Chapitre 43

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  Petit rappel :

Jadina = Bertrand de Poulengy

Bonne lecture !

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Alors que La Pucelle galopait vers le boulevard, toute l'armée la suivait. J'étais admirative devant le travail de Jeanne. Depuis notre arrivée, elle n'hésitait pas à prendre les choses en main. Que ce fût en matière de combat ou de foi, rien ne semblait être trop dur pour cette jeune guerrière. La façon dont elle tenait tête à nos commandants m'époustouflait. Elle le faisait avec tant de sagesse ! Rien à voir avec Ténébris et moi. La manière dont elle insufflait un nouvel espoir et une énergie nouvelle à tous était sublime. Il n'y avait qu'à voir la ferveur de la milice et de l'armée régulière ! Je savais très bien que je me répétais très souvent ces paroles. Mais ce miracle restait magistral.
Enfin, les Augustins furent en vue. Tout en continuant à suivre Jeanne, les hommes d'armes obéissaient aux ordres de nos commandants. Il était temps de former les rangs.
-C'est du suicide, s'étranglait Xaintrailles blême. Nous allons assister à un véritable massacre !
Avec pâleur, je le dévisageai. En tant que chef de guerre, ses paroles devaient être entendues. Pourtant, si cela était aussi dangereux, pourquoi avait-il suivi l'élue ? Cela n'avait aucun sens ! Je ne tardai guère à obtenir une réponse de sa part. Il m'expliqua que, forte tête comme elle l'était, elle ne l'aurait certainement jamais écouté.
-Bertrand, intervint Jean de Brosse, vous resterez à nos côtés. Vous êtes une personne intelligente, vous allez narrer cette bataille.
J'ouvris les yeux ronds. Quelle étrange demande ! J'étais venue pour me battre, pas pour servir de scribouillard !
-Navrée mais je crois n'avoir aucunement saisi ce que vous venez de dire, tentai-je d'un air innocent.
-Vous m'avez très bien compris ! Ce n'est pas un hasard si c'est vous qui êtes considéré comme script personnel de Jeanne ! J'ai lu les lettres que La Pucelle et vous-même avez rédigées. Et je peux vous affirmer que vous écrivez très bien. Alors, vous devez conter cette bataille pour que cela serve d'enseignement.
Je voulus répliquer quelque chose mais le regard sévère de Brosse me fit comprendre que je n'avais guère le choix. Je devais obéir à cet ordre si étrange. Me tentant plume, encrier et feuilles, on me demanda de rester en retrait, concentrée sur ma tâche, peu importe ce qu'il allait arriver dans quelques instants.
-Enfin, enchaîna La Hire, Razzia, vous irez protéger et conseiller Jeanne Darc. Je pense que vous êtes le guerrier avec le plus d'expérience dans ce domaine. Les autres, battez-vous jusqu'à votre dernier souffle.
Le colosse hocha la tête, tourna les talons et se précipita vers le fier étendard blanc. Quant aux quatre autres, ils lâchèrent un « comptez sur nous » avant de disparaître dans la poussière. Je laissai alors passer toute l'armée pour m'installer sur un haut rocher. Je pris le paquet de feuilles et brandis la plume. La bataille allait commencer.

« Alors que la jeune Pucelle, Jeanne, menait la prodigieuse armée sur l'imposant fort des Augustins, mes commandants m'avaient prié de retranscrire cet assaut. C'était à la frontière des affrontements que je me tenais, plume à la main, tout en surveillant tout mouvement pouvant m'empêcher d'accomplir mon devoir !
Un combat acharné avait débuté entre François et Anglois. Pourtant, notre fière armée éprouvait beaucoup de difficulté. Ce boulevard n'était point facile à faire choir. Dans un paysage où volait la poussière, les coups de fer qui se ruaient vers les murs de pierre brisaient le silence. On pouvait également entendre le sifflement des flèches et les cris d'agonie de nos braves soldats. Grâce à leur hauteur, nos ennemis possédaient un bel avantage sur nous. Aucun n'avait osé descendre. Malgré une riposte de nos archers, il était évident que nos assaillants étaient exposés à leurs tirs de flanc. Transperçant nos hommes prêts à mourir pour Jeanne, l'odeur de sang se répandait rapidement et chatouillait douloureusement mes narines. Ce liquide rouge se déversait sans cesse tandis que nos hommes continuaient de tomber les uns après les autres.
  Soudain, des cris retentirent au loin. L'effet fut immédiat : l'assaut se stoppa net et se tourna vers l'étrange bruit. Et ce fut avec un immense effarement que nous vîmes une nouvelle garnison anglaise du fort de Saint-Privé arriver. Elle venait de l'Est pour prêter main forte à Glasdale. Nous allions être pris en tenaille ! À la fois en hauteur et à terre, nos braves hommes étaient cernés de partout. La panique s'empara de tout leur corps. Sans réfléchir, ils s'enfuirent vers les rives. Quelle autre issue que le massacre s'ils restaient ? Personne ne voulait expier leur dernier souffle ici-même, sur les rives d'Orléans. Alors, cette bataille allait-elle vraiment tourner au désastre comme le pensaient mes chefs de guerre ? C'était le plus probable. Seule la capitulation pouvait atténuer la perte que cela avait engendré. Ou La Pucelle pourrait-elle créer un nouveau miracle ?

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant