Chapitre 25 : La mission Granger
Blaise disparut soudainement, avant que le sort ne l’atteigne. Sans un bruit, sans le plop habituel du transplanage.
Comment avait-il fait ? La question tiraillait Drago. Peut-être que ce n’était pas lui. Aurait-il mal vu dans la pénombre ?
Blaise apparut à un mètre de Yaxley qui sursauta avant de braquer sa baguette sur lui. Le sort fusa à nouveau mais ne frappa que l’air. Le métis s’était volatilisé.
Le mangemort tournait sur lui-même, les yeux hagards, pointant son bout de bois sur tout ce qui bougeait, sans atteindre quoi que ce soit. Pourtant, il restait encore des participants en jeu. Hormis Blaise et Drago, il y avait Emma Castleno, Edwin Timothy et Stuart Robinson. Où étaient-ils ces trois-là ?
Drago cherchait Blaise du regard, sans bouger d’un poil. Pourtant il était sûr que le nénuphar, à la surface de l’eau devait tressaillir tant il tremblait. Mais comment Blaise faisait-il ?
Drago aurait hurlé de peur s’il n’avait pas craint d’être démasqué. Quelque chose venait de se glisser à ses côtés.
Il détourna furtivement le regard avant de reculer brusquement et de se prendre les pieds dans une algue. Il plongea dans l’eau avant d’en ressortir en suffoquant à moitié.
Comment son manège avait-il pu passer inaperçu ? Tout simplement parce que le Blaise qui embêtait Yaxley, tournait autour de ce dernier en ricanant très fort, couvrait le bruit de ses gesticulations sommaires.
Drago, se ressaisissant, se recouvrit à nouveau du nénuphar qui n’était pas loin de sa portée et ne bougea plus. La raison pour laquelle il avait failli être démasqué était que sur le sol, ennuyant le mangemort, Blaise courait partout. Et que sous l’eau, à ses côtés, Blaise souriait.
Il y avait deux Blaise, l’un à découvert et particulièrement bruyant, l’autre à ses côtés, sous l’eau, avec une feuille verte sur la tête.
- Salut, mec ! murmura-t-il en riant.
- Blaise…Je vais te tuer un jour.
Drago comprit alors que le métis l’avait repéré depuis longtemps et qu’il le pistait. Il avait finalement créé un double, le temps de rejoindre son ami sous l’eau.
- J’ai sauvé deux fois la blonde. Je n’aurais jamais pu laisser les cheveux de Luna se faire repérer, tu imagines un peu ?
- C’était toi, le vent ? s’enquit Drago du bout des lèvres.
- Non, répondit Blaise en agitant sa baguette afin de diriger son sosie qui se volatilisa soudainement.
Yaxley effectua un tour sur lui-même, haineux. Ses yeux furetaient les environs, traversant les bosquets, déshabillant les arbres, escaladant les côtes. Rien ne transparaissait et sa frustration semblait se renforcer de minutes en minutes. Ses poings étaient crispés et un grognement lui échappa alors qu’il agrippait une poigne de ses cheveux.
Et soudain, sa baguette fusa, et d’un lumos informulé, il éclaira la surface du lac qui refléta la lune. Il déplaça le faisceau et aperçut les deux corps immobiles de Drago et Blaise, horrifiés. Ces deux derniers s’apprêtaient à transplaner tandis que le bâton de bois du mangemort s’élevait afin de dire qu’il les avait repérés et qu’ils étaient hors jeu.
Au même instant, un BANG ! sonore retentit. Les dix minutes étaient finies.
Yaxley afficha une moue dédaigneuse et un sourire torve. Les deux Serpentards, retirant les algues qui les enroulaient, sortirent du bassin et se séchèrent à l’aide d’un sortilège, tremblant de la tête au pied entre la peur qui les avait saisis et le vent frais.
Dans le silence le plus complet, tous trois se mirent en route en direction du manoir Malefoy, visible de loin par toutes les fenêtres qui dégageaient de faibles faisceaux de lumières.
Au passage, ils découvrirent Robinson , métamorphosé en asticot – c’était vraisemblablement son animagus- ainsi que Castleno qui avait réussi à passer outre les yeux scrutateurs du mangemort. Et bien plus intelligent que tout cela, Timothy avait bu du polynectar contenant une mèche de Bellatrix Lestrange.
Yaxley se renfrogna en entendant son récit, songeant avec rancœur qu’il s’était fait joliment berner car lorsqu’il avait entrevue la femme, il avait cru qu’elle était elle-même chargée de surveiller les conditions du terrain.
Ils rejoignirent le petit château quelques instants plus tard, non sans une certaine satisfaction pour les candidats restants. Ceux qui avaient été éliminés avaient disparu.
La salle s’était bien vidée et désormais, à peine une cinquantaine de personnes s’y tenait. Voldemort n’était pas là et Drago soupira de soulagement. La tension dans l’air était bien moins forte en son absence.
Il n’eut pas le temps d’esquisser un pas, déjà, la main de Severus s’abattait sur son épaule et l’entrainait à nouveau au loin, sous le regard incrédule de Blaise.
- Bien Drago, je suis fier de vous, murmura le maitre de potions.
Le blond ne put empêcher des ondes de plaisir de le traverser en entendant cela. Se faire complimenter par un homme tel que lui n’était pas rien et se faire reconnaître ses capacités n’était jamais déplaisant.
- Vous avez sur vous courber selon le vent.
- C’était vous ? s’enquit Drago en perdant de sa splendeur.
- Oui. Vous avez presque fini les épreuves. Il n’en reste que deux ; l’une vous est habituelle, vous la réussirez aisément. La seconde m’est inconnue.
- Très bien. Merci, Severus, répondit le Serpentard avec des yeux brillants.
Il hocha la tête, ses cheveux gras glissant le long de ses joues cireuses. Puis, d’une démarche ondulante, partit sans un mot de plus, dans un tourbillonnement de cape.
L’attention de Drago se posa aussitôt sur l’estrade où Voldemort venait de prendre place. Il se mouvait silencieusement, pourtant, les gens qui parlaient murmurèrent et peu à peu, les bruits de fonds s’éteignirent. Tous étaient focalisés sur le Seigneur des Ténèbres qui levait sa baguette.
Sur conseil muet de Bellatrix, Drago et Blaise s’avancèrent, suivis par les autres gagnants de l’épreuve.
Tous deux étaient littéralement épuisés et la fatigue qui émanait de leurs membres raides les paralysait. Ils se retenaient de bailler et échangèrent un regard complice. L’un comme l’autre savait que si un combat devait avoir lieu, ils ne seraient plus en mesure de le remporter.
La nuit était avancée et vingt-et-une heure heures sonnèrent. Cela faisait déjà trois heures qu’ils étaient là. Ils étaient si las…
Ils n’eurent pas le temps de s’apitoyer plus sur leur sort, déjà, Voldemort annonçait :
- L’épreuve a été admirablement accomplie. Je suis fier de vous. Trente-six d’entre vous ont été trop négligents et partent rejoindre les autres. Seuls restent vingt-quatre adeptes ce soir. J’ose espérer pour vous que vous réussirez aux épreuves que parcourent les serviteurs soumis à Lord Voldemort.
Drago et Blaise se regardèrent, incapables de parler. Ils avaient réussi. Ils étaient sauvés. Leur honneur, leurs familles, leurs noms, leurs renommées, la crainte qui se propageait dans les élèves lorsqu’ils entendaient leurs noms… Leur mission Granger.
Le blond faillit hurler de joie mais il se retint de justesse en croisant les yeux froids de Severus. Il se remémora aussitôt ses paroles et ses doutes revinrent. Quelles étaient les deux autres épreuves ? Qu’attendait-on de lui ?
Il reprit instantanément une apparence nonchalante, espérant que le maitre ne les jugerait pas sur leurs attitudes. Pourquoi avait-il si vite souri ? Il se morigéna intérieurement.
- Toutefois… toutefois, susurra Voldemort alors que ses nouveaux condisciples perdaient de leurs arrogances. Il est une chose que je dois juger avant de vous attribuer une place dans l’organisation de Lord Voldemort.
Il semblait adorer parler de lui à la troisième personne et Drago n’en était que plus irrité. Blaise, à ses côtés, se tendait imperceptiblement.
- A l’appel de votre nom, vous vous présenterez et subirez mon courroux. Je jugerai si votre comportement à la douleur est digne d’être des rangs de Lord Voldemort.
Bellatrix, gloussant de plaisir, escalada les quelques marches, se dandina jusqu’à lui, avant d’énoncer distinctement un nom féminin.
Une femme se présenta face à eux. Il s’agissait – Drago la reconnut- de la partenaire d’Astoria lors de l’empoisonnement. Partenaire qui avait été giflée, sous les rires des deux Serpentards.
Le bâton de bois se redressa et les doigts de Lord Voldemort se crispèrent et se refermèrent avec force autour de lui.
Un cri aigu déchira l’assemblée silencieuse. Le corps raide, secoué de spasmes, gesticulait, comme démantelé. C’était un pantin. Ses mâchoires étaient crispées, tant par la douleur, que par la peur d’émettre un autre son plaintif.
Les larmes défilaient sur ses joues alors que ses reins s’arquaient en arrière. Des touffes de cheveux gisaient à quelques centimètres de son crâne. Le Doloris les lui arrachait.
Enfin, la torture cessa et elle releva dès qu’elle le put, tant bien que mal. Elle fit face au Seigneur des Ténèbres, qui l’observait.
D’un doigt, il lui désigna avec un sourire froid le fond de la salle. Elle restait.
Drago songea avec amertume que Blaise avait un nom finalement très appréciable. Voldemort aurait eu le temps d’essuyer toute sa colère avant d’arriver à la lettre Z…
Les personnes défilèrent et toutes résistèrent. Emma Castleno et ses fameux cheveux blonds réussirent, le seigneur n’ayant pas pris compte de ses joues trempées de larmes, des griffures de son cou qui saignaient et de ses habits déchirés.
- Astoria Greengrass ! clama follement Bellatrix, paraissant être le bourreau qui appelait la victime dans l’arène – ce qui était légèrement le cas.
Habillée d’une tenue sportive sorcière, elle se plaça face à eux, les mains sur les hanches, le menton en l’air, le regard fier. Drago espéra aussitôt qu’elle échouerait. D’ailleurs, il le souhaitait depuis le début, autant pour qu’elle quitte la soirée que pour qu’elle n’ait pas la possibilité de faire la mission avec eux.
Elle s’affala au sol, tombant à la renverse. A la différence de tous ceux qui l’avaient précédée, elle ne bougea pas, n’esquissa pas un geste. Elle fixait le plafond, les traits fermés, les paupières closes. L’on se demanda si elle subissait la douleur. Et la flaque de sang qui apparaissait sur son buste dissuada les mauvaises langues de poursuivre leurs commérages.
Elle ne tremblait pas, ne respirait pas. Lorsque le sort fut levé, elle se remit sur ses pieds, et à cet instant, elle chancela. Alors, le masque qu’elle avait réussi à garder pendant près d’une minute entière de souffrance, de déchirure, de meurtrissures, de saignements, vacilla avant de s’ôter définitivement. Et les larmes affluèrent, insatiables, tandis que sa lèvre inférieure tremblait.
Drago, du coin de l’œil, vit la mère d’Astoria esquisser un geste et s’éventer rapidement, comme suffoquant à la vue de l’état général de sa fille. Peut-être était-ce plutôt qu’elle ait craqué avant de s’être éloignée du Lord.
Astoria, essayant de rester digne, plongea son regard dans une contemplation détaillée du sol, attendant la remontrance puis, son échec.
- Tu restes, déclara Bellatrix en s’apercevant que la jeune femme n’avait pas compris qu’elle avait gagné.
Les yeux brillants, le port altier, Greengrass repartit vers le fond de la salle où on lui attribua les premiers soins.
Drago se sentit pâlir. La concurrence était là. Ceux qui gagnaient avaient la mission de Granger. Voldemort avait parlé des élèves de Poudlard… ! Astoria était donc sur la liste et en première place de plus, en vue de sa résistance.
La suivant aussitôt, se présenta un Poufouffle que Drago avait déjà aperçu rapidement.
- Wayne Hopkins.
Le nom qui franchit les lèvres de Bellatrix se reforma sur celles de Drago. Un deuxième étudiant postulait. Pourvu qu’il échoue… Mais ses espoirs tombaient à plat. Plus les candidats passaient, et plus la puissance du sortilège de Voldemort s’amenuisait. Et bien que cela reste minime, il s’agissait toujours d’un privilège innommable lorsque cela venait du Seigneur des Ténèbres.
Le jeune homme pourtant, réussit. Et les noms défilèrent. Les sorts fusèrent. Tous gagnèrent.
La tension montait en Drago. Il sentait son bas-ventre le tirailler, et ses pensées s’embrouiller. Il n’arrivait plus correctement à réfléchir et des sensations de froid régnaient dans ses pieds et dans ses bras ballants. Il ne réussissait plus à reprendre pleinement son souffle, la peur s’infiltrant doucement dans ses veines. Sa bouche était sèche. Son cœur tambourinait en lui, chahutant dans tout son être.
Il n’aurait pas dû réagir ainsi. Ce n’était pas logique. N’avait-il pas subi des douleurs telles que celles-ci de la part de son père pendant longtemps ? Etait-ce le moment de laisser la moiteur envahir ses mains ? Il devait se ressaisir.
C’était cette phrase qui emplissait ses pensées. C’était cette phrase qui le perturbait. Il devait se ressaisir. Comment se calmer ? Faire descendre le stress… Les médicomages en avaient des bonnes ! Comment l’apaiser, parti comme il l’était ?
Il devait se ressaisir, bon sang !
Comment… ?
Telle était la question qu’il se posait alors qu’il faisait face au Maitre, après que son nom ait été énoncé.
Un vent froid le balaya et il chuta lourdement au sol. Finalement, la douleur était agréable. Elle mettait fin au chaos de ses pensées, à la panique qui le rongeait. Elle apportait quelque chose de réelle, elle était plus vraie que ses pensées apeurées et absentes de concret qui le paralysaient.
Ses tendons le brûlaient, s’étirant et se contractant brusquement. Sans qu’il ne puisse le contrôler, sa tête se rejeta brutalement en arrière.
Ses genoux le démangeaient mais tout était un soulagement.
C’était la punition physique que ses réflexions avaient engendrée.
Il avait été tellement pénible à songer à toutes ses peurs ! Finalement, tout cela prenait fin, et c’était si douloureux qu’il n’arrivait plus à réfléchir.
Il ne pleurait pas, ne bougeait pas.
Son corps se tendait et se décrispait de lui-même et des vagues de chaleur le parcouraient, blessant sa peau et s’infiltrant en profondeur en lui, rongeant ses tendons saillants, ses muscles tendus, sa chaire ferme…
Des bouffées arrivaient jusqu’à son visage qui frissonnait, recouvert de sueurs froides. Des nausées apparaissaient tant la température interne et externe à son corps qui s’affrontaient étaient différentes et pesantes. Il crut qu’il allait rendre son repas.
Si cela continuait, il ne pourrait plus garder pour lui la douleur qu’il ressentait. Et pourtant… et pourtant, il fallait à tout prix que ce genre d’idée se tienne éloigné de lui car le Maitre les percevrait et dès lors, la souffrance s’accroîtrait et perdurerait le temps qu’il tiendrait.
Comment avait-il réussi à réfléchir correctement malgré l’éclair fulgurant de douleur qui s’était abattue sur lui ? S’était abattue ? Oui, la géhenne s’était arrêtée et depuis le début de sa petite méditation.
Il se releva tant bien que mal sur ses pieds, se préoccupant de savoir si l’on avait remarqué son immobilisme qui aurait pu faire penser qu’il n’arrivait pas à surmonter son supplice.
Mais il n’en était rien et d’une grimace railleuse, sa chère tante l’enjoignit à rejoindre ceux qui restaient, ce qu’il fit aussitôt.
Arrivé, il ne se départit pas de son attitude impassible, ne souhaitant en aucuns cas être mis à nu par la découverte de la douleur encore présente de ses blessures.
Il prit d’un air résigné et assez blasé, les deux potions qu’on lui tendait : celle de régénérescence magique – qui coûtait une fortune et il remarqua qu’il était le seul ainsi qu’à Astoria et Hopkins, auxquels elle avait été donnée- et celle énergétique. Il les but d’un trait et d’un œil scrutateur, lorgna les adeptes du Lord.
Ainsi défilèrent ceux qui restaient, dont Nott, Robinson, Timothy et Lisa Turpin - qui s’avéra être la sixième élève de Poudlard.
Tous réussirent à prouver leurs convictions et bientôt, l’épreuve s’arrêta, alors que chacun levait son verre, autant par respect envers le Lord et à ceux qui avaient résisté, que pour signaler la fin de la souffrance.
Mais, hélas, il en resta un, dont la peau, si sombre, s’était confondue avec un pan de mur, et qui se détacha de l’obscurité en souriant largement. Qui d’autres que Blaise pouvait être ravi d’avoir mal ?
Certains soupirèrent, pour ne pas dire tous, et Drago les reprit en cœur. Il avait tant espéré savoir enfin quels seraient les deux élèves nommés pour la mission Granger !
D’ailleurs, ce point n’avait cesse de le torturer tandis qu’il observait les traits de Blaise s’affaisser sous la peine qui s’abattait sur lui.
Cette mission lui tenait bien plus à cœur qu’il ne l’aurait voulu.
Etait-ce parce qu’il risquait la mort s’il ne prouvait pas son envie de la réaliser ? Qu’il avait peur d’être la risée si n’importe qui réussissait à la ramener dans un délai bien plus bref qu’eux ne l’avaient fait en six mois et demi ? S’était-il attaché à Granger ?
Il venait tout juste de songer à cette phrase que Blaise poussa un long hurlement qui déchira le silence pesant qui venait de s’installer. Le Lord, emmitouflé dans sa cape, l’avait brutalement rejetée, et la baguette tendue, les yeux écarquillés, s’approchait encore plus de sa proie.
De cette dernière, il jaillit un long filet de sang au niveau de sa bouche et Drago frémit. De toute évidence, Voldemort n’aimait pas Blaise et s’occupait personnellement de son cas, semblant avoir attendu cet instant comme jamais. Lui faisait-il payer ses erreurs ? Avait-il eu vent de sa liaison avec Granger ?
Blaise n’était pas immobile, son corps semblant se frotter au sol dans des gestes de tremblements permanents. Des cris lancinants s’échappaient de sa gorge. Soudain, son corps s’arqua et Drago fut pris d’un violent vertige, voyant ses yeux s’exorbiter…
De mauvais souvenirs refaisaient surface et, alors que l’échine du métis se secouait d’elle-même avant de sursauter, les cheveux bruns de ce dernier s’allongèrent avant de s’éclaircir pour devenir d’un blond presque blanc. A son tour, sa peau blanchit, et ses iris virèrent à deux cercles d’acier tandis que son visage, puis son cou, son buste et l’intégralité de son corps s’affinaient dans la souffrance. La cage thoracique de la personne, allongée aux pieds de Malefoy, sembla exploser et sa respiration se fit difficile. Elle gémit en posant sur Drago un regard empli de souffrance, d’horreur et de supplication muette. Ses doigts tentaient de se cramponner au sol, comme si le fait de le serrer atténuerait la douleur.
Pour Drago, le spectacle était insoutenable. C’était un calvaire. Car devant ses yeux, ce n’était plus Blaise Zabini qui pleurait sur son lit de mort, c’était Narcissa Malefoy. Et, silencieusement, la grande faucheuse, abattait lentement, telle une sentence, sa fauche sur son cou gracieux, que d’un habile coup de main, elle transperçait.
Depuis longtemps, les goulées d’air qui auraient dû l’alimenter avaient été évitées par Drago.
Il lui semblait ne plus savoir respirer et pourtant, au rythme effréné auquel battait son cœur, il l’eût fallu de toute urgence. Mais rien ne pouvait l’atténuer, cette douleur qui le broyait de l’intérieur, bien pire qu’un doloris.
Rien ne pouvait détourner son attention de la dépouille blonde, les paupières grandes ouvertes, qui lui faisait face. Et nonobstant, il avait envie de s’échapper en courant, de partir, de tout oublier. Il n’était qu’un enfant, rongé par des choses qu’il aurait préféré ne pas connaître.
Voulait-il revoir sa mère, ainsi et maintenant ? Alors qu’il devait prouver ce dont il était capable ?
Lentement, il se recula, fuyant la mort dans l’âme qui émanait de sa mère gesticulante, sursautant dans la mort.
Ses jambes étaient engourdies et prises de violents tremblements et c’est avec un manque d’équilibre certain qu’il se dirigeait vers le bar, sans qu’aucun autre disciple ne l’aperçoive, tous intéressés par le meurtre qui se commettait.
Il tendit sa main vers une bouteille de whisky pur feu et ne reconnut pas cette poigne. Il vibrait littéralement alors qu’il buvait au goulot, trouvant dans l’amertume de la boisson, la chaleur humaine qu’il cherchait et qu’il ne dégageait plus, littéralement tétanisé et glacé par le spectacle.
Le temps défila sans qu’il ne le vît et bientôt, on cria à la bonne heure que c’était fini.
Le corps raidi, le jeune Serpentard ne pouvait pas se résoudre à se retourner, les pensées envenimées par la probable révélation de la mort de Blaise ou, au moins, d’un traumatisme cérébrale.
Mais ce fut la main qui s’abattit sur son épaule qui l’incita à s’intéresser à la situation ; il reconnut, dans un brouillard opaque, les longs cheveux graisseux de Severus. Peu à peu, il se sentit sortir de l’état passif dans lequel il s’était volontairement plongé, aidé par l’alcool.
Il comprit que la maitre des potions lui avait fourni une potion et qu’il l’avait bue. Est-ce que Severus avait vu, lui aussi, sa mère ? Souffrait-il comme il souffrait ?
- Zabini te rejoint. Sois fort, vous avez presque fini.
Il se détourna et le blond, brumeux, entrevit un métis avec des dents blanches éclatantes, s’approcher de lui, recouvert partiellement de sang…
- Mec… j’ai vraiment eu très chaud. Très très chaud.
Et sans qu’il n’ait pu crier gare, Drago laissa tomber une larme sur sa joue, la chassant furtivement avec sa manche. Il ne savait pas que la torture n’avait duré que deux minutes…
- Il a essayé de faire de la légilimencie sur moi. Mais j’ai pensé à beaucoup de choses, je l’ai embrouillé je crois, avoua Blaise sans accorder d’importance aux pleurs de Drago.
- Blaise, plus jamais…
Le jeune homme ne put qu’hocher la tête avec douceur, touché par un aveu si franc de la part de l’héritier des Malefoy.
HHHH
- Si on se fait prendre, murmura-t-elle en gémissant contre l’oreille du jeune homme.
- Pourquoi se ferait-on prendre ? rétorqua-t-il sur le même ton en pouffant dans son cou, déclenchant chez la jeune femme une série de frissons incontrôlables.
- On ne doit pas être vus ensemble, espèce de fou ! s’exclama-t-elle en cramponnant la chemise de l’homme, hésitant entre le repousser et l’attirer à elle.
- Je pourrais croire que tu as honte de moi. Au fait… il nous a vus, tout à l’heure ? s’enquit-il après un baiser dans son cou.
- Oui. J’espère que ça ne l’aura pas perturbé, soupira-t-elle, se sentant coupable. En général, quand il est inquiet, il fait l’idiot et personne ne le soupçonne.
Leur baiser s’interrompit là et ils se séparèrent légèrement. Elle, appuyée un des nombreux piliers du couloir, cachée dans l’ombre, ses bras enroulés autour de son cou et lui, collé à elle, ses mains enfouies dans sa longue chevelure brune.
Riant comme des enfants, abandonnant leurs pensées noires, ils se prirent la main et coururent comme un seul homme, vers le dernier étage. La salle sur demande. Afin d’y poursuivre une partie de leur « entretien ».
A l’ombre d’une statue, un chat noir, ses yeux furetant, les avait observés.
HHHH
Il était vingt-trois heures exactement et Voldemort, accompagnés des six étudiants de Poudlard, s’était isolé dans un espace particulier. Les mangemorts restaient dans la salle de bal, fournissant déjà aux jeunes adeptes les conseils pratiques ou des indications pour leurs futures fonctions de mangemort.
Réunis dans une pièce austère et assez petite, le Maitre des Ténèbres les poignardait un à un du regard avant de leur désigner d’un coup de baguette, un placard rangé dans un coin.
- Un Epouvantard. Chacun passera et Lord Voldemort jugera ceux qui seront en droit d’obtenir la mission.
Il ne fallut pas un mot de plus pour tous les tendre comme les cordes d’un arc.
Lisa Turpin fut la première à l’affronter. Elle fit face à la commode et, dès qu’elle fut prête, elle enjoignit le maitre d’ouvrir le battant d’une interjection.
La masse noire s’éleva avant de tourbillonner sur elle-même pour laisser place à un immense reptile…Un serpent à la peau épaisse et aux yeux jaunes étincelants. Il dégaina ses crocs avant de sauter sur la Serdaigle. Il s’agissait de Nagini et Voldemort parut flatté.
Lisa l’évita de justesse en s’écrasant sur le côté. Elle brandit sa baguette, lançant un sortilège bleuté qui ricocha contre la peau de l’animal. Elle renouvela son geste en roulant avant de se relever et d’hurler. Un acte plein de bravoure.
Au bout d’une lutte acharnée où elle faillit bien mourir une dizaine de fois, elle réussit à lancer un « Ridikulus » suffisamment convainquant qui transforma le serpent en un vers de terre.
Voldemort consentit à approuver, ses narines de nez frémissant, d’un bref hochement de tête, bien qu’assez aigre.
Il s’avéra que Hopkins était effrayé par Bellatrix Lestrange. Perdant son sang-froid, il se mit à chahuter et à courir, poursuivi par la mangemorte. Voldemort afficha une moue sceptique. Pour autant, le Poufsouffle ne s’arrêta pas et le Seigneur agita sa baguette, renvoyant sa partisante dans la caisse, assez agacé.
Ce fut ensuite le tour de Nott. Sa prestation retint l’intérêt du Lord car sa plus grande peur était Granger – Drago n’en fut que plus amusé.
La Gryffondor, glaciale, le toisait sèchement, ayant parallèlement l’air d’être passablement constipée, ce qui déclencha des fous rires difficilement contenus entre Blaise et Drago.
Le problème majeur était la façon dont ridiculiser Granger afin de la rendre moins dangereuse aux yeux de Théo, sans vexer le Lord.
Il parvint finalement à un résultat épouvantable et la pauvre née moldue devint décontractée : soudain, elle fit sur elle ses besoins et une odeur nauséabonde émana d’elle.
Le Lord, indéchiffrable, sonda Théo du regard. Drago perçut que Nott avait peur que Granger lui soit insensible…
Vint ensuite Astoria. A nouveau, une élève de Poudlard se matérialisa. Angelina Kathlins était sa terreur. Greengrass n’acceptait de toute évidence pas d’avoir de rivales quand il s’agissait de Drago. Elle régla le problème habilement en la ridiculisant franchement, après un arrachage assez virulent de cheveux.
Ce fut le tour de Blaise et il fit face au panache sombre avec une tête de grand conquérant. Le retour fut direct et devant lui, s’écroulèrent les corps inconscients de Drago et Pansy. Morts.
Aussitôt, le métis déchanta et, l’air hagard, tâcha de trouver une solution qui ne venait pas. Il semblait grandement perturbé.
Pour Drago, les pensées étaient tout autres. Il était rongé par une inquiétude très prenante.
Sa crainte la plus féroce ne risquait-elle pas de se matérialiser comme étant celle de se dévoiler en tant qu’agent double ? Une sueur froide commençait à couler le long de son dos et il tressaillit violemment. Pas de pensées comme cela. Non, absolument pas. Il ne devait pas y penser…
Mais le mal était fait et même s’il l’évitait, elle le hantait consciencieusement.
Blaise réussit finalement en créant à partir des morts, des images d’eux qui dansaient ensemble en se moquant du métis, ressassant ses meilleurs qualités, comme sa discrétion innée ou son intelligence spontanée. Au moins, cela eut le mérite de le faire rire.
Drago s’avança d’un pas qu’il tentait de faire passer pour dynamique mais ses jambes tremblaient tant qu’il douta du succès de son entreprise. Pour des claquettes, en revanche, cela aurait été superbe.
Et devant lui… devant lui, apparut un crâne dégarni ainsi qu’un long corps osseux, décharné mais dont le trait le plus marquant était les deux pupilles. Les deux pupilles rouges qui le contemplaient froidement, aussi dignement que devait le faire Voldemort dans son dos.
Doucement, l’Epouvantard transformé en Lord Voldemort, leva sa baguette et s’approcha du jeune blond.
Accablé , Drago le fixa, tentant en vain de trouver comment il pourrait rendre le Lord amusant sans lui manque de respect.
Mentalement, il était épuisé.
Il avait l’impression de s’être fait écraser par un rouleau compresseur et finalement, la mort qui allait venir était peut-être une bénédiction.
C’était assez prétentieux de mourir de la main du Lord.
Et inconsciemment, une moue suffisante se peignit sur ses traits tandis qu’il appréciait à sa juste valeur, le futur meurtre.
Pourquoi était-il là, déjà ? Pourquoi avoir combattu ? Avoir voulu faire preuve qu’il était capable de relever le défi ? Maintenant qu’il était si fatigué, une question le tiraillait. Comment avait-il réussi à survivre jusque là ?
Tant étaient partis !
Il restait vingt-quatre adeptes alors que leur nombre était de trois cents au départ…
Il lui semblait qu’à nouveau, Blaise s’effondrait dans ses bras, empoisonné, qu’il les protégeait de la potion de la blonde, que le combat contre les autres où il attaquait et où Blaise le protégeait, reprenait, que la course de pistage défilait, que, encore, le doloris s’abattait sur lui et que, une nouvelle fois, sa mère mourait sous ses yeux…
A chaque instant, c’était une lutte. Et si, il abandonnait ? Il rendait les armes, fermait les yeux, et dormait ?
Alors qu’il s’apprêtait à accomplir cette ultime pensée salvatrice, un visage apparut sur sa rétine.
C’était Granger qui le fixait, de ses deux yeux sombres. Un sourire narquois sur ses lèvres, elle concluait qu’il était lâche avant de s’enquérir sur l’idée que l’on avait des Serpentards ; ainsi, ils parvenaient toujours à leurs fins ? Drago Malefoy n’avait donc que la volonté de mourir ? Et pourquoi ne se battait-il pas pour la rejoindre ? Pour voir un peu cette miss-je-sais-tout ?
Pour que son statut, son rôle, sa présence perpétuelle à ses côtés soient justifiables, il n’y avait qu’un moyen.
Avant même qu’il ne l’ait pensé clairement, Drago releva sa baguette, et le sortilège franchit ses lèvres.
« Ridikulus ! »
Et Lord Voldemort se retourna vers le Harry Potter qui venait d’apparaître, lui lança un jet vert qui le tua, et se mit à danser la salsa autour du garçon à la cicatrice.
L’Epouvantard, après avoir pincé la joue de celui-qui-n’était-plus-le-Survivant, disparut.
Le vrai Lord qui restait, fixa Drago avant d’ordonner leur retour dans la salle.
Ils marchèrent silencieusement, presque avec vénération, les quelques pas qui les séparaient de la porte.
Drago et Blaise, les derniers, n’échangèrent pas un regard, l’inquiétude leur rongeant les entrailles. Leurs cœurs battaient rapidement, à l’unisson de la tension qui se dégageait à chaque tournoiement de cape du Seigneur.
Ils arrivèrent dans la grande Salle en même temps qu’une sonnette stridente faisait irruption. Il était vingt-trois heures trente. Il ne restait là que les mangemorts présents lors de la réunion estivale dans laquelle Blaise et Drago s’étaient vus confier leur mission.
Tous deux, avec un élan de nostalgie en pensant que peut-être, ils allaient mourir ou se voir ôter cette mission, soupirèrent.
- Lord Voldemort a pris sa décision, déclara-t-il en les dévisageant.
Les six étudiants retinrent leurs souffles.
- Blaise Zabini et Drago Malefoy sont désignés pour accomplir cette mission.
Les deux concernés crurent qu’ils allaient tomber à la renverse et le métis ne put empêcher un grand sourire d’orner son visage.
Astoria et Nott qui les observaient, grincèrent des dents.
- Vous avez l’air très motivés pour repartir en camp de vacances moldu, fit-elle remarquer sèchement.
Rageuse, elle s’avança vers le Lord qui la considéra, ses yeux se rétrécissant à mesure qu’elle avançait, se demandant certainement comment cette insolente osait l’interrompre.
- Mon Maitre. Le respect qui vous est dû m’est connu mais je souhaitais vous avancer une des nouvelles que vous attendiez le plus.
Drago se sentit pâlir et s’enquit soudainement sur le contenu de la nouvelle. Elle n’allait quand même pas essayer de le discréditer…si ?
- Je…, commença-t-elle en rougissant, s’apercevant qu’elle suscitait l’attention de tous. Drago et moi, sommes fiancés !
La mâchoire du blond se décrocha dans un bruit sourd tandis qu’une trentaine de paires d’yeux se fixaient sur lui, toutes surprises, la plupart réprobatrices, l’autre, encourageantes.
- Félicitations, mec ! lança aussitôt Blaise.
- Ne raconte pas de conneries, grimaça Drago.
- C’est une blague ? siffla Lucius dont les octaves montaient peu à peu, sa voix vibrant. Drago ! Que dit cette petite mijaurée ?!
- Mijaurée ? reprit-elle en s’avançant, l’air suffisant. Savez-vous à qui vous parlez, Malefoy ? A une Greengrass, au sang plus pur que de l’eau de roche !
- Cela n’est pas acceptable, rétorqua Bellatrix en se levant. Drago ne peut pas effectuer une mission de cette envergure et s’embarrasser de cela maintenant.
- S’embarrasser ? cria Astoria, folle de rage. Je ne suis pas un fardeau !
- Le Lord est toute sa vie, petite pimbêche ! rétorqua vertement la tante du jeune homme, tandis que Hopkins blêmissait à vue d’œil.
- Evidemment ! Mais je représente au moins autant !
- Certainement pas ! Petite sotte ! Tu espères rivaliser avec une telle grandeur ? Drago doit sa vie à son Maitre ! C’est une dévotion qu’il doit lui vouer ! La plus grande promesse de soumission !
Astoria la tua du regard avant de s’en détourner.
- Maitre, quel est, dans tout cela, votre avis, à vous ? insista lourdement la jeune brune.
- Cette union n’aura pas lieu avant que Potter n’ait péri, assura tranquillement Voldemort.
- Oui, cela va de soi, renchérit Greengrass, trop heureuse.
- Lord Voldemort ne tolère pas, pourtant, que des sentiments aussi puérils soient mis en concurrence avec une mission. Il serait néfaste que l’on me rapporte que vous entretenez une quelconque relation autre que celle de camarades de maison.
Drago se sentit sourire, puis mourir sous l’air assassin de sa « fiancée ». Blaise à ses côtés, affichait une drôle d’expression.
A défaut de ne pouvoir parler afin de contredire ou renchérir les paroles du Lord qui ne les avait pas autorisés à discuter, Bellatrix, Lucius, Drago et Astoria se mitraillèrent du regard pendant de longs instants.
Puis, avant que les jeunes étudiants ne puissent réagir, Yaxley, McNair et les deux Carrow levèrent leurs baguettes et chacun pointa la sienne sur Astoria, Nott, Hopkins et Turpin. Ils firent usage d’un sortilège informulé et peu à peu, les regards des jeunes gens s’obscurcirent et ils baillèrent.
Enfin, ils se redressèrent, et, souriant légèrement, se rendirent dehors dans un silence comateux, suivis par le professeur Rogue qui semblait exécuter des ordres fournis précédemment.
On entendit tout juste le bruit de leur transplanage et Drago supposa qu’Astoria était partie avec Nott. Il était évident qu’ils avaient subi un « Oubliette ». Mais pourquoi et sur quelle partie de leurs souvenirs ?
Le Lord perçut son expression tourmentée et siffla froidement :
- Ils en savaient trop. Tâchez d’être discrets, désormais. Nagini pourrait toujours se régaler de vous. Dès à présent, exposez-moi le travail que vous avez fourni depuis septembre - travail que, soit dit en passant, j’espère concluant.
A ces mots, une table ronde se posa au milieu de la salle, entourée de chaises et les mangemorts, ainsi que Blaise et Drago, rejoints par le Seigneur des Ténèbres, y prirent place.
- Nous avons tenté, débuta le métis en lançant un regard incertain vers son ami, dès le début, une approche. Mais c’était très difficile car elle connaissait assez nos à-priori sur ceux…les Gryffondor. D’autres parts, étant l’amie de Potter, nous ne lui avions pas caché notre animosité par le passé, et bien des fois nous…
- La requête a dû être mal perçue, souffla la voix. Je n’ai que faire d’agissements incapables qui n’ont amené qu’à un échec cuisant. Où en êtes vous ?
- La jeune femme, reprit Drago qui comprenait la tournure que prenait la chose, est sous l’emprise de la magie noire. Elle devient mauvaise par moment. L’idée était de la faire tomber sous son emprise afin qu’elle accepte obligatoirement de se joindre à vous.
- Mais Lord Voldemort ne veut pas qu’elle se joigne à lui, rétorqua-t-il sèchement.
Drago releva brutalement sa tête et contempla les mains tordues du Seigneur tapoter la table.
- Il est dans l’idée qu’elle doit accepter de porter l’enfant. Le reste ne sera qu’une série d’évènements ambigus et néfastes à Potter. La souffrance qu’engendrerait cela, rallié au fait que, béni par l’amour, cet idiot ne la toucherait jamais, elle mais l’enfant…
Drago perçut dans sa voix une pointe de satisfaction. Il dut reconnaître que son plan était bien plus réfléchi qu’il ne l’avait supposé au départ. Il avait entièrement raison ; Potter ne blesserait jamais sa chère amie. Mais qu’entendait-il par « l’enfant »? Comptait-il le sacrifier ?
- Il est aussi souhaitable que la grossesse soit secrète. D’autres parts, le philtre que vous recevrait suffira à accomplir là où vous échouez.
- L’idée de la magie noire n’est-elle tout de même pas bonne ? s’enquit Blaise.
- L’idée est plausible. Comment est-elle atteinte ?
- Elle est perpétuellement sous son influence. Elle est bien avancée dans ce domaine et le pratique souvent. Elle lit des livres sur le sujet.
- Ce n’est pas suffisant, grinça Voldemort en caressant sa baguette. Veillez à ce qu’elle en pratique plus encore.
Un silence suivit ses paroles ; Blaise et Drago en profitèrent pour mesurer l’ampleur de la tâche. Ils avaient légèrement peur qu’elle ne les envoie à nouveau à St Mangouste ou à l’infirmerie mais ils se gardèrent bien d’en faire part, doutant que le Maitre se déplaise de cette idée.
- Et pourquoi on ne prend pas le philtre dès maintenant ?
Le Lord dévisagea un instant Blaise, s’inquiétant sans doute sur sa santé mentale. Drago en fit de même, assez perplexe. Mais assez habitué aussi aux questions étranges de son ami. Le ricanement de Bellatrix coupa leurs réflexions.
- Il est bête, il n’y a pas d’autres possibilités ! s’esclaffa-t-elle. Quel imbécile…
Blaise rougit légèrement avant de scruter Drago, cherchant à savoir s’il avait fait une gaffe.
Alors, avec un soupir et une moue blasée, Drago lui expliqua à mi-voix, que s’ils agissaient ainsi, c’était déjà, pour gagner encore un peu de temps de fermentation sur le philtre, ensuite pour lier plus avec Granger, et surtout, pour pouvoir accuser le magasin où ils achèteraient la fiole s’ils étaient démasqués.
- Ah, mais c’est logique, tout ça ! s’exclama Blaise d’un air ébahi.
- Mis à part cela, poursuivit Voldemort, vous allez retourner à Poudlard. Surveillez Granger étroitement. Vous avez sans nul doute des informations à me rapporter qu’elle aurait laissé échapper ?
Drago et Blaise blêmirent soudainement ce qui n’échappa à personne.
- Eh bien… c’est là que nous arrivons à une problématique assez… problématique, conclut Drago.
- Oui, parce que, Granger, a appris la magie noire… Et du coup, elle s’est éloignée de ses amis. Pour autant, ils en semblent blessés et sans elle, c’est déjà un pilier de moins dans leur trio ! rajouta hâtivement Blaise, craintif de voir une quelconque sentence s’élever.
- Potter sera moins atteint par sa grossesse, fit remarquer le Maitre en se détournant silencieusement.
- Pas forcément ; il est perpétuellement triste de son éloignement, et tente souvent de renouveler le lien. Il perd du temps pour s’entraîner…, conclut Drago.
Il y eut un long silence pendant lequel personne ne parla, contemplant soigneusement le lustre qui pendait au plafond.
- Le 31 mai. Cette mission prendra fin au plus tard le 31 mai, ajouta Voldemort d’une voix doucereuse mais qui ne soutenait aucune réplique. Les bilans seront toujours attendus avant le dernier jour de chaque mois. Mais j’ose espérer que tout sera bientôt fini ; le philtre d’Amortentia est particulièrement puissant. Elle réclamera ma présence aussitôt. Le temps de l’amener…
- Maitre, vous aviez dit qu’elle devait le vouloir… Mais elle sera dans ce cas sous l’influence du philtre.
- Le philtre lui fera croire qu’elle le veut. En supposant qu’elle tombe entièrement dans la magie noire, elle le voudra certainement. Dumbledore ne se doute de rien ?
- Aucunement, rétorqua Blaise. Il est miraud complet.
- Mes dernières instructions sont une surveillance constante de Granger. Approfondissez le domaine de la magie noire. Drago ; d’autres parts, je te déconseille fortement de fréquenter quiconque comme Astoria l’envisageait.
Drago hocha prudemment sa tête, comprenant par là qu’il n’avait pas intérêt à la fréquenter elle ou quiconque d’autres.
- Partez, à présent.
Drago et Blaise se levèrent lentement et, alors qu’ils se dirigeaient vers l’extérieur, un petit cri aigu attira leur attention. Ils se retournèrent vers Dipsy, l’elfe familiale des Malefoy, qui courait vers eux, ses grands pieds s’écrasant à une vitesse impensable sur le sol. Elle tenait, entre ses petits bras tout frêles, une grande malle qui paraissait particulièrement lourde.
- Ce sont les…a-affaires pour Miss Park-in-son, de votre mère, monsieur Malefoy, souffla-t-elle, la respiration haletante. Votre père m’avait ordonné de vous les donner aujourd’hui plutôt que lorsqu’il vous verrait.
- Envoie tout ça à Poudlard, dans ma chambre, répondit Drago en se détournant avec son ami.
L’elfe s’exécuta et les deux hommes sortirent.
Silencieusement, ils contemplèrent la surface de la mare qui miroitait, avec une once de soulagement. Enfin, ils allaient partir, quitter cet horrible manoir… Tant de choses leur étaient arrivées au cours de cette soirée et ils n’avaient qu’une envie : celle de s’écrouler de tout leur poids sur un lit bien confortable, et de ne jamais se réveiller. Leurs cerveaux étaient en saturation. Ils avaient trop vécu et assimilé en un temps trop restreint.
Ils disparurent dans un tourbillonnement de cape.
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La descente en enfer d'Hermione Granger
FanfictionDisclaimer : Rien de l'univers d'Harry Potter ne m'appartient. En revanche, l'histoire et les personnages créés sont les miens. Contient des scènes à caractères sexuels. En débutant cette fanfiction, vous pensiez tomber sur une histoire OC, sans fon...
