Chapitre 36

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Et voilà un nouveau chapitre ! Contrairement à d'habitude, j'ai décidé de faire mes notes en début de chapitre pour vous aiguiller dans votre lecture. Vous le verrez, en deuxième partie de chapitre, nos héros se font copieusement injuriés, comme cela s'était réellement passé. Du coup, je suis allée chercher de vieilles insultes. Jeanne s'étant faite bien injuriée, autant jouer le jeu jusqu'au bout. Comme ça, cela reste dans son contexte et assez décalé par rapport à nos propres insultes. Pour la traduction, soit elle est juste derrière, dans les insultes des anglais, soit en fin de chapitre.

  Petit rappel :
Gryf = Jean d'Aulon, alias Jeannot
Jadina = Bertrand de Poulengy

Bonne lecture !

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Jadina

  Levée depuis l'aube du deuxième jour de mai de l'an de grâce 1429, Jeanne et moi attendions Gryf pour rejoindre les généraux. La veille, notre amie nous avait expliqué qu'elle avait été présentée aux plus valeureux guerriers d'Orléans. Elle souhaitait donc inspecter les forteresses avec eux. J'étais curieuse de connaître tous ces chevaliers qui avaient tant donné pour la libération de ce bourg.
-Pas très à l'heure notre ami, commenta La Pucelle en observant l'horloge lointaine. Il a dû profiter de l'absence de Danael pour dormir un peu plus.
À ses mots, j'éclatai de rire. Il était vrai que, chez les hommes, c'était Dan qui réveillait tout le monde, habitué à se lever aux aurores à cause de la guerrière, depuis des années.
-Oh Jeanne ! Si tu n'étais pas là, tu sais très bien qu'il dormirait ! Laisse-le arriver tranquillement, nous avons tout notre temps.
-Et quand on parle du loup.
Je me tournai vers le lieu de repos de Gryf et de Razzia pour en voir sortir le jeune garçon, un petit sourire au coin des lèvres. Instinctivement, la guerrière lui fit remarquer son retard « inacceptable » d'une dizaine de minutes. Lui remontant gentiment les bretelles, elle lui rappela à quel point il était terriblement impoli de faire patienter les autres ainsi. Un air narquois sur son visage apparut alors qu'il répliquait qu'il aimait se faire attendre.
-Parlons plus sérieusement Jeanne, reprit-il gravement. Tu sais ce que je pense des événements d'hier.
-Oui, bien sûr.
-Je veux bien les pardonner. Après tout, peut-être que j'aurais agi de la même manière. Et, au vu des circonstances, je crois en leur culpabilité. Cependant, es-tu vraiment sûre qu'essayer d'arranger leur situation est la meilleure solution ?
Qu'est-ce qu'il pouvait être méfiant ! Avait-il vraiment peur d'assister à un massacre entre les trois ?? Après ses révélations, Razzia n'avait rien voulu préciser de plus. Nous ne savions pas ce qu'il s'était réellement passé. Peut-être qu'ils s'étaient déjà entretués et, à présent, qu'ils souhaitaient éviter ce genre d'affrontement.
  Jeanne jeta un coup d'œil vers moi avant de se retourner vers lui :
-Oui, c'est la meilleure chose à faire. Sans même me connaître, ils m'avaient accordé leur confiance. Alors, c'est à mon tour de leur rendre la pareille. Notre équipe doit rester unie, peu importe les problèmes que nous pourrions rencontrer. Je vais donc en parler petit à petit à La Hire pour trouver un compromis. N'est pas Bertrand ?
J'hochai doucement la tête. J'étais entièrement d'accord avec ses propos profondément touchants. Jeanne nous considérait comme une équipe ?? C'était adorable et très gratifiant. Et elle avait raison : nous devions rester soudés pour avancer. De plus, Ténébris était ma demi-sœur et Razzia mon ancien garde si protecteur. Je ne pouvais les abandonner.
À son tour, Gryf acquiesça. Avec une totale confiance en Jeanne, il accepta sa décision. Cependant, il priait certainement pour que cette révélation ne pût se transformer en cauchemar.

Quelques minutes plus tard, près de l'entrée d'Orléans, nous retrouvâmes La Hire et cinq guerriers aux visages inconnus.
-Bien le bonjour ma chère Jeanne ! salua-t-il avec un grand sourire sur les lèvres. Belle journée n'est pas ?
-Bien le bonjour monseigneur, répondit-elle avant de se retourner vers les cinq autres hommes. Bien le bonjour Xaintrailles et bien le bonjour à ces messieurs.
Alors ce grand brun était le fameux Xaintrailles qu'elle avait rencontré la veille, lors de sa réunion avec le capitaine ? Son statut de chef des armées ne m'étonnait guère : sa carrure me positionnait parfaitement bien dans son poste.
Nous fîmes de rapides présentations de nous en tant que Bertrand et Jeannot. L'ennemi de nos aînés nota que nous n'étions pas au complet et nous demanda où étaient les autres. Je lui prétendais qu'ils s'occupaient tous les trois de l'éducation de notre page. En réalité, seule Shimy était avec lui. Et je doutais fort qu'elle lui apprenait vraiment le langage des armes. En retour, nous apprîmes que nous avions à faire à de ferveurs chevaliers qui s'occupaient de la ville aux côtés de Jean d'Orléans : René d'Ajou, Bernard de Pardiac, Antoine de Chabannes et Thibault d'Armagnac.
-Comme nous l'avons convenus hier, énonça Xaintrailles, nous allons inspecter les onze forts anglais du nord au sud, soit de Saint Pouair à Saint-Loup.
Un programme bien chargé en perspective. Et cela allait nous donner tout le loisir pour interroger La Hire au sujet de nos deux aînés.

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant