fermé ta porte à clé ?

- Si, bien sûr que si.

- Alors quoi ? Il n'a cassé aucune fenêtre à ce que je vois.

Je souris, amère.

- Non, en effet, il n'en a pas eu besoin. Il lui a suffi de récupérer le double des clés de ce mobil-home.