𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

19 | INCONNU

SONG : Help – Isabel LaRosa

🕯

Il me gêne. 

Partout où j'essaye de l'avoir dans mon champ de vision, il apparaît lui aussi. 

La colère gronde dans mes entrailles et l'envie de lui tirer une balle dans la tête me ronge de plus en plus. Je n'apprécie guère qu'on se mêle de mes affaires, et encore moins lorsqu'un nouveau garde du corps pointe le bout de son nez et la charme alors qu'elle ne lui appartient pas. 

Yara Sultani est ma muse à moi seulement. Et bordel, personne d'autre que moi ne peux l'approcher d'aussi près. 

La soirée du restaurant, lorsqu'il l'a maculé contre un mur m'a donné des envies irrésistibles de meurtre. Mais je sais aussi que si je m'approche trop près de lui sans avoir de plans, il me fera disparaître en un claquement de doigts. Et Zafar Khan a l'air d'en connaître un sacré paquet sur le piratage. J'ai beau envoyer des centaines de messages à Yara sur son portable, tablette ou ordinateur, ils finissent dans les SPAMS et quelqu'un s'occupe de les effacer avant qu'elle ne se pose des questions. 

Le monde n'est pas assez grand pour répondre à la requête de deux obsédés. L'un d'eux doit disparaître et ça ne sera pas moi. 

Me relevant, un verre de cognac dans la main, je laisse la musique filtrer à travers mes enceintes pendant que mes yeux contemplent les centaines de photos parsemant mon mur. 

Still Don't Know My Name de Labrinth résonne dans la pièce sombre aux néons bleutés qui me font rêver de toi chaque nuit. 

Ne me dit pas que ta couleur préférée est le rose alors que je me perds dans un océan bleu en espérant chaque soir t'y noyer. 

Est-ce que tu connais mon nom ? Le réel, pas celui qui me cache quand je peux t'avoir enfin face à moi, prêt à t'écraser... 

Comme le dit la musique qui traverse mes oreilles ;

« Et à chaque fois que je pense à l'alignement des planètes, tu restes tellement proche, mais tu es déjà trop loin. » 

Comment puis-je être capable de te frôler des doigts sans jamais n'arriver à t'atteindre ? 

Par la fenêtre du building qui me ramène droit à ton salon, j'observe ton ombre se déplacer avec grâce, préparant tes affaires pour te rendre dans un pays dont personne ne veut encore me divulguer le nom. Même pirater les données personnelles de ton nouveau garde du corps semble impossible. Comme s'il s'amusait avec moi, me piégeant de son informatique trop chargée pour moi. Les mots de passe s'enchaînent, se métamorphosant dès que je suis le point de trouver et mille combinaisons ne semblent pas assez pour entrer dans son ordinateur.

─ Depuis combien de temps ? J'entends au travers de ma porte.

─ Assez pour que ça inquiète tout son entourage.

La poignée de ma porte semble vouloir s'affaisser, mais j'ai fermé à clé alors personne ne peut entrer, surtout avec le verrou à l'intérieur que j'ai fait installer. 

Ouvrant la baie vitrée, j'avance doucement sur la terrasse, mes jumelles en main pour la contempler. Son homme de main n'a pas l'air d'être dans les parages et tant mieux. J'ai détesté les voir s'installer sur le balcon à rire tout en mangeant comme si ça pouvait atténuer le trouble alimentaire dont elle souffre. J'ai encore plus haï la façon dont il l'a suivi lorsqu'elle est retournée dans le salon, cherchant la première salle de bain pour vomir et lui pour l'aider.