𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |

06. Coney Iland

Si la femme ne donne pas, l'homme ne prends pas.

– Proverbe Roms.

𝕐𝕠𝕦𝕤𝕣 𝕊𝕖𝕘𝕙𝕚𝕣

Allongée dans mon lit, je guette sans m'en défaire, l'horloge accrochée au-dessus du cadran de ma porte. Les secondes s'écoulent tellement lentement, j'ai l'impression de revivre la même minute des centaines de fois. 

Nulle femme n'est meilleure qu'un homme, même en essayant de prouver le contraire, et difficile est le travail d'une policière au Moyen-Orient si elle ne sait pas fait pistonner. 

Je m'assois et prends mon paquet de cigarette sur ma table de chevet, afin de m'en tirer une. Les filles arabes ne sont pas soumises aux hommes, et le monde a difficilement du mal à y croire. Même les hommes du Moyen-Orient. 

J'allume ma cigarette et mon portable sonne en même temps. 

Princess FaceTime.

─ Salut Anna !

─ Yousr ! Crie celle-ci en avançant son visage à l'écran. Ta maigri non ?

J'inhale la nicotine en souriant. 

Si j'ai maigri ? Sûrement. Je n'arrête pas de courir à droite et à gauche à cause de ses foutus braqueurs.

─ Que me vaut cet appel ?

─ L'hôtel est bien ? Zakaria est encore venu avec toi ? Tu as pu parler avec les braqueurs ?

─ C'est une affaire confidentielle Anna.

─ Et moi je suis ta meilleure amie, donc...

─ Donc rien du tout, je l'interromps en soupirant. Tu t'es encore fait plaquer par un mec ? C'est pour cette raison que tu vas payer cher ta facture de portable pour m'appeler en Chine ?

Elle lève les yeux au ciel, posant son portable sur une surface plate afin de pouvoir se maquiller tranquillement. 

Anna est une Française, dont le physique est... Typiquement français quoi. Une coupe au carré blonde et des yeux miel qui vous hypnotisent quand il y a trop de soleil. 

On se connaît bien toutes les deux. On a dû s'associer ensemble quand le groupe de braqueur que je chasse, est venu en France. C'est une petite chipie qui arrive à mettre tout le monde dans sa poche. Ma petite chipie. 

Je regarde l'heure de la pendule, constatant qu'il me reste au moins une heure avant de partir au travail. Ça fait longtemps que nous n'avons pas parlé de ses problèmes d'hommes. Premièrement, parce que ça m'ennuie. Deuxièmement, parce que je déteste les hommes. Troisièmement, je ne trouve rien de plus agaçant que de parler d'hommes. Des êtres superficiels qui pour la plupart se prennent pour Dieu. 

Des salauds, voilà la définition qui leur va bien. Mais pour Anna, et surtout, car j'ai du temps à perdre avant de partir, je soupire avant de lancer :

─ Va-s'y. Raconte-moi le problème.

─ C'est vrai ? Hurle-t-elle à travers le combiné.

Je hoche la tête, en reprenant une bouffée de ma nicotine. Elle applaudit à cause de l'euphorie et termine de mettre son mascara avant de commencer son interminable récit qui retrace tout ce qu'elle a vécu. 

Un homme qu'elle a rencontré en boite de nuit, posant les mains sur ses hanches quand ils dansaient. Anna est une âme sensible qui craque pour le premier venu, lui portant de l'attention. Alors elle a eu ce qu'elle appelle le « coup de foudre ». Après une nuit passée ensemble, elle a constaté qu'il était mauvais au lit, mais ne sait pas comment lui dire...