29 | INCONNU

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SONG : No Role Modelz – J.Cole


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La ville bruit d'une vie effrénée, illuminée par des néons criards et enveloppée d'une atmosphère de promesses inachevée. 

Elle est revenue. 

Je devenais malade de son absence. Yara Sultani. Son simple prénom résonne dans mon esprit comme une mélodie obsédante. Elle a quitté New York pour des vacances et je n'ai jamais pu remettre la main sur l'endroit où elle a pu se rendre. Les gens disent Hawaï, moi, je n'y crois pas le moins de monde. 

Et pendant tout ce temps, elle était avec cet homme. Zafar Khan. 

Une anticipation frénétique monte en moi chaque fois que j'approche de son palier. Je devrais sonner, elle m'ouvrirait et je la kidnapperais. Plus personne ne pourra jamais la retrouver. Elle a emporté mon âme et chaque jour sans pouvoir poser un œil sur elle, a été un combat pour ma raison. Je ne peux pas oublier une passion qui me consume. 

Je longe le couloir de son nouvel immeuble, feignant une distraction tout en prenant soin de rester cacher dans l'ombre si quelqu'un sortait de chez elle et je me force à respirer profondément. Chaque instant découlant de ce désir palpable de la voir, de retrouver son regard, ce mélange d'assurance et de douceur qui m'a tant fasciné. 

Je m'attarde avant sa porte, dépose un panier de fruit, avec un mot particulièrement pour elle et son nouveau copain qu'elle nous a présenté sous le nez. Je n'ai pas trouvé la prochaine victime à qui je volerais l'appartement pour t'avoir sous mes yeux à chaque instant. 

J'ajuste correctement ma capuche avant de prendre la sortie de l'immeuble, mon cadeau devant sa porte. Le bruit des rues new-yorkaises s'intensifie, un mélange de klaxons, de cris et de rires. Les gens passent rapidement, plongés dans leur propre monde, indifférents à la lutte silencieuse que je mène en moi-même. 

Mais pour moi, ce n'est pas une simple rue ; c'est la scène d'un théâtre où le drame de ma vie se déroule. La pièce s'appellerait « Obsession », avec moi comme seul acteur, attendant mon seul public. Elle. 

Je monte rapidement dans mon véhicule, allumant mon ordinateur où la silhouette familière de Yara se profile à travers la caméra que j'ai installé dans son nouveau salon. Elle avance avec une grâce naturelle, chaque pas semble calculé et pourtant si désinvolte. Ses cheveux, bouclés et noirs corbeau flottent doucement au gré de ses pas. 

L'espace d'un instant, tout en moi semble s'arrêter. Le tumulte de New York, les voitures qui klaxonnent, même le battement de mon propre cœur. Rien ne compte désormais, à part elle. Elle récupère le panier de fruit, ses traits tirés par la surprise.

─ Qu'est-ce que c'est ? Lui demande son foutu copain.

─ C'était devant la porte.

Il récupère discrètement le bout de papier sans que Yara ne s'en rende compte et ça m'irrite si fortement que je donne un putain de coup au volant. Yara récupère un fruit de la passion, son sourire illumine ma vie et je ressens une vague de chaleur me submerger. 

C'est ce sourire qui a réussi à briser les murs de ma solitude. 

Depuis des années, je traque chaque mouvement, chaque post sur les réseaux sociaux. Je connais ses habitudes, les cafés qu'elle aime, les animaleries qu'elle rend visite. Mais cette fois, c'est différent ; une autre personne convoite ce que je désire et je ne peux pas laisser passer. 

Chaque image de Yara est une pièce du puzzle complexe qui compose l'idéal que j'ai construit autour d'elle. Un portrait idolâtré que j'ai l'habitude de tissé dans mon esprit. Et dans chacun de mes appartements, j'accumule des coupures de journaux, des photos, des anecdotes qui m'entoure comme un cocon. 

Une prison volontaire que je me suis moi-même fabriquée.

─ Il n'y a pas de mot pour savoir qui m'a déposé ça ? Demande-t-elle d'une voix douce.

─ Ça doit seulement être l'accueil pour te souhaiter la bienvenue.

─ Fils de pute, je crache en entendant son excuse.

Et comme s'il m'avait entendu par je ne sais quel hasard, le fameux Zafar tourne la tête dans la direction de la caméra que j'ai caché et mon cœur s'arrête une seconde. L'angoisse m'envahit. 

Il l'a trouvé ? L'homme se rapproche du mur et soulève le tableau, un sourire aux lèvres en comprenant qu'ils sont surveillés. 

Ce n'est pas grave... Il y en a d'autres cachés dans la pièce...

─ Je ne sais pas si tu peux m'entendre, commence-t-il d'une voix menaçante qui me fait froid dans le dos. En fait, tu peux m'entendre, c'est une caméra-micro... Sache que j'ai hâte de mettre la main sur toi. Je te laisse juste courir un peu pour que le jeu soit amusant. Cache-toi bien, petite souris... Le gros chat n'est pas très loin de toi.

Et plus rien n'apparaît sur mon écran d'ordinateur. D'abord, je suis sous le choc. Comment peut-il découvrir chacune de mes cachettes ? Comment peut-il avoir un coup d'avance sur moi ? Chacune des caméras qu'il trouve, s'éteint en même temps alors qu'il est affalé sur le canapé au centre du salon. 

Mon cœur n'est plus qu'un débris causé par l'angoisse et le stress. Une nouvelle image apparaît sur mon écran, avec quelques lignes qui me sont destinées...

« Ne vise plus à attaquer quelqu'un de plus haut placé que toi. Si j'avais du temps à perdre, je descendrais t'attraper par les couilles. Toi qui te caches dans ta bagnole. »

Je ne lis pas la suite et referme l'ordinateur avant de le jeter sur le trottoir. 

Putain de merde ! Comment peut-il tout savoir ? Dans ce mélange de déception et de désir, je sens la rage croître en moi. Je dois réagir, ne pas rester là, dans l'ombre à la regarder vivre sa vie avec quelqu'un d'autre. Sans moi. 

J'active le contact de la voiture et pars en trombe pour trouver un nouvel appartement qui me permettrait d'avoir une vue directe sur le sien. Un frisson profond me parcourt, alimentant cette obsession qui me consume jusqu'à la dernière miette d'humanité qu'il me reste. 

Avant que Zafar n'arrive, je pouvais la suivre dans la rue sans éveiller les soupçons. Elle pouvait être entourée d'amis, rire avec abandon, je savais que tout était faux. La réalité la rattrape dans son abîme de solitude. C'était à la fois une bénédiction et une malédiction à une certaine époque ; être à proximité de la femme qui m'obsédait. 

Sa souffrance a toujours été mon refuge et personne ne pourra me l'enlever. 

Mais maintenant, plus rien ne fonctionne. Ni lui envoyer des mails, ni rentrer dans ses messages, ni pouvoir pirater ses appareils ou ses réseaux sociaux. 

Tes larmes deviendront mon océan et je m'y noierais en souriant. 

Tu ne le sais pas encore, Zafar le sait lui... Mais tu ne peux appartenir à deux personnes. Et nous nous battrons pour t'avoir. Il en restera un de vivant, l'autre plongera dans la mort. 

Cette destinée est déjà écrite et l'obsession ne perd jamais. 

Alors Yara, apprête-toi à perdre Zafar. La mort frappera à ta porte pour te retirer cet être si bien-aimé...  


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... 


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𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant