𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

09. Hasta Luego

Un moment de joie qui va finir en pleurs.

 – Imen ES

꧁༺Yousr Seghir ༻꧂

En rentrant chez moi, folle de rage, je balance mon gilet pare-balles au sol avant de me tenir droite, les mains sur les hanches. Ce putain de braqueur va me faire perdre la boule, et ma place au travail. Il a l'air d'aimer de se foutre de ma gueule. Me faire une déclaration de la sorte, devant mes collègues ? Ils ont maintenant un doute sur le fait que je connaisse sûrement les braqueurs les plus recherchés de la planète. 

Des putains de conneries. 

Comme si j'allais devenir ami avec ce groupe de délinquant. Je fais régner la loi, pas l'inverse. 

Zakaria, mon petit frère, rentre dans la salle à manger, le sourire aux lèvres. Bien sûr que ça l'arrange celui-là. Le peuple aime les vilains, et a une haine contre les gentilles personnes qui leur sauvent le cul quand ça les arrange. Il s'assoit sur le canapé, allumant la télévision sur les informations.

─ « Peut-on parler d'un groupe de terroriste Qing ? Demande une journaliste à son collègue.

─ C'est la première fois qu'on a ce genre de problème en Chine, je vous avoue, il lui répond en se grattant le crâne. La police n'a pas l'air de bouger d'un pouce.

─ Est-ce que vous savez qu'ils nous ont mis des Arabes sur l'enquête ? Notre pays a assez de ressources pour mieux faire. Ils devraient nous laisser faire.

─ Je suis d'accord avec vous. Les touristes font désormais leurs lois et braquent nos banques. Ils devraient rentrer chez eux, et cambrioler leurs maisons de sable ».

Zakaria semble s'amuser de la situation, pas moi. Ils ne vont pas se gêner d'être racistes contre des braqueurs qui ne sont même pas chinois. Je me passe une main dans les cheveux en soupirant. 

Ta crédibilité vient de prendre un coup. 

Ce braqueur du nom de Night me tient par la gorge, et la télévision n'arrange pas les choses. On nous traite d'incapables, et j'ai l'impression de le devenir. Mais non... C'est la première fois que ce groupe fait appel à mes négociations. C'est la première fois qu'ils décident enfin de prendre contact avec nous. Peut-être que ce n'est pas encore perdu. 

Tu as une chance de tous les foutre en taule Yousr. Alors fais ton taf sans te soucier des dires des autres.

─ Je vais me doucher, je préviens mon frère avant de rentrer dans la salle de bain.

─ Une douche froide Yousr ! Il me répond en gloussant. Comme celle que t'as prise aujourd'hui.

Quel salaud. 

Je pose mes mains sur le lavabo, relevant la tête face au miroir devant moi. Un soupir quitte ma bouche et j'analyse mon visage. Des gros cernes noirs me rappellent que j'ai perdu plusieurs jours pour rien. J'ai été obligé de boire du café pendant deux jours, avant qu'on ne m'oblige à rentrer chez moi. Si Night doit rappeler, il devra négocier avec quelqu'un d'autre que moi. Du moins, s'il se laisse faire. 

Je retire la barrette dans mes cheveux, et m'empare du peigne pour démêler ma touffe de cheveux bouclés, avec un spray à la vanille qui les humidifie un peu. 

Si papa et maman se renseignent davantage sur l'enquête dont je suis chargé et qu'il arrive à traduire le journal chinois, ils me tueront. 

Je finis par me déshabiller et prendre le pommeau de douche.