𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

12. Cruel Summer

Nous sommes vraiment chaotiques quand on se met à vouloir se détruire après s'être aimé.

𓆩Ƶⱥïᵯ Ҟħⱥꞥ𓆪

J'arpente les couloirs de ma nouvelle maison, accompagné de Yazhïr et de l'agent immobilier. Elle est assez grande pour accueillir toute ma famille, mais pour le moment, ils resteront loin de moi. Tous. Je dois œuvrer seul pour cette mission. 

En montant à l'étage, l'agent nous montre la chambre parentale qui est assez spacieuse. D'ailleurs, cette maison est par chance, déjà meubler. Je me dirige vers la grande fenêtre du côté gauche de mon lit, me donnant vue sur ce que je vais chérir ses prochains mois. Je pense qu'avec des jumelles, il sera plus simple d'espionner ma nouvelle voisine. 

La main de mon professeur sur mon épaule m'empêche de m'imaginer plus loin dans mon obsession. Je le regarde en haussant les sourcils.

─ L'agent te demande si t'es sûr de la vouloir cette maison.

Derrière lui, se tient l'homme presque habillé comme moi. Un costume trois pièces, dont la veste est restée dans la voiture et les manches de sa chemise, remontées presque aux coudes. Dehors, la chaleur est insupportable, mais à l'intérieur, la climatisation effectue bien son travail. Je décale Yazhïr en souriant afin de pouvoir faire face à l'agent immobilier.

─ Les clés.

Celui-ci semble troublé par mon ordre, et ose poser les yeux sur mon chef pour essayer de comprendre où je veux en venir. D'un geste de la tête, Yazhïr lui ordonne de me donner les clés de ma maison, sans s'opposer. Il s'approche doucement de moi qui le surplombe du regard, et dépose les clés dans la paume de ma main.

─ Donne-lui l'argent et dis-lui de partir, j'enchaîne en parlant à mon patron, avant de sortir de la chambre.

Je descends, toujours ébloui par ce qui est désormais à moi. Une grande barraque où mes frères et sœurs pourront profiter une fois que la négociatrice est hors de portée. 

En rentrant dans la cuisine, je souris en contemplant mon îlot central gris marbre et le grand plan de travail installé à côté des fourneaux. Ça va être super... De pouvoir démembrer les voisins qui me feront chier. Petit bémol, la cuisine est blanc et gris. Ça se tache facilement si je n'y fais pas attention. 

Les voix de Yazhïr et de l'agent se dissipent et disparaissent une fois que j'entends la porte d'entrée se refermer. Un soupir quitte ma bouche, et je pose mes mains sur l'îlot centrale, en contemplant tout autour de moi. Malheureusement, c'est une cuisine américaine, et je déteste quand l'odeur de la nourriture s'incruste dans la pièce principale. 

Quand la porte d'entrée s'ouvre à nouveau, ce sont les voix de mes frères et sœurs que j'arrive à reconnaître. Ils me rejoignent rapidement, des sacs de courses en main. Je souris en contemplant la famille Khan réunie au complet qui va pouvoir passer sa meilleure vie ici. Même s'ils ont des enfants, je suis sûr qu'on pourra tous tenir dans cette maison. Ce n'est pas que la mienne, c'est désormais la nôtre.

─ Alors ? Me dis Zafar en posant sa main sur mon épaule. Elle sera Lisbonne ou pas ?

Tout le monde s'arrête de parler et me dévisage. Ma famille passe avant une femme qui est prête à la détruire.

─ Moi vivant, elle devra sentir sa vie en danger.

Et comme si j'avais dit quelque chose qu'ils attendaient tous pour être soulagés, chacun reprend ses occupations en rangeant les placards ou le frigo. 

Au moins pour ce soir, je ne mourrais pas de faim. 

D'ailleurs, la journée se déroule trop rapidement à mon goût. Une fois que tout est rangé à sa place, il est l'heure pour mes frères et sœurs de me lâcher.