24. Mon amour interdit

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Suis le métier de ton père si tu veux être sûr de réussir dans la vie. 

– Proverbe marocain




𝕐𝕠𝕦𝕤𝕣 𝕊𝕖𝕘𝕙𝕚𝕣

La mort n'est que de passage. Une fin avant un autre début. Un traumatisme pour ceux comme moi, qui ne cesse de penser à ça. La peur de la mort me bouffe les entrailles, et chaque nuit, elle m'empêche de dormir. 

Alors quand j'ai dû aller aux funérailles d'Anna, hier, toutes mes peurs sont remontées à la surface. C'est aussi pour cette raison que je n'ai pas réussi à dormir cette nuit. Cette pensée est plus présente que le baiser phénoménal avec Zaïm. La situation d'Anna m'a prouvé – ou plutôt, nous a prouvé – que dans notre métier, la mort arrive plus prématurément que chez les autres. 

Je tourne la tête vers la table de chevet où est posé un dossier concernant le meurtre de mon amie. Je ne pardonnerai jamais la personne qui l'a tué, et je la détruirai à mon tour. Certes, la vengeance n'est pas la meilleure des prouesses, mais je ne peux vivre sans être en paix avec moi-même. Et je ne serais pas en paix avec moi-même tant que je n'aurais pas résolu le meurtre d'Anna. 

Ma mère m'a appelé plus tôt, pour essayer de voir si je vais bien. J'ai l'habitude de mentir et de lui montrer un visage impassible. Malheureusement, si ça fonctionne avec mon frère et mon père, ça ne passe pas inaperçu pour ma mère. C'est comme si aucun enfant ne pouvait mentir à sa mère. Même si elle ne dit rien, elle le sait, c'est aussi sûrement pour cette raison qu'elle a fait venir Zaïm ici. 

Rien qu'en pensant de nouveau à la scène d'hier soir, j'ai tout de suite plus chaud. Ma grosse couette est de trop et d'un coup de pied, je m'en débarrasse. 

Comme on l'a dit hier soir, ça ne servira à rien de faire comme si on devait oublier ce qu'il s'est passé. Aucun de nous n'arrivera à le faire. Du moins, moi... C'est impossible. Sa bouche qui prend possession de la mienne, sa langue qui me fait tant languir, ses mains puissantes qui attrapent mes hanches, les malaxent, pendant que son entre-jambe et le mien cherche à se dévorer même à travers nos vêtements. 

Je me retourne sur le dos, les joues brûlantes et le regard vissé au plafond. C'est assez embarrassant. Surtout, s'il savait que j'avais réussi à m'endormir seulement dans ses bras et qu'en allant me porter jusque sur mon lit, ça m'a tenu éveillé jusqu'à... 

Le réveil sur la table de chevet sonne huit heures. Donc, depuis huit heures, je cherche par tous les moyens de m'endormir, mais sans succès. Chaque fois que je ferme les yeux, mon cœur se met à battre plus rapidement, la peur de mourir me surplombe et des pensées macabres fusent dans mon cerveau. 

Plus petite, j'ai pensé à me suicider, alors si la petite que je suis devenue savait à quel point elle craignait la mort maintenant, elle se moquerai. 

Je m'assois difficilement sur mon lit, craquant ma nuque et mon dos avant d'enfiler une paire de pantoufles, la robe de chambre de l'hôtel et de sortir en baillant, les cheveux ébouriffés. Il faudra que je les lave pour ce soir. Il y a une œuvre caritative que le commissariat de Paris a prévu après la mort d'Anna. L'argent gagné sera versé à sa famille. Ils ne sont pas vraiment aisés, et Anna était leur seule source d'argent.

─ Salut, me lance doucement Zaïm, assis sur la table à manger.

─ Me parle pas toi, je n'ai pas encore pris mon café, je lui réponds d'un ton sec.

𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant