Chapitre 35 : Hermione Granger

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Chapitre 35 : Hermione Granger

« - Si mon maître t’a contactée, ce n’est pas le fruit du hasard. Tu m’as récemment dit que tu aimerais beaucoup le rencontrer, qu’il doit avoir des connaissances de magie noire dépassant l’entendement. C’est exact.
- Tu me fais un condensé de ce que je te dis, remarqua Hermione, agacée.
- Oui ; mais c’est nécessaire. S’il t’a contactée, c’était pour ne pas perdre Drago et pour aussi se présenter à toi.
- Tu vas me dire qu’il est amoureux, peut-être ?
- Non, Hermione. Mais depuis quelques temps, le Lord te convoite. Et je lui rapporte souvent ce que tu deviens. Il t’estime beaucoup et voudrait partager ses pouvoirs avec toi.

Elle parut assimiler la nouvelle.

- Et que tu portes son enfant.
»

Hermione ne pipa mot et ne laissa rien paraître qui pût faire croire qu’elle l’avait entendu. Ses iris avaient viré au noir, mais quoi de plus étonnant ?

Blaise scrutait les autres jouer, tentant d’afficher un air aussi détaché que possible.
Drago effectuait des pirouettes de haute voltige et Blaise le soupçonnait de vouloir rendre admirative Hermione. Il n’osait pas même imaginer ce que Drago ferait s’il savait de quoi ils discutaient en ce moment-même.

- Je comprends que tu aies besoin de temps afin de fixer où sont tes intérêts, précisa Blaise.
- Mais mon choix est fait, Blaise.

Il tressaillit longuement et se tourna vers elle, tendu à l’extrême.

- C’est hors de question. Je ne suis absolument pas intéressée.

Drago avait raison depuis le début, cette mission était vouée à l’échec. Comment avait-il pu être aussi aveugle et se masquer cette vérité ? Comment avait-il pu y croire ne serait-ce que l’espace d’une seconde ? Alors sept mois ? Il se trouva très sot.

Il supposait bien l’image nerveuse qu’il devait envoyer et s’en mortifia. Hermione allait croire qu’ils s’étaient rapprochés d’elle uniquement dans le but de la mission et il perdrait en plus une amie…

- Donc, l’entrainement à la magie noire, le rapport sur moi… Vous m’avez pistée. Je ne représente que l’appât qui vous propulserait vers un gros butin ?
- Non ! s’exclama Blaise, scandalisé autant de ses pensées que de voir ses prédictions se réaliser. Au début, nous- j’avançais dans cet objectif, puis j’ai découvert quelqu’un de spontané, de compréhensif, Hermione, j’te jure poupée que tu fais entièrement fausse…
- Une très chère amie qui t’a envoyé à St Mangouste, Blaise. Il est temps de voir les choses en face : peut-être que l’on a rien à faire ensemble. Que si cette mission n’était jamais arrivée, nous n’en serions jamais venus à parler ensemble. Dans cette histoire, tout ne desservait que vos intérêts à toi et l’autre blondinet.

Le blondinet en question effectua une magnifique feinte et remonta en chandelle. Mais aucun d’eux ne s’en rendit compte.

- Tu sais, je ne suis pas certain de comprendre ton point de vue, avoua Blaise. Moi, j’ai plutôt envie de remercier cette mission. Elle m’a permis de rencontrer une lionne sauvage et très turbulente, mais avec un fond aussi pur et doux que du miel, susurra-t-il. Car oui, jamais nous n’en serions venus à nous rapprocher de nous-mêmes sinon, Hermione.
- Un fond aussi pur… Pur. J’ai l’impression que la pureté s’assimile à l’innocence et que cela fait bien longtemps que je ne suis plus innocente, souffla Hermione en réajustant une mèche de cheveux derrière son oreille.

Drago, ne pouvant supporter davantage de se tenir éloigné d’eux, se posa finalement à leurs côtés. Mais leurs mines graves le rendirent silencieux. Il s’attendit au pire : peut-être étaient-ils redevenus proches ces deux-là ? Quel était donc ce soudain mutisme ? Pourquoi s’interrompaient-ils à son approche ?

Il interdisait à Hermione les contacts avec Nott et Fletchey, mais que ferait-il si Blaise fréquentait Hermione ? Car cela était arrivé en début d’année, et ce pendant une certaine période.

Des voix interrompirent sa pensée. Potiron et Luna se dirigeaient à grandes enjambées vers eux. Et lorsque Drago interpella le regard que se lançaient Lovegood et Blaise, il sut que ses spéculations étaient entièrement fausses. Ils étaient amourachés l’un de l’autre à un point dépassant l’entendement. Hermione n’intéressait absolument plus le métis.

La Serdaigle se jeta sur les genoux de Blaise et Potter demeura droit, stoïque, examinant froidement Hermione. Qu’avait-elle fait, encore, pour qu’il soit aussi furieux ?

- C’était une ruse, n’est-ce pas ? murmura-t-il, la gorge nouée, tremblant.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, rétorqua Hermione, exaspérée.
- Tu es venue, dimanche dernier, tu m’as provoqué, tu as insulté mon père. Tu l’as fait pour que je sois puni de Quidditch et que tu écroules tout, que tu prennes ma place lors du match. Tu veux me briser, c’est ça ? Nuire un à un à tout ce que j’ai de plus cher ?
- Potter, franchement, tu nages en plein délire, ricana-t-elle. Va prendre une potion de sommeil sans rêves et rappelle-moi quand tu seras sobre.

Blaise et Luna s’embrassaient à pleine bouche, pimentant le débat de légers gémissements.
Drago demeurait muet, fixant tour à tour Potter et Hermione. Etait-ce vrai ? Elle l’avait provoqué dans cette visée ? C’était fourbe tout de même.

De loin, la scène ne reflétait rien de très amical et ce fut sûrement sur cette pensée que Pansy les rejoignit, inquiète de la tournure que pouvaient prendre les choses.

Drago se remémorait très bien le malaise d’Hermione suite à la magie noire. Et la baguette fermement serrée dans son poing, il patientait, au cas où il doive les séparer si une bagarre s’enclenchait.

- Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi, Granger ! tonna Potiron.

Elle se redressa, désormais intéressée.

- Alors pourquoi viens-tu me coller ? Je ne t’ai rien demandé. Tu veux que je te rappelle où se situe la cage des bouffons ou bien tu retrouveras seul le chemin ?
- Ne joue pas à ça avec moi… J’ai bien vu ton jeu hier. Tu as raté volontairement le vif, et vu comme Ginny tremblotait, tu l’as terrorisée dans les vestiaires.
- Elle n’a pas besoin de grande chose pour s’effrayer. Pars, avant que je ne fasse quoi que ce soit de regrettable.
- Je vais devenir fou, tu me cherches depuis des mois, Granger, grogna Potter.
- Tu vas commettre quelque chose d’ennuyeux, vire le plancher. Tu crois qu’en menaçant deux fois une préfète-en-chef en une semaine, tu vas t’en tirer à bon compte ? Tu risques plus que l’exclusion.

Au loin, une silhouette accourait. Ses cheveux roux luisaient dans la journée grisâtre.

- HARRY ! hurla Ron. Harry !

Son souffle était haché et il s’arrêta aux côtés de son ami, alarmé.

- Mais qu’est-ce que tu fous ? T’es devenu cinglé ou quoi ? murmura Weasel, écarlate.

Luna entreprenait de faire un suçon à Blaise, et le bruit rappela vaguement une ventouse. Drago et Pansy, toujours tendus, dévisageaient les trois anciens amis se défier du regard. Ils en avaient oublié l’entrainement qui se déroulait dans leur dos, imperturbable.

Hermione sentit ses yeux noircir avant même que l’effet ne se produise. Elle se détourna brusquement, les iris la brûlant comme rarement. Elle se cramponna au banc, les paupières closes. La douleur envahit sa tête, frappant contre ses tempes et son front.

- Her- Granger ? souffla Potter, inquiet.

Restait-il un fond amical malgré toute cette haine ? Ou bien était-ce ce reste de sentiment amical qui produisait la haine de Potter ? S’en voulait-il de ne pas avoir su la protéger ? D’éprouver encore de la sympathie pour elle malgré tout ce qui les séparait désormais ?

Weasley serra sa main autour de l’épaule de Potter.

- Viens, on a assez perdu notre temps, Harry. Je te le dis…

Ils s’éloignèrent, mais le Survivant ne cessait de se retourner sur Hermione, à moitié à terre, et ses yeux émeraude scintillaient de peur.

Drago s’accroupit au niveau de la jeune femme et caressa sa joue. Elle était brûlante.

- Hermione, ça va ?

Blaise émergea de sa torpeur et se pencha à son tour. Luna lui murmura quelque chose et battit en retraite.

Mais les trois Serpentards s’affairaient autour d’Hermione, qui devenait difficilement contrôlable.

- Je dois le tuer, marmonna-t-elle. Il le faut.
- Non, tu ne tueras personne, claqua sèchement Pansy. Tu te calmes de suite. Respire. Souffle. Bien, très bien.

Finalement elle revint lentement à elle et Drago ordonna à Pansy de reprendre son entrainement. Elle obéit tout en rivant son attention sur la Gryffondor.

Drago la releva d’une poigne puissante. Son visage avait beaucoup pâli.

- Dis-moi Hermione, ça t’arrive de dormir ? se moqua-t-il.

Elle haussa les épaules, soit ne voulant lui répondre, soit incapable.

- Peut-être faudrait-il freiner la magie noire ? tenta Blaise.

Hermione ouvrit brutalement ses yeux charbon et ils poignardèrent le métis.

- Ce n’est pas parce que j’ai refusé ta mission que tout va s’arrêter là, Zabini ! siffla-t-elle.

Elle les quitta brusquement et d’une démarche chaloupée, regagna le château. Drago la suivit du regard ; atterré, avant de se rabattre sur Blaise. Que venait-elle de prononcer ? De quelle mission parlait-elle exactement ?

Zab n’avait tout de même pas osé ? N’est-ce pas ? Sous son nez ?

Drago bondit sur son ami et le saisit à la gorge, avant de le secouer dans tous les sens, balbutiant des menaces. L’autre ne fit rien pour le retenir, se laissant être traité comme un prunier, hagard.

Pansy réapparut aussitôt, horrifiée. Elle rata même son atterrissage et faillit s’effondrer dans la rambarde. Elle parvint, après s’être habilement rattrapée, en dégainant sa baguette, à les écarter l’un de l’autre. Puis expliqua aux autres joueurs que l’entrainement était terminé. De toute façon personne n’était très motivé et certainement pas le capitaine…

Enfin, si, motivé, mais pour accomplir un meurtre.

- Les garçons, je crois que ce n’est pas l’endroit approprié pour tenir cette discussion, si j’ai bien compris ce qu’il s’est passé.

Drago l’incendia d’un regard mais ne dénia pas ses paroles. Une envie le brûlait atrocement d’étrangler le métis… Mais ce qu’avait dit Hermione lui revint en mémoire. Elle avait refusé ? Il tenta de se persuader que tout était faux. Qu’il avait mal saisi.

Ils se changèrent et se pressèrent sur le chemin du retour : une pluie fine les assaillit.

Enfin nichés dans la cuisine des elfes, confortablement installés, et bien près des volutes de chaleur que laissaient filtrer les centaines de casseroles, ils soufflèrent.

Un thé leur fut servi, ainsi qu’un excellent cake aux fruits, et un tiramisu dans lequel Pansy plantait de vigoureux coups de cuillère.

- Mais c’est excellent ! ronronna-t-elle. C’est très bon, avec ce léger côté alcoolisé et puis…
- Pansy, on n’est vraiment pas venus ici pour parler cuisine, la coupa sèchement Drago. Qu’as-tu dit à Hermione ? poursuivit-il en se tournant vers Blaise.
- Je lui ai révélé la mission sous un coup de …
- TU AS QUOI ? hurla Drago en se relevant.

Dans son élan, les mains crispées, il renversa la table. Les tasses, la théière et le cake glissèrent misérable au sol, tandis que Pansy rattrapait le plat de tiramisu avec crainte.

- Non mais t’es farci ou quoi ! répliqua-t-elle. Heureusement que je l’ai sauvé !

En revanche, les elfes de maison, paniqués, se précipitaient, ramassaient et balayaient en s’inclinant. Leurs grands yeux furetaient partout et ils s’agitaient en tous sens.

- S’il vous plait monsieur, calmez-vous…
- Oui, oui monsieur… Si le cake ne vous plait pas…
- Djinky peut vous faire un autre thé, monsieur…

Blaise, pas le moins du monde effrayé, l’observa placidement.

- C’est bon, t’as piqué ta crise, on peut parler maintenant ? claqua-t-il.

Drago lâcha la table et la remit sur ses pieds. Pansy y déposa son récipient, tout en l’enroulant dans ses bras, prête à le soulever au moindre signe.
Les elfes déposaient déjà un autre thé, au gingembre, et qui laissait un filet parfumé s’échappait. Ils posèrent également un second plateau de tiramisu, songeant qu’avec la jeune femme, il ne serait pas éjecté au sol.

- On poursuit dans le calme ? se moqua Blaise en se servant une tasse pleine d’arômes.
- Vas-y, grinça Drago en croisant ses bras.
- C’est elle qui t’a sauvé à l’hôpital. Elle me l’a dit, le Seigneur des Ténèbres l’a contactée afin de te sauver et du coup, elle a provoqué Potter pour pouvoir passer par l’entrée des malades, si j’ai bien deviné. Et elle voulait savoir comment le Seigneur savait qu’elle pratiquait de la magie noire. Cela m’a paru l’instant opportun.
- Zabini, je croyais t’avoir dit que j’abandonnais la mission, grinça Drago.

Pansy se tourna vers lui, effarée. Alors ça, c’était grandement intéressant.

- Sérieux ? s’écria-t-elle, la cuillère pleine de gâteau suspendue en l’air.

Mais Drago percevait son propre cœur s’emballer. Hermione avait subi le sectusempra pour lui. Elle était venue uniquement pour lui.

- Je m’en fous de tes conneries mec, on a une mission, on la termine, basta. En plus, j’ai cru qu’elle allait me dire que le Seigneur le lui avait proposé. Car il est quand même en colère qu’on ait mis autant de temps… Alors…
- Elle a dit non, pas vrai ? demanda Pansy en attaquant le second plateau de tiramisu.
- Elle a dit non, confirma Blaise. On est foutus, Drago.
- Je le savais, soupira le blond. Je te l’avais dit, c’était voué à l’échec. Aucune logique dans cette idée. Même en faisant une approche de dix ans avec de la magie noire à grande échelle, ça n’aurait jamais marché. Porté son gamin, tu vois l’avenir un peu ?
- Oui, et puis Drago préfère se réserver l’avenir d’Hermione, avoua malicieusement Pansy en souriant de toutes ses dents.

Drago parvint à ne pas trop rougir.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, rétorqua Drago. Il s’agit d’une femme comme une autre.
- Oui, comme n’importe quelle autre… Vous avez l’air d’être très souvent ensemble, en ce moment. Ou plutôt, je veux dire que vous ne passez jamais de temps l’un sans l’autre…
- Et toi, on t’en pose des questions ? s’agaça Drago, conscient de tout cela.

Pansy eut un rire de gorge qui les troublèrent.

Elle avait tellement évolué depuis le début de l’année. Son silence, ses regards froids et lointains, le manque évident de préoccupation qu’elle pouvait avoir à l’égard de ses amis… Tout avait reviré. Elle avait toujours été très observatrice mais elle devenait compréhensive aussi, et plus humaine.

La brune avait toujours pris soin des vêtements qu’elle portait, mais depuis quelques temps, ils s’étaient sensiblement rendus plus moulants, plus attirants.

- N’empêche Blaise, j’aurais préféré qu’elle ne le sache pas. Elle va croire que nous faisons tout par intérêt.
- Comme de bons Serpentards, ricana Blaise en avalant une gorgée de thé.


HHHH


Pansy était assise sur le sofa, seule dans la salle commune des préfets-en-chef. Hermione était Dieu seul savait où, et les deux autres hommes, enfermés dans la chambre de Drago, à dialoguer.

Ils discutaient certainement de leurs pulsions incontrôlables. Quoi qu’elle savait que Drago avait bien calmé ses ardeurs, se concentrant uniquement sur Hermione, et que Blaise lâchait difficilement Luna.

Un « crak ! » sonore l’alarma et elle se redressa d’un bond.

Dipsy se précipita sur elle.

- Miss, je viens au rapport.
- Parfait, dis-moi vite tout, murmura Pansy en insonorisant la pièce.
- Il prévoit de s’emparer du ministère de la magie le deux avril, miss. Dipsy n’a pu savoir que cela. Je vous tiendrai au courant de leur stratégie. Ils ont abandonné pour Gringotts, mais Poudlard sera bientôt leur cible.
- Très bien, Dipsy. Crois-moi que ceux qui doivent être informés le seront, assura Pansy en souriant largement. La potion ?
- Elle est presque prête. Je fais aussi vite que possible.
- Oui, je sais bien. J’ai calculé pour la mi-avril, moins d’un mois donc.
- Ce sera à peu près ça, acquiesça l’elfe. Le maître Lucius m’appelle.

Elle s’inclina et disparut au même instant. Pansy soupira de satisfaction.

Des grognements rageurs s’élevèrent de l’autre côté du tableau. Une dispute tumultueuse éclata entre le Chevalier du Catogan et un élève. Mais l’élève incendiait bien plus le portrait, ne laissant pas même le temps au Chevalier de riposter. Il s’avéra qu’il s’agissait d’Hermione, car elle entra en trombe, balançant son sac par terre.

Ses cheveux frisés avaient pris la pluie et semblaient avoir doublé de volume. Son habit dégoulinait d’eau et à en juger par son expression, elle était furieuse.

- Mimi Geignarde a encore explosé toutes les toilettes, au moment où je passais ! ragea Hermione à Pansy. Cette garce, si elle était élève, je l’aurais collée pour sept ans !
- Ne serait-ce la voix délicate et pleine de saveurs d’Hermione ? rit Blaise en émergeant. Oh, tu as pris une douche habillée, c’est bien vu. Est-ce que tes cheveux auraient par hasard rencontré un Bourkus aux Chatoyantes couettes ?

Le hurlement enragé et le sort de furoncle qu’il reçut durent l’informer sur ce qu’il en était réellement.

Drago s’esclaffa avant de dévaler les escaliers. Il s’approcha d’Hermione d’un pas languissant, mais elle ne lui accordait toujours aucune attention, retirant précautionneusement sa veste trempée.

C’était la première fois qu’il la revoyait en sachant qu’à présent, elle connaissait la raison de leurs rapprochements et la mission. Il perçut un apaisement le parcourir des pieds à la tête lorsqu’il constata qu’elle l’observait comme ce matin ou hier soir. Sans animosité, avec le même intérêt.

Rien n’avait changé. En revanche, pour ce qui était de Blaise qui tentait de se rappeler du contre-sort, il n’en était pas certain.

- Hermione, pourrais-je avoir une de tes mèches ? Je voudrais jouer avec ma maquette de Quidditch et tu es bien la seule qu’il me manque du château entier, avoua-t-il avec un sourire en coin.

Elle lui tendit un cheveu qu’elle avait arraché et s’engouffra dans la salle de bain sans un mot.

- Allez Blaise, on s’entraine et l’année prochaine, on les bat tout ! se réjouit Drago en lui retirant les furoncles d’un coup de baguette.
- Mec, commença Blaise à voix-basse, paniqué, le dévisageant comme s’il était fou. L’année prochaine on ne sera pas là, c’est notre dernière année… et on sera sûrement déjà morts.

Toutefois, cela ne les empêcha pas de débuter une partie à laquelle Pansy se joignit, toute guillerette. La tête emplie de stratégies. Mettant de côté la panique qui allait ronger leurs nuits.


HHHH


Etant dimanche, les deux préfets durent partir effectuer leur ronde. Drago percevait un certain malaise hostile provenant de la Gryffondor, et cela eut le don de l’inquiéter. Après tout, se pouvait-il qu’elle doute réellement des raisons qui le poussaient à passer du temps en sa compagnie ? Raisons qu’il ignorait d’ailleurs. Mais il était aussi très souvent avec Pansy, il n’y avait pas de réelles différences.

Enfin, si, il y en avait bien une, il n’embrassait pas Pansy. Cette idée lui fit froncer les sourcils. Dans ce cas, Hermione et lui étaient de très bons amis avec une certaine attirance physique, voilà ! Mais s’agissait-il d’une attirance, sans toucher la personne dont on rêvait pendant un mois entier, alors qu’on vivait avec elle et avait dormi avec elle ?

Et penser à elle toute la journée relevait-il également de l’attirance ? Il secoua sa tête, tentant d’oublier toutes ces questions sans réponse. Cela menaçait de le rendre entièrement aliéné.

D’un autre côté, l’aveu du sauvetage à St Mangouste l’emplissait d’une sensation indéfinissable. A chaque fois qu’il se le remémorait, son cœur accélérait et un frémissement agréable l’ébranlait.

- Blaise m’a dit qu’il t’avait parlé, débuta-t-il.
- C’est exact. Tu ne comptais pas le faire, n’est-ce pas ?

Drago devait faire très attention, il s’avançait en pente extrêmement glissante.

- Le maître est très important pour moi mais… je redoutais que tu penses que je trainais avec toi uniquement pour t’attirer dans ses…
- Trainait ? répéta Hermione en se tournant vers lui. On ne fait que trainer selon toi ?

Il le savait bien, avec les filles, qu’importe les phrases les plus ingénieuses, elles trouvaient toujours le mot avec un sens de trop, ou bien qui avait eu une certaine accentuation révélatrice. Et Hermione ne se dérogeait pas à la règle.

- Euh…
- Parce que toi, tu embrasses souvent une fille qui t’interdit de fréquenter quiconque d’autre et tu empêches souvent une fille de voir d’autres gars ?

Elle s’était arrêtée et le considérait, droit dans les yeux. Drago déglutit péniblement. Tout cela était la faute de Blaise, pourquoi ce nabot n’avait-il pas été capable de se la fermer ?

- Non, finit-il par chuchoter.

Mais où donc était le grand Drago Malefoy ?! Allait-il ainsi la laisser lui marcher sur les pieds ? Cela dépendait si…

- Non, répéta-t-il, c’est assez évident. Mais… c’est différent.
- Bien sûr.

Il attrapa sa taille et ils reprirent leur marche, silencieusement. Malgré cette étrange pause dans la discussion, Drago voyait que leur proximité était relativement revenue.

Lorsqu’ils regagnèrent la salle commune, elle se dévêtit jusqu’à être en sous-vêtement et alla chercher un pot de crème. Mais elle demeura dans sa chambre.

Drago ne pouvait retenir davantage son envie de revoir le corps contre lequel il avait été serré une nuit durant ; aussi, il la suivit. Frictionnant lentement et savamment sa peau, elle s’enduisait de la crème, tentant d’amoindrir les cicatrices du sectusempra.

Drago savait qu’elle avait demandé au médicomage de St Mangouste de lui en faire parvenir encore, les résultats n’étant pas assez perceptibles.

Il lorgnait ses mouvements, caressant lentement des yeux ses formes qu’il ne souhaitait que presser contre lui.

Elle tenta d’en étaler dans son dos mais l’accès était restreint et elle s’agaça à persister.

Drago s’approcha et lui prit le pot des mains. De ses doigts chauds, il étala un sillon sur sa peau satinée. Elle frémit et les poils de sa nuque se hérissèrent peu-à-peu.

Il y déposa un baiser, puis poursuivit son léger massage, pétrissant doucement les marques endolories.

- Jusqu’où tu n’irais pas pour moi, murmura-t-il, conscient de la douleur qu’elle avait dû endurer.
- Décidément, Blaise raconte vraiment tout, pouffa-t-elle, plus du tout en colère.
- Oui, il est chez Blaise des points féminins bien plus présents que chez Nott. Et… Hermione, ajouta-t-il, hésitant, sans arrêter sa langoureuse caresse.
- Oui Drago, je t’écoute.
- Je t’assure que je…-il chercha vite le bon mot- passe beaucoup de temps avec toi car j’en ai envie. Rien d’autres.
- De toi, je le sais bien, je percevais très bien ton animosité en début d’année. Je ne crois pas que tu te sois forcé un seul instant. Blaise par contre, peut être très hypocrite.

Il se rendit compte soudain, que cette mission le bloquait beaucoup. Que c’était elle, depuis le début, qui réfrénait en majeure partie, ses volontés. Depuis qu’Hermione avait donné sa réponse négative, même s’il en était sûr, il était libre, soulagé, un grand poids s’était ôté de ses épaules. Et désormais, chaque seconde passée avec elle lui offrait l’envie de l’être encore plus.

C’était étrange, lui qui avait juré qu’il serait l’unique Serpentard qu’elle n’aurait pas… De s’apercevoir à quel point elle l’avait ensorcelé. C’était une attirance physique assez envahissante tout de même.

- Tu sais Drago, débuta-t-elle, confuse. Je… j’avais très bien dormi avec toi l’autre jour. Et je me souviens que tu te préoccupais de mon sommeil, tout à l’heure.

Son cœur rata un battement. Puis un second. Mais il s’obligea à poursuivre son parcours manuel, sans quoi, elle remarquerait sa fébrilité et l’état dans lequel l’avait mis son petit speech.

- Enfin, sans coucher ensemble, Drago, mais juste, nous deux, tu vois ?

Il avait parfaitement bien interprété le sens de sa phrase. Seulement, qu’elle soit totalement lucide et aucunement en état de faiblesse étayaient bien oh ! combien ils aimaient passer du temps ensemble, désormais. Et que c’était réciproque.

- Je n’y vois aucun problème.

Il pouvait un peu patienter, toutefois. A présent qu’il avait compris les raisons qui l’avaient retenu loin de leur intimité, il se sentait de taille à les braver.

Elle se retourna en lui souriant. D’un coup de baguette, elle éteignit toutes les lumières, tant des chambres que de la salle commune.

Hermione se jeta sur lui et ils basculèrent sur le matelas. Son corps presque nu contre le sien, chaud, vibrant, palpitant. Sa langue autour de la sienne, ses lèvres qui se mouvaient en rythme avec les siennes. Il n’y avait qu’elle, sa douceur, ses yeux chocolats et son parfum vanillé qui embrumait son esprit.
Cela lui rappelait vaguement une scène, sauf que cette fois-ci, ni Blaise ni Pansy ne viendraient les interrompre.


HHHH


La journée du lendemain passa rapidement. Drago devait exercer chaque nouvelle technique à chaque cours, et ce depuis une semaine. Les professeurs se sentaient très impliqués dans l’épuisage de ses hormones magiques.

Il avait calculé qu’il se dépensait, sur le plan magique, au moins six heures par jour. Jamais la pratique n’avait autant orchestré les cours. La pratique et la pression.

Les ASPICS approchaient dangereusement et les professeurs paraissaient plus les menacer que les avertir.

Hermione aussi, était assez en rogne. La calcination de ses affaires de travail par Drago rendait très complexes ses révisions : elle devait refaire ses fiches de révision et cela lui prenait un temps considérable.

Le soir, réunis à la table des Serpentards où ils dinaient, Hermione écrivait encore. Elle rédigeait les cours de deuxième année désormais et avait conclu qu’elle aurait conclu pour l’ensemble des sept années de travail d’ici fin avril.

- C’est n’importe quoi Hermione, tu as Optimal dans toutes les matières, soupira Davis, agacée. Donne-nous plutôt ton savoir, nous on en a besoin !
- Tu n’as qu’à travailler, rétorqua Hermione en avalant une cuillère de potage.

Drago lisait par-dessus son épaule tout en poursuivant son diner.

- La salamandre est aussi une pierre, corrigea-t-il. On la trouve au Nord du Brésil.
- Oui, mais je réserve ça à l’autre parchemin, expliqua Hermione. Je croyais qu’elle était plus vers le Mexique…
- Drago ! s’exclama Millicent Bullstrode en prenant place face à lui. Tu ne devineras jamais.

Pansy leva les yeux au ciel : la vie passionnante et littéralement captivante de Millicent. En vérifiant, se demandat s’il songeait à la même chose, elle s’aperçut que Blaise fixait la table des Serdaigle, l’une d’elle plus particulièrement, d’un air renfrogné. La Lovegood était-elle moins compétente que ce qu’il fanfaronnait ?

- Kathlins sort avec Weasley.
- N’importe quoi, claqua sèchement Hermione, sans relever la tête.
- Bien sûr que si, c’est pour ça qu’on ne la voit plus et que Weasley ne te court plus après.
- Non, Kathlins est en retenue et depuis que j’ai dit à Weasley ce que je pensais de lui, il a du mal à me sentir.
- Eh bien on les a vus tout à l’heure ensemble, très près et s’isolant. Et de ce qu’il se dit, c’est justement car elle est en retenue très souvent que tout le monde l’ignorait. Je le tiens d’une amie qui a parlé à Patil des Serdaigle qui le sait de sa sœur Patil des Gryffondor !
- Bon c’est tout de même une bonne nouvelle, me voilà débarrassé d’un boulet, dit Drago. Qui se ressemble s’assemble.
- Un boulet que tu as bien aimé enfiler, railla Pansy en se levant.

Drago l’observa décamper, dérouté. Bullstrode se retira également, et Drago reporta son attention sur Blaise, qui l’étudiait de manière admirative.

- Tu t’es fait Kathlins ? Mais alors t’es pas gay ! C’est pour ça que tu ne me fais plus d’avances !
- Zab, va te noyer dans le lac…
- Tu m’agresses ! s’exclama le métis. Mec ! ca fait deux semaines que tu l’as pas fait alors, pas vrai ? Parce que t’es toujours très irritable quand tu…
- Entoure toi de béton avant de te jeter à l’eau, taquina Hermione.


HHHH


Pansy parcourut son visage de sa main, caressant sa puissante mâchoire, puis se fondit autour de sa nuque, la saisissant. Elle plaqua sa bouche contre la sienne et ferma ses paupières.

Un gémissement lui échappa mais le placard était insonorisé, aussi s’en moquait-elle. Il venait de lui pincer la cuisse.

- Pansy, j’ai envie de toi, murmura-t-il.
- Oui, vilain garçon, je m’en doute bien… Mais c’est un peu étriqué ici, peut-être.
- Oh, je ne suis pas sûr, grogna-t-il.

L’homme ouvrit son chemisier, bouton par bouton, et approcha sa bouche de sa poitrine encore couverte.

- Tu vas me faire avoir une attaque, avoua Pansy, rouge pivoine.
- Mm…

Il mordillait son sein au travers du tissu et elle soupira de bienséance. Inconsciemment, ses hanches cherchèrent les siennes et elles ondulèrent souplement.

- Dis donc, tu ne tiens plus, marmonna-t-elle.
- Ca a été pire quand je t’ai vue hier, et que je ne pouvais pas…

Ils perçurent des bruits de pas dans le couloir et se raidirent. Qui pouvait donc se déplacer dans le château à cette heure-là de la nuit ?

Les talons résonnaient à chaque contact sur le sol. Ils se rapprochaient d’eux. Pansy dégaina sa baguette, prête à jeter un Oubliettes à celui qui les attraperait, eux deux, dans cette position.

Mais la personne eut un léger rire, très bas, très doux, et Pansy se détendit aussitôt en souriant.

- Discrétion est le mot-clé, chuchota Hermione avant de s’éloigner, toujours rieuse.


HHHH


Drago tomba à la renverse sur le canapé, manquant de peu d’écraser le chat d’Hermione. Celui-ci l’esquiva d’un bond souple, dans un miaulement féroce, avant de revenir se nicher sur son ventre.

Drago caressa son pelage noir et huma profondément le parfum qu’il dégageait, véritable incarnation de sa maitresse.

- Tu sais, débuta le blond en le vrillant de ses iris grises. Je ne sais pas comment tu fais pour rester stoïque face à ta maitresse. Elle est tellement belle… et bien foutue. Et agréable à vivre. Finalement, ce n’est pas plus mal que ce soit elle que j’ai eue comme colocataire et non Abbot… Alors toi, petit voyou, j’y pense, t’as souvent dû la voir se changer… veinard. Qu’est-ce que je donnerais pas moi, pour être un chat et allait épier les filles… Mais pas un mot à Hermione, elle va m’étrangler sinon… Et Astoria qui me rabâche cette débile histoire de mariage ! Je pouvais pas avoir une panne, le jour où on le faisait ? Non…

Le Serpentard jeta un coup d’œil à sa montre. Il avait métamorphose dans dix minutes, et le temps de trouver son manuel et de gagner la classe… Il poussa un soupir à fendre l’âme et se leva, délogeant le félin. Finalement, il trouva le nécessaire assez rapidement et se dirigea vers la salle de classe.

Les élèves attendaient dehors, le professeur les ayant priés de patienter quelques instants supplémentaires.

Les Gryffondors se tenaient adossés à la porte, mais les Serpentards, pas du tout sur leur terrain, étaient isolés, à plusieurs pas. Drago les rejoignit, remarquant l’absence de Blaise et d’Hermione. Il s’empêcha aussitôt de spéculer sur leur disparition simultanée.

Pansy, les yeux mi-clos, détaillait le sol d’un air passionné. Ou rêveur.

- Pan, ça va ?
- Hein-hein… je suis morte de fatigue mais tout roule…
- Tu ne dors pas ?
- Oh si, mais Milly ronfle de manière charmante la nuit, surtout lorsqu’elle boit un verre de trop, ajouta-t-elle en la fusillant du regard.
- Où est Blaise ?
- Je ne sais pas, lâcha Pansy en souriant sarcastiquement. Mais une tragédie lui est arrivée. Il pleurait dans le parc. Des larmes de crocodiles qui arrosaient toute l’herbe. Tout le monde s’écartait de lui, peut-être a-t-il attrapé une MST avec la Lovegood, c’est possible, on sait pas sa vie à elle.
- Et Hermione ?
- Elle est dans ton dos.

En effet, dévalant les escaliers, elle se rapprochait d’eux. Insatiable, elle rédigeait un parchemin en marchant, et le frotti de sa plume ponctuait chacun de ses pas.

D’un geste de baguette, elle expédia le tout et ouvrit sa besace. Son manuel, la feuille, la plume et l’encre se placèrent rapidement à leur place.

Drago était soulagé de constater qu’elle était entièrement normale, et non comme si elle venait de réconforter Blaise. D’ailleurs il doutait fort qu’elle ait pu aller le voir, elle gardait une certaine antipathie à l’encontre du métis, depuis la révélation de la mission. Il était évident qu’elle ne l’avait pas approché.

Et cet apaisement le décontracta tant qu’il put enfin jeter un regard dans les parages et prendre en compte une Gryffondor. Pas mal, qui l’observait, un petit sourire aux lèvres. Appuyée contre le mur, ses cheveux cascadant dans son décolleté, elle brandissait fièrement sa poitrine en avant. Ses jambes, enroulées d’un collant noir, s’allongeaient et elle prenait une grande satisfaction à les étendre devant elle.

Elle lui offrit un clin d’œil. Depuis combien de temps ne s’était-il pas occupé de la drague et de son plaisir corporel ? Il l’ignorait.

Son attention glissa vers Hermione qui dévisageait la Gryffondor aussi.

- Patil est en extase, c’est incroyable. Elle croit que Kathlins ne t’intéresse plus et voilà… Elle est même capable d’avoir entièrement inventé cette histoire. Gare à toi, Drago Malefoy, siffla Hermione.

Juste pour cette phrase, il aurait été capable d’aller retrouver l’autre et de le faire. Mais un soudent manque d’intérêt et d’enthousiasme le laissèrent immobile.

Les seins tendus d’Hermione dans leur linge blanc, son parfum, ses boucles châtaines, son ventre, ses cuisses, ses hanches fuselées… Tout l’attirait encore plus. Et c’était presque avec dépit qu’il le constatait.

Les prunelles d’Hermione, un doux miel qui luisait, semblèrent jouer avec lui, pétillant un peu plus secrètement lorsqu’il les examina. A lui, rien qu’à lui, pendant un long instant, court et très irréel, infini, immortel. Eternité.


HHHH


Les deux hommes ne détournaient pas leur attention du parchemin vierge.

Le métis, assis dans le confortable fauteuil, gardait sa main suspendue en l’air depuis dix minutes déjà. Entre ses doigts, brillait une superbe plume, le long de laquelle goûtait une encre noire.

Incapable de débuter leur épître, ils la regardaient en silence, attendant qu’elle se rédige d’elle-même. Toutefois, ce procédé qu’ils avaient utilisé chaque mois et qui n’avait jamais fonctionné, ne semblait pas concluant, à nouveau.

Drago se racla la gorge.

- On n’a plus que dix minutes, Blaise, grinça-t-il. On sera le premier avril dans cinq cents quatre-vingt secondes.
- Drago…

L’homme le plus sombre des deux avait sa voix entièrement rauque, et ses yeux brillaient peut-être un peu trop. Drago n’ignorait pas les problèmes qu’il rencontrait avec Luna, mais ces problèmes-là seraient dérisoires s’ils n’expliquaient pas de manière convenable la situation au Lord.

Convenable ou pas, de toutes façons, ils annonceraient le même destin funeste à leur encontre.

Le blond poussa son ami et s’installa à sa place. Il se mit aussitôt à écrire, la main tremblante. Aussi, il effectua de grandes lettres bouclées, afin de laisser son tressaillement ignoré.

« Maître,

Nous avons parlé à Hermione Granger. Elle a refusé. Elle ne sait visiblement pas ce qu’elle rate.

Nous continuons tout de même de la fréquenter afin d’essayer de faire évoluer sa pensée. La magie noire l’influence beaucoup et vous ne lui êtes pas indifférent, cela est certain. Surtout depuis votre récent contact.

Nous restons à vos services,

Vos dévoués serviteurs,

M. & Z.
»

Drago secoua la feuille afin que l’encre sèche. Puis il roula le papier, attacha une ficelle rouge sang qui la boucla. Et l’accrocha à la patte du hibou.

En lui ouvrant la fenêtre, et en le voyant décoller dans la nuit noire, il espéra qu’il mit le plus de temps possible à rallier le manoir Malefoy.

- Je te l’avais dit, Blaise, chuchota le dernier héritier des Malefoy, la gorge serrée.

Leurs regards se perdirent dans la nuit sombre.


HHHH


Il est tard. La nuit est tombée depuis bien longtemps et dans le château, il n’y a aucun bruit, tout s’est tu. Plus rien ne se meut, seuls persistent les roucoulements au loin, des chouettes parties en chasse.

De là où elle se tient, Pansy ne les entend pas. Les cachots sont trop engloutis sous terre.

Elle s’endort à moitié dans un fauteuil, devant les flammes verdâtres qui s’élèvent dans l’âtre. Elle se trouve bien là, de délicieux songes la tourmentent à moitié, son corps frissonne aux souvenirs de leurs baisers et de leurs caresses…

La brune perçoit les profonds et longs battements de son cœur qui tambourinent dans chacun de ses membres gourds. Un doux et léger sommeil l’ensevelit…

Ses lèvres rosées se dessinent dans la pénombre, ses dents qui la croquent lentement, elle plonge dans ses bras, son étreinte l’enveloppe, elle peut aller jusqu’au bout du monde avec lui, elle va y aller, son souffle contre sa peau, leurs hanches unies, ses mains dans sa chevelure, il lui susurre le bonheur qu’il ressent de pouvoir être aussi près d’elle, d’être si proches, qu’ils seront toujours ensemble, que le monde entier ne les séparera pas…

Elle dort enfin, une mèche noire barre ses yeux clos. Son souffle soulève doucement sa poitrine, elle est recroquevillée sur elle-même.

Une présence s’approche d’elle et peu à peu, elle émerge. Son cœur accélère lentement et elle papillonne des paupières, encore dans ses pensées.

Pansy se redresse et se tourne vers Blaise. Elle sursaute en le voyant dans un tel état.

Il est saoul, complètement saoul, il ne tient même plus debout, il est à quatre pattes par terre, ses avant-bras appuyés sur un fauteuil, il est incapable de se soulever. Et ses yeux sont rouges, ses paupières gonflées, des traînées de larmes coulent le long de ses joues blafardes.

Ils se dévisagent silencieusement, puis Pansy se penche vers lui.

- Blaise… tu vas bien ?
- Non Pansy, j’ai envie de mourir.

Elle s’agenouille à ses côtés, et vacille, encore étourdie du sommeil profond dont elle sort tout juste.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Je… c’est horrible, Pan, devrait pas… exister… veux mourir. Me tuer, jeter du pont…
- C’est par rapport à la mission ?
- Luna est ja-lou-seuuuh… m’a plaquééé… je la mériite pas, mériiiite pas de vivre… vais mourir…
- La Lovegood, répète Pansy, sonnée. Mais pourquoi ? De qui est-elle jalouse ?
- Her-mioneuuuuh… parce que je me suis inquiété, Pan, ma poupée, c’est horrible, j’ai mal au crâne, j’ai vomi, je crois que j’ai encore envie de vomir et après j’irai mourir !
- Et dire que c’était un coureur de jupons au début de l’année, ce mec, soupire Pansy. Ces femmes, on vous retape tous…
- Saletés de pulsions ! beugle Blaise.

Pansy tressaille mais se rassure en se remémorant qu’elle a jeté un sortilège d’insonorisation.

- Jalouse, Pan, parce que je me suis occupéééé d’Hermione quand elle a été mal avec la magie noireeuuh… !
- Peut-être qu’elle ne… oh mon dieu…

Il vient de rendre une bonne quantité de ce qu’il a bu. L’odeur nauséeuse manque de faire tourner de l’œil à Pansy mais elle tient bon. D’un récurtive, elle assainit le lieu.

Blaise parait décuver doucement. Il balbutie une histoire sans queue ni tête, couinant entre ses mains, visualisant son propre enterrement. Ce n’est pas gai.

Des petits « plop » se font entendre et Pansy se retourne, la baguette brandie.

Il s’agit des elfes de maison, qui entreprennent le ménage de la salle commune des Serpentards. Très efficaces et silencieux, ils finissent par se faire oublier.

Une heure ou deux passent ainsi. Pansy veille sur Blaise. Son état léthargique diminue et il retrouve peu à peu conscience de l’endroit où il se tient, des raisons qui l’ont amené à être aussi pathétique…

Du côté de Pansy, une fabuleuse idée germe, s’insinue lentement.

- Tu l’aimes beaucoup Luna, Blaise ?
- Plus que ma vie, avoue-t-il d’un air lugubre.
- Et par rapport aux sangs, est-ce que tu y es toujours attaché ?
- Pan, je m’en fous de tout ça, l’important c’est Luna. Je n’aime qu’elle. Je ne vois qu’elle, je ne veux qu’elle.
- Mais elle, qu’en pense-t-elle des sangs ?
- Mais non, elle s’en fout, elle connait des moldus, des nés-moldus, elle s’en fiche, elle aime les gens tels qu’ils sont, elle est vraiment géniale cette fille…Pansy, ajoute-t-il après quelques minutes. J’ai peur.
- Pourquoi, Blaise ?
- Parce qu’on n’a pas rempli la mission pour le maitre, murmura-t-il alors que de grosses larmes réapparaissaient. On va se faire tuer, Pansy, Drago et moi, on va mourir, c’est tout vu… Si l’Ordre gagne, on passera pour le camp du maître ; mais si le maitre gagne, on va se faire zigouiller…

Il enfonce ses poings contre ses yeux, se secouant comme pour sortir d’un mauvais rêve.

- Tu sais, Pansy, je t’aime beaucoup, tu es comme une sœur… et je voulais aussi qu’avec Drago, on puisse te protéger, être assez forts pour ça, être placés haut pour te couvrir et que tu puisses mener la vie que tu voulais…mais c’est l’échec… Et je ne veux pas être responsable de vos pertes. Tue-moi. J’ai tout perdu.

Pansy perçoit son propre regard se charger de beaucoup de tendresses à l’égard du métis. Il lui est cher, lui aussi ; c’est indéniable.

Et cette affection qu’il avoue à son égard, sa serviabilité, son calcul la touchent.

- Que veux-tu que je fasse ? s’enquerre-t-elle.
- Tue-moi et fuis, Pan. Il n’y a rien d’autre à faire, nous sommes tous condamnés.
- Tu le penses ? Si je t’offre la possibilité de te battre pour ce que tu aimes, avec Luna à tes côtés, en te battant pour tes optiques… si je le fais, me suivras-tu ?
- Si j’ai la chance de vous protéger et d’être avec Luna, oui, affirme Blaise en relevant son visage.
- Alors je crois, qu’il est temps que tu saches certaines choses. Je pense que tu seras apte à l’ouvrir. Il faut savoir si l’on veut être son partisan ou son ennemi.

Il fronce ses sourcils mais elle ne lui laisse pas davantage de temps. D’un accio, elle fait venir à elle, le très cher journal intime de Narcissa Malefoy. Les portes s’ouvrent lentement sur le passage du carnet, avant de se refermer.

Elle le lui tend et Blaise tourne les premières pages sans difficulté. Puis il s’enfonce dans sa lecture.

« Ce journal intime appartient à Narcissa Black Malefoy. Je recherche en ce manuscrit, l’apaisement intérieur qu’aucune activité n’arrive désormais plus à me faire atteindre. »

Pansy se souvient très bien s’être endormie. Lorsqu’elle se réveille à nouveau, Blaise termine justement la dernière phrase qui réduit la vie de cette femme à un sursis de quatre mois. Par un malheureux sortilège, en une chaude journée de juillet où son fils était heureusement absent. Et Blaise se rappelle parfaitement qu’il avait invité Drago pendant plusieurs jours à cette époque-là. Puis, plus aucune nouvelle du jeune Malefoy.

Il plante ses yeux dans ceux de Pansy. La force qu’elle y voit est égale à celle qui la transcende.

- Et Drago ?
- C’est mon affaire, Blaise, il ne lui arrivera rien. Je m’occupe de tout pour lui. Mais toi, qu’en penses-tu ?
- Je veux te suivre. Je me battrai contre ça.
- Alors, il n’y a plus qu’un chemin à arpenter, conclut-elle.

Ils quittent la salle commune et se dirigent vers les étages supérieurs. Pansy tient le journal fermement ancré contre son ventre, sous son t-shirt. Car personne n’en connaitra jamais l’existence. Sauf Drago, très bientôt.

Car au loin, dans une autre pièce du château, un homme blond, son corps puissant caché par les draps, serre fermement contre lui une jeune femme aux boucles châtaines. Une amie pour laquelle il ne ressent qu’une attirance physique, mais une amie dont il n’arrive pas à se détacher.

La descente en enfer d'Hermione GrangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant