𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

23 | YARA

SONG : War of Hearts – Ruelle

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Alors que Willow me ramène le frisbee que je viens d'envoyer dans le jardin, j'aperçois Zafar traverser la baie vitrée pour venir nous rejoindre. 

Hier, je n'aurais jamais pensé qu'il me ramènerait vraiment le refuge chez moi, et même si ça été compliqué de tous les quitter, j'ai dû me faire une raison ; je ne pouvais pas tous les adopter. Dommage. Mais Willow lui, restera avec moi. Gabi pétera un câble lorsqu'elle sera tenue au courant, mais je m'en fiche. Peut-être que ma source de bonheur commence par un chien. J'en prendrai soin et l'emporterais avec moi partout. Il n'est pas très bien éduqué et surtout, il ne comprend que l'arabe. Alors je vais devoir tout refaire son éducation – je suis certaine d'y arriver – et commencer à lui faire entrer la langue anglaise dans la tête. 

Le dalmatien est une race intelligente, sportive et câlin amicale. La meilleure race pour quelqu'un comme moi. Encore faudrait-il qu'il arrête de me feinter lorsqu'il s'apprête à me rapporter le jouet, mais qu'il se détourne à la dernière seconde avant de courir à toute vitesse jusqu'au fond du jardin. 

Finalement, je suis reconnaissante envers Zafar. Depuis que nous sommes au Liban, je n'ai qu'à demander ce que je souhaite et il me l'apporte sans me contredire. C'est comme si nous revenions au passé où il m'offrait déjà ce que je demandais et ce que mes parents me refusaient. Il m'a fait devenir une petite fille trop gâtée, mais pas par ses parents. Il a joué leurs rôles dès que je me suis éloigné du chemin qu'ils désiraient si ardemment pour moi.

─ On va profiter pour apprendre à se battre.

J'interroge du regard Zafar qui vient se poser à mes côtés dans l'herbe. 

Le début de matinée commence par la chaleur avec une légère brise de vent. Ses yeux scrutent notre chien qui s'élance à toute vitesse avant d'aller le cogner. Il se fait emporter en arrière, Willow lâche le jouet pour venir lécher le visage de cet homme que j'aime tant, qui rouspète en essayant de le dégager. Je ris aux éclats face à la scène. 

Il y a des centaines de raisons qui me poussent à aimer Zafar et je pourrais toutes les énumérer, mais quand il agit de façon si naturelle, c'est ma raison préférée. 

Celui-ci attrape le museau de Willow, le décalant pendant qu'il se redresse sur ses fesses. Je souris à pleines dents, heureuse d'avoir forcé pour qu'il soit mon garde du corps. Nous avons tant de choses à rattraper, qu'importe s'il me déteste. Lorsqu'il jette à son tour un regard dans ma direction, ses yeux brillent. Comme s'il pensait la même chose que moi. 

C'est comme si nous étions déjà mariés. Le chien, la maison au Liban, nos rires sincères, nos regards en biais et nos sourires timides.

─ Allez, lève-toi, m'ordonne-t-il en reprenant conscience.

─ Mais pourquoi ?

─ Pour apprendre à te battre, Yara. Ta vie est trop dangereuse pour que tu restes sans défenses.

─ Mais t'es là, toi.

Il se pince les lèvres en se relevant et mon cœur rate un bond. 

C'est quoi cette réaction ? 

Qu'est-ce que ça veut dire ? 

Zafar me tend sa main et je l'attrape alors qu'il me lève sans difficulté. Mes yeux restent bloqués sur nos mains liées, comme par le passé. La chaleur de la sienne vient réchauffer la mienne et un sentiment réconfortant s'empare de moi. Je n'ai pas envie de la lâcher, j'aimerais qu'elle m'emmène dans un monde où il n'y aurait que nous deux.