Chapitre 45 : La liberté acidulée

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Chapitre 45 : Une liberté acidulée



La lente ondulation des vagues détenait toute son attention.


Péniblement, elles se soulevaient et venaient se briser contre le roc. Leur écume recrachait un murmure tari. Une odeur salée s'élevait des flots, et une humidité pesante transparaissait dans l'air.


Il était là. Sur le roc. Quarante mètres au-dessus de la mer qui roulait sans précipitations.


Le journal intime serré contre lui.


Drago ferma ses paupières, retenant les larmes qui menaçaient de le prendre d'assaut depuis des jours.


Ce samedi matin, il avait transplané. Il était parti, vers la Manche. Là où sa mère avait naquis, puis avait grandi. Dans les tracas des flots, qu'elle n'avait jamais été autorisée à approcher. Cela, il le savait des portraits du hall de son manoir.


Il connaissait l'amertume de Narcissa à l'idée de cette eau qu'elle n'avait que pu observer sans l'effleurer autrement que de ses yeux.


Dans son dos, le château des Black finissait de tomber en ruines. Celui de sa mère. Sa prison dorée, avant de finalement rejoindre Poudlard, puis le Manoir Malefoy.


C'était ici qu'il venait lui rendre hommages. La remercier, et lui dire adieu.


Drago s'avança à nouveau, pressant ses yeux, celant ses pleurs.


- Je... je voulais que tu saches..., débuta-t-il, ses prunelles le brûlant, la voix tremblante. Que tu saches que j'ai lu ton... Non, ce n'est pas ça que je veux te dire.


Devant lui, d'épais nuages noirs s'avançaient. Une pluie s'abattait déjà sur la mer. Elle se dirigeait droit vers Drago. Il n'esquissa aucun geste, ne dressa pas sa baguette pour s'en protéger.


Au fond de lui, il savait qu'il avait besoin de cette pluie. Que cette averse tombe sur lui, comme le poids de toutes ses désillusions, le poids des chimères brisées, de tout ce en quoi il avait cru et, qui, aujourd'hui, n'étaient plus.


Alors, lorsque la pluie le martela de son eau acérée, il tomba à genoux. Plaquant le journal contre son cœur, le protégeant d'un sort de la pluie.


- Tu dis que tu as honte, que tu aurais voulu être plus forte, reprit-il, plus bas qu'un murmure. Je te trouve forte d'avoir tenu si longtemps, maman.


Les pleurs coulaient enfin sur ses joues blêmes. Il se berçait d'avant en arrière, laissant ses habits se mouiller alors que l'ondée le perçait à jour.


- J'aurais aimé te comprendre, mieux te soutenir. Que tout soit différent. Je ne te tiens coupable de rien, maman. Je m'excuse des mots que je t'ai tenus, à l'hôpital. Je m'excuse, je m'excuse, je te demande pardon, j'ai été égoïste et ignoble. Je l'ai souvent été, en fait. Peut-être que si je l'avais moins été, j'aurais découvert qui était Hermione plus tôt. Je serai tombé amoureux d'elle, peut-être en sixième année. Ou même avant. Rien ne se serait produit, je l'aurais protégée de Voldemort.

La descente en enfer d'Hermione GrangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant