Chapitre 1 : La réunion de Lord Voldemort

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Chapitre 1 : La réunion de Lord Voldemort


Drago se redressa lentement dans son lit, et s'extirpa avec humeur de ses draps.




Il se leva et s'avança aussitôt vers son proéminent miroir qui recouvrait tout un mur à lui seul. Le reflet qui lui fut renvoyé lui déplut quelque peu.



Il avait longuement travaillé, s’était acharné -car cela était connu pour chaque sorcier un tant soit peu séduisant : seule la rigueur permettait d’obtenir un corps aussi robuste, puissant et souple que le sien... Et cela avait payé. Ses réflexes s’étaient décuplés, sa silhouette dessinée et son endurance renforcée. Tout cela ne serait qu'au mieux pour le Quidditch. Et les femmes qui suivaient aussi ce sport, il allait de soi qu'il ne faut jamais décevoir ses admiratrices.


Il avait veillé de longs mois à sa musculature et le résultat était là, devant lui. La perfection. A ses côtés, Apollon semblait bien fade.

Il haussa un peu son regard, parcourant avec un sourire satisfait la courbe de son cou, sa mâchoire carrée, son menton pointu, ses lèvres légèrement charnues et son long nez droit.



Pourtant, son sourire se fana et il tira une moue en découvrant le seul défaut qui n'entravait pas vraiment son charme mais qui lui était totalement intolérable; ses cernes.



Violacés, ses cernes contrastaient brutalement avec sa peau pâle, lui donnant un teint maladif. Aucune crème efficace, seul le sommeil. Et dans son cas, il était trop jeune pour perdre du temps inutile à dormir.

Six heures par nuit suffisaient largement. De toute façon, s'il était irrité parce qu'il ne se reposait pas assez – supposition ridicule des médicomages - il pouvait très bien se défouler à sa guise, sur son elfe de maison ou soit, lorsqu'il irait à Poudlard, sur Potiron, Weasel ou encore la miss-je-sais-tout, comme il aimait les appeler. A l'extrême limite, il pouvait aviser Crabbe, Goyle et Zabini. C’était bien à cela que servaient les amis, n’est-ce pas ?



Enfin, parurent devant lui, pétillant d'une beauté sourde, son atout le plus incontestable, un attrait qui lui paraissait comme le plus digne d’intérêt – ce qui signifiait l’ampleur de la chose à ses yeux lorsque l’on considérait le reste de son anatomie- : ses deux prunelles grises.



Métalliques, elles scrutaient, brillant légèrement, ne dévoilant jamais le moindre trait de ses pensées. Et au fond, une légère lueur d'un bleu Prusse scintillait. Si infime, que personne, à part lui, ne l’avait jamais aperçue.

Loin de se lasser de toutes ses pensées revigorantes pour son égo, il rejoignit la douche.

Lorsqu'il revint, il constata qu'un morceau de parchemin avait été posé sur son lit. Drago se pencha, intrigué.



Le dépliant, il reconnut l'écriture serrée et fine de son père. Il s'installa à meme sa couche et entreprit de la lire de mauvaise grâce.

« Fils, le Seigneur des Ténèbres nous convoque tous ce soir. Quelque chose de grave a dû se passer car la marque, avant d'énoncer sa requête, m'a brûlée comme jamais. Viens à vingt heures exactement à mon bureau. »

Drago ne put s’empêcher d’être agacé. Le maitre exigeait ça, et le maitre voulait ceci, et puis, le maitre convoitait cela… Pourquoi devait-il s’abaisser à servir quelqu’un qui n’était pas si phénoménal en soit ?

Des années d’expérience avaient bénéficié à Drago, il avait pu acquérir de divers savoirs. Intelligent, si intelligent que cela ?

Cela faisait tout de même dix-sept ans qu’il convoitait un binoclard insupportable qui trépignait d’envie de se frotter au moindre signe de danger et duquel il n’avait pas même réussi à attraper un cheveu !




Exaspéré de devoir aller voir la personne – si l’on pouvait appeler cela une personne pour ce qui restait de son âme- qu'il désirait ne jamais voir mais qui, étrangement et ironiquement, il voyait le plus, il retourna se coucher.

Il se réveilla à dix-neuf heures et cinquante-deux minutes et manqua de tomber par terre, horrifié. Il lui restait en tout et pour tout, huit minutes pour se préparer.



Il trébucha dans ses draps, tenta de se rattraper à sa commode. Il avait évité de justesse la chute ! Mais en voulant avancer son pied pour le poser au sol, il glissa à nouveau contre le tissu soyeux et s'étala de tout son long au pied de son sommier.



Il était finalement tombé par terre et cette pensée le mit de mauvaise humeur pour toute le long de la soirée.

- Dipsy !

L'elfe, deux grands yeux verts, une touffe argentée sortant de ses oreilles et recouvrant son crâne nu, s'inclina bien bas devant son maître, apeurée.

- Le maitre a demandé Dipsy alors Dipsy est venue.

- Trouve-moi vite des vêtements convenables !

Pendant que l'elfe s'affairait, il se recoiffa soigneusement dans son miroir et se regarda une nouvelle fois, sous tous ses profils.



Il enfila prestement les vêtements que lui tendait son serviteur, un à un, boutonnant hâtivement sa chemise ainsi que son pantalon. Il noua les lacets de ses chaussures et, d’un geste dédaigneux de la main, envoya son elfe valser.


Dragol avait fini de s'enrouler dans une cape noire lorsque l'horloge siffla un son strident, huit fois d'affilée.

Drago soupira de soulagement et se passa une main sur le front afin de retirer toute trace possible de transpiration.



Il fut soudain catastrophé en remarquant que le bureau se trouvait à l'autre bout du manoir. La chambre de Drago était dans l'aile Ouest au quatrième étage et le bureau au rez-de-chaussée.

Courant comme un déjanté, il franchit la porte, dévala les escaliers de marbres sans reprendre son souffle. A un moment il rata une marche et se rattrapa de justesse à la rampe tout en se traitant mentalement d'imbécile.



Il maudit soigneusement ses ancêtres d’avoir conçu un manoir si grand, qui comptait tant de pièces. Quelles utilités avaient-elles, d’ailleurs ? Les objets de valeur étaient tous finement cachés et même lui ignorait où se trouvait la plupart d’entre eux.



Il parcourut de longs couloirs sombres sans un regard aux portraits qui n’avaient cesse d’invectiver leur progéniture, gémissant qu’un Malefoy n’avait pas à courir, que c'était l'univers entier qui devait se jeter après lui et non l'inverse !



Enfin, Drago arriva devant la porte de chêne sombre. Il était hors d'haleine, un affreux point de côté le tiraillait et ses jambes semblaient de béton au point qu'il ne put plus bouger l'espace d'un instant. Condition physique 0. Qu'avait-il proféré devant le miroir ?



L'adrénaline soudain évaporée le laissait déplorable et immobile. Minable aussi.

Drago souleva sa main et toqua lentement à la porte, se morigénant mentalement son retard. Il fut invité à entrer et la porte s'ouvrit d'elle-même. En voyant son père, il crut n'avoir rien compris à mesure qu'une colère incommensurable s'emparait de lui.

Lucius Malefoy, les pieds appuyés sur le bureau, buvait une tasse de thé fumante, ses iris glacés perdus dans les volutes de fumée que laissaient s'échapper les flammes d'un majestueux feu.



Bien que ce mois fût celui d'Août, le manoir des Malefoy, bâti de pierres, était d'une fraicheur hors pair même en été. Surtout la nuit.

-Père…, bredouilla Drago, la voix tremblante et l'on eût su dire si c'était de colère ou dû à sa course qu’elle chevrotait ainsi.


-Je savais que tu serais en retard. Nous sommes attendus à vingt heures trente et, que vois-je ?

Dans la demeure, l'horloge sonna et un nouveau bruit aigu résonna au même instant.

-Nous sommes à l'heure ! s'exclama sèchement Lucius en scrutant froidement son fils.


Drago ne baissa pas les yeux et se plaça à ses côtés, agrippant fermement le bras de son géniteur.

Il crispa sa mâchoire, y imprimant toute la colère que venait de lui insuffler le manque de confiance – bien que légitime – qu’avait son père en lui.

Les deux Malefoy transplanèrent dans une salle sombre, une fois que Lucius eut ôté l’espace de quelques secondes, la protection du manoir.


Le lieu ne semblait pas réel.



Au centre de la pièce désaffectée se tenait une longue table usée qui peinait à tenir sur ses pieds.



Elle était encadrée de chaises sujettes à la putréfaction, totalement dépareillées où la paille était manquante par endroits.



Le cadre, sombre et effrayant, était éclairé par des torches qui pendaient aux murs, donnant un vacillement incertain au salon étroit, le faisant vibrer au mouvement des faisceaux.



L’une de ces lumières miroitait dans une flaque sombre qui se tenait à la base du mur auquel elle était reliée. A en juger l’odeur qui s’en dégageait – ferreuse et pénétrante- il s’agissait de sang; et il devait y être depuis un certain temps.



D’un joint au plafond, tombait une goutte d’eau qui rythmait le souffle de la silhouette encapuchonnée. Masse difforme qui trônait en bout de table, sur le fauteuil le plus imposant et le plus immaculé de ses condisciples.

La pièce était dépourvue de porte ou de fenêtres.

Drago et Lucius s'assirent, rejoints successivement par une dizaine de sorciers au fur et à mesure que les « plop » résonnaient.



Drago reconnut peu à peu l’entourage le plus proche du Seigneur des Ténèbres. Au loin, il identifia Blaise avec lequel il échangea un hochement de tête en guise de salut, ne pouvant se permettre plus et de débuter ici une discussion amicale.



Pourtant, sa présence l’étonnait car il n’était pas de ceux qui étaient généralement présents lors de ces réunions. Son beau-père ne faisait pas parti des intimes directs du Lord.




Tous s'attablèrent silencieusement et chacun porta son regard sur la parcelle de table où la seule personne masquée avait posé ses mains.



Le lord releva lentement sa capuche et les fixa un à un d'un regard hostile ; ses fentes rougeoyantes semblèrent rétrécir.

Lord Voldemort cracha lentement d'une voix dénuée d'émotions :

-Où est Macnair ?

Tous tressaillirent.

-Au ministère, il a été retenu, répondit Bellatrix d'une voix qui se voulait détachée mais personne ne put ignorer ses trémolos, pour le moins invraisemblables venant d'elle.

-J'ai une mission à confier à certains…Une punition pour d'autres.

Il n'y eut aucun mouvement mais une sueur froide commença à glisser le long du dos de chacun.

- Zabini, approche, veux-tu…

Blaise recula doucement le dossier de sa chaise et se redressa sur ses jambes. A grands pas, il se plaça aux côtés du Lord. Il ne trembla pas et à aucun moment on ne douta qu'il fût mort de peur.

Voldemort leva sa baguette, ses narines frémissantes. Nagini, sur ses genoux, s’agita.



Le jeune noir se tordit instantanément de douleur, mais elle le surprit tant qu’il glissa à genoux sous le choc.

Il subit Doloris sur Doloris jusqu'à ce que le bâton de bois ne s'abaisse, le laissant tétanisé, le souffle court, les yeux révulsés.



Drago remarqua qu’il n’avait pas l’air blessé et songea que Voldemort, s’il était en colère, réservait cette dernière pour d’autres. De plus, Blaise n'avait pas à subir cela, n'ayant pas participé à la mission Potiron.



Le jeune Zabini se remit debout, repositionna correctement ses vêtements et toisa son maitre avec respect.

Durant la torture de son ami, Drago avait voulu intervenir mais Bellatrix d'un côté et son père de l'autre, l'avaient fermement empoigné.



Retenant la haine qui commençait à monter en lui, déjà de perdre une soirée entière ici à voir le maitre rabaisser tout le monde, ensuite de savoir d’avance qu’il n’interviendrait pas et enfin de contempler Blaise de la sorte, il dut prendre sur lui et son regard rageur rencontra celui, narquois de Severus Rogue.


- Lord Voldemort sait reconnaître les gens qui lui sont dévoués. Ce soir, tu as prouvé ton allégeance à Voldemort, Zabini.

-Je suis honoré, maitre, de bénéficier d’une telle importance à vos yeux.

-Je vais te confier une des plus importantes missions qu'il sera donné d'accomplir. Peut-être même la plus importante que j'ai confiée et que je confierai. .

Blaise pâlit, inquiet selon Drago.



Bellatrix, les lèvres serrées, semblait sur le point de se jeter sur le métis afin que ce ne soit pas lui qui soit chargé de corvée mais elle. Elle seule. La dévouée.

-Je veux que tu convainques Granger de porter un enfant qui sera le mien. De plein grès, sans magie ni potions.

Un silence glacial s'abattit. Et pourtant, le salon n’aurait jamais pu paraître aussi foisonnante de pensées diverses. Drago avait l’impression d’entendre la même phrase résonner dans chaque recoin de la pièce : « Granger ? La sang-de-bourbe ? L’amie de Potter ? »



Et l’idée que l’enfant de Voldemort soit conçu avec quelqu’un comme elle, créa un mouvement de stupeur et plus personne n’esquissa un geste. Chacun retenait son souffle, les sourcils froncés.



Chacun tentait de mettre de côté les réflexions qu'avait déclenchées cette annonce. De plus, une connaissance qu'ils partageaient tous leur rendait la tache ardue : la légélimécie que pratiquait le Lord lui permettrait de prendre conscience de chacune des pensées traitres qu'ils pourraient avoir. Aussi, les fidèles s'acharnèrent-ils à fixer leur attention sur le mur face à eux.

Drago sourit avec sarcasmes. Cette année à Poudlard s'annonçait pleines de rebondissements ! Il se demandait bien comment Blaise allait opérer. Et cela l’amusait au plus haut point.

-Je…Je devrai vous l'amener ? balbutia Blaise.

-Oui, le plus tôt possible.

-Avez-vous un plan ?

Le Lord le considéra, furieux. Il paraissait exaspéré. A nouveau, il tendit son poignet, son serpent siffla et, sous le bâton magique, le corps du métis souffrit.


Rapidement, le spectacle cessa et bien qu’il ait duré un dixième du précédent, Blaise était dans un état bien plus piteux. Sa lèvre était fendue et si sa longue cape masquait ses blessures, du sang coulait entre ses doigts.



Il sauta sur ses pieds et s'inclina profondément devant son maitre.

-Sot ! Ta mission t'est confiée pour que tu le trouves. Fais ce que tu veux d'elle, mais ramène-la-moi confiante.

-Bien Maitre.

Blaise partit se rassoir, la tête perdue dans des songes sans doute obscurs.

Les heures qui suivirent virent la plupart des mangemorts endurer l'échec total de leur mission quant à rattraper Potter lors de sa fuite à l'atteinte de sa majorité.



Bellatrix, Lucius, Rogue, Yaxley, Mulciber, Avery… tous passèrent.

Lorsqu'il eût fini et qu'il n'était plus en colère, deux heures du matin étaient dépassées.

Une tension fiévreuse régnait dans la pièce. Une chaleur s'échappait des pans de murs et ils suffoquaient à moitié.
L'odeur moite de la peur, de la transpiration et du sang moisi s'élevaient, leur faisant pincer les narines.


La réunion allait bientôt s’achever lorsque Voldemort appela Drago. Il fut surpris mais n'en montra rien.

-Approche, jeune Malefoy… approche, susurra le Seigneur d'une voix mielleuse.

-Maitre, répondit Drago en soutenant son regard et en s’exécutant.

-A la moindre demande de Zabini, tu l'aideras et feras ce qu'il te demandera. J'exige de ta part, un compte rendu tous les mois, que tu me transmettras par ton père. Ne me décevez pas. Cette mission t'est également confiée.

Le ton était sans appel.



Il en allait de leur vie ainsi que de celle de leurs familles. Leur honneur au sein du groupe de mangemorts était aussi directement concerné.



Cette soudaine phrase replongea tout le monde dans l’idée farfelue du Lord.



Drago approuva d'un hochement entendu. La mission lui semblait moins amusante désormais qu’il devait y participer.

-Je vous laisse jusqu'au trente mai. Vous avez neuf mois pleins. Je la veux.

-Pardonnez ma curiosité, mais en quoi vous intéresse-t-elle tant ?

La phrase lui brûlait les lèvres depuis maintenant plus de six heures.



Il sentit plus qu'il ne vit, tous les mangemorts retenir leurs respirations et le dévisager, accusant le coup de le voir toujours en vie.



Il pouvait sentir sur sa nuque une dizaine de regard de braise mais s'en fichait totalement.

Voldemort caressa la joue de porcelaine du jeune homme du bout de sa baguette.



Puis, il saisit Drago par la peau du cou et le pencha afin qu'il soit à la hauteur de sa bouche.



Drago se laissa faire, ne pouvant s'empêcher d'être dégoûté par la vision du trou béant s'approchant de lui.

-J'ai besoin de quelqu'un d'intelligent à mes côtés et qui sache se servir d'une baguette magique. La sang-de-bourbe me semble parfaitement désignée pour accomplir le rôle de sa mère.

-Vous parlez de votre enfant ? demanda Drago, perplexe.

-En effet. A présent retourne à ta place. Et sache que si j’ai eu l’indulgence de répondre à ton indiscrétion alors que tu n’avais pas le droit de parler, cela ne se renouvellera pas.

-Bien Maitre.

Drago s'agenouilla à ses pieds puis retourna aux côtés de son père.

Ce soir, il venait de prendre une décision.



Voldemort semblait tourner à la folie. Il valait mieux s’assurer la survie que de proférer des sornettes sans queue ni tête.

La descente en enfer d'Hermione GrangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant