La descente en enfer d'Hermione Granger

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Prologue : La liberté au goût acidulé

Elle transplana.

Hermione tomba durement sur ses genoux ; ils se dérobèrent sous elle et la jeune femme s'écroula, hilare. Depuis le temps qu'Harry la prévenait ! Ses transplanages étaient trop violents.

La brune releva la tête et observa le paysage.
Elle était sur une roche, au beau milieu d'un océan agité. Les immenses vagues s'écrasaient puissamment contre son abri. L'écume lui fouettait les jambes, le sel lui brûlait les yeux et l'humidité lui collait sa fine robe d'été à la peau.

A nouveau, elle éclata de rire, se laissa saisir par la vie qui animait la mer.

Elle se sentait libre, jeune, invincible. La guerre était encore loin. Bientôt, il faudrait qu'elle prenne des décisions. Mais son été avait bien commencé et elle ne voyait aucune raison pour que cela change... Pour l'instant, elle voulait juste profiter.

Hermione s'assit et ramena ses genoux contre sa poitrine. Son souffle était paisible et ses cheveux se balançaient furieusement au rythme du vent marin.
Des anguilles disparaissaient sous le rocher et du coin de l'œil, elle les observait, attendrie. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas une immense vague se dressait devant elle avant de l'engloutir.

Elle fut plaquée contre la dalle en pierre; ses nombreuses aspérité entaillèrent sa peau. Elle avait avalé ce qui lui sembla être deux litres d'eau, les narines et la gorge en feu, les oreilles sifflantes.
Hermione se redressa, à moitié étouffée par l'eau, et à moitié par les rires qui secouaient sa poitrine. Levant sa baguette lentement, elle jeta un dernier coup d'œil emmouraché à ce paysage si beau, si simple, si pur...

Elle transplana.

La secousse du voyage la fit basculer en arrière d'un coup sec.

Ses paupières se baissèrent sous les rais puissantes du soleil. Se dorant graduellement, elle perçut sa peau se réchauffer et sécher. Les grains de sables se frottaient derrière elle.

Dans le firmament éclairci, les nuages se succédaient sensuellement et elle se prit au jeu de les compter.

Lorsque l'astre flamboyant commença à décliner, elle reconnut le signal. De plus, le rappel de la signification de cette journée, le trente-et-un juillet, la ramena brusquement à elle.

Hermione transplana.

La Gryffondor eut à peine le temps de se retenir à l'arbre, qu'une silhouette lui bondit dessus. Elles finirent par tomber toutes les deux, roulant dans l'herbe.

La voix agacée et les cheveux roux flamboyant typique des Weasley, l'informèrent sur la nature de son agresseur. Elle pouffa en identifiant Ginny.

- Tu m'as fait peur, espèce de sauvage !

Ginny gloussa aussitôt, ses yeux marron pétillant sourdement : Harry était bel et bien de retour. Les deux jeunes femmes se calmèrent et se relevèrent en s'époussetant. A pas lents, elles rejoignirent le Terrier, sa forme bancale se dessinant à une trentaine de mètres devant elles.

- Tu es partie où aujourd'hui ?
- J'ai fait un tour à Paris, en Atlantique et puis j'ai compté les nuages au Sahara...
- Quelle chance ! Je pourrai venir avec toi demain ?
- Si ta mère est d'accord, oui. En attendant, je doute que Ron approuve...
- Ron a une vie, qu'il s'en mêle ! D'autres parts, il semble bien que si c'est toi qui demandes à Ronald, peut-être que... enfin, il sera plus indulgent...
- Je ne suis pas sûre de tout avoir saisi, rétorqua la brune, un sourire espiègle sur les lèvres.

Ginny rougit et ouvrit la porte du jardin. Elles s'y engouffrèrent en même temps qu'un gnome de jardin. Celui-ci ne fit pas long feu, et tomba, raide, strupéfixié. Fred Weasley s'avança d'une allure fanfaronne.
- Un de plus ! Fred, à combien en suis-je ? clama-t-il.
- Trente-cinq Georges !
- J'aurais juré que c'était lui, Fred, marmonna la brune pour elle-même.
- Qui ça, moi ? demanda innocemment le Weasley en s'avançant. Non Fred c'est moi.

La jeune femme soupira d'agacement, ignorant s'il se moquait réellement d'elle ou pas. Elle discerna au loin des cheveux noirs de jais luire. Ne retenant pas sa spontanéité, elle courut à la suite d'Harry et se jeta sur lui.

- Harry ! Tu es là ! s'exclama-t-elle.
- Oui, ça n'a pas été une mince affaire...
- Tu es blessé ? s'inquiéta Hermione.

Une balafre ornait sa joue. Il essuya le sang séché d'un revers de sa manche. Une grimace contorsionna ses lèvres.

- Une course-poursuite... mais c'est fini, soupira-t-il. Je suis hors de portée, à présent. J'espère qu'ils n'attaqueront pas le Terrier.
- Il n'y a aucune raison, Harry. Tu es avec nous maintenant, c'est fini !

Il la dévisagea, inquiet. Hermione le connaissait et savait bien à quel point il devait regretter que sa présence les expose autant au danger qu'il vivait quotidiennement.

D'un autre point de vue, Voldemort avait beau être effrayant, si Harry Potter ratait le mariage de Bill Weasley, Molly pourrait s'avérer être une menace incontestable pour sa vie, bien plus que le célèbre mage noir. Sa présence était donc requise.

- J'ai appris que tu voyageais ? lui demanda-t-il finalement, afin de faire abstraction.
- Oui, un peu partout...

Il lui adressa une moue songeuse. Hermione le regarda, mal à l'aise. Elle se sentait soudain un peu égoïste de profiter de ce dont il ne pouvait même pas rêver, lui, avec Voldemort qui le pourchassait. Il lui sembla qu'Harry était un peu pâle, mais cette impression ne lui offrit aucun doute; il n'avait pas le luxe de faire bronzette au Sahara...

Toujours perdue dans ses songes, elle suivit Harry et tous deux pivotèrent vers la cuisine. Nul doute que le filet odorant qui en émanait, aurait réveillé un mort.
Mme Weasley s'affairait autour d'ne gigantesque marmite qui bouillonnait joyeusement laissant s'échapper un parfum délicieux. La soupe à l'oignon, onctueuse, leur attira des yeux affamés.

- Encore une petite heure, précisa Mme Weasley en croisant leurs iris envieux.
- Très bien...

Ginny apparut dans la cuisine au pas de course, les joues rouges.

- Maman, s'il te plait, murmura-t-elle en s'agrippant à la manche de sa mère. Est-ce que je pourrais aller avec Hermione demain ?

Molly considéra sa fille, ses cheveux flamboyant, son air entêté, la candeur qu'elle dégageait encore. Elle frétillait d'impatience, battant des cils. Comment lui refuser ? Comment lui expliquer qu'elle risquait sa vie dehors ?

Ron entra en scène, l'air furieux. Il se plaça aux côtés d'Harry et pointa un index accusateur sur sa futur-ex-meilleure amie.

Hermione soupira alors qu'il agitait sa main sous son nez.

- Dis donc toi, c'est quoi ces histoires ?! Tu veux me la tuer, Ginny ? beugla Ron.

- Il ne pourra rien lui arriver, assura la brune.
- Ronnald Weasley, je suis suffisamment grande pour juger si je peux ou pas sortir, me semble-t-il ! s'exclama sa sœur en relevant de quelques centimètres sa baguette qu'elle avait sortie et tournée vers son torse. Tu veux tester un chauve furie ? Histoire de voir si je suis à la hauteur pour...
- Ginny ! Ne menace pas ton frère, et Ron, ne lui impose rien ! Tu pourras y aller demain Ginny chérie... Mais tu écouteras tout ce que te dira Hermione, nous sommes d'accord ?
- Oui maman, minauda Ginny en claquant un baiser sonore contre sa joue.

Elle tendit sa main, un sourire indétrônable peint aux lèvres, vers Harry qui l'attrapa aussitôt, resté en recul pendant la scène familiale.
Ils sortirent tous deux, se lançant des regards amoureux; Ron pinça ses lèvres, grincheux et rabattit son attention sur Molly. Hermione geignit mentalement en se figurant la dispute qui allait suivre.

Mais la mère Weasley n'appréhendait que trop bien les caractères électriques de ses enfants. avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche, elle lui donna une ou deux tâches ménagères, veillant à l'occuper afin qu'il ne pense pas trop.

Il quitta la pièce, furibond.

Hermione, las, s'empara d'un livre et presque simultanément, Harry accourut à ses côtés, horrifié.

- Hermione, Hermione, Hermione ! l'appela-t-il en haletant.

Elle se leva brusquement, inquiète de son expression affolée et l'interrogea du regard.

- C'est Dumbledore, il est là pour toi, c'est grave, il doit nous parler à nous trois et vite. Il en va de ta vie, ajouta-t-il plus bas afin que Molly ne l'entende pas.

Redressant les épaules, Hermione suivit son ami à travers le Terrier.

La descente en enfer d'Hermione GrangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant