𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

18 | ZAFAR

SONG : Butterfly – Isabel LaRosa

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C'est la merde, j'ai envie de dire. 

Alors que je m'élance dans le grand couloir du penthouse de Yara, je cherche à la fuir le plus loin possible. Peut-être prendre ma veste, mes clés, mon âme et mon amour prendre pour m'enfuir et me protéger ainsi que ma famille du secret qu'elle a gardé depuis longtemps alors que je pensais être un coffre bien fermé. 

Je ne suis pas le seul dans cette merde, mais ma famille l'est aussi. 

Arrivé dans le salon, sa main empoigne la mienne et avec sa force, elle me retourne sans grande difficulté. Ses yeux d'un gris lunaire s'implantent dans les miens et la posture qu'elle arbore me rappelle que tomber amoureux, c'est devoir révéler une grande partie de ses secrets sans même avoir à parler. 

Sarqan... 

Sarqan a été ma raison de vivre pendant quelques années avant de devoir tout arrêter. Sarqan, c'est mon bonheur, mais aussi le pire de mes malheurs. Sarqan, c'est de nouvelles rencontres, mais c'est aussi devoir dire au revoir à d'autres même si ces personnes étaient proches de vous. Même si ces personnes faisaient partie de votre famille. 

Et comme si Yara lisait en moi, elle comprend à qui je pense en cet instant...

─ Il en manque un n'est-ce pas ?

Sa voix est si douce qu'elle peut passer à travers une brise d'été. 

Mon cœur comprend qu'il n'a jamais fait le deuil et que ça n'arrivera jamais parce que la famille Khan est proche, mais elle est simplement tout. Les doigts de Yara s'entrelacent aux miens avant que son corps ne s'approche un peu plus et elle lève la tête afin de continuer à me toiser.

─ Le plus petit des Khan. Il manque Zuhïr Khan dans ceux que tu ne m'as pas présenté. Le seul braqueur mort au Qatar. Pour votre dernier braquage.

Mes yeux s'embrument de larmes, ma poitrine se comprime au point où il m'est désormais difficile de respirer correctement. 

La perte d'un proche engendre la tristesse et personne n'est prêt, personne ne peut comprendre à quel point la famille Khan est brisée. Si brisée qu'elle ne cherche plus à se rendre visite. Si brisée qu'être éloigné les uns des autres est notre seul calmant. Notre seul médicament pour espérer aller mieux. 

Le regard de Yara me jauge sans jugement et son pouce caresse la paume de ma main. J'ai envie de plonger dans ses bras, de la supplier de me donner autant d'amour que le faisait mon petit frère, la laisser me baiser jusqu'à ce que j'en oublie les horreurs de ce dernier braquage. 

Mais la porte d'entrée qui s'ouvre me fait reprendre conscience. Il est hors de question que je montre ma faiblesse à cette femme, elle qui connaît déjà l'un de mes plus gros secrets... 

D'un geste brusque, je retire ma main de celle de Yara et me racle la gorge en me décalant d'elle alors que Gabi entre dans le salon, un air étourdi. Elle a trop bu pendant sa fête où j'ai interdit Yara d'y aller.

─ Qu'est-ce que vous avez à me regarder comme ça ? Nous demande-t-elle avant de s'étaler sur le grand canapé. Et pourquoi personne n'est encore couché ?

Un dernier regard au collier Swarovski que j'ai offert plus jeune à Yara et je finis par remonter dans ma chambre sans lui adresser le moindre mot. Derrière moi, la porte se referme et je plonge dans mon lit, la tête dans l'oreiller prêt à hurler ma rage.