𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

20 | ZAFAR

SONG : All The Stars – Kendrick Lamar

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Depuis tout ce temps, cette personne se cachait presque en face de chez Yara sans qu'elle ne soupçonne quelque chose. D'ailleurs, sans que personne ne soupçonne quelque chose. 

L'idée de vouloir le démasquer à tout prix me brûle les veines, l'adrénaline en trop dans mon sang, mais je ne peux pas quitter l'appartement. Et si cette personne arrivait à passer sous mon regard et à se rendre chez Yara pendant que j'essaye de la coincer ? 

Les lèvres pincées, je peste contre moi-même face au peu de chance que j'ai de l'attraper. Le mannequin se tourne vers moi, me questionnant du regard. 

Petite perle, tu n'es pas prête pour découvrir tout ce qui trame sous ton nez sans que tu n'y portes de l'attention. Ces gens-là n'attendent pas que tu ais le dos tourné pour s'acharner. Ils portent un masque et te poignarde le cœur avec un grand sourire aux lèvres.

─ Depuis quand tu portes des lunettes ?

J'ai juste voulu essayer le dernier travail que Zakaria m'a envoyé. Une paire de lunettes dernier cri et à la pointe de la technologie. Je n'aurais jamais pensé qu'après les avoir essayés une première fois, le zoom incrusté me ferait voir l'inconnu qui s'en prend secrètement à Yara. 

Lançant un dernier regard à travers la balustrade, j'aperçois une fumée noire sortir par la porte-fenêtre dont sortait son stalker. 

C'est bien... Détruis les preuves derrière toi, j'en trouverai deux fois plus. 

D'une main au creux des reins de Yara, je la pousse à l'intérieur de la maison et referme le balcon derrière moi, avant de le recouvrir du rideau blanc qui doit à peine cacher les ombres de la maison. 

Depuis quand l'espionne-t-il d'aussi près ? 

Celle-ci se tourne vers moi, les bras croisés contre sa poitrine dans l'attente d'une réponse de ma part. J'en ai oublié la question... 

Je me rends compte à cet instant à quel point il est difficile de la protéger. 

Tournant le regard autour de moi afin de m'assurer que nous sommes seuls, j'avance ma tête vers la sienne et son corps se tend face à notre proximité.

─ T'as fini de faire la gueule pour Sarqan ? Je lui demande en essayant de clôturer le sujet qui ressasse dans ma tête.

En effet, depuis notre dernière altercation à propos de mon groupe de braqueurs, où je lui affirmais qu'ils la tueraient sans regrets, Yara n'a pas daigné me lancer un regard. Regrettable tout en sachant que nous partons dans quelques heures pour le Liban et qu'elle va devoir faire copain-copain avec moi si celle-ci ne veut pas retourner illico presto à New York pour le travail.

─ Tu ne réponds pas à ma question, se renfrogne celle-ci.

─ Toi non plus.

Ses yeux lunaires s'ancrent dans les miens avec une aisance qui me déconcerte. Si je pouvais ancrer cette couleur dans ma peau, je le ferais sans hésiter.

─ J'ai posé la question en premier.

Elle ne se décourage pas celle-là. 

Dans son regard, il y a cette affirmation que la paire de lunettes n'est pas anodine, mais trésor, il y a encore un grand écart pour que je puisse te donner ma confiance.