Chapitre 19 : Rapprochement
Drago ressortit hâtivement du bureau de réunion, éreinté. Il était tout de même heureux pour une bonne raison : Angelina avait eu ce qu'elle méritait.
Rogue, tellement furieux de savoir à quel point son élève avait été humilié, l'avait mitraillée de punitions. Elle repartait pour deux mois de retenues, rajoutés à ceux de Granger, où chaque soir de chaque semaine elle s'occuperait de tâches ménagères avec les elfes de maison, faisait perdre trente points à sa maison, une missive partait pour ses parents, elle aurait double ration de devoirs jusqu'à la fin du trimestre et un mot serait noté dans son carnet scolaire.
Ce n'étaient guère des perspectives réjouissantes.
Enfin, pour elle oui !
D'autres parts, un sujet totalement différent avait été abordé, assez inquiétant et très déplaisant pour Drago. Le directeur devait désormais s'absenter régulièrement et sa présence le soir dans l'école était plutôt rare.
Désormais, Drago effectuerait ses rondes de préfet-en-chef avec Granger afin de mieux assurer l'ordre et de le maintenir, ce qui était plus difficile. Surtout si Potiron se pavanait avec sa cape.
Il rejoignit sa salle commune avec une légère pointe d'exaspération ; leurs horaires avaient changé, puisque leur périmètre de ronde était divisé par deux du fait de leur collaboration.
A présent, de vingt heures trente à vingt-trois heures trente, soit trois heures à passer avec la miss-je-sais-tout, tous les mardis, jeudis et dimanches, il serait de corvée.
Il lâcha le mot de passe sans un regard pour le chevalier du Catogan et entra dans la salle. Il savait que Granger n'y serait pas car elle avait été retenue quelques instants par le professeur McGonagall quant à un projet pour la St Valentin ; projet dont Drago avait déjà dû parler avec la directrice adjointe avant la réunion et étant donné que Granger avait fini tard ses cours de par ses nombreuses options supplémentaires, elle devait parler après avec le professeur.
Drago s'affala sur le canapé en soupirant. Il ne souhaitait pas penser à tous ses devoirs.
Chourave avait demandé deux parchemins sur les effets de la mandragore et, bien plus détaillés qu'en 3ème année, il devait citer dix potions efficaces en santé qui contenait de la mandragore et relever le rôle de la Mandragore dans la potion : et ce, pour le surlendemain.
Binns avait réclamé une maquette magique sur le Royaume-Uni ; devaient s'y situer, les plus grands secteurs magiques, les villes sorcières les plus importantes, les lieux où avaient habité et étaient morts les derniers ministres de la magie ainsi que célébrités connues, les monuments magiques et bien d'autres choses.
Sachant qu'une maquette magique était une maquette en 3D et qu'il suffisait de se pencher pour voir ce qu'on voulait mais de manière bien plus approfondie que celle moldue. C'était comme plonger dans une pensine, concernant le lieu choisi sur la maquette.
C'était un travail particulièrement minutieux et les élèves étaient notés sur la qualité et la précision employées. Ainsi, chacune des personnes qui s'était vue donner ce long devoir, était munie d'un badge qui lui permettait de transplaner sur les lieux-mêmes. Mais il n'était pas aisé de l'employer car l'élève devait avouer sa réelle destination et ne pouvait pas mentir. De plus, là où il se rendait, ce devait forcément être pour le devoir et non une virée shopping. Hélas, aussitôt le devoir rendu, il leur fallait le rendre.
McGonagall avait exigé pour le lendemain un rapport sur les animagus et leurs propriétés de métamorphoses.
Trois parchemins !
Et pour combler le tout, Filtwick leur conseillait, avec un sourire sadique, de relire tous leurs manuels de Sortilèges pour le surlendemain ; il y aurait soi-disant une épreuve.
Non vraiment, même en ne dormant pas une seule seconde, il n'y arriverait pas. Il reconnaissait s'être laissé aller car ces quatre devoirs avaient été donnés plus de deux semaines auparavant et il comptait tout effectuer en une nuit.
Le pire était certainement le fait que Granger avait tout fini et que tout son matériel se trouvait dans sa chambre… Tout… Il n'avait qu'à se lever, jeter un sort de duplication sur l’ensemble, reproduire tout cela et modifier quelque peu l'écriture… Ce n'était pas correct mais… elle avait eu le temps, elle !
Et puis, s'il se dépêchait, elle n'en saurait rien.
Drago bondit sur ses jambes et courut dans la chambre de Granger. Tout était parfaitement rangé et d'une monotonie effrayante. Mais Drago ne voulut pas s'attarder sur la décoration.
Où aurait-elle pu mettre tout ça ? Il se pencha vers le bureau, ouvrit les tiroirs mais il n'y avait que des parchemins, des plumes et des livres. Certaines fois, des lettres, des photos ou des notes.
Le jeune homme fouilla hâtivement son armoire et osa même jeter un coup d'oeil dans la corbeille à linge sale.
Il se laissa choir sur le lit, désespéré. Où avait-elle pu mettre le tout ? Il devait se dépêcher ! Il se redressa et souleva le matelas afin de vérifier que rien n'était masqué en-dessous, contre les lattes du sommier, puis sous le sommier, à même le sol, mais rien.
Elle avait dû jeter des sorts de réduction ou de dissimulation...
Il balaya la pièce du regard et se rua sur un tableau, pressé de se débarrasser de tout cela ; Granger était fille de moldus, de ce fait, peut-être qu'elle faisait comme eux. Il avait lu que les moldus cachaient leurs affaires derrière des tableaux ou derrière des planches de bois bien dissimulées. C'était vraiment ridicule.
Le propriétaire du tableau le toisa avec une moue sardonique.
« Miss Granger ne sera pas satisfaite de vous savoir ici. »
Drago fixa le tableau et essaya de le décoller ou de le faire glisser sur le côté, malgré le sourire narquois de la femme peinte, mais rien. D'un coup de baguette, il tenta un « Accio maquette de Binns ! ».
Il y eut un bruit sourd mais rien ne vint, mis à part quelques paroles de la voix de Granger :
« Cher Malefoy, ainsi que je le supposais, tu as préféré passer ton temps à draguer et à t’entrainer au Quidditch plutôt que d’étudier. Le mien, fini évidemment, est solidement masqué par des sorts et est surtout inutilisable si je n'y touche pas. Sort vraiment pratique. Va travailler, feignant! »
C'était pitoyable. Il sortit en trainant des pieds. Au même moment, Granger entrait dans l'appartement, supérieure. Elle paraissait pleinement informée qu'il avait pénétré sa chambre et l'avait finement étudiée.
- Alors Malefoy, on finit pas son travail ?
- Granger, c'est désespérant.
- Je conçois que faire ses devoirs le soir même, surtout quand on est en 7ème année, c'est désespérant, oui en effet.
Ils se défièrent du regard puis Drago détourna sa tête.
- Granger, tu ne pourrais pas me laisser jeter un coup d'œil sur…
- Non.
- Et pourquoi ? Moi je l'aurais fait pour toi !
Elle éclata de rire et lui-même ne put s'abstenir de sourire devant sa mauvaise foi.
- Granger, j'exige que tu me laisses recopier. Sinon…sinon, répéta-t-il en se levant, menaçant, ayant changé au quart de tour d'humeur. Je m'occuperai de ton sort et tu t'en …
- Je crois bien que tu n'es pas en posture d'exiger quoi que ce soit de moi. En revanche, il me semble évident que tu oublies un point : la vie de Blaise n'a tenu qu'à un fil et c'est moi qui tenais ce fil.
Elle tourna les talons et rejoignit sa chambre sans un mot de plus. Drago sentit la rage croitre en lui, de par son échec mais ajouté au fait qu'elle évoquait un souvenir pareil avec légèreté.
- GRANGER !
- Malefoy, je suis éreintée car moi, je travaille pendant que certains enfilent des femmes telles des chemises tous les soirs et prétextent ensuite un trop plein de boulot acharné. Je te serais donc gré de m'octroyer ce que je n'arrive jamais à avoir en ta présence : LA PAIX !
La porte de la salle de bain vers laquelle elle s'était dirigée tout le long de sa diatribe, son pyjama et une serviette récupérés au passage dans sa chambre reposant dans ses bras, se ferma.
Drago se pinça l'arrête du nez. Qu’elle était insupportable ! Qu'est-ce que ça lui coûtait ? Rien ! Juste un sortilège de duplication… N'était-ce pas censé être naturel entre préfets ?
A pas de loup, le préfet s'avança vers la porte qui venait de claquer sèchement et se pencha.
- Granger, souffla-t-il en collant sa bouche au trou de la serrure de la porte. Es-tu en mal de sexe ?
Il y eut un ricanement alors que l'eau de la baignoire coulait et que des effluves envoutants effleuraient les narines de Drago. Il fronça son nez, agacé d'avoir pensé "envoutants".
Pour autant, il ne se départit pas de ses pensées calculatrices.
- J'en conclus que oui, rajouta-t-il dans un murmure parfaitement audible, d'une voix rendue intentionnellement rauque. Je te propose si tu le souhaites, une démonstration de mes capacités physiques et orgasmiques, à condition d'un petit coup d'œil sur ton …
Alors qu'il était accoudé à la porte, celle-ci bascula brutalement et Granger apparut devant lui, vêtue d'un peignoir fin et mal positionné qui laissait découvrir son cou gracieux, ses épaules délicates, la courbe de ses seins qui pointaient au vent frais du salon, son ventre tendre et ses jambes élancées.
Il rehaussa son regard, un peu trop bas à son goût et un peu trop sournois pour sa survie, et croisa celui de la jeune femme, à la fois perturbé, agacé et … Ses iris tournèrent au noir.
Drago déglutit péniblement.
Mais il se redressa aussitôt en se rappelant qu'il n'avait pas à être intimidé par Granger. Cette phrase l'énerva fortement et c'était surtout dû à l'idée d'intimidation et de Granger dans la même phrase.
- Malefoy. Je vais m'exprimer à nouveau. Je n'en peux…
- Stop.
Il s'avança et réduisit la distance désormais hostile qui les séparait. Toutefois, ils ne se touchèrent pas.
Elle ne chercha pas à fuir sa proximité et il prit note de ce détail qui eût pu paraitre insignifiant mais qui ne l'était certainement pas.
- Une soirée fabuleuse et… pourquoi pas Granger ? Tu connaitrais le meilleur amant de Poudlard et en une nuit, tu oublierais qui tu es, ce que tu es, pourquoi et comment tu es.
- Hein ? souffla-t-elle, ironique. Moi, la sang-de-bourbe, coucher avec le grand Drago Malefoy ? Redescends sur terre Malefoy, il faudrait d'abord que j'en aie envie ! Qu'importent les moyens que tu utiliseras, ce sera tout le temps non. Ta fourberie ne marchera pas cette fois-ci.
Douché par ses paroles glacées, Drago se retourna et partit à grandes enjambées, furieux de lui et la porte se referma dans un claquement sonore.
Il refusait de s'avouer la déception qui le rongeait.
Déjà, il devrait passer la nuit à travailler et encore, il n'aurait pas fini au matin.
Ensuite, il avait songé, quelques instants, que si Blaise avait pu coucher avec, c'était qu'elle n'était pas si terrible et que ça valait mieux que rien.
Enfin, il y avait réellement cru ; profiter d’elle la nuit, et au matin, tout son travail aurait été fait. C'était une frustration et une rage tellement intenses qui s'emparaient de lui qu'il dut déverser sa haine comme il le put et il bondit sur le canapé.
Ce dernier se renversa en arrière et Drago le mitrailla de coups de poing pendant un long moment. Après avoir crié un bon coup son ressentiment et dès qu'il eût rajusté le divan, il s'y étala à nouveau.
Il était écoeuré aussi d'avoir eu de telles pensées envers Granger. Tout cela le perturbait plus qu'il ne voulait l'admettre. Il ne savait pas s'il devait être en rogne de tomber si bas ou si...
Le flegme s'emparait encore de lui.
Il leva à peine les yeux vers Pansy qui entrait et s'installait à ses côtés. Elle semblait troublée et ce fut ce qui intrigua Drago au point qui la toisa sèchement et l'invita d'un signe de tête à lui intimer ses soucis.
- Ton père m'a envoyé une lettre.
Le Serpentard lui fit un geste, lui indiquant de poursuivre.
- Il… Il dit que les affaires de Narcissa prennent trop de place et il souhaiterait s'en débaras…Non ! je veux dire qu'il voudrait …
- S'en débarrasser, c'est le mot juste Pansy, souligna Drago, si nerveux qu'il n'aurait pas supporté de mise en texte. Il ne l'aime pas.
Les commissures de la bouche de Pansy tentèrent de remonter mais elle n'arriva pas et elle fixa le lointain pour ne pas faire part du désarroi qui l'étreignait face à la vie si peu resplendissante de Drago.
Il lui lança une bourrade dans le dos avant de l'étreindre.
- Ta vie n'est guère mieux que la mienne, Pansy. Tes parents ne t'aiment pas et sont avec Voldemort depuis belle lurette.
- Oui, mais je n'ai pas… enfin, ils ne savent rien de moi, ne s'intéressent pas à moi. Je n'ai rien en rapport avec eux, je veux dire que je me moque d'eux et c'est pareil. Mais toi, ta mère, elle …
- Je ne veux pas qu'on continue sur ce sujet pentu. Que voulais-tu me dire ?
- Ton père voudrait que j'hérite des affaires de ta mère.
- Tout ?
- Oui. Il voudrait que j'hérite du tout et que je te donne ce qui t'intéresse, mais cela me paraissait évident.
- Donc, ses robes, ses bijoux, ses…
- La seule chose que je n'aurai pas, ce sont ses souvenirs.
- Mon père les conserve ? s'enquit froidement Drago à l'intérieur duquel un brasier semblait prendre vie, la colère l'enserrant dans un étau étroit qui n'avait cesse de croitre.
- Il est sous-entendu qu'il n'a pas pu avoir ses souvenirs, marmonna-t-elle.
Pansy interprétait mal le courroux de son ami, certaine devant ce subit changement d'humeur qu'il ne voulait pas que les affaires de sa mère lui appartiennent.
En aucun cas vexée mais plutôt compréhensive, elle se tassa sur son fauteuil et bien vite, Drago en comprit la cause, avec un léger amusement acide.
- Mais qu'est-ce que tu vas encore t'imaginer, idiote ?!
- Quoi ?!
- Pansy…, s'exaspéra-t-il, sa tendresse se mêlant à ses émotions entêtantes. Si je suis en colère, c'est pour plein de raisons. Déjà, j'ai une tonne de devoir et même si je possédais de trois nuits entières, je ne les terminerais pas. Second, je…
Elle se leva brusquement et fit mine de sortir.
- Excuse-moi Drago, tu es préfet-en-chef, capitaine d'équipe de Quidditch, un coureur de jupons alors je comprends bien que tu aies du retard et je m'en veux de t'importuner avec tout ça et …
- MERDE ! Pansy ! Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ?! s'exclama Drago en la rejoignant devant le portrait. Tu es mon amie. Si un jour je suis en train de me faire une fille, si belle soit-elle, et que tu as besoin de moi, J-E-L-A-V-I-R-E ! Tu es prioritaire alors arrête de m'énerver avec tout ça ! Mais qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête de linotte ? T'es amoureuse ? Tu fréquentes les Poufsouffle pour être si émotive ?!
- Non, non, Drago mais c'est juste que... euh je t'assure ! Je-euh-euh...ne...
- Tu bégayes, Pansy.
- NON ! Arrête, je t'assure, je ne voulais pas te déranger mais si y a pas de problèmes…
- Ma mère a des affaires personnelles, ok. Tu prends ce que tu veux et tu me donnes ce qui me tient à cœur. Si un jour, je considère ma femme et que je l'aime, ce qui m'étonnerait, mais sait-on jamais, tu lui donneras ce qu'elle voudra.
- Cela me paraissait évident, Drago.
- Et troisièmement, si je me suis mis en colère, c'est parce que je voulais ces souvenirs. Je voulais savoir comment avait vécu ma mère. La voir souffrir lorsqu'elle n'avait pas le droit de m'embrasser…
Sa voix se troubla et il se détourna précipitamment de son amie. Elle s'approcha de lui à pas lents mais il l'arrêta d'un geste de la main avant de lui ordonner de s'en aller.
- Prends soin de toi, Drago, murmura-t-elle. Avant que je n'oublie, ton père te donnera le tout lors de ta mission tu sais où.
Elle sortit de la salle commune des Préfets-en-Chef.
Drago cligna plusieurs fois des yeux, dubitatif de pleurer si facilement. Il se morigéna de perdre autant de temps avec de simples états d'esprits. Au final, Pansy avait réussi à calmer quelque peu sa colère et il se sentait plus apte à étudier.
D'un accio, il attira à lui toutes ses affaires et les arrangea en des tas nets, se convaincant qu'il n'essayait pas par là de faire passer le temps.
Après cela, il demanda à Ticky qui nettoyait la pièce, de lui apporter une bouilloire de café très fort.
La boisson apparut ainsi qu'une tasse au même instant où Granger pointait le bout de son nez, vêtue d'un pull épais et d'un jogging large, son pyjama visiblement. Ses cheveux étaient hirsutes au possible, gonflés par la vapeur d'eau et Drago masqua son sourire amusé.
Elle ne fit aucun commentaire et ne lui adressa pas même un regard ; elle rejoignit silencieusement sa chambre et, pour la première fois depuis septembre, Drago fut soulagé de l'avoir comme colocataire.
N'importe quelle autre fille aurait gloussé et l'aurait collé toute la soirée.
Cependant, il se renfrogna bien vite en songeant qu'elle aurait pu aussi le laisser copier son travail.
Las, il commença ses devoirs.
D'abord, celui de McGonagall avec les animagus. Il fit venir ses livres à lui et commença à les ouvrir.
Il les feuilleta et chercha les pages correspondants au thème donné.
Vite, il trouva et, d'un sortilège qui avait pour but de faire apparaître une lumière fluorescente sans effet sur l’ouvrage, surligna ce qui l'importait.
Il tria pendant une heure le vrai du faux et les qualités des Animagus.
Les trois manuels détenaient des détails importants mais les phrases étaient complexes.
Souvent, pour les déchiffrer, Drago usait de dictionnaires assommants. Le Labrune l'aida particulièrement sur les mots utilisés pour décrire les sensations d'étouffement, de rétrécissement ou d'agrandissement du corps de la personne.
Le café était d'un réel soutien et malgré cela, il ne pouvait s'empêcher de temps à autre de bâiller ou de papillonner de ses paupières si lourdes. Ses yeux le brulaient atrocement et les mots semblaient danser devant eux.
Minuit était passé quand il eut fini ses travaux pour la momie desséchée qui lui servait de professeur de Métamorphose.
Il avait à peu près six à sept heures pour effectuer celui de Binns.
Une pensée peu réjouissante lui traversa soudainement l'esprit ; le lendemain soir, il passerait à nouveau sa nuit à travailler et il doutait fort d'avoir fini de lire les six bouquins entiers et de pouvoir dormir avant les cours.
Il s'enroula dans sa cape tel un zombi et glissa dans sa poche, la liste des lieux à visiter ainsi que sa baguette magique, puis épingla son enseigne de préfet-en-chef qui lui permettrait de sortir sans problèmes dans les couloirs à cette heure nocturne, et celle pour transplaner, conçue pour ce maudit devoir.
Le badge avait un caractéristique rassurant; une fois qu'un élève l'arborait hors du chateau, s'il se faisait agresser et que l'assaillant tentait de s'emparer du badge, ce serait une tentative veine car le badge resterait attaché, qu'importe les sorts usés.
Il décampa précipitamment, tentant vainement de résister à l'appel de son lit, jetant un coup d'œil au chat de Granger roulé en boule sur le canapé depuis qu'il avait commencé le devoir de Métamorphose, à la lueur des flammes de la cheminée. Il paraissait dormir.
Ticky était partie depuis longtemps.
Drago rejoignit rapidement la sortie de Poudlard sans rencontrer de problèmes.
Une propriété du badge aussi : si des mangemorts trainaient dans le coin ou que des sorts d'attaques étaient lancés, il bravait, seulement pour l'élève qui le portait, toutes les protections du château et le reconduisait dans celui-ci, en sécurité.
Drago transplana et commença alors une longue nuit.
Tout d'abord, le plus déplaisant : Godric's Hollow. Arrivé, il pointa sa baguette vers le ciel et lança : «Comp Creationis ! ».
Alors, puisant dans ses forces, il contempla, les yeux bien ouverts, tout le paysage, ne manquant pas un détail des maisons sorcières qui se profilaient au loin, des décorations magiques que seuls les sorciers pouvaient voir, de la maison des Potter qui se profilait au loin, de celle de Bathilda Tourdesac, de celle des Dumbledore, du cimetière, de l'Eglise…
Une vue panoramique.
Peu à peu, son corps s'éleva dans le ciel et lorsqu'il fut à environ vingt mètres de haut, le sort s'arrêta et il retomba doucement sur ses pieds.
Dans sa main, un globe représentant tout Godric's Hollow reposait. C'était une partie de maquette qui serait jointe à celle du Royaume-Uni.
Maintenant, il devait fignoler et approfondir certains détails requis.
Marchant vigoureusement, il rejoignit chacune des maisons citées précédemment et effectua le même procédé à chaque fois mais en entrant dans la maison, à la différence du village.
Et là, sa baguette inspectait les lieux avant de revenir. Le globe scintillait puis clignotait pour confirmer qu'il avait enregistré l'enrichissement des connaissances de tel ou tel endroit. Enfin, il fit un tour au cimetière, prenant une vue d'ensemble. Le globe brilla à nouveau.
Drago transplana et atterrit au Chemin de Traverse.
Il la parcourut pendant une heure, lorgnant les grandes allées, les magasins connus, arpentant les locaux importants comme Gringotts où il effectua une maquette de la salle de réception, les coffres n'étant pas autorisés à être ouverts.
Il se rendit au Ministère de la Magie et y passa plus de trois heures.
Il y perdit beaucoup de temps car les lieux étaient très vastes. Il examina tous les étages excepté celui des Mystères qui n'était pas autorisé aux visiteurs.
Le peu de personnes présentes ne s'étonnèrent pas de sa présence. Ils avaient dû être informés du devoir.
Il alla à St Mangouste et fit de même. Il éprouva un frisson en se remémorant le décès de sa mère, ici-même, et en songeant que Blaise s’y trouvait encore, quelques jours auparavant.
Il n'était plus loin de six heures et il se dépêcha, sachant d'avance qu'il n'aurait jamais le temps de tout finir ; Histoire de la Magie était son premier cours de la journée et commençait à 8 heures. D'autant plus qu'il était lessivé et n'était pas à la moitié du travail à accomplir.
Le problème de ce devoir était centré sur le sortilège employé : c'était un sort qui puisait dans les ressources de la personne, la vidant totalement de ses capacités, l'épuisant au possible.
Et en effet, Drago titubait en marchant, bâillait à s'en décrocher la mâchoire et risquait de s'effondrer à tout moment.
Il avait été conseillé de faire ce travail sur deux week-ends, à raison de quatre heures par jour, afin de ne pas se fatiguer trop. Mais il n'avait plus le choix.
La duplication de tous les étages de St Mangouste fut rapide.
Drago dut appliquer un sort d'ensemble sur toutes les portes du bâtiment, afin que les vrais noms des blessés se changent selon les départs et les arrivés.
Néanmoins, les portes des chambres ne pourraient pas s'ouvrir pour l'intimité et au grand soulagement de Drago.
Il rejoignit la voie 9 ¾ et recopia le tout. Les rails, les airs d'attentes, et même l'horloge, tout y fut, mais seul le côté magique. Désormais, ses poches étaient remplies de globes divers.
Drago transplana à Près-au-Lard. Il savait qu'il était sept heures et à son plus grand désarroi, il devait rejoindre Poudlard. Il finissait juste avec cette partie et c'en serait terminé de lui…
Il restait tant ! Les petits villages, les lieux magiques, les populations magiques … Il appliqua à nouveau le sort en se perdant dans ses pensées déplaisantes.
«Comp Creationis ! ».
Les façades des magasins y passèrent, les grandes avenues, le lac au loin, l'extérieur de la Cabane Hurlante, l'intérieur des Trois Balais, l'arrivée de la gare.
Il regagna enfin Poudlard, las, piquant du nez en marchant.
Ses pas le guidèrent lentement vers la salle commune des préfets-en-chef sans croiser personne; d'ailleurs il ne comprit pas comment il était arrivé là.
Il ne s'en souviendrait même pas, trop épuisé.
De toute façon s'il avait croisé quelqu'un, il ne l'aurait pas vu. Il s'effondra sur le canapé en baillant et en se morigénant de ne pas s'endormir, juste après avoir posé les globes en équilibre sur la table.
Ce fut son dernier souvenir avec de sombrer dans une torpeur de mourant
On lui secoua l'épaule brutalement et il tenta d'ouvrir ses paupières, si lourdes. N'y parvenant pas, il grogna.
La main se fit insistante et elle le retourna.
Drago se redressa machinalement, ankylosé. Horrifié de s'être endormi, il se leva d'un bond et aperçut Granger, qui se mordait la lèvre inférieure et le regardait, amusée.
Elle lui tendit une potion qu'il avala d'un trait après l'avoir reniflé avec attention. Exténué comme il l'était, même s'il y avait du poison, il ne l'aurait pas discerné.
Soudain, un élan d'énergie le parcourut. Telles des milliards de fourmis qui l'auraient parcouru, des frissons se déclenchèrent et il se sentit plus apte à comprendre quelque chose d'autre que le mot "dormir". Ses pensées étaient plus claires aussi.
Il ouvrit grand ses yeux et consulta la pendule. 7h50.
Mais Granger allait être en retard ! Tant pis pour lui, c'était trop tard mais…
- Malefoy ? J'ai vu que tu avais réellement travaillé et je ne pouvais pas être mauvaise à ce point. J'ai dupliqué mon travail et enlevé certaines fois mes globes pour mettre les tiens à la place, quand je le pouvais.
Elle avait dit tout cela d'une traite et l'information, si étendue, si vaste, si puissante, mit du temps à lui parvenir. Une vague de soulagement le traversa et il frémit à nouveau.
Drago l'observa, les yeux si gros qu'ils allaient en sortir de leurs orbites. Il tira un petit sourire en coin, destiné à masquer son émotion.
- Eh bien… Je… Je suppose que c'est pour passer une nuit avec moi ?
- Non, je m'en fiche royalement, soupira Granger qui commençait à paraitre exaspérée du côté calculateur du jeune homme. J'ai cru comprendre que tu avais saisi la leçon et que tu ne feras plus tout au dernier moment. Sache tout de même que la duplication m'a empêchée de manger ainsi que de me laver et que la potion régénérante m'était destinée pour mes problèmes menstruels.
Drago fut incapable de prononcer quoi que ce soit. Il était sincèrement étonné que Granger ait fait tout cela pour lui. Il n'était même pas sûr que Pansy ou Blaise l'aurait fait : la preuve, Pansy savait son retard et ne l'avait pas aidé.
Il esquissa un geste pour la prendre dans ses bras mais se trouva idiot et recula alors d'un pas, mal à l'aise dans ses démonstrations d'affections ou de remerciements.
- Je t'en prie, Malefoy, sourit sarcastiquement Granger.
Cette fois, il prit plus d'assurance mais ne put que lui tapoter le bras, comme à un chien, ce qu'elle ne manqua pas de faire remarquer.
- Eh bien voilà comment je suis remerciée !
Exaspéré, il s'avança à grands pas et l'enlaça oubliant qu'elle n'était qu'une vulgaire sang-de-bourbe.
Ses bras se refermèrent autour d'elle et il la plaqua contre son torse. Elle ne dit rien mais répondit à son étreinte. L'odeur de l'autre chatouilla leurs narines mais ils s'empêchèrent mutuellement d'en sentir plus.
Enfin, ils s'écartèrent et Drago, posant ses yeux sur elle, la fixa, elle qui avait ses deux iris marron brun. C'était une des premières fois qu'elle l'observait avec cette couleur dans les yeux.
- Je te remercie Granger.
D'un accio, il amena à lui son sac de cours, son devoir pour McGonagall et la maquette sur la table qu'il rétrécit. Il fourra ces deux derniers dans son sac et sortit, sans un regard de plus pour Granger.
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La descente en enfer d'Hermione Granger
FanfictionDisclaimer : Rien de l'univers d'Harry Potter ne m'appartient. En revanche, l'histoire et les personnages créés sont les miens. Contient des scènes à caractères sexuels. En débutant cette fanfiction, vous pensiez tomber sur une histoire OC, sans fon...
