( À présent, chaque mesures convertie avec une astérix se trouvera à la fin du chapitre )
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Après avoir retrouvés Jeanne, nous avions discuté pendant un bon moment. Elle nous avait confié ses craintes d'arriver à Poitiers. Cela se comprenait : elle qui n'avait vécu la grande majeur partie de sa vie dans un village allait gagner la capitale provisoire ! Malgré le fait que nous étions venus tous ensemble à Chinon qui était un bourg assez impressionnant, elle appréhendait Poitiers. De plus, elle y allait pour se faire interroger ! Cela ne l'aidait pas vraiment. Puis, après avoir discutés durant un certain temps, la Pucelle partit pour de bon.
Deux semaines venaient de s'écouler depuis son départ. Deux semaines où nous avions que des échos que j'entendais par la bouche des bourgeois. On disait que notre amie était logée dans une grande demeure, tout près du parlement et qu'elle continuait d'étonner ses juges et la population. Malgré tout, elle ne rentrait pas. C'était terriblement long ! Que souhaitaient-ils obtenir de sa part ? Avaient-ils des objectifs bien précis en tête ? J'admirais particulièrement l'audace de la jeune femme. Elle avait bien du courage pour oser tout ceci. Après tout, sans prendre en compte les reines, la dernière femme à avoir eu autant de conviction était sûrement une sainte du temps des martyrs chrétiens.Un jour, au petit matin, mes compagnons et moi nous étions réunis autour de la table à manger. Arrivée la première, réveillée par les premières lueurs du soleil, je pris une chaise en bois et posai ma tête sur la table rectangulaire. Autant se reposer un peu avant d'entamer la journée ! Alors que je fermai doucement mes paupières, j'entendis quelqu'un descendre les escaliers d'un pas pressé. Contrainte à me redresser, je poussai sur mes mains tout en grommelant.
- Alors Jadina, m'interpella une voix plutôt féminine, Dame d'Orchidia, dort ainsi : sur une table en bois ?
Je me retournai vers la personne qui avait osé faire cette mauvaise plaisanterie. Malgré ma fatigue qui ne me permettait pas de reconnaître la voix, elle allait se prendre un sacré savon. Ce fut avec surprise que je découvris Ténébris devant moi. S'il y avait bien une personne qui pouvait oser me faire cette blague, c'était bien ma demi-sœur. Nous avions toutes les deux abandonné notre titre de noblesse pour nos propres idées.
- Très drôle, répliquai-je sarcastiquement, je pourrais te faire la même remarque.
Ne m'écoutant à peine, elle prit à son tour une chaise et se plaça en face de moi. Ses cheveux ébènes lui tombant sur les yeux, elle se fit une queue de cheval avant de devenir plus sérieuse :
- Ça fait longtemps que nous nous n'étions pas retrouvées toutes les deux. Et il y a bien des choses qui ont changé depuis mon départ d'Orchidia.
- Oui, c'est vrai. Je pense que tu souhaiterais des nouvelles de notre seigneurie, n'est pas ?
- Oui. Que s'est-il passé depuis mon départ ?
Calmement, je lui racontais les évènements de façon chronologique. Lorsque mes parents eurent appris qu'elle s'était enfuie du monastère où on l'avait envoyée, ils étaient furieux. C'était un affront pour eux. Et comme personne n'arrivait à la retrouver, la seigneurie eut décidé que Ténébris fût déchue de son titre de dame. Cela ne l'étonna guère : elle connaissait les conséquences de ses actes. Puis je lui racontai rapidement les visites que recevaient Adeyrid. Je lui confiai mes fugues pour rejoindre Danael le soir. Avec un malin sourire sur le visage, elle me taquina à ce sujet : elle soupçonnait mon amour pour lui. Je ne pus m'empêcher de protester : nous sortions complètement de notre sujet principal ! Seulement, au fond de moi, je m'étais refusée à l'aimer. Du moins, pas de cette façon. Nous reprîmes donc notre conversation. Je lui contai ma dernière journée en tant que Dame d'Orchidia. Je commençai par la visite d'Halan, ce jeune homme si exaspérant, et de ses parents. La dernière visite avant notre mariage. Je lui appris ce qui m'avait forcé à quitter le monde de la noblesse : les Anglais qui avaient déferlé sur nos terres. À leur mention, le visage de Téné se rembrunit. Il semblerait qu'elle ait eu des soucis avec eux... Puis, je lui racontais tout ce qu'il m'était arrivé depuis : ma capture, mon sauvetage par mes amis, mon passage à Domrémy et Vaucouleurs avant de la retrouver.
- Dire que tu ne pouvais pas te passer de tes robes et de tes bijoux gamine, soupirai la jeune femme à la fin de mon récit. Tu as beaucoup changé Jadina et j'aime beaucoup la femme que tu es devenue.
- Peut-être que cela est grâce à toi Ténébris. Plus les années passaient, plus je te comprenais et moins je ne comprenais les nobles.
- Oui, j'imagine bien que tu as été influencée par ton Dan. D'ailleurs, en parlant de lui, réponds-moi sincèrement. Est-il l'homme qui fait battre ton cœur ?
Je ne pus m'empêcher de rougir à sa question. Bien-sûr qu'il était cet homme-là ! Je l'aimais de tout mon coeur ! Seulement, je ne pouvais pas me l'avouer. Peut-être à ma demi-sœur...
- Je le pense Ténébris, je le pense. Seulement, avec le mariage arrangé avec Halan, je ne pouvais pas l'aimer.
La jeune femme me sourit malicieusement. Il semblerait qu'elle ait bien connu ce sentiment habitant son cœur :
- C'est vrai. Mais à présent que tu as brisé tes chaînes de nobles, il est temps d'arrêter de se mentir à soi-même, ne crois-tu pas ?
Je n'eus que le loisir d'hocher la tête avant que mes autres compagnons n'eussent descendu les escaliers et nous eussent rejoint à la table rectangulaire.
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L'appel de Jeanne
Acak« Depuis quelques temps, notre armée connaît des défaites cuisantes. Nous avons tous subi les conséquences de cet affreux conflit. Des batailles intérieures vivront sûrement à jamais dans nos âmes. Mais nous devons les utiliser pour en faire des com...