Chapitre 37

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  Une journée s'était écoulée depuis l'inspection des fortifications anglaises. Et cette journée avait accru le désir de lever ce siège au plus vite. Voir Jeanne se recevoir une pluie d'insultes sans pouvoir réellement riposter nous avait atterrés. Pourtant, le plus choqué fut sans doute Gryf. Depuis la perte de ses parents, l'ancien rouquin était devenu très proche de La Pucelle. Il l'aimait profondément. Alors entendre le contraire de ce qu'elle était vraiment par intimidation était terrible. Cependant, cela avait eu l'effet inverse sur notre amie. Au lieu de la déstabiliser, ils l'avaient incitée à se battre encore et encore sans jamais abandonner. De mon côté, une rage intérieure que tentaient de calmer les autres brûlait tout au fond de moi. Une rage que j'allais canaliser en énergie pour les futures batailles.
  Alors que le soleil commençait à réchauffer Orléans, nous prenions notre petit déjeuner au coin du feu. Une nouvelle journée allait débuter.
-D'après Sainte Marguerite, commença la prophétesse, Dan devrait revenir tôt, dans la matinée.
-Tu aurais une idée de l'horaire ? demandai-je pressée de le revoir.
-Pas vraiment. Mes visions ne sont jamais très précises pour ce qui de l'heure. Cependant, on peut souvent en déduire une fourchette.
-Notre ami reviendra à dix heures au plus tard, en déduisit Gryf.
La guerrière hocha doucement la tête, en signe d'approbation.
-Et t'ont-elles dit par où il arrivera ? questionna Ténébris en croquant dans sa pomme.
-Par la Bauce, par la rive nord.
Je lui souris, contente de toutes ces informations. Qu'est-ce qu'il me tardait de revenir Danael ! Il n'était parti que pour quatre jours. Pourtant, j'avais l'impression que des semaines m'avaient séparée de lui. Je ne pourrais pas lui parler longtemps bien sûr. Mais le simple fait de pouvoir le revoir me remplissait de joie.
  Le petit déjeuner fini, nous nous revêtîmes de nos armures. Jeanne avait idée d'aller escorter le convoi pour accueillir les nouvelles recrues. Le plus rapidement possible, nous sellâmes nos montures et montâmes dessus. Attrapant son étendard en plein vol, Jeanne s'empressa de mettre son cheval au trot, que nous suivîmes vers le nord d'Orléans.

  Lorsque l'on fut proche du fort de Saint-Laurent, qui se situait près de Beauce, nous nous stoppâmes et attendîmes le convoi. Bien que lors de l'inspection de cette forteresse nous ne fûmes pas attaquer physiquement, nos armures, montures et armes pouvaient faire enclencher un combat. Or nous ne le souhaitions pas.
  Alors que nous observions les environs, nous aperçûmes au loin une première voiture de noble. Puis, nous en vîmes deux, puis trois qui dévoilèrent un immense convoi s'étendant jusqu'à l'horizon. C'était impressionnant ! Il y avait tant de soldats pour nous prêter main forte ! J'avais même l'impression qu'il y avait plus de gens que dans la dernière garnison de Blois ! Était-ce une illusion ? Qu'importe, seul le résultat comptait ! Je me retournai vers mes amis. Si de timides sourires traditionnels de Gryf, Shimy, Razzia et Ténébris ornaient leur visage, un immense était dessiné sur les lèvres de La Pucelle. Dans ses pupilles, je pouvais voir à quel point cette aide la rendait contente, malgré ses appréhensions. Elle pensait certainement pouvoir lever le siège très rapidement. Il ne fallait qu'attaquer, chose que nous verrions au conseil de guerre.
La première diligence arrivée au pied du fort anglais nous poussa à nous montrer. Il n'y avait aucun risque : le convoi était parfaitement visible. Les Anglais auraient déjà donné l'ordre d'attaquer avant même de laisser le convoi se stopper à cet endroit. La porte de cette voiture s'ouvrit pour faire apparaître mon chevalier. Sans attendre plus longtemps, je sautai de son cheval, courus droit vers lui et l'enlaçai très fort. Un peu surpris par ce geste si soudain, il finit par me prendre à son tour dans ses bras.
-Je suis heureux de te revoir Jadina, murmura-t-il de manière à peine audible.
-Moi aussi Dan.
-On vous dérange peut-être ? toussota Shimy pour nous faire réagir.
Nous nous décollâmes un peu l'un de l'autre pour voir nos compagnons descendus de leur monture, un sourire narquois sur leur visage. Embarrassés par cette situation, nous lâchâmes immédiatement notre étreinte. Je ne savais guère ce qu'ils en pensaient. Cependant, je ne voulais pas de leur taquinerie sur notre amour naissant !
Remis de ses émotions, Danael se dirigea vers nos autres compagnons et les salua, le sourire aux lèvres. Il nous confia que notre compagnie lui avait bien manqué ; Jean d'Orléans étant bien trop discret à son goût ! En nous promettant de nous conter tous les détails de son escapade, il nous raconta vaguement un aller trop silencieux, un recrutement très mouvementé et un retour un peu plus joyeux grâce aux deux chefs de Blois qui nous rejoignaient. Puis, il nous demanda comment s'étaient passés ces derniers jours. D'un commun accord, nous lui promîmes de tout lui dévoiler lorsque nous serions seuls, tous les sept. Un convoi nous attendait.

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant