Chapitre 32

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Petit rappel :
Gryf = Jean d'Aulon
Bonne lecture !
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Jadina

  Observant de loin la scène, je ne comprenais la raison d'un tel désespoir. Certes, la petite Anino avait des cheveux blancs comme la neige. On aurait pu la prendre pour une magicienne de l'hiver. Alors où était le véritable problème ? Me retournant vers mes autres compagnons, seuls Jeanne et Gryf semblaient être dans la confidence. Pourquoi personne ne l'acceptait ? Que cherchait-elle à cacher ? Sa religion comme l'ancien combattant des rues ? Non, nous l'aurions entendu. Alors quoi ? Pourquoi Lannefy s'était-elle énervée ? On ne pourrait pas la prendre une sorcière ! Alors pourquoi ? Je ne pus en savoir plus : la Pucelle nous demanda à tous de sortir. À tous sauf à Gryf bien-sûr. Et, en sortant, elle m'avait tendu une lettre que je devais remettre aux Anglais.
Dehors, nous manifestâmes grandement notre mécontentent. Pourquoi devions-nous rester dans l'ignorance ? C'était tellement injuste ! Nous voulions tout savoir sur cette jeune fille ! Nous étions une équipe bon-sang !
-C'est bien la première fois qu'elle me cache quelque chose, s'offusqua Danael. Elle a intérêt à avoir une excellente raison pour le faire !
-Et dire que Jeannot a le droit de rester ! rouspéta Shimy. Vous avez vu leur complicité ?? Pourquoi lui et pas nous ??
-Peut-être pour protéger Anino, suggéra Razzia. Ce n'est sûrement pas facile pour elle. Jeanne devrait nous en faire part juste après.
-J'espère bien, soupirai-je. Heureusement que nous avons laissé Élysio avec les canards ; il n'aurait pas apprécié cette conversation.
Nous en discutâmes encore un bon moment, mettant au point des hypothèses. Ils mettaient tellement de temps ! Puis, en voyant que l'heure du déjeuner était proche, je me séparai des autres pour apporter cette enveloppe. C'était le moment idéal pour avoir une garnison presque complète. J'espérais ne pas en avoir pour longtemps, je voulais être rentrée à temps pour avoir des explications.

Entrant dans le bourg, je repérai rapidement une première tour, adossée aux remparts, où se trouvait certainement une troupe anglaise. D'un geste brusque, j'ouvris la porte en bois non fermée à clef. Me saisissant de l'enveloppe restée dans ma poche, je gravis les escaliers quatre à quatre. Je ne comprenais pas pourquoi Jeanne n'envoyait pas une autre personne que moi. Il y avait tant d'hérauts qui auraient été enchantés d'accomplir cette mission ! Pourtant, c'était à moi de le faire. Était-ce pour m'occuper ? Peut-être. Mais je souhaitais sincèrement me débarrasser de cette corvée le plus vite possible.
  Arrivée devant une nouvelle porte en bois, j'entendis des cris enjoués de nos ennemis. Il semblait y régner une ambiance joyeuse. Comme si l'avertissement de Jeanne n'avait eu aucun effet sur eux. Observant la lettre dans ma main, je ne pouvais supposer une énième demande officielle des Anglais de retrait. Je soupirai. Je ne savais qui était le plus têtu deux deux mais je savais qu'ils nous sous-estimaient. Inspirant profondément, je toquai à la porte. Je n'étais guère enchantée de voir des soldats ennemis devant moi, surtout après ce qu'il s'était passé.
Entendant des bruits de pas, un homme vint m'ouvrir.
-C'est pour quoi ? me questionna-t-il.
-Une lettre de la part de la Pucelle, répondis-je froidement en lui tendant le papier.
Intrigué, il ouvrit l'enveloppe devant mes yeux avant d'éclater de rire. Il ne prendrait donc jamais au sérieux notre amie. Si j'avais été de meilleure humeur, j'aurais pensé cela lamentable. Seulement, je n'avais aucune opinion. Puis, son visage se referma pour laisser un masque de froideur à glacer le sang :
-Va dire à ta sorcière de malheur que nous n'avons que faire de ses mots ! Même si elle nous exige de quitter Orléans, elle ne nous impressionne pas. Elle ne nous atteindra pas avec ses sortilèges.
-Nous n'avions à recevoir d'ordre de personne sale émissaire de sorcière ! renchérit un autre. Et crois-moi, si nous te revoyions, nous te ferons tuer ! Retourne auprès de ce monstre, Corbeau Noir.
Et violemment, le portier déchira le papier et cracha dessus. Je n'eus à peine le temps de me reculer qu'il me claqua la porte au nez. Courroucée par une telle rencontre, je descendis furieusement les escaliers. De quel droit ces hommes me traitaient-ils de Corbeau Noir ??? Non seulement ils m'injuriaient mais ils me menaçaient de mort ?! N'importe quoi ! Et comment avaient-ils nommé Jeanne ?? Sorcière ? Ils pensaient sincèrement qu'elle en était une ?? Impardonnable ! En aucun cas elle me méritait de tels traitements ! Inconsciemment, je frappais mon poing contre le mur. Je n'étais pas de très bonne humeur lorsque j'étais arrivée ici. À présent, j'étais d'une humeur massacrante.
  La rage prenant le pas sur la raison, je claquai violemment la porte. Les Anglais ! Qu'est-ce que je pouvais les détester ! Qu'ils aient cessé d'insulter des personnes qu'ils ne connaissaient pas ! Ils méritaient d'être chassés rudement de ce bourg qu'ils s'étaient approprié. Rentrant au campement, je ne prenais même pas la peine de regarder où j'allais. Bousculant les inconscients qui se trouvaient sur mon passage, j'avançais le plus rapidement possible. Il me tardait d'avoir des explications de la part de la Pucelle.

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant