Chapitre 14

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La rage de vouloir gagner ce combat des rues, Rafika se précipita sur Gryf avec son petit couteau devant elle. Celui-ci para encore le coup avant d'empoigner une nouvelle dague bien plus aiguillée. Pendant un moment, la rousse résista fermement. Gryf en profita pour planter son arme dans son ventre. Un hurlement de douleur sortit de la bouche de l'audacieuse tout en baissant sa garde. Le garçon l'envoya valdinguer violemment et lui fit mordre la poussière. La jeune fille roula quelques instants avant de se stopper. Sans montrer ses affres, elle se releva et lança sa dague sur le garçon. Plus rapide que la lumière et avec une grande précision, il riposta en lançant à son tour son arme tel qu'il décrive un arc de cercle qui devait toucher son ennemie tout en évitant son couteau. Seulement, elle semblait avoir une vue et une ouïe très développées. Avec une grande agilité, elle fit un bond d'un mètre pour éviter l'arme. La dague atterrit dans les mains de son lanceur. Il tenta une nouvelle fois la manœuvre de plus prêt, sans aucun succès. Avec un admirable calme, il sortit un autre petit couteau et prit les quatre restants. Avec un regard noir, il jeta avec sa grande précision ses dagues. Effarée, Rafika se coucha juste à temps. Les armes se brisèrent contre le mur sous l'effet du choc.        
   Le public sifflait et encourageait fortement les deux concurrents. Il s'amusait comme un fou. Le sang qui coulait ne faisait que renforcer leur euphorie. Même le commentateur s'en donnait à cœur joie. Je me sentais seule, terriblement seule. Ce lieu n'était pas fait pour moi. Je m'enfonçais d'avantage dans les bras de Danael qui observait tristement ce spectacle. Il soupira avant de me serrer plus fort.
- C'est difficile à croire, commença-t-il, mais ces conditions sont quasiment les mêmes sur le champs de bataille. Pas le droit au repos, il faut combattre jusqu'au bout. Ici, l'état de coma ou la mort pour le perdant.
- C'est affreux, murmurai-je en comprenant l'ampleur de la guerre. C'est un vrai massacre !
- Oui Jade, ça l'est. Comme toi, j'en ai pris conscience en venant ici. Même si les armes sont meilleurs, cela n'en demeure pas moins très semblable aux affrontements de rues. Jeanne est encore bien inconsciente : elle ne sait pas ce qu'il l'attend.
Je soupirai. Non, personne d'ailleurs. Je me forçai à dériver mon regard sur l'arène où le combat continuait.

  Un violent corps à corps avait lieu. Plus aucun des deux n'était armé. Enchaînant coups sur coups, ils ignoraient la douleur. Même à terre, on se relevait toujours pour poursuivre le combat. Peu à peu, Gryf prit l'avantage. Son endurance et son nombre de combats lui avaient offert un souffle et une résistance à nul autre pareil. Rafika peinait de plus en plus pour reprendre le sien. Elle était douée mais son manque d'expérience l'avait pénalisée. Dans un ultime geste, le jeune garçon mit à terre sa rivale. Au contact de la poussière, la pauvre fille toussait gravement. Sans aucun état d'âme, Gryfenfer lui plaqua sa main contre sa gorge en la serrant peu à peu. Il sortit une nouvelle dague et lui planta prêt de sa poitrine et lui dessina un trait. Un cri plaintif étouffé sortit de sa bouche. La foule en délire ordonna à celui qui allait gagner le combat de lui faire trois autres traits. Sans réfléchir, il s'exécuta avant de relâcher son ennemie qui avait sombré dans l'inconscience.
- Et c'est encore une magnifique victoire pour notre grand Gryfenfer sorti victorieux, comme à son habitude ! Cela en devient presque lassant. À bientôt Gryfenfer pour votre ultime combat contre Dasyatis, la mort silencieuse !
Son ultime combat ? Je jetai un œil à mon chevalier qui regardait de façon apeuré l'arène. Notre ami était rentré alors que quelques courageux s'affairaient auprès de la blessée. Je lui donnai un coup de coude et l'interrogeai silencieusement.
- Dasyatis ou la mort silencieuse est la plus redoutable des adversaires. Elle n'a pas perdu un seul combat et a toujours tué lors de ses combats. Elle accepte seulement de se mesurer aux meilleurs d'entre eux. Je pense que si Gryf veut l'affronter, c'est pour tout l'argent que lui promet sa victoire.
Je pâlis sérieusement. Mon ami, affronter cette furie ?! Il devait avoir une bonne raison pour faire cela. Dan me proposa d'aller voir le vainqueur de ce soir ; ce que j'acceptai rapidement.

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant