Chapitre 27 : Plus besoin de whisky pour embraser l'atmosphère

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Chapitre 27 : Plus besoin de whisky pour embraser l’atmosphère



- On… On va rester dehors ? répéta Granger, surprise.

- Oui, Miss. Vous comprenez, lorsque les jeunes gens sortiront de ce bal, ils vont certainement chercher à s’isoler afin de faire des choses… qui ne doivent pas se produire dans l’enceinte de Poudlard. C’est donc à vous d’assurer ce travail ce soir. Vous vous rappelez du sort ?

- Non, répondit Drago avec aigreur.

- Vous lancez « Follower » sur chaque couple ou personne qui sort. Ainsi, un elfe de maison est aussitôt prévenu et les suit afin d’être sûr qu’ils sont bien rentrés dans leurs dortoirs. S’il cela n’est pas le cas, ils vous le rapporteront et vous devrez rejoindre les deux infracteurs. Si vous le voulez, n’hésitez pas à vous faire épauler des autres préfets afin de profiter un peu du bal. Ce dernier prend fin à minuit. Vous pourrez disposer à cet instant même.

Sur une salutation, le professeur McGonagall gagna la Grande Salle alors que Granger s’installait au sol, étendant ses jambes devant elle. Ils étaient seuls dans le hall, irrités.

- On se fait virer comme des malpropres, gémit-elle.

- Je ne te le fais pas dire, rétorqua Drago en s’adossant, debout, à ses côtés.

Quelques secondes passèrent et soudain, une cloche sonna. Son écho cristallin résonna entre les murs de pierre du château et en réponse à cette douce litanie, des éclats de voix s’éclaircirent, des bruits de pas se rapprochèrent et bientôt, plus d’une centaine d’élèves arriva, vêtue de longues robes ou de luxueux costumes, la plupart en couple, dévalant en masse les escaliers du Hall.

Drago et Hermione échangèrent un regard, venimeux tous les deux d’être ainsi mis à l’écart. Ils ne dirent pas un mot alors que les étudiants rejoignaient la salle et commençaient à rire, tout excités à l’idée de participer à cette fête.

- Au fait…

Le blond reporta son attention sur la préfète.

- L’autre jour, je me moquais de toi. Quand tu as passé la soirée chez les Serpentards, après votre match contre Poufsouffle, et que tu étais ivre mort en revenant. On n’a rien fait du tout.

- Je le savais.

Et c’était vrai. N’aurait-elle pas été plus narquoise si cela avait été vrai ? D’ailleurs, cette histoire lui avait tant semblé fausse, qu’il l’avait oubliée.

La majeure partie des élèves était rentrée quand Weasley se présenta devant eux, tendit un bouquet de roses rouges à Granger en murmurant un : « Désolé d’être si incompréhensif » et de s’en aller en courant, suivant le flux.

La Gryffondor arqua un sourcil, renifla les fleurs avant de les jeter au sol et de les brûler d’un sortilège. Elle fit partir les cendres d’un coup de baguette.

Quelques temps plus tard, Blaise et Pansy arrivèrent, le premier rieur, la seconde, assez tendue.

- On est coincés, avoua Drago d’un air sombre lorsqu’ils leur demandèrent pourquoi ils restaient dehors.

- Je viendrai vous aider en tant que préfète, promit Pansy, assez absente dans le regard.

Ils partirent bien vite et déprimés, les deux préfets en chefs s’appuyèrent contre le mur, fixant avec jalousie, la porte sombre et les quelques bribes de ce qu’ils rataient.

- Granger.

- Quoi ? répondit-elle.

- Je m’ennuie.

- Tu crois que moi je m’amuse ? rétorqua-t-elle sèchement.

Il lui sourit avant de se pencher légèrement vers elle.

- C’est vrai. Je n’y avais pas pensé.

- Déjà, que tu aies pensé, relève du miracle.

Drago l’observa soigneusement en effleurant doucement de son index, sa joue.

- Pourquoi est- ce que la magie noire t’attire ? lui demanda-t-il.

- Je n’ai pas très envie de répondre.

Elle caressa les boutons de la chemise du jeune homme. Il sentit son cœur s’accélérer.

- Je suis sûr que tu pourrais faire un effort.

Il perçut son souffle dans son cou – elle était subtilement plus petite que lui - et il frémit.

Derrière eux, la porte s’ouvrit à la volée et Drago se plaqua brusquement contre le mur à côté de Granger, se détournant d’elle à une vitesse éclair. Il se sentit pâlir subitement et songea aux conséquences de ses actes si c’était Astoria qui venait ou quiconque en liaison directe avec Voldemort.

Il s’agissait de Pansy qui, totalement perdue dans ses pensées, s’avançait vers eux. Elle ne semblait même pas avoir remarqué dans quelle situation elle les avait surpris. Dans ses bras, il y avait un plateau de petits fours ainsi que plusieurs bouteilles de bierreaubeurre.

- Je vous ai amené un peu de réconfort, expliqua-t-elle en désignant ses trophées.

- Ah…eh bien, merci, lança négligemment Drago en faisant apparaître une table sur laquelle elle posa sa charge.

Elle repartit rapidement après les avoir salués de la main.

Drago ouvrit une bouteille de bière et avala quelques goulées, puisant là un réconfort face à la découverte qu’avait failli faire Pansy. Il était hors de question que quiconque apprenne la relation assez ambiguë qu’ils entretenaient tous les deux.

Voldemort serait, déjà, furieux de savoir cela mais surtout, il n’avait pas le droit de s’approcher de près ou de loin, de la gent féminine de Poudlard pour ce qui pourrait être considéré pour plus d’une soirée.

Granger l’imita et bientôt, seul le silence régna, entrecoupé de leurs soupirs exaspérés et las.

- Peut-être que si je fonce à la bibliothèque et que je me procure des livres…, proposa Granger. Ou même la salle commune. Je dois bien avoir un manuel avancé d’une quelconque matière.

- Granger, aie pitié de moi, préserve-moi de ton alléchant programme de St Valentin, rétorqua Drago.

En réalité, il était assez effrayé à l’idée qu’elle soit plongée dans sa lecture et qu’il soit seul, à s’embêter pleinement, sans aucune distraction. Il pouvait toujours l’ennuyer.

Elle lui jeta un coup d’œil et ne put prononcer un seul mot car, enfin, leur travail commençait. Un couple sortait tout juste de la salle.

- Où allez-vous ? s’enquit sèchement Hermione en faisant tourner sa baguette entre ses doigts.

Le jeune homme ricana et lui lança une œillade avant de se saisir de sa copine par la taille et de s’en aller, d’une démarche trainante, comme pour la narguer.

Loin de se déclarer abattue, la Gryffondor jeta froidement :

- Je suppose que vous expliquerez de vous-même les dix points que j’ôte à chacun à la maison dont il fait partie.

Les épaules du garçon s’affaissèrent et il retourna légèrement sa tête, lui offrant un regard mauvais. Sans rajouter un mot, ils quittèrent le couloir.

Drago envoya le sortilège que leur avait donné la directrice adjointe. Un elfe de maison apparut, inclina sa tête et disparut. Le tout n’avait duré que deux secondes.

- Tu sais qui c’était le gars ? demanda Drago.

- Aucune idée.

Il était vingt-et-une heure et très peu de personne sortait pour le moment. Les deux préfets savaient parfaitement qu’il y avait là un peu de répit avant minuit car à ce moment, tous les élèves afflueraient en masse et il leur faudrait alors enchainer rapidement le sort.

- Granger, je cours le risque de me répéter… Mais pourquoi pratiques-tu la magie noire ?

- Tu es d’une curiosité effroyable. Pourtant, j’aurais pensé le contraire.

- Tu ne me réponds pas, constata-t-il.

Elle s’assit sur la table et tira vers elle le plateau de nourriture. Elle se saisit d’une bouchée et l’observa rapidement avant de l’engloutir.

- C’est compliqué.

- Pourtant j’aurais pensé le contraire, contra Drago – il avait répété la phrase qu’elle avait dite et qui l’avait agacé- en souriant légèrement et en la rejoignant.

- Harry possède une maison en héritage de son parrain Black.

- La maison des Black, c’est Potty qui l’a ?! s’exclama-t-il. Mais sais-tu combien de livres et d’objets fabuleux y a-t-il ?!

- Justement, Malefoy, calme tes ardeurs. Quand nous y sommes allés l’été après notre cinquième année, j’y ai trouvé beaucoup de bouquins poussiéreux. A l’époque, je m’en moquais un peu. Mais au fur et à mesure de la sixième année, j’en ai lu quelques-uns. Et j’ai été fascinée – ses yeux se mirent soudainement à briller- de la puissance que l’on pouvait y trouver. Il n’y a pas de notion de limite, tout est à créer ou a été créé. Mais j’avais mes études et j’avais trop de choses à faire pour pouvoir lire plus d’une demi-douzaine de bouquins dans l’année. L’été dernier, j’ai trouvé du temps, beaucoup de temps. Je suis retournée chez les Black’s et j’y ai pris tout ce qui m’intéressait. Harry n’a rien dit, il s’en fichait. Tout ce savoir foisonnant… Tout à apprendre à nouveau !

- Tu n’as jamais été inquiète par justement le danger éventuel qui peut s’en dégager ?

- Mais Malefoy, de quoi veux-tu que je sois inquiète ? C’est moi qui la fais cette magie, je la contrôle. Elle n’est pas mauvaise.

Drago éprouvait, à cette phrase, une palette d’émotions incompatibles. Il y avait déjà, une grande peur. Il se demandait sérieusement de quoi était capable la jeune femme lorsqu’elle parlait ainsi et à cette pensée, il se sentit sérieusement oppressé et son débit sanguin augmenta.

Participait au mélange, un sentiment de fierté, d’exaltation, de satisfaction intenses. Il avait quasiment réussi. Elle croyait en cette magie et en lui, la confiance avait été à nouveau acquise.

Suivait, l’horreur. C’était pour bientôt. Il avait résumé, en quelques mots, ce qui allait se passer de manière assez rapide.

D’ici peu, alors, ils réussiraient, ils vaincraient l’adversité… Ils amèneraient Granger au Lord. Mais au final, voulait-il réellement lui soumettre cette proposition ? Elle partirait. Elle appartiendrait au Lord, le temps des neuf mois, puis… il la tuerait certainement.

Drago avait la nette et tragique impression de s’être légèrement attaché à cette Gryffondor. Mais pourtant… comment était-ce possible ? Elle était si agaçante ! Elle voulait diriger, avoir réponse à tout…

Elle lui volait la vedette à sa table, en avait d’ailleurs le respect. Tout était arrivé bien trop vite pour qu’il ait conscience que tôt ou tard un poids lui tomberait dessus.

Etait-ce de la voir le matin dans sa chambre pour le réveiller, à sa table manger avec eux, qu’elle soit si réactive aux filles qu’il approchait qui avaient créé ce lien si ambigu, si étrange, si particulier, entre eux ? Y avait-il un lien entre eux ? Pouvait-on mettre un tel mot sur ce qu’ils vivaient ?

Son cœur se comprimait dans sa poitrine, envoyant le sang à intervalles irrégulières en lui. Toutes ses pensées le déstabilisaient. Dès le départ, il avait compris que cette mission aurait une ampleur bien plus… incommensurable que celle qu’il aurait voulue.

Blaise ressentait-il ce sentiment à l’égard de Granger ? Certainement. Assurément. Peut-être. Que oui. Que non. Peut-être pas tout compte fait. Non, sûrement pas. Elle avait failli le tuer. D’ailleurs, il devait se méfier d’elle. Un mois auparavant, elle terrassait Blaise.

Certes, ce n’était pas vraiment elle, la magie noire la contrôlait, et la possédait car Granger avait vécu une émotion forte. Et puis, Zab’ lui avait pardonné, et…

Il se sentait planer, comme si son esprit tentait de le hisser plus haut, afin que ses soucis ne l’atteignent pas. Il n’arrivait pas à bien en mesurer la teneur, à les prendre au sérieux.

Depuis tout le temps qu’ils travaillaient sur cette mission…

Il n’en voyait plus le bout et il avait des difficultés à imaginer Granger enceinte… A la voir telle qu’elle était depuis le début : la proie de Lord Voldemort. La proie insaisissable. Dont sa soif était insatiable.

Il chassa cette idée de sa tête sans pouvoir s’empêcher d’être envahi par une pointe d’amertume.

Il songea jusque que c’était bientôt fini. Vraiment… Dumbledore allait perdre un sacré maillon. De toute façon, il semblait s’y être résigné depuis si longtemps.

- Malefoy ?

Drago se retourna vers Granger qui le fixait, inquisitrice.

- Comment as-tu été élevé ?

Sa question aurait pu paraître saugrenue mais ils semblaient être dans la confidence. Et le jeu lui plaisait assez : car c’était un jeu, assurément. Ils se posaient des questions tour à tour.

- En tant que futur partisan du Lord, miss, répondit-il, goguenard, cherchant à éviter de lâcher une information utile.

- J’ai entendu dire que les sang-pur étaient aimés de leurs parents mais que ces derniers ne devaient pas leur témoigner d’amour.

- Qui t’a dit ça ? s’étonna Drago.

- Pansy a lâché un mot devant moi.

- C’est vrai. Je ne t’ai jamais caché que j’étais un sang-pur, de toute façon.

Il n’arrivait pas à s’imaginer, lui répéter ce qu’elle venait de dire. Serait-il toujours traumatisé par la relation qu’il avait entretenue avec sa mère ? L’idée que pendant tant d’années, il n’avait vu que l’image de ce qu’elle voulait lui montrer l’insupportait.

Combien d’autres personnes l’avaient ainsi manipulé ? Est-ce que Bella était une dingue des moldus ? Peut-être que Pansy était homosexuel ? Que Potter était le fils de son Maitre ?

C’est ainsi, qu’il savait l’impacte qu’aurait sur lui les paroles de Granger s’il devait les répéter. L’admettre serait la pire des tortures mentales, même si dans son esprit, il connaissait la vérité.

La réponse parut lui convenir car elle hocha sa tête et, sa masse brune de cheveux, qu’elle secoua par la même occasion, envoya un léger parfum vanillé qui captiva Drago au point qu’il soit déstabilisé pendant les quelques secondes où Granger lui posa une question.

Il s’aperçut qu’elle attendait une réponse et choisit la meilleure façon de se dépêtrer de cette situation en optant pour l’attaque.

- Alors Granger, ça fait quoi d’être toujours miss-je-sais-tout après sept ans d’étude ?

Il s’auto-gifla mentalement pour sa répartie… terrible. Décidément, son effluve l’avait réellement mis dans l’embarras pour qu’il ne soit pas même capable de trouver une phrase intelligente – le comble pour un Malefoy- en réfléchissant posément.

Elle eut l’air franchement surprise.

- Si ma question t’a gêné, aie au moins l’humilité de le dire, Malefoy, railla-t-elle.

- Il faudrait déjà que je connaisse l’humilité, ajouta-t-il.

Cette autodérision lui était si nouvelle, qu’il ne put empêcher des vagues de chaleur de parcourir langoureusement son corps en constatant qu’elle souriait, amusée par sa réplique, et non moqueuse ou cynique, ni même prête à l’enfoncer encore plus.

Il se sentait mièvre et cette idée lui donnait la nausée. Est-ce que Pansy avait mis un breuvage quelconque dans leurs bières ?

- Je vais répéter, histoire de voir comment tu réagis maintenant que tu as l’air plus accessible, justifia-t-elle en fixant le plafond, les pommettes assez rouges, certainement dû à l’alcool.

- Vas-y, l’intima Drago.

- Pourquoi est-ce que tu ne me traites plus de sang-de-bourbe ? Je n’ai pas changé de sang à ce que je sache.

- Si c’est le problème, je peux recommencer, mentit-il afin d’esquiver la baguette qu’étaient ses yeux lorsqu’elle les braquait ainsi sur lui.

- Vraiment, très malin, mais je ne suis pas bête. Réponds.

Il soupira en tentant de déchiffrer son expression. Elle avait l’air vraiment soucieuse de connaître la réponse.

Ce qui l’embêtait était qu’il ne se percevait pas entièrement. Il n’arrivait pas à réfléchir correctement, pire, à agir comme il en avait l’habitude. Le troublait-elle ?

Il devait à la fois expliquer que le Lord ne voulait plus user de ses termes en parlant d’elle et tout le travail mental qu’avaient enchainé les paroles de sa mère. Sans révéler ces deux points.

- Voyons Granger. Il y a les elfes de maison et les fées. Il y a les sangs-pur et … le reste, ajouta-t-il, l’air songeur. Franchement, Granger, comment peux-tu être vexée ? Oui, tu n’as pas le plus beau sang, en théorie, la magie n’aurait pas dû t’être accordée. Te traiter de sang-de-bourbe ne sert pas à grand-chose. Je veux dire par là que ton sang ne s’est jamais modifié, non ? Voilà. Alors j’ai pris un peu sur moi. Et maintenant, on se connaît mieux. Donc la pilule passe.

- Ca te tuerait certainement d’avouer que je ne suis pas un monstre ? grogna-t-elle.

- Je n’irai pas jusqu’à dire un monstre. Mais bon, ce n’est pas comme si tu avais réellement le droit d’exister.

Dans la logique qui découlait de ses dires, Severus n’avait pas non plus le droit d’exister. Il pinça ses lèvres, sérieusement agacé à présent. Il ne venait tout de même pas d’insulter son parrain et l’amour de sa mère ?

Cependant, avaient-ils le droit d’être ? Ils n’étaient pas entièrement sorciers ! Sur quoi se basait-il pour dire cela, au final ? Ses parents avaient toujours ressassé la même chose. Son père tuait tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un moldu. Sa mère était tombée amoureuse d’un sang de bourbe.

Le pire dans tout cela était qu’il n’avait fait que répéter la même litanie, en légèrement plus condescendant, qu’il bavassait depuis qu’il savait parler, sans l’avoir pensée.

Granger paraissait l’avoir cru et ses sourcils froncés, elle se détournait de lui. Il avait l’impression de percevoir des ondes de haine qui émanaient d’elle et se fit la remarque que ce n’était vraiment pas bon pour lui.

De plus, il ne pourrait jamais rendre tolérable ses propos, même avec le pire des mensonges.

- Au moins, c’est clair. Pourtant, j’ai autant le droit que toi, d’être sorcière. De plus, mes notes sont bien supérieures aux tiennes, fit remarquer Granger d’un ton glacé.

- Ne le prends pas au premier degré, rétorqua Drago, assez horrifié de la tournure que prenait la conversation –finalement, il préférait s’ennuyer.

Leur rôle de préfet-en-chef débuta aussi et ce fut un grand soulagement.

Un couple sortit de la salle, les salua d’un hochement de tête avant de partir. Drago eut à peine le temps d’appeler un elfe que deux autres duos s’en allaient.

Débuta alors un vrai bal où des dizaines de couples rentrèrent à nouveau dans la salle, avant d’en sortir… Certains la quittaient momentanément, pour soulager un besoin naturel ou pour aller chercher un objet dont la nécessité leur était soudainement apparue.

Pour le moment, il était vingt-deux heures trente et le hall était à nouveau silencieux. Quelques elfes surveillaient encore des élèves qui se promenaient mais qui ne commettaient aucun délit. Depuis une heure, c’était la première fois qu’ils se retrouvaient seuls.

- Granger ? Par rapport à ce que je t’ai dit…

- Oui, Monsieur-j’ai-le-plus-beau-sang ?

- Ce n’était pas entièrement vrai. Seulement, cette idée est fortement ancrée en moi, mais je ne pense pas que tu n’aies pas le droit à avoir de tels pouvoirs. C’est étrange…

Les sourcils de la jeune femme se haussèrent puis, elle se pencha subtilement vers lui, alors qu’ils étaient adossés côte à côte, face à la porte de la Grande Salle.

- J’apprécie ta franchise, Malefoy.

Il tira un sourire en coin en se tournant vers elle, s’épaulant au mur désormais. Ils étaient face à face et il discernait très distinctement son regard pétillant.

- Je sais bien que tu as grandi dans une éthique de sang pur. Mais ce n’est pas une raison pour agir ainsi, tel un robot, sans réfléchir, non ?

- Granger, tu comptes me tuer ce soir, c’est ça ? s’enquit-il avec amusement.

Il se sentait plus léger, apaisé qu’une ambiance sereine règne de nouveau avec sa camarade.

- Non, pas tout de suite. Après le bal.

Drago approuva d’un bref clin d’œil. Il tendit sa main vers l’épaule de la jeune femme, là où la bretelle de sa robe noire classique était posée. Il passa un doigt sous l’élastique, le replaçant convenablement car il s’était tordu sur lui-même.

Il fit glisser son index de long de la courbe du tissu, arrivant au décolleté. Il ne s’arrêta pas là, parcourant la couture, suivant le galbe de sa taille. Plus franchement, il posa entièrement sa main dans le creux qui précédait ses hanches fuselées.

Il lissait la robe par la même occasion, attentif aux réactions qui naissaient sur le visage de la jeune femme.

Son souffle s’était raccourci et elle mordillait ses lèvres, les paupières mi-closes, tant devant la caresse que devant la proximité de leurs corps chauds. Elle le scrutait, comme patientant pour un geste supplémentaire, une initiative à laquelle répondre. Elle pressa doucement la paume de sa main contre ses cheveux blonds, respirant plus fortement soudainement.

Il contourna habilement le ventre de la jeune femme et câlina la cambrure de ses reins. Lui-même se sentait tourner un peu, entre l’effluve de la jeune femme, leur rapprochement, ses effleurements.

Une tension assez raide émanait de chacun d’eux. Drago eut l’impression que les lèvres de la jeune femme l’appelaient. Il ne savait si c’était elle ou si c’était lui, mais la distance entre leurs bouches se raccourcissait et il connaissait l’envie de les posséder.

Fermant ses yeux, il se pencha encore plus vers elles, plaçant sa deuxième main contre la nuque de la jeune femme.

Il n’était qu’à quelques millimètres de les toucher, le cœur tambourinant dans sa poitrine, quand il perçut, au loin, la porte de la Grande Salle qui s’ouvrait.

Ils se séparèrent brutalement, le rythme cardiaque en vrac. Totalement déstabilisés, ils vacillèrent quelques secondes avant de reprendre leurs places initiales contre le mur.

Ils se tenaient très droits, la nuque rigide, le regard fixé devant eux, le visage totalement fermé. L’idée de regarder l’autre ne les atteignait même pas.

Le couple qui était apparu ne s’était pas soucié d’eux et était déjà au bout du couloir quand Granger lança le sortilège, la voix rauque et tremblante.

Pendant de longs moments, il injuria mentalement les deux élèves, les tuant du regard, les faisant souffrir mentalement comme jamais il ne l’avait imaginé… Pourquoi n’étaient-ils pas partis soit dix minutes auparavant soit dix minutes après ? Pourquoi avaient-ils interrompu un moment si intense, si précieux ? Cette soirée qui était celle de la St Valentin, allait le tuer de frustration.

Peu après, la porte s’ouvrit brutalement, avant de se refermer, laissant seulement passer Pansy. Elle se retourna vers Drago avant de se jeter dans ses bras.

Peu habitué à de telles effusions, il accepta son étreinte en tapotant gentiment sur son dos. Bientôt, il constata des trainées de larmes sur sa chemise et il en fut secoué. Il n’avait jamais cru possible que Pansy sache se servir de ses canaux lacrymaux.

Pour autant, il était toujours confus, suite à la proximité qu’il avait entretenue avec la Gryffondor quelques instants auparavant.

- Pan, ça va ?

- Non, gémit-elle dans son cou.

Il resserra brutalement sa prise, avec un élan de possessivité. Qui avait osé lui faire autant de peine ? Il ignorait jusqu’à ce jour que cela soit possible. Il croisa le regard songeur de Granger, oubliant ce qu’il s’était passé avant que Pansy n’intervienne.

- Qui t’a fait du mal ? demanda-t-il doucement.

Elle releva son visage décomposé, ruisselant de larmes.

- C’est ma faute. J’avais oublié quelque chose.

- Et c’était quoi ?

- Laisse tomber.

Elle renifla en essuyant de ses poignets, ses joues trempées. Elle recula de quelques pas.

- Je… je suis trop dans la lune en ce moment. Je ne suis pas connectée avec les autres…

- Ne noie pas la sirène, Pan ! ordonna sèchement Drago. Je ne t’ai jamais vue pleurer…

- Je me suis mal comprise avec un garçon, c’est tout. Il avait autre chose de prévu, ce soir. J’avais mal capté le thème du bal.

- Quel thème croyais-tu que c’était ? questionna Drago, réellement surpris.

- Je ne sais pas…je-je…

- Je lui avais dit que c’était un bal masqué, avoua sombrement Granger en intervenant. C’est ce que j’avais cru. J’ai été informée du contraire il y a tout juste deux heures.

- Mais quelle importance, ce thème ?

Pansy étouffa un sanglot en se pressant un peu plus contre lui. Complètement à la masse, Drago afficha un air choqué.

- Et c’était qui, ce gars ?

- Pansy, lança Granger en s’avançant, les joues rosies. Je crois qu’il est temps d’avouer quelques petits trucs.

La Serpentarde lui jeta un bref coup d’œil avant d’acquiescer, toujours collée à Drago.

- Pansy et moi, avons été très énervées, récemment. Nott a essayé de me rabaisser l’autre jour ; je ne crois pas que tu étais là. Il a aussi sous-entendu quelque chose à propos de Pansy, qui n’était guère élogieux à son égard.

Drago sentait une colère sourde qui montait peu à peu en lui, grondant dans sa poitrine. Il avait l’impression que ses yeux le brûlaient ainsi que ses mains, et que s’il ne trouvait pas rapidement le jeune Nott, il allait devoir casser un quelconque objet. Il avait osé…

- Alors nous avons prévu un plan de vengeance. J’étais persuadée que ce soir, chacun devait porter un masque. On devait le ridiculiser sans se faire reconnaître. Mais comme j’étais de garde, seule Pansy devait en être. Que s’est-il passé ?

Quel évènement pouvait justifier les pleurs de Pansy ?

- J’ai échoué… j’étais seule et-et… il m’a… prise dans un coin à l’écart et il a essayé de m’embrasser et après…

Drago ne savait qu’une chose à présent ; il allait tuer Théodore Nott. Et ce, dans le quart d’heure à suivre. Puis, il s’occuperait de son cas, le ferait virer de l’école et jouerait la carte de son père pour le faire tuer par Voldemort en affirmant qu’il empêchait la mission Ganger de se dérouler aisément.

Oui, le plan tenait très bien. Tout se mettait en place à une vitesse éclaire dans son esprit.

- Il n’est pas allé plus loin, au moins ?! s’exclama Granger en plaquant une main sur ses lèvres, horrifiée. Quel gros porc ! Je vais m’en occuper ! affirma-t-elle, ses yeux flamboyants.

Le blond et son amie la regardèrent aussitôt, horrifiés. Ces yeux-là, ils les connaissaient un peu trop bien à leur goût. N’avait-elle pas affiché les mêmes quand elle s’apprêtait à assassiner Blaise, le mois dernier ?

- Granger ! Calme-toi, il ne l’a pas fait.

La Gryffondor reprit sa respiration, en douceur.

- Mais j’ai eu peur.

- Où était Blaise ? chuchota Drago, empreint de haine sauvage.

- Avec sa Lovegood d’amour, répondit son amie. Je vais vous laisser… Votre travail n’est pas fini, hein ?

- Pansy, reste… Tu n’as pas l’air d’aller bien.

- Ca va mieux, Drago… Merci pour ce réconfort. Je vais aller au dortoir…

Le Serpentard la lorgna, silencieux, soucieux et rageur. Il approuva et laissa son regard flotter sur elle alors qu’elle partait à pas lents.

- Je vais mettre la main sur Nott, promit Drago. Et il va s’en rappeler.

- Je m’en occuperai et je te l’amènerai après.

- Je veux avoir l’exclusivité ! grogna brusquement Malefoy en contractant ses mâchoires.

- Mais oui, mon chou, tu l’auras. Après moi, persifla-t-elle.

Le reste de la soirée se centra sur leurs rôles de préfets-en-chef.

Peu après minuit, quand Drago se coucha, il n’avait jamais été aussi éreinté.

Il songeait avec amertume qu’il avait vécu en une trentaine d’heures, des émotions bien trop intenses pour qui que ce soit.

Il s’était rendu à une soirée des plus éprouvantes ; il avait dû prouver à maintes reprises sa loyauté, risquant sa vie et sa mission, même son ami, Blaise. Jouant un double rôle qui ne lui était pour le moment pas très rentable mais plutôt nuisible… Le lendemain, il devait gérer ses problèmes relationnels. Il était débarrassé d’Astoria mais Angelina revenait. Granger était en froid avec Pansy avant d’être à nouveau son amie… La Gryffondor ressortait ses quatre vérités à Weasley.

Et enfin, cette soirée… ils avaient failli s’embrasser deux fois. Et dire qu’elle n’était qu’à une dizaine de mètres de lui. Pourquoi ne pas la rejoindre ?

Quand cette idée le percuta, il dormait déjà.

La descente en enfer d'Hermione GrangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant