La descente en enfer d'Hermione Granger

Chapitre 39 : Mémoires d'une âme condamnée

Chapitre 39 : Mémoires d'une âme condamnée

Lorsque Drago ouvrit les yeux, une nausée le saisit en considérant le vide entre ses bras. Il n'eut besoin d'aucun coup d'œil pour s'assurer que les vêtements d'Hermione avaient disparu. Il le savait.

Il croyait avoir ressenti son absence, lorsqu'il lui avait donné le philtre d'Amortentia, après la St Valentin, et qu'elle était censée avoir rejoint le maitre. Désormais qu'elle n'était plus, un vide immense s'était abattu dans son cœur. Surtout depuis sa déclaration... « ... je t'aime beaucoup » qui résonnait en boucle dans son crâne.

Ce week-end, qui débutait très mal, ne ressemblerait à aucun de ceux qu'il avait connus, il le pressentait déjà. Il avait espéré qu'elle le réveillerait en même temps qu'elle, afin qu'il l'accompagne. Il n'en était rien, peut-être était-ce mieux, peut-être était-ce pire. Mieux, il avait écourté le départ tragique, et éventuellement larmoyant. Pire, son odeur et sa chaleur lui manquaient déjà cruellement.

Persistaient la crainte et le dégoût. Reviendrait-elle ? Et le Lord allait apposer ses mains infâmes sur son corps. Dans ses boucles châtaines. Drago éprouva encore plus violemment le frisson remonter son échine, et son estomac se retourner.

Il se leva et se vêtit, comateux.

La matinée le vit errer dans les couloirs du château, lorgner pensivement ses habitants, sans qu'aucun commentaire n'interrompe sa léthargie. Il n'ôta aucun point à de jeunes Gryffondors qui commettaient des âneries, et ceux-ci l'observèrent, dubitatifs. Ils pensaient s'en prendre pour un mois de retenue, ils venaient d'avoir une chance inconsidérable.

S'il croisa des Serpentards, Drago les salua peut-être, il ne s'en rappelait plus. Blaise et Pansy avaient disparu, tout s'était volatilisé, il était seul, et il avançait, imperturbable, sans remarquer les aurors ou les professeurs ou les étudiants.

Il aurait dû réviser, surtout en Sortilèges, mais la seule mention qui revenait sans cesse était cette question, latente, et qui éclatait maintenant : « Où ai-je envoyé Hermione ? ». L'unique réponse satisfaisante qu'il tolèrerait, serait le retour de la miss-je-sais-tout, en un seul et même morceau.

Aux alentours de midi, il sortit de sa transe au contact froid de la pierre. Il s'était assis dans les gradins du stade de Quidditch, et ignorait depuis combien de temps il s'y trouvait.

Drago songea qu'il y aurait dû avoir entrainement, cet après-midi. Mais cette semaine, il les avait tous annulés. À quoi bon, la coupe n'était-elle pas à eux, cette année ? Même la coupe, pouvait brûler. Qu'avait-il à faire de cette bonbonne d'or ? Lui apportait-elle le répit, l'apaisement ?

Il se releva et reprit son défilement dans les couloirs. Il paraissait que toute la lumière du monde s'était évanouie en un souffle. Les gardes postés autour des entrées principales et des salles communes ne l'alarmaient pas. Les filles qui gloussaient en l'apercevant, lui semblaient de délicieuses statues auxquelles il ne prêtait nul égard.

Il atterrit à la bibliothèque et s'écroula sur la chaise qu'Hermione affectionnait, devant de la table que la Gryffondor fréquentait perpétuellement, pour son reclus et sa tranquillité.

Drago y resta quelques instants, à l'imaginer là, révisant, souriant pensivement. Mais comme rien ne venait, il se redressa et gagna l'appartement. À la recherche du chat noir d'Hermione. Il dégageait l'odeur de sa propriétaire, peut-être que si Drago le serrait contre lui, il pourrait se rendormir et ne se réveiller qu'au retour de la jeune femme.

Drago eut beau l'appeler, le soudoyer, lui proposer des poissons frits ou n'importe quoi d'autre, le félin ne répondit nullement. Et le blond grinça des dents. N'avait-il pas affirmé à Hermione que son maudit chat était trop sauvage ! Incorruptible, insensible, gracieux... un vrai Gryffondor.