𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

03. دم

Celui qui veut gagner de l'argent sans en avoir, ressemble à celui qui veut porter de l'eau dans un crible. 

– Proverbe Arabe

 La différence entre un riche et un pauvre ? On pourrait en rapporter des centaines. Les marques de luxe, le lieu d'habitation, la nourriture, les vêtements, la mentalité... Pourtant ils se ressemblent tellement. Une tête, une bouche, un nez et des yeux, un cœur, des poumons et toute la merde qui va avec. Pourtant, l'un se lève pour gagner de l'argent, n'importe d'où il vient. Et l'autre se gratte le cul sur son canapé en bouffant ses chips Lays, goût Ketchup.

Je suis riche d'argent et pauvre d'amour.

Cela me convient-il ? Parfaitement. Quelle chochotte à besoin de se trouver une femme pour vivre ? Entouré de sa famille est la meilleure des choses. J'ai un peu la flemme d'accorder ma confiance à n'importe qui. C'est trop fatigant pour mon cœur et moi. 

Un bruit me fait sortir de mes pensées. Je relève la tête vers mon professeur, qui vient de jeter un dossier sur mon bureau. Le fait d'être le deuxième plus intelligeant de la famille, c'est aussi fatigant putain. Pas de repos, pour repasser derrière Zahrâ et confirmer qu'aucune erreur n'a été faite. Pourtant, quand j'ouvre le dossier, c'est autre chose que je vois. J'interroge du regard Yazhïr, qui s'installe sur la chaise en face de moi, les coudes sur ses genoux.

─ J'ai mené ma petite enquête sur la voiture qui était à tes côtés au Congo.

─ Poissons frais ! Poissons frais ! Hurle quelqu'un en chinois à travers la fenêtre.

Je nous croyais dans un endroit paisible comme d'habitude, mais mon professeur compte bien s'échapper de la Chine après notre coup d'éclat. 

Je m'installe confortablement sur ma chaise de bureau, tout en allumant une clope. La nicotine me brûle à l'intérieur, et ce n'est pourtant pas ce dont j'ai besoin avec la situation dans laquelle je suis. Je recrache la fumée, en fermant mes yeux.

─ Elle s'avère travailler sur nos coups d'éclats.

Comment lui dire que je m'en tape un peu, mais...

─ Elle ? Je lui demande en me redressant.

─ Oui elle.

Je prends des doigts la photo du dossier, et recrache une autre dose de nicotine sur celle-ci. 

Elle... C'est qui même... Elle ? 

Yazhïr se relève en soupirant. Sa main passe dans ses cheveux bouclés alors qu'il fait les cent pas dans la pièce. Est-il vraiment inquiet ? Comme si la police pouvait changer quelque chose... ça fait cinq ans que je suis dans le métier avec lui, et vingt ans que je me débrouille pour voler seul. 

On m'a même surnommé Aladin le Roi des Voleurs dans un communiqué de presse, juste pour avoir volé un concessionnaire entier... Ne vends pas des voitures qui me tapent à l'œil. Je n'ai pas envie de gaspiller ma vie alors que je peux les avoir gratuitement.

─ J'ai la flemme de lire, je souffle en repoussant le dossier, et la photo que je n'ai pas pris le temps d'analyser. Dans trois jours, c'est la banque de Chine, je n'ai pas envie de penser à cette policière.

Yazhïr semble baisser les bras et perdre espoir. Je déteste entendre parler de flics. Je souhaiterais qu'on fasse nos affaires sans penser aux risques qu'on prend. C'est évident qu'un jour, nous allons tomber ou crever, mais... Mais on s'en fiche. La famille Khan s'en fiche.