Chapitre 49

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Petit rappel :
Ténébris = Jean D'Alençon

Bonne lecture !

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  Le soleil se levait doucement, annonçant le début de la journée du 11 juin de l'an de grâce 1429. À quelques lieues d'Orléans, notre armée était prête à se rendre à Jargeau. Alors que Ténébris terminait de recenser les deux mille soldats, j'aperçus Jean d'Orléans se diriger vers nous. Intriguée, je laissai mes compagnons régler les derniers détails de la bataille. L'itinéraire était assez méconnu pour la plupart d'entre nous ; il fallait que Razzia nous guidât pour éviter de nous perdre en chemin. Je fis quelques pas pour me retrouver en face du chef d'Orléans. Celui-ci me salua :
-J'ai appris que vous alliez chasser les Anglais hors de Jargeau. Je vous propose mon aide. J'ai confiance en Jean d'Alençon mais ce combat me concerne directement.
Surprise, je le laissai continuer ses explications. Il avait très marqué par la levée du siège de son bourg. La façon dont nous étions arrivés et avions chassé nos ennemis en une semaine l'avait ébranlé. Il avait une certaine dette envers nous et souhaitait participer à la sécurisation d'Orléans. Le chef de guerre voulait donc nous apporter mille hommes de plus. Il ajouta également l'envie de Florent d'Illiers, capitaine de Châteaudun, de prendre part à cette bataille. Comme le bâtard, il voulait offrir une garnison de mille hommes. Au fur et à mesure qu'il parlait, un sourire se dessinait sur mes lèvres. Leur aide était une immense chance ! Nous qui ne pensions compter que sur deux mille hommes, nous voilà avec le double ! Je ne connaissais guère Florent d'Illiers. Toutefois avoir le chef d'Orléans dans nos troupes était une véritable aubaine. Son expérience allait nous être très précieuse. C'était avec grande joie que je lui proposai de me suivre.
Alors que mes compagnons posaient leurs dernières questions, j'interrompis leur échange pour rapporter les propos de Jean d'Orléans. Heureux de cette aide inespérée, ils acceptèrent les deux garnisons sans discuter. Plus nous étions, mieux c'était. Comme elles étaient un peu plus éloignées que nous de Jargeau, nous décidâmes de les attendre le temps que notre ancien commandant partît chercher ses troupes. Cela fut le moment le plus approprié pour réviser la formation de notre armée. Avec ces nouveaux soldats, il fallait tout réorganiser. D'après Jean d'Orléans, il y avait beaucoup de chevaliers et d'hommes à pieds. Personne n'avait songé à prendre de canon ; c'était beaucoup trop lourd. Toutefois, la proportion d'archers était faible. Shimy, à leur tête, nous demanda d'avoir quelques fantassins pour protéger leurs arrières. Ténébris et Razzia décidèrent de lui donner les meilleurs d'entre eux. Jeanne resterait toujours en tête de cortège. Nous eûmes tout juste le temps de réorganiser notre garnison avant de voir l'arrivée de nos deux capitaines et de leurs hommes.

Très rapidement, nous fîmes un point sur la structure de notre armée et de nos idées pour déplacer les deux mille hommes de nos commandants. Il y eut quelques objections qui furent vite réglées. Il était simple de trouver un terrain d'entente ensemble. Cependant, un nouveau problème auquel nous ne nous attendions guère se révéla : nos capitaines hésitaient à déclencher la marche vers Jargeau ! Je n'en revenais pas : ils étaient venus pour se battre à nos côtés, pas pour nous en dissuader !
-Vous savez, tenta d'argumenter Florent d'Illiers, il pourrait y avoir beaucoup plus d'Anglais que ce que nous pensions. Nous pourrions être submergés par le nombre.
-Raison de plus pour se rendre là-bas le plus tôt possible ! répliqua Jeanne, exaspérée par cette hésitation qui lui semblait si déraisonnée. Plus nous attendrons, plus il y en aura et plus il sera difficile de les bouter hors de la région.
Leur hésitation ne dura guère longtemps : nos arguments l'emportèrent sur le doute. Il fallait profiter de la victoire d'Orléans et de la présence de La Pucelle pour attaquer nos ennemis. Malgré tout, ils nous convinrent de nous arrêter le soir-même aux portes du bourg, sans mener le moindre combat. Nous acceptâmes : il valait mieux que nos soldats se reposassent avant une journée si fatidique.
Dix heures sonnantes, nous pûmes enfin nous rendre vers la petite cité de Jargeau, à 73 920 lieues* de là. Le trajet se déroula sans grand problème. Nos appréhensions furent vite dissipées : gérer toute une garnison était bien plus simple que ce que nous pensions. De plus, nous étions épaulés par Jean d'Orléans. Son cariste empêchait qui que ce soit de nous défier. Ce fut vers dix-huit heures, après quelques pauses, que nous arrivâmes aux portes de la périphérie du bourg. Mais une mauvaise surprise nous accueillit : l'armée anglaise était venue à notre rencontre ! Nous qui ne souhaitions aucun combat ce jour-ci, c'était réussi ! Inquiète, je me tournai vers mes compagnons et l'armée. Qu'allions-nous faire ? Les Anglais semblaient bien décidés à en finir avec nous. Le combat était sans appel.
-Faisons rentrer nos hommes dans les faubourgs de la cité, proposa Jeanne déterminée, en commençant par bouter une partie des Anglois. Demain, nous nous occuperons des autres.
Et sans attendre plus longtemps, elle brandit son étendard, poussa un cri de guerre et se précipita sur nos ennemis. Sans l'ombre d'une hésitation, tout le monde la suivit et une bataille brève débuta. L'élan de La Pucelle permit de donner du courage à nos soldats qui redoublaient d'efforts. Les coups d'épée s'entrechoquaient à une vitesse déconcertante. Les flèches des archers sifflaient et faisaient choir les chevaliers. On abattait tant d'Anglais que, bientôt, une odeur de sang se répandit sur le champ de bataille. On chargeait, frappait, transperçait des gorges, ôtait la vie de soldats. Mais les ripostes étaient tout aussi importantes. On encaissait, esquivait les coups, se réfugiait derrière les boucliers. On parait, on bloquait les attaques ennemies et on ripostait pour repousser l'ennemi. La bataille fut très intense. Mais, peu à peu, nous fîmes reculer les Anglais vers la cité. Finalement, ce fut dans la périphérie du bourg, à la lueur des étoiles, que la retraite anglaise sonna. Bien que ce fût que partie remise, nous avions gagné cette première rencontre !

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant