« Hermione, mon amie,
Je crois que je suis dans un état proche de la dépression. J’essaye de comprendre. Je tente. J’y arrive presque… et puis je coule. Je croule littéralement sous la perplexité et l’incompréhension que rejette ta nouvelle image du matin jusqu’au soir.
Plusieurs fois, j’ai voulu te parler. A chaque fois, Ron s’est opposé.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ce premier août. Tout est confus dans ma tête.
J’imagine bien que c’est dû au sortilège de magie noire que tu avais expérimenté. Mais qu’en est-il réellement ?
Ron me dit que tu es dangereuse. Il se sent coupable. Il répète que c’est sa faute. Qu’il aurait dû te déclarer son amour. Mais tu le connais… il est si maladroit avec les filles. J’ai toujours cru que c’était votre moyen de communication, les disputes et les… froids.
Pourquoi est-ce que je t’écris ça ? Je ne sais pas. Ca ne me convient même pas. Je vais sûrement déchirer le parchemin… Non. Tout compte fait, non, je vais te montrer le chemin de ma pensée.
Je suis déçu. Je suis fatigué. Je suis à bout. Je suis perdu. Je suis trahi. Je suis peiné. Je suis seul. Je suis bête.
J’ai envie de crier tout ça sur les toits mais… je crie en moi. Dans mon intérieur c’est ma voix qui gronde. J’ai l’impression d’avoir tout essayé pour te ramener dans le droit chemin.
Ron me dit que ce n’est pas ma faute. Il a expliqué que tu avais commencé depuis longtemps la magie noire…
Je te hais. Je te déteste. Je te maudis. Je te tue. Je te méprise.
Je me suis battu contre toi pour te remettre dans le droit chemin et pas une seule fois tu m’as aidé. Tu t’es moquée de moi et m’a tourné le dos quand j’avais besoin de toi.
Chaque jour, tu t’obscurcies. Tu vis dans ta bulle, tu crois pouvoir te protéger d’un éclat de rire opportun. Tu me poignardes de tes yeux noirs. Et tu t’échappes dans un monde qui n’est pas le tien.
Je me hais. Je me déteste. Je me maudis. Je me tue. Je nous méprise.
Je me voue une haine sans équivalent car je perds encore mon temps à t’écrire. Je sais que tout est fini.
Quand tu marches dans un couloir, tu peux très bien trébucher sur un pan de ma cape ou me bousculer, tu t’en fiches, tu ne le vois pas. Je suis invisible. Tu voudrais que je n’existe plus. Depuis le début tu te comportes ainsi et j’allais, hier encore, à l’encontre de ce que tu attendais de moi.
Aujourd’hui, je capitule. J’ai compris. Ton cas est incurable. J’ai vraiment fait tout ce que je pouvais.
Les premiers mois de cette année, je t’ai parlé presque chaque jour, on s’est vus tout le temps. Je te suppliais de venir à la salle commune de Gryffondor, faisant fi de Ginny qui te craint désormais. Je t’ai envoyé plein de lettres comme celle-ci. Ron aussi. Ron a pris sur lui et t’a tant parlé pour régler le fond du problème… Il a essayé de te prouver son amour, à sa manière. Je t’ai fait suivre aussi mais ça n’a abouti à rien si ce n’est à ta perte.
Je ne sais pas où tout cela va te mener Hermione. J’ai une vague idée, en fait.
Tu vas finir comme Voldemort. C’est ce que tu veux, non ? Mépriser plus que tout ce que tu es. Il bannit les sangs mêlés et qu’est-il ? Quelle ironie.
Je ne comprends pas ce qui t’a menée sur ce chemin-là. Tu avais pourtant l’air bien partie, dans la vie. Les études, le sérieux, l’intelligence… La magie noire cause des dégâts que l’on ne saurait défaire.
Je vais conclure ainsi, afin de nous épargner, à toi comme à moi, le mélodramatique. J’ai fait tout mon possible mais je crois que, déjà, tout était clair le premier août dernier. Je me suis obstiné pour rien. Aujourd’hui, je vais devenir fataliste.
Une ultime chose ; avant que je ne finisse ce parchemin qui amènera avec elle, la fin d’une relation unique, d’une amitié pure, sincère, précieuse, qui vaut tous les cristaux du monde et à laquelle j’aurai cru jusqu’au bout.
Je suis profondément blessé de la manière dont tout s’est arrêté. Des fois, je me réveille la nuit en pleurant. J’aurais tellement aimé ne pas avoir à te perdre.
Avec toute mon affection estompée,
Harry »
Drago resta un long moment assis, à déchiffrer la lettre entre les lignes. Elle débordait d’émotions puissantes, de sentiments poignants, d’une déchirure interne impalpable dans sa densité, insoignable. Et pourtant, il ne pouvait que ressentir une parfaite indifférence face à cet écrit.
L’épître était tachée par endroit de formes circulaires et plus claires qui avaient gondolé le papier. Quand elles atteignaient des particules d’encre, ces dernières s’élargissaient subitement, s’étendant comme les pattes d’une araignée et les mots étaient plus difficiles à déchiffrer.
C’était le cas notamment pour les quelques « Je suis trahi », « tout est fini » et « affection estompée » qui narraient la tragique histoire du Survivant. Les larmes avaient été visiblement dures à contenir.
Cela faisait près d’une demi-heure qu’il contemplait ce parchemin.
Il essayait de comprendre. Que se passait-il chez Granger ? Pouvait-elle ainsi perdre ses amis, sans ressentir quoi que ce soit ? N’avaient-ils pas vécu des choses fortes, ensemble ?
Il se demanda aussi quelle avait été sa réaction lorsqu’elle avait lu ce roman. Inertie ? Pleurs ? Chagrin ? Eclats de rire ? Moquerie ? Projet de meurtre ?
Soudain, il se rendit compte qu’il n’y accordait aucun intérêt. Il s’en moquait. Oui, Drago s’en moquait royalement. Il souhaitait juste faire passer le temps.
Penser à autre chose qu’à son cœur qui tambourinait à toute allure dans sa poitrine, dont les échos paralysaient ses muscles tendus, faisaient vibrer sa gorge, ses tempes, ses yeux à la vue qui s’assombrissait. Depuis près de deux heures, il avait terriblement froid et un mal de ventre horrible le clouait sur place.
Ses mains tremblaient quand il reposa la feuille là où il l’avait trouvée : roulée en boule à côté de la cheminée. Il se remémora – en apercevant son balai et son insigne de capitaine- qu’il avait décommandé l’entrainement de Quidditch de cet après-midi. Hélas, ce genre de banalité n’apaisait pas sa bataille intérieure.
Il passa rapidement ses doigts dans ses cheveux blonds et appuya son front contre la vitre de la salle commune des préfets en chef. Le froid ne le défit de ses pensées que quelques secondes à peine. Il ne fit qu’atténuer la migraine qui se pointait. Drago frémit, ferma ses yeux, serra ses mâchoires, le corps raide.
Oui, dans quelques dizaines de minutes, il irait à Près-au-Lard. Il rejoindrait son père et s’emparerait du filtre d’Amortentia.
HHHH
- Si on nous attrape, marmonna Pansy en plaquant le jeune homme contre le battant du placard dans lequel ils étaient enfermés.
- Mais non, bailla-t-il lourdement en passant une de ses rudes mains dans la chevelure brune. Si quelqu’un nous entend, on est morts. C’est tout, ne stresse pas plus que ça !
- Tu as toujours eu le don de me calmer, s’exaspéra-t-elle en l’embrassant à pleine bouche.
Il répondit aussitôt avec vigueur. Le souffle court, ils se séparèrent.
- Oh, oh, chuchota Pansy en le scrutant, horrifiée. Je crois que j’entends Drago… S’il sait que je suis là… Vite ! Faut que je sorte !
- S’il est là, fit remarquer avec aigreur son compagnon, et qu’il te voit sortir, je me demande comment tu vas justifier ma présence ici.
Elle se pinça les lèvres, indécises, tournant vers la porte un regard alarmé.
- Pansy ? appela la voix du préfet-en-chef. Pansy ! J’aurais juré qu’elle était là.
- Malefoy, cesse donc de lui courir après. Je vais croire que j’ai de la concurrence, se moqua la voix de Granger.
- Avec ta tignasse, il faudrait vraiment avoir envie, jeta-t-il avec humeur en passant devant le placard à balais sans s’arrêter.
Des bruits de pas plus légers le suivaient alors qu’il s’éloignait. Les échos de leurs voix leur parurent de loin.
- Grangie, navré mais c’est pas possible…
- Je te suivrai…
- N’y compte pas. J’ai quelques trucs à voir, seul.
- Oui, comme des caleçons. Celui avec les cœurs que j’ai vu traîner doit t’aller à merveille, Malefoy. A merveille !
Pansy lâcha un long soupir quand elle constata qu’ils étaient partis.
- Eh bien… on n’est pas prêt de pouvoir faire un truc tous les deux, se plaignit le jeune homme avec une grimace exaspérée. Si tout le monde débarque comme ça…
- Allez, amour…, susurra-t-elle en lui volant un baiser.
Elle ouvrit brusquement la porte et s’en fut en courant, sans se retourner, dans la direction opposée à celle qu’avaient empruntée Drago et Hermione.
HHHH
- Oh Blaise, c’est charmant. Mais c’est quoi ? s’étonna la blonde en levant vers lui ses grands yeux bleus interrogateurs.
- C’est un collier, avec des perles, précisa-t-il en souriant de toutes ses dents.
- C’est gentil. Je vais sûrement le prêter à Ginny, ajouta Luna après un instant de silence durant lequel elle avait attentivement examiné le bijou.
- Mais il est pour toi, s’exclama le métis, mécontent.
- J’en ai déjà un, avec les bouchons de lièges. On dit que si on le porte assez régulièrement, on a plus de chances d’attirer des Ronflaks. Ce serait merveilleux. Je veux dire aussi que ton collier, il ne fait rien non ? C’est des perles, c’est tout.
Blaise analysa le bijou qu’il venait de lui tendre. Les perles étaient d’un blanc nacré. En réalité, chacune était une fleur d’une plante magique très rare que l’on ne trouvait que dans les lacs au Nord du Royaume-Uni. Ce n’étaient que des sphères… Voilà tout. Ce n’était pas comme si le prix auquel il l’avait acheté dépassait la raison même. Non, il n’avait pas gaspillé inutilement tout son gain au poker pour un achat inutile ! Mais non, voyons…
En réalité, il s’était renseigné sur les conversions d’argent entre moldus et sorciers. Le collier qu’il lui tendait, valait mille cent gallion. Soit huit milles euros. A peu près.
- Tu as l’air déçu, constata Luna. Ne t’inquiète pas, je t’apprécie quand même !
- Ok, marmonna Blaise.
- Tu sais que les français mangent à l’épiphanie des galettes des rois ?
- Euh…non ?
- Et dedans il y a toujours une fève. L’année prochaine, au moins, je pourrais les imiter et me servir de tes perles en guise de fèves. C’est un fabuleux bien.
Blaise imaginait bien ô combien serait heureux celui qui tomberait sur une fève dont le coût était estimé à plus de cent gallions pièce…
- Oui, parce que mes bouchons sont autant estimables mais je doute qu’ils tiennent la cuisson, rajouta Luna d’un air rêveur.
- Oui, c’est vrai.
- On pourrait aller ensemble à Près-au-Lard.
- J’aurais adoré mais j’ai déjà des trucs… de prévu.
Et c’est la gorge nouée qu’il constata qu’il allait trahir Hermione.
HHHH
La semaine qui avait passé, avait été riche en émotions. Des moments intenses.
Certaines fois, le regard qu’avaient posé sur Granger, Drago, Blaise et Pansy, avait été mélancolique. Où tout cela allait-il les mener ?
Ils avaient peur et aucun n’osait se l’avouer, encore moins aux autres. Une tension régnait entre eux trois sans que la Gryffondor n’y prenne garde.
A ce qui aurait dû être la plus grande satisfaction des trois Serpentards s’ils avaient été normalement constitués, Hermione travaillait sans relâche la magie noire, sous leurs yeux fuyants.
Ils allaient la trahir, Drago et Blaise bien plus que Pansy.
Alors pour se déculpabiliser, ils l’aidaient à étudier, sans jamais s’arrêter.
Lors de leurs rondes, les deux préfets-en-chef abordaient sans relâche ce sujet, conversant, l’approfondissant, l’explorant encore plus, même si Drago était réticent sur ses connaissances. Il avait vu tellement d’horreur, déjà.
Son père avait toujours eu l’habitude de torturer les elfes de maison à l’aide de cette magie devant son fils, afin de le prévenir des risques qu’il encourait à aller contre son jugement. Il en avait déjà subi des particulièrement douloureux.
Granger était devenue de plus en plus mauvaise, ses iris avaient constamment viré au noir durant ces derniers jours.
La seule chose que Drago espérait, était qu’elle ne détecte pas le filtre avant qu’ils ne le lui aient injecté… Afin que sa conscience n’en châtie pas trop, qu’il tentât de se persuader qu’il ne lui avait pas donné la potion dans le but de lui faire mal. Que c’était lâche, se morigénait intérieurement Drago. Ce à quoi il répondait que seule sa vie comptait…
Mais il l’observait davantage. Il se remémorait les propos de Dumbledore, il s’interrogeait, il se demandait comment il pouvait la laisser tomber ainsi, après tout ce qu’elle avait apporté à l’Ordre. Et à chaque fois, associé à ce qu’il s’apprêtait à faire, un malaise et une responsabilité envers Granger, se manifestaient.
Cet évènement avait eu tant d’importance, que Pansy et Blaise n’avaient même pas songé à interroger Drago quant à la relation qu’il entretiendrait soi-disant avec la jeune femme.
HHHH
Il était exactement quinze heures quarante-deux.
Drago souffla profondément contre son écharpe, enroulée autour de son cou et enfouit ses mains dans les poches de sa veste de cuir de dragon.
Il échangea un rapide coup d’œil avec Blaise, tous deux adossés au mur de la façade de Zonko.
Drago ne percevait plus vraiment ses battements cardiaques affolés qui rugissaient en lui. Un froid immense s’était emparé de lui, intensifié par le vent glacial et par celui de l’épaisse couche de neige qui malgré ses bottes condensées, s’insinuait par la plante de ses pieds.
- Plus qu’une minute, mec. Ca va ?
- Je crois qu’on fait une boulette.
Blaise afficha un air contrit à cette remarque et haussa les épaules. Le ciel était gris et nuageux. L’humidité transparaissait.
- C’est trop tard, on ne peut plus faire marche arrière. Maintenant, ne pense plus à Granger. C’est l’ennemie…depuis le début c’est comme ça, murmura-t-il alors que les mots se coinçaient dans sa gorge, sa pomme d’Adam semblant avoir doublé de volume.
- Je sais, Blaise.
Et pourtant, il n’en pensait pas un mot.
Après une brève consultation de sa montre, il fit volte face et pénétra dans la boutique bondée. Une clochette claironna à son entrée, mais dans le tumulte elle parut lointaine, bien qu’elle résonnât aux oreilles de Drago.
Il s’approcha du comptoir, s’extirpant de la masse gluée et extasiée d’élèves surexcités.
Un vendeur s’avança automatiquement de lui.
- Faites la queue, monsieur, des gens attendent.
- Je ne peux pas, c’est urgent, siffla Drago en glissant une pièce d’un gallion sur le comptoir.
L’homme fit mine de ne pas l’avoir vue mais la glissa aussitôt dans sa poche. Il se pencha en observant son client avec attention. Nul doute qu’il voulait savoir s’il pouvait ravoir un petit bonus.
- Comment vous aider ?
- Je voudrais la cagette de Gonfgencives derrière vous.
- Entière ? Je suis désolé, il ne reste qu’une boite. Je dois aller à la réserve pour…
- Ca fera l’affaire.
- Trente mornilles, je vous prie.
Il semblait assez intrigué, ses sourcils froncés en témoignant, que le Serpentard veuille la caisse dans sa totalité puis se contente d’un paquet. Mais il n’ajouta rien.
Drago posa à même le guichet la monnaie et, s’emparant de son dû ainsi que de la facture qu’on lui tendait, décampa à toute vitesse, comme un fantôme, ni vu, ni connu.
Quand il sortit, Blaise s’était volatilisé. Il ne se retourna pas une seule fois, les épaules rentrées, les jambes en coton.
Sans réfléchir plus, il abdiqua à gauche directement, dans une ruelle sombre et austère. La parcourant sur une dizaine de mètres, s’enfonçant ainsi dans les ténèbres afin de ne pas être vu de l’avenue marchande, il repéra enfin un vieux meuble totalement délabré.
Les portes étaient sorties de leurs gonds, toutes cabossées. Par endroits, le bois était troué, rongé par des bestioles.
- J’ai pour mission d’amener Hermione Granger au Seigneur des Ténèbres afin qu’il se serve d’elle pour sa progéniture.
A ces mots, les planches de pin se murent, s’étendant tels des élastiques. Peu à peu, une forme prit place et Lucius Malefoy apparut, le menton fier, la lèvre pincée dans un pli méprisable. Il épousseta sa robe de sorcier d’une main impérieuse.
Sans un mot de plus, il sortit sa baguette hors de sa cane. Drago retint de justesse son mouvement de recul que lui avait incité sa menace informulée. Il n’en était rien.
Son père pointa son bâton sur la fiole et murmura une vague formule.
- Quand tu passeras sous l’analyse, elle rejettera l’identité d’une potion anti-migraine, comme les potions générales de Gonfgencives de Zonko le font. Garde bien la facture avec toi. Pour rendre le filtre dans son état réel, il te suffira de prononcer ceci.
Drago saisit le papier vierge avec une lueur de méfiance.
- Seul toi ou Blaise pourra le lire, mais quand vous serez seuls. On t’attend au rapport pour le vingt-huit. Ne me déçois pas.
Il se volatilisa dans un tourbillonnement de cape.
La neige tombait en flocons légers, s’enroulant autour de lui.
Le visage fermé, le cœur battant la chamade, le Serpentard enfouit ses biens dans la poche intérieure de son manteau.
Il se retourna brutalement, examinant de fond en comble la ruelle. Elle était vide. Horriblement vide. Effroyablement vide. Tristement vide. Un peu comme lui.
HHHH
Aux contrôles, rien ne fut détecté. Drago avait été tendu tout le long et il rêvait consciencieusement d’un bain, chaud afin d’arrêter cette douleur. Ainsi que ce froid interne qui le tétanisait.
- Nous y voilà, lança sombrement Blaise alors qu’ils faisaient face au portrait des appartements préfectoraux, le Chevalier du Catogan occupé à se coiffer convenablement.
- On dirait bien que c’est le grand jour, répondit Drago avec encore plus d’énergie qu’il n’en ressentait.
Il murmura le mot de passe d’une voix éteinte et le tableau coulissa sur le côté. Ils s’engouffrèrent dans le passage et le refermèrent aussitôt derrière eux.
Devant eux, baguettes sorties, Pansy et Granger s’entrainaient avec rapidité. En l’espace de quelques secondes, une dizaine de sort fusa et fut contré par les deux jeunes femmes. L’un des charmes dévia à cause d’un sort du bouclier et rencontra le canapé qu’il renversa. Grâce à la magie de la pièce, il retourna à sa place initiale sans un bruit.
Sans s’en soucier, elles poursuivirent, imperturbables.
La quasi-totalité des sortilèges était de la magie noire.
- Avada Krama ! réitéra Granger en visant la Serpentarde.
- Protego ! Tt ! s’exclama Pansy alors que le jet rebondissait vers Drago.
Il para l’attaque d’un coup bref de baguette. L’avada fut comme aspiré.
- C’était quel sort ? s’enquit Granger en l’observant curieusement.
- Technique, technique, persifla-t-il sans trop d’ambition, le sourire en coin assez maussade tombant.
Elle se détourna sans insister ce qui était assez rare.
Blaise fit signe à son ami et tous deux s’engouffrèrent dans la chambre du blond. Simultanément, ils enfouirent leurs mains dans leurs poches en affichant un air soucieux.
- On est obligés, maintenant.
- Ouais, souffla Drago sans ambition.
- On pourrait faire croire qu’on l’a mis et dire que ça n’a pas marché, tenta Blaise.
- Le Lord n’y croira pas une seconde. Et que gagne-t-on ? Du temps ? Notre mort ? De toute façon, on savait depuis début août qu’elle n’avait que dix mois.
Il soupira profondément, comme pour évacuer la tension qui montait en lui. Il ne sentait plus du tout ses jambes, prises de légers tremblements.
Il sortit le morceau de papier et, effectivement, celui-ci changea de couleur avant d’afficher la formule à prononcer : « Vedera Cantatemis ». Ils la prononcèrent ensemble.
Le mélange que contenait le flacon vira à une couleur particulière pour chacun d’eux.
Pour Drago, elle devint d’un marron chocolat aux reflets ambrés. Son ton était chaud et il frémit, voyant là, avec horreur, les yeux de la Gryffondor.
Il ôta le bouchon de la fiole et huma délicatement l’odeur. Elle n’avait pas changé depuis qu’il en avait bu au cours de Rogue – visiblement, Londubat était parvenu à créer de l’Amortentia avec une action d’excitation sexuelle en plus, ce que l’on obtenait en ajoutant du gingembre en poudre.
Pour autant, cette fois-ci, la signification de l’effluve lui apparut complètement, ainsi que les trois odeurs. La première, était très épicée ; c’était un cake que sa mère dégustait avec appétit chaque matin. Il en dégageait une odeur de cannelle, de vanille et de citron.
Il vint ensuite, le parfum si subtil de la rosée, de l’humidité matinale, empreinte de l’odeur particulière de chaque arbre présent ainsi que des fleurs…
Enfin, l’effluve la plus merveilleuse qu’il soit, apparut. C’était l’exact mélange des deux parfums précédents, mais légèrement plus acide. Et à sa plus grande horreur, il se rendit compte que c’était celui qui flottait en permanence autour de Granger. C’était celui d’Hermione. Comment allait-il pouvoir accomplir tout cela, avec l’odeur aussi forte, aussi puissante… qui émanait du cou gracile de la jeune femme ?
Dire qu’ils allaient bientôt livrer la jeune femme au Lord. Et sa délicieuse odeur aussi…
- Allez, on commence par la salle de bain. On fait attention de ne pas être touché, lança Blaise avec un sourire rieur – auquel aucun d’eux ne crut.
Drago hocha lentement sa tête, dans un état secondaire, et ils gagnèrent la pièce que le métis avait citée.
Il axa ses pensées sur l’objectif, sans penser aux conséquences de celles-ci. Il devait faire ce qu’on lui demandait, point à la ligne. Sans réfléchir. Tel un pantin.
Il s’empara du pot de shampoing qu’il savait Granger user. Il l’ouvrit et il glissa quelques gouttes du filtre.
Il refit ainsi avec son pot de parfum et sa serviette qui pendait sur un étendoir prévu à cet effet.
Ils s’occuperaient de sa chambre plus tard. Avant tout, ils devaient en glisser dans sa nourriture.
HHHH
L’elfe s’inclina bien bas.
- Tu ne devras rien dire à qui que ce soit, lui fit promettre Blaise, le regard soucieux.
Il n’avait jamais semblé aussi sérieux qu’à cet instant et Drago en fut soulagé. Il n’aurait jamais pu accomplir l’acte avec des paroles moqueuses résonnant dans ses oreilles.
- Winky fera ce que le jeune Malefoy lui a demandé.
- On récapitule. Dix gouttes dans son assiette ce soir, et pareil demain, pour les trois repas. N’hésite pas à en mettre plus.
Elle promit alors qu’ils disparaissaient derrière le tableau des cuisines.
Le processus était enclenché. Au vu de la puissance du filtre, le repas du soir serait largement suffisant, surtout si elle prenait une douche par la suite.
Une unique pensée traversa Drago : réagirait-elle toujours à sa présence ?
Et sa gorge se noua. Alors qu’il essayait d’esquiver les probables répercussions qu’aurait sur lui son éventuelle impassibilité à son égard. Elle se moquerait royalement de lui, ensuite…Mais ce n’était pas grave, il valait mieux s’écarter d’elle, non ? Après tout, n’avait-elle pas failli nuire à Blaise ? Oui… mais elle n’aurait plus aucun coup d’œil pour Drago, après tout cela…
HHHH
Pansy dévisagea ses deux amis avec une mine soucieuse, avant de scruter Hermione.
Elle dévorait allègrement son assiette et se resservit du plat une seconde fois. Etait-ce une illusion ou, lorsque la Gryffondor avait plongé la louche dans la soupe et l’avait ressortie pour la déverser dans son assiette, elle avait bien vu un liquide transparent apparaître comme par magie dans cette dernière ?
Elle secoua sa tête. Evidemment que oui. Hermione devait déjà être presque contaminée.
D’ailleurs, plus le temps passait, plus elle semblait avoir la tête perdue dans des pensées lointaines. Elle bailla lourdement et sourit en retour à Blaise.
- Alors, qu’avez-vous fait à Près-au-Lard ? s’enquit-elle.
- On est allés à la boutique de Quidditch.
- Ah ! Vous me l’auriez dit que je n’aurais pas insisté pour vous accompagner, les informa-t-elle. Vous devriez prendre de ce plat, il est très bon. En plus, il a un goût mentholé… On dirait le dentifrice de mes parents.
- Et toi, qu’as-tu fait cet aprèm ? demanda Blaise sans perdre son air joyeux et léger, la coupant là dans une réflexion inquiétante.
- On a beaucoup travaillé la magie noire. Je crois que le livre que j’ai acheté – la Magie Noire Pour Souffrir-, ajouta-t-elle devant leurs expressions interrogatrices. Je crois bien que je connais déjà plus de la moitié des sortilèges. A cause de cet acharnement, j’ai raté le contrôle d’Astronomie…
- Ce n’est pas grave. La magie noire offre bien plus d’opportunités, lui fit remarquer Pansy.
- Quand même, EE, ce n’est pas O.
- Si ce n’est que EE, pouffa Blaise.
Drago se contentait de les observer sous toutes leurs coutures.
Blaise et Pansy respiraient l’impassibilité. Sur leurs têtes, il semblait que c’était un jour comme les autres.
Est-ce que lui, Drago Lucius Malefoy, devenait-il de moins en moins Serpentard et ainsi il n’était même plus capable de souffler tranquillement ?
Sa respiration était littéralement bloquée dans sa poitrine et il ne mangeait pas, craignant de s’étouffer à tout moment. D’ailleurs, il avait bien des difficultés à déglutir ne serait-ce que sa salive.
La Gryffondor parut le remarquer car elle se tourna vers lui.
Lucius avait mentionné, quelques heures plus tôt, qu’elle devrait réagir dans les minutes suivant son ingurgitation. Ainsi, elle aurait déjà dû être atteinte et commencer à bégayer sur sa nouvelle idylle. Il n’en était rien, elle était parfaitement posée, et même sereine si ce n’est ses grands yeux noirs qui le fixaient.
Son manque de réaction aurait pu être explicable… Mais qu’elle se penche vers lui et l’embrasse sur la joue de cette manière, en collant ses lèvres délicatement sur sa peau et en s’y attardant, posant la pointe de sa langue avec une rapidité déconcertante, n’avait rien de très logique.
Elle recula sans décrocher son regard flamboyant du sien, et ne le détourna que quand cela fut nécessaire, après que Pansy l’ait appelée à plusieurs reprises.
- Enfin, tu te réveilles, Hermione, ricana-t-elle. Je viens demain vers huit heures, c’est bon ?
- Plus tôt, répondit-elle. Sept heures.
- On est dimanche ! s’écria Blaise d’un air scandalisé. Sept heures du matin ? Mais qu’est-ce que vous allez y foutre ?
- S’entrainer, pardi ! lança Pansy en les saluant, se dirigeant vers son dortoir.
Hermione approuva en consultant sa montre.
- Quand comptez-vous débuter vos plannings de révision ? demanda-t-elle en avalant une loupée de soupe à l’oignon.
- J’sais pas, répondit distraitement Blaise. Début Juin. Mi Juin ?
- MI juin ?! répéta la Gryffondor avec stupeur. Tu n’auras que deux semaines, à peine !
- Grangie, je suis bon élève, qu’est-ce que je risque ?
- On n’a pas la même notion de bon élève. Quelle est ta moyenne Zab ?
- Aucune idée. Je crois que je stagne entre Piètre et Désolant. C’est McGo qui me l’a plantée, grinça-t-il. Elle m’a mis que des T depuis le début de l’année ! Même Flitwick, il m’a coulé… Soi-disant que je ne sais pas faire léviter une tasse!
- A juste titre, non ?
- T’as qu’à devenir intelligent, Blaise, approuva Drago (cette réplique qui lui était typique, lui avait donné toute les peines du monde à être prononcée) en le devançant alors qu’il ouvrait la bouche avec protestation.
- Je le suis !
- Et moi, j’ai un sang plus pur que celui de Drago, rétorqua Hermione en levant les yeux au ciel. Au fait, Luna, t’as rendez-vous avec elle, prochainement ?
Mais pourquoi Diable, le philtre faisait-il si peu d’effets ?!
Drago sentait des frissons et des sueurs froides le parcourir.
- Non, pas de suite. On s’est un peu disputés, toute à l’heure. On n’a pas la même notion de l’usage d’un collier.
- Celui avec les perles blanches ? s’informa Drago, essayant de fixer ses pensées sur quelque chose d’autre.
- Ouais, mec. Il était magnifique, hein ? Je l’avais vu dans un catalogue et je l’avais direct commandé. En plus, ils ne le reprennent pas.
- De toute façon, pour ce que ça valait, pas la peine, fit remarquer le blond en dégustant une part de tarte.
- Quand même ! se renfrogna Blaise en tirant une moue.
- Le blanc ? s’étonna Drago. C’était seulement des perles, Blaise. On a essayé d’en vendre de tels à ma mère mais elle s’y connaissait. Elle m’a expliqué et ton collier vaut à peine dix gallions.
- Dix… dix gallions ? répéta le métis avec une expression abrutie.
- Je te l’avais bien dit. Le prix était bien plus élevé, dans mes souvenirs, raisonna Hermione en s’emparant de son sac et en se relevant.
- Combien ?
- Mille cent gallions, gémit Blaise. Tout le gain du poker…
Drago blêmit. Il songea avec une certaine animosité qu’il arrivait au jeune homme d’être particulièrement bête. Mais pourtant, il n’eut même pas le cœur à rire de cela ou à y penser plus. Il n’y avait que des vagues d’inquiétude qui le rongeaient alors que Granger sortait de la salle sans avoir l’air de subir un quelconque effet de ce qu’elle avait ingéré.
Se pouvait-il que l’elfe se soit trompé ? Non, visiblement non. Personne ne semblait vouer au Lord un quelconque et subit amour. Granger avait donc été visée.
De toute façon, la jolie brune allait certainement se doucher. Au vu de ce qu’il avait versé dans sa lotion, elle serait forcément réactive.
- Bizarre, hein ? marmonna Blaise.
- On est vraiment foutus, grogna Drago.
- Faut la cadrer…
- Totalement. Si cela ne faisait pas bizarre, je te laisserais bien dormir dans la salle commune, se fit la réflexion à haute voix Drago.
- On n’a qu’à parler et je finirai bien par m’endormir. Tu n’auras qu’à me laisser sur le canapé.
Le blond approuva d’un bref hochement de tête.
Silencieusement, ils gagnèrent les appartements préfectoraux, longeant les couloirs, foulant le sol de marbre, tous deux perdus dans de profondes pensées. Ce qui était certainement une première pour Blaise.
Quand ils franchirent le portrait, la salle commune était vide. Ils perçurent le bruit de l’eau qui fouettait le sol de la douche. Granger devait déjà être en train de se laver.
Drago, alors qu’il avançait vers la terrasse, s’imagina, glissant le long des murs, ouvrant la porte de la salle de bain, se déshabillant et s’infiltrant doucement dans sa cabine, l’embrasser puis la prendre, contre la paroi…
Il secoua sa tête en s’appuyant contre la rambarde. Il ne devait pas avoir ce genre d’idées. Ce n’était pas possible actuellement. Elle allait partir, ce n’était qu’une question de jours, voire d’heures.
Il s’accouda à la barrière.
Elle lui manquerait, elle, ses manies agaçantes, sa douce odeur de vanille, ses cheveux en pétard, son air inquisiteur, cette culture irréprochable, ses yeux ambres…
Ses petits cris de gamine, sa voix qui montait dans les aigus quand elle s’énervait, son regard pétillant quand elle allait taquiner quelqu’un, le respect qu’elle avait inspiré à sa table en un rien de temps, sa passion pour les livres telle qu’il en retrouvait même sous les tapis…
Ses silences et ses rires, ses absences et ses études…
Il n’était pas excessivement tard, pourtant, lorsqu’il rentra dans la salle, Blaise somnolait, avachi devant le feu de cheminée, sur la carpette.
Une idée s’insinua doucement dans la tête de Drago. C’était certainement une des dernières fois qu’il voyait Hermione. Peut-être était-elle déjà partie rejoindre le Maitre. Peut-être que le philtre mettait un peu de temps à agir, se prit-il à espérer.
Oui ; ce soir, il allait oser. Jamais on ne lui avait résisté et il la convoitait depuis quelques temps, maintenant. Il fallait qu’il se l’avoue. Il avait envie d’elle et rien que cette phrase, ainsi formulée à voix basse, réveilla une partie de son anatomie.
Tant pis pour ce qu’elle avait fait à Blaise. Le métis lui avait pardonné, après tout. Et elle avait été sous l’influence de la magie noire, ce jour-là. Et puis… Pansy devenait amie avec. Et puis, elle l’avait aidé, avec les mensonges de Kathlins, avec ses devoirs, avec… Oui.
D’un pas lent, où ses pieds se déroulaient langoureusement sur le sol et où il s’approcha de la chambre de la jeune femme, pour la première fois depuis longtemps, sa tête se vida de tout. Qui il était, ce qu’il était, pourquoi il était, s’il avait le droit d’agir ainsi.
Il toqua doucement à la porte. Que risquait-il ? Strictement rien. Elle le désirait depuis longtemps déjà. C’était implicite entre eux.
N’obtenant pas de réponses, il poussa le battant et le referma derrière lui.
Le blond se dirigea vers le lit à baldaquin de la Gryffondor. Les draps répartis de parts et d’autres autour d’elle, roulée en boule, elle dormait profondément.
Il se sentit vaciller face à cette façade presque innocente alors qu’elle reposait, chose délicate dans l’étreinte de ses draps soyeux.
Il glissa sa main sur sa joue, puis dans son cou. Elle bougea dans son sommeil avant d’ouvrir subitement les yeux. Elle se redressa lentement dans son lit, calmant son ardeur après avoir jeté un coup d’œil au jeune homme, dont les cheveux clairs scintillaient à la lumière de la lune.
Son regard s’assombrit considérablement quand elle se rendit compte de celui du jeune homme.
- Bonsoir, Hermione, murmura-t-il d’une voix rauque.
- Malefoy, chuchota-t-elle en guise de réponse. Alors, tu te décides enfin ?
- Faut croire, répondit-il en tirant son sourire en coin.
Hermione passa subtilement ses mains autour de son col et l’attira doucement à elle. Enfin, depuis le temps qu’ils l’attendaient, leurs lèvres se touchèrent et se capturèrent. Tout d’abord, ils ne firent que les maintenir sagement, profitant de ce contact si longtemps inespéré.
Drago s’allongea doucement au-dessus d’elle, pressant ses bras de chaque côté de sa tête, perdant ses mains dans son abondante chevelure. Il perçut qu’elle l’enlaçait au niveau des hanches, compressant son érection contre sa cuisse.
Il passa doucement sa langue contre ses lèvres avant de l’introduire dans sa bouche, jouant avec la sienne aussitôt : elle était particulièrement réceptive à ses attouchements. Peut-être rêvait-elle de lui à l’instant ? Cette idée l’excita au plus haut point.
Il faufila sa main dans la robe de chambre de Granger, caressant sa cuisse avant de remonter un peu plus haut. Sa deuxième main la rejoignit et il empoigna ses hanches, vibrant de sentir sa peau chaude contre la sienne.
Il baissa sa tête et embrassa un sein au travers du tissu, frémissant sous ses câlins tant rêvés. Il ôta lentement sa chemise de nuit, suçotant autant que possible la chaire qui s’offrait à lui.
La Gryffondor, languissant contre lui, gémissant sous ses attouchements, accéda à son pantalon et le baissa doucement, les entortillant difficilement pour ne pas se séparer. Elle le lui ôta enfin, ainsi que le reste de ses vêtements.
- Depuis le temps que j’attendais ça, susurra-t-elle à son oreille, en glissant sa main le long de son flanc.
Bientôt, son membre dur fut entre ses longs doigts et elle bougea sa main, débutant un mouvement de va-et-vient. Mû par des vagues de désir qui dépassaient la raison, Drago gémit contre elle, frissonnant de tout son long. Il imita le geste de la jeune femme et, accéda rapidement à une humidité captivante. Il enfouit son index en elle et elle bougea son bassin selon lui, se calant sur son allure.
Ils s’embrassaient avec délectation, tantôt chastement, tantôt passionnément, se perdant dans les délices de la chair. Leurs langues s’attiraient avant de s’écarter avidement, dans un mutisme total où tous deux se comprenaient parfaitement.
- Ohhh… Prends-moi…, le supplia la jeune femme.
Ses mains circulaient entre son intimité et l’intérieur si doux de ses cuisses. Incapable de résister à son appel, il les fit atteindre à nouveau ses hanches, pinçant doucement quelques rondeurs agréables et fermes.
Ne tenant plus, il donna un coup de rein puissant et la pénétra entièrement. La respiration coupée, elle l’observa, ses deux prunelles ambre grandes ouvertes sur lui, dans un regard où dansaient la passion, l’attente et le plaisir. Ses yeux étaient toutefois assombris par un voile et à certains moments, alors qu’il s’éloignait d’elle pour mieux y revenir, il se demandait si elle le voyait toujours.
Il accéléra son rythme, souhaitant puiser encore plus le plaisir qu’il en soustrayait. Son vagin qui se congestionnait autour de lui, ses courbes plaquées, ses seins qui s’écrasaient contre son torse et ses lèvres qui se tendaient vers les siennes, dans une invitation subtile et désespérée de baiser, allaient avoir raison de lui.
Il soupira de béatitude contre son oreille, revenant à sa bouche qu’il captura. Leur baiser était toutefois entrecoupé, leurs gémissements sonnant comme la plus douce des litanies.
Ils étaient tous les deux, entièrement captivés par les allers-venus du jeune homme, et les sensations qu’il provoquait à chaque fois. Ils en voulaient toujours plus, dans le moment intemporel de plaisir qu’ils s’offraient mutuellement.
Et enfin, la délivrance vint et la cadence augmenta de plusieurs crans. Drago avait crispé ses mains sur les draps, ne voyant plus rien autour de lui, si ce n’est un écran noir et opaque apposé sur la pièce. La jeune femme était dans le même état d’effervescence que lui, haletant son nom à son oreille à chaque passage insidieux en elle.
Elle plaqua ses mains dans son dos et s’enroula plus étroitement autour de lui.
Drago, appuyant ses mains sur ses fesses, les releva et la plaqua contre le mur, sans perdre de son aplomb. Il lui sembla que tout vacillait, son corps raidi par l’attente.
Il posa abruptement sa bouche sur celle de la jeune femme et elle y répondit fougueusement.
Il se déversa en elle quand elle glissa ses doigts contre ses fesses et elle le suivit presque de suite, jurant son nom.
Le Serpentard, le souffle coupé, trembla de tout son corps lorsqu’elle enroula son poignet autour de son membre. Fermant les paupières, couvert d’une sueur imprégnée de l’odeur de vanille qu’il aimait tant, il laissa glisser sa tête contre la paroi du mur.
La douleur lui fit brusquement ouvrir les yeux. Il fronça ses sourcils, car un vent frais venait de le parcourir, alors que la fenêtre était fermée. La pièce était embrasée d’un halo bleuté.
Contre son front, une bosse commençait à se former, alors que son cœur semblait battre à toute allure dans son crâne.
Il constata avec incompréhension que Granger était déjà partie et que sa main, à lui, était enfouie dans son pantalon, tenant son membre qui avait dû être dur quelques instants auparavant. Il était habillé… ?
Un coup d’œil autour de lui, lui permit d’émettre une constatation bien sentie et assez amère : il était sur la terrasse, sous les rayons lunaires. Mais pourtant… lui, et Hermione… Dans son lit ! Et ils…
Non ! Non ! Il gémit telle une bête blessée, dans ses mains. Ils n’avaient rien fait du tout, ce n’était qu’un rêve, à nouveau...
Il avait tellement envie d’elle, à cet instant. Après avoir goûté sa peau vanillée… Envie de la prendre et de la faire crier tout ce en quoi elle croyait…
Pourtant, elle appartenait au maitre et bientôt, elle partirait. Il remit son pantalon en place, rageur.
La fièvre montait en lui et il tituba en se redressant. Il avait été allongé contre la rambarde et devina qu’il avait dû s’y cogner dans son rêve.
Une tension se dégageait de son corps brulant et dans sa tête, seule une chose passait en boucle : son visage brun et ses deux prunelles mielleuses qui le fixaient alors qu’il l’emmenait un peu plus haut sur l’échelle du paradis.
Il devait la prendre, de suite. N’importe où, n’importe comment…
- Mec, ça va ?
Comment pouvait ce petit crétin et arrogant de Voldemort, en exiger l’exclusivité ? Et il osait lui donner des ordres ?! Elle lui appartenait ! Il devait lui montrer, la faire glisser en lui, dans toutes les positions possibles… De suite !
Avait-il pensé à voix haute ? En tout cas, il y pensa sérieusement quand il se massa la joue, après que Blaise – soudainement apparu dans son champ de vision brutalement éclairci- l’ait giflé.
- Ca va mieux ? retentit sa voix, résonnant dans ses oreilles.
- Ouais, merci.
Sa fébrilité était redescendue en flèche mais pourtant, il ne serait certainement pas dispensé d’une bonne douche froide.
Lorsqu’il posa ses yeux sur Blaise, celui-ci frémit de peur en croisant son regard.
- Tu es… sûr ?
- Je la veux ! Je LA veux !
Finalement, non, la fébrilité était toujours là.
- Calme-toi, doucement, lui ordonna son ami, en fronçant ses sourcils et en posant une main sur son épaule. Qui veux-tu ?
- Granger, répondit Drago à voix basse.
- Mais tu as dit que tu l’avais déjà, fit remarquer Blaise. Au poker…
- Mensonge. On ne s’est même pas embrassés…
- Ecoute mec, je sais que c’est dur, mais elle, c’est pas possible. Y a pleins de filles à Poudlard, trouve-t-en une autre… Elle, c’est la seule qui ne soit pas accessible, expliqua Blaise.
Un miaulement interrompit leur conversation. Le chat noir de Granger sortir de l’appartement en déroulant majestueusement chacune de ses pattes. Il ronronna et se rapprocha de Drago, debout. Le félin se redressa sur ses pattes arrières et posa celles de devant sur son pantalon, comme pour l’escalader.
Le blond, dans un état proche de la démence, l’attrapa par la peau du coup et le planta dans ses bras, sans un mot. Il caressa sa tête qui dodelinait selon le mouvement. Il émanait de lui l’odeur de vanille de Granger et, rapidement, Drago enfouit son nez dans son poil, inspirant à plein nez. Sans qu’il ne puisse le contrôler, un léger sourire extatique se peignit sur son visage.
- Allez Drago, arrête tes bêtises. Elle est réservée, et c’est comme ça. Cette fille ne sera jamais pour toi. Va dormir, un peu ou va en voir une autre. Kathlins n’est pas vraiment moche.
- Facile à dire ! Toi tu te l’es faite !
- Oui, mais c’est du passé. C’était sympa et on a arrêté. Je te rappellerai qu’elle a essayé de me tuer. Je vais me coucher sur le canapé. Tu devrais faire de même.
Drago approuva d’un bref hochement de tête et gagna sa chambre, sans lâcher le chat. Il jeta un coup d’œil à la chambre de la Gryffondor lorsqu’il passa devant, sentant sa gorge se nouer de regret. Ne pouvait-il pas y entrer et…
Le chat chatouilla sa joue de ses moustaches, détournant ainsi son attention.
Et dire que Granger allait partir et qu’il n’en avait même pas profité.
Plein de cette idée amère, il s’étendit sur son lit, les bras en croix. Le félin se blottit contre lui, enfouissant sa tête si douce, dans le creux de son cou, son corps chaud niché contre son épaule. Au fond, ce réconfort, si empreint de l’odeur de Granger, ne put que l’apaiser et il s’endormit, pour poursuivre ce qu’il avait bien entamé, dans d’autres songes.Un petit mot pour vous au passage ! Je souhaite à chacun d'entre vous une bonne année 2015, le bonheur, la santé, l'amour, et de la lecture :)
N'hésitez pas à me laisser vos avis, ce qui vous a plu ou déplu jusqu'ici, quel personnage vous préférez...!
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La descente en enfer d'Hermione Granger
Fiksi PenggemarDisclaimer : Rien de l'univers d'Harry Potter ne m'appartient. En revanche, l'histoire et les personnages créés sont les miens. Contient des scènes à caractères sexuels. En débutant cette fanfiction, vous pensiez tomber sur une histoire OC, sans fon...