𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

30. Tomber d'aussi haut

𝕐𝕠𝕦𝕤𝕣 𝕊𝕖𝕘𝕙𝕚𝕣

Tu m'as pendue et jeté en enfer.

 – Shérine

 

Le bruit de l'aspirateur que ma mère passe dans ma chambre me réveille très vite de mauvaise humeur. Je n'ai pas eu le temps de bien me reposer, trop concentré sur mes recherches afin de pouvoir mettre la main sur ses bouffons de braqueurs qui n'ont d'yeux que pour me pourrir la vie. 

Passé, présent et malheureusement futur. 

Je m'engouffre davantage dans le drap, évitant le soleil du Bahreïn qui s'est levé depuis un moment déjà, et le bruit de l'aspirateur de ma mère. Je sais qu'elle ne le fait pas pour rien, que pour celle-ci, ça signifie qu'elle souhaite me faire part de quelque chose, mais qu'elle n'ose pas parler en premier. D'ailleurs, ma mère fait exprès de passer plusieurs fois près de mon lit afin que je me lève. Mais ça m'énerve plus qu'autre chose. 

D'un grand geste brutal, je retire le drap et en soupirant, je la questionne du regard. Directement, celle-ci éteint l'aspirateur et sort son portable de sa poche de tablier qu'elle utilise souvent pour le ménage. 

Sans que je ne l'invite, elle s'assoit sur mon lit, l'index décidant ce qu'il faut me montrer à l'écran. C'est une vidéo sur YouTube. Je fronce les sourcils en analysant l'image sur pause. 

C'est Zaïm... 

Lui arrachant presque le téléphone des mains, j'active la vidéo et monte le son, le cœur battant à cent à l'heure. On aurait dit une obsédée qui cherche à savoir ce que fait le mec avec qui elle a couché au lieu de se mêler de ses propres problèmes. 

Je comprends très vite que c'est une interview de Zaïm sur son métier de tailleur renommé. Malgré toute la haine qui surplombe mon âme, je suis quand même fière de lui. Peu de personnes sont intéressées par ce métier et peu de personnes viennent d'un pays arabe. 

Sa posture sur le fauteuil me coupe le souffle parce qu'à travers un simple écran, on ressent son charisme. Les bras dépassant les accoudoirs et les cuisses écartées, il tient un verre de ce que je pense être du whisky dans sa main. Son sourire profond, ses yeux vairons et ses cheveux bleu nuit sont renforcés par la couleur de son costume trois pièces de couleur gris foncé, lui taillant à la perfection. 

Quand le journaliste lui pose une question sur sa motivation, il se mord la lèvre inférieure toujours avec un rictus qu'on lui collerait presque au visage. J'ai l'impression de l'avoir en face de moi et de connaître ses habitudes sur le bout des doigts.

─ Ma famille principalement...

Sa voix rauque évoque en moi un milliard de frissons sur le corps, que je recouvre rapidement avec le drap avant que ma mère ne s'en aperçoive. 

Ça fait déjà plusieurs jours que je n'ai aucune nouvelle de lui, surtout après l'embrouille qui nous a séparé en mauvais termes.

─ T'as pas vu le meilleur, dit ma mère presque en sautillant sur mon lit. Tu savais qu'il était vraiment connu ? Moi non mais arhg, j'ai le droit d'être amoureuse de lui ?