Chapitre 4

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La peur pouvait se lire sur le visage du garde. Que se passait-il dehors ?? Pourquoi nous attaquer un jour de fête ? L'homme reprenait ses esprits avant de continuer :
- Ils se situent dans la plaine et se dirigent tout droit sur le château ! D'après ce que nous avons pu voir, ils comptent attaquer et assiéger le domaine. Vous devez fuir ma dame ! Il en va de votre sécurité.
La panique s'empara peu à peu de moi. Que devais-je faire ?? L'ennemi était si proche de nous ! Aller au combat ou fuir comme une lâche ? Quelle sera la réaction de ma mère si elle apprenait que je savais me battre ?? Une jeune demoiselle était une jeune fille raffinée, qui n'était que spectatrice de ce qu'elle voyait. Mais je n'étais pas comme les autres. Je voulais me rendre utile ! Le courage de nos valeureux chevaliers étaient exemplaire. Mais nous, femmes, que faisions-nous ? Rien ! Absolument rien ! On nous sous-estimait ! Et les hommes ? Ils s'attiraient tout le mérite d'un travail dit « virile » ! Je tentai de chasser ma colère pour connaître les décisions de ma mère.
J'observais autour de moi. Des visages paniqués. Certains étaient en train de défaillir. Génial, il nous fallait nous occuper de trouillards ! Le garde avait toujours un genou à terre. Il tremblait. J'en déduis facilement que les Anglais avaient déjà commencé à massacrer les pauvres paysans. Ma mère avait un visage fermé et soucieux. Elle ne savait vraiment pas quoi faire. Pourtant on avait dû lui apprendre à se préparer à ce genre de choses ! Soudain, elle se leva et prit la parole :
- Mes chers amis, la tristesse de cette attaque m'accable profondément. J'ai le regret de vous annoncer que cette réception est terminé.
- Adeyrid d'Orchidia, intervint Halan, ce n'est pas ces barbares qui vont nous empêcher de célébrer nos fiançailles. Il faut aller envoyer des hommes au combat ! Nous n'allons pas nous laisser faire !
- Pour laisser périr encore tant de personnes ???? explosai-je avec une colère indescriptible et en me levant, face à lui. Pourquoi ?? Alors que vous allez rester sagement ici, à regarder des hommes se faire massacrer ?? Quel lâcheté ! Vous êtes encore plus sot que je pensais !
- MA FILLE !!! vociféra ma mère. Mesurez vos paroles jeune fille ! Que savez-vous sur cette guerre ??
- Que trop d'hommes ont péri pour une guerre qui n'a plus aucun sens !! lui hurlai-je la figure. Elle dure depuis bien trop longtemps ! Trop de gens, que dis-je, trop de nobles ne font rien alors que tant de volontaires meurent !! On a eu le droit à la peste qui a déraciné le tiers de la vie ici ! Vous ne faites que réclamer des fonds aux pauvres paysans pour une querelle qui n'a plus aucun sens pour eux !
Mon sang bouillonnait en moi. Je n'arrivais pas à y croire : ma mère allait envoyer à la mort des volontaires pour continuer cette fête ?? Mais qu'est-ce qu'elle avait dans la tête ?? Ce n'était pas croyable, n'avait-elle donc aucune compassion ?? Elle allait fuir comme une lâche en laissant des hommes au combat ?? Il fallait que je me calme, il fallait que je me reprenne en main. Mon attitude n'était pas digne d'une jeune fille de mon rang. Mais comment ?? Ses idées me mettaient hors de moi ! Défiant la Dame des yeux, j'attendis une réponse de sa part. Elle se leva et se mit à mon niveau. La colère qu'elle ressentait pouvait se sentir à des milliers de lieus de là. Peut-être que j'avais été trop loin ? Mais qu'importe, j'avais dit ce que j'avais à dire !

  Au moment où ma mère allait prendre la parole, Halan l'arrêta et décida de faire ce sale travail à sa place :
- Vous voulez une réponse Dina ? C'est simple, ce ne sont que des incompétents. Un vrai guerrier ne mourrait pas au combat. Il sortirait vainqueur de cette querelle. Seulement le Royaume de France n'ont que des idiots. Je suis bien meilleur qu'eux. Et ce genre de personnes mérite la mort. On dirait qu'ils pensent comme des femmes !
Qu'est-ce qu'il sous-entendait cet idiot ? QU'EST-CE QU'IL SOUS-ENTENDAIT ???? Mais ce n'était pas croyable !! Par moment je me demandais vraiment si on lui avait donné un cerveau !
- Et les paysans ? reprit-il sans me prêter le moindre attention. Ce ne sont que des machines méprisables destinées à nous servir. Que voulez-vous ma chère, il n'y a pas tant d'humanité que vous le pensez.
Oh non il n'y en avait pas tant que ça ! C'était révoltant ! Je détestais cet individu. Ses propos étaient tellement choquant ! Les paysans, des machines ?? Mais c'était tellement faux ! J'étais la mieux placée pour l'affirmer. Danael me confiait souvent que son seigneur l'exploitait à cause de cette fichue guerre ! Il était bien plus humain qu'Halan. Pourtant, tout le monde était d'accord avec ces propos. Dégoûtée par l'assemblée, je me levai et les fusillai du regard. Je venais de me rendre compte à quel point certaines personnes de la noblesse pouvaient être bêtes ! Je n'avais jamais ressenti un tel dégoût mais tout ceci m'avait bien peinée. Marchant dignement vers la sortie, ma mère finit par prendre la parole :
- Et où comptez-vous aller ainsi Jadina ?
Elle m'avait enfin appelé par mon nom ! Pas croyable ! Elle s'en souvenait ! Mais qu'importe, ma décision était prise : reprendre ma vie en main. Assez de cette vie de paillette, de cette vie d'hypocrite. Je savais qu'elle allait beaucoup me manquer. Les robes, les croissants le matin, les privilèges... Il était temps que je vole de mes propres ailes. Je ne pouvais pas rester avec eux. Souriante, je lui répondais simplement :
- N'importe où mais pas ici. Pas après ce qu'il vient être dit.
J'allais m'enfuir. Où ? Qui pouvait bien le savoir ? Mais ma place n'était plus ici. Il était temps que j'assume mon âme de combattante. J'entendis des plaintes murmurés par des gens choqués par mon attitude. Mais la rage que je ressentais était telle que j'entendais à peine les ordres de ma mère et les personnes qui criaient au scandale.

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant