Chapitre 23

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Petit rappel :
Shimy = Richard Astria
Gryf = Jean d'Aulon
Ténébris = Jean D'Alençon
Jadina = Bertrand de Poulengy

Bonne lecture !

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  Tout le monde était ébahi par les prodiges de notre amie ; au point que personne n'osait prendre la parole. Tout ce qu'elle nous avait décrit, c'était miraculeux ! J'aurais tellement voulu l'accompagner et voir la tête de toutes ces personnes. Mais, d'une certaine manière, cela ne m'étonnait guère. C'était une jeune femme qui laissait sa trace à chaque passage. Et je ne pouvais qu'être très fière d'elle.
- C'est magnifique Jeanne ! s'écria Shimy pour briser le silence qui s'était installé. Tu les as impressionnés, à n'en pas douter.
- Tu es juste admirable, renchérit Dan le sourire aux lèvres.
- Et un modèle pour tous, ajouta Ténébris. Je ne te connais que depuis peu et pourtant, tu es la première personne à tant m'inspirer.
La jeune guerrière rira, assez gênée. Elle ne semblait pas s'attendre à cette déclaration, surtout venant de ma demi-sœur. Elle restait encore assez froide malgré le fait qu'elle appréciait mes compagnons. Alors, bien sûr, cela était surprenant et très rare de sa part. Seulement, si elle l'avait avoué, c'était parce qu'elle le pensait vraiment. Voire bien plus que ce qu'elle laissait paraître.
- C'est gentil, sourit Jeanne toujours un peu gênée. J'ai une dernière information à vous apporter.
- Nous t'écoutons, l'encourageai-je doucement.
- Simplement que nous devions repartir dans deux jours... Jean ?
Nous éclatâmes de rire. Jean ? Il fallait bien qu'elle eût fait l'erreur ! C'était tellement logique ! Mon nom était passé de Jadina à Jade à Bertrand. Logiquement, j'aurais dû prendre Jean. Seulement, je voulais vraiment m'éloigner de l'ancienne Jadina, Dame D'Orchidia. En plus rien je n'étais cette femme.
- Bien essayé ! m'écriai-je une fois calmée. Et cela aurait pu le faire. Seulement, c'est Bertrand de Poulengy à présent.
La Pucelle se prit la tête dans les bras en signe de désespoir. Elle allait mettre du temps à s'y faire. C'était vrai que nous avions eu drôle d'idée pour changer aussi radicalement. Seulement, c'était le mieux pour ne pas se faire prendre.
- Récapitulons, nous pria-t-elle en se massant les tempes. Jade, Bertrand ; Shimy, Richard et Ténébris et Gryf, Jean.
- C'est exact, approuva Razzia.
- Et une petite subtilité entre Ténébris et moi, ajouta l'ex-rouquin. Pour éviter de nous confondre, je me fais toujours appeler Jeannot.
- Donc Gryf, tu possèdes le surnom. Fantastique ! Je veux bien rentrer dans votre jeu ; après tout, cela en va de votre sécurité. Seulement, une fois que je ne me tromperai plus, je vous renommerai par vos noms d'origine en privé !
- Il faudra juste faire attention, se permit de mettre en garde Dan. Comme on dit, les murs ont des oreilles.
Jeanne prit en considération cet avertissement avant que nous n'eûmes parlé durant un bon moment. Plus la soirée avançait, moins elle hésitait sur nos nouveaux noms. C'était amusant de voir à quelle vitesse elle était capable de s'adapter. Pour nous, il nous avait fallu une semaine pour mettre en place correctement notre idée. Pour notre amie, dans deux ou trois jours, elle n'aurait plus aucun soucis. Les plus timides de mes compagnons s'ouvraient de plus en plus aux autres. Bientôt, nous serions un groupe soudé, comme on pouvait en voir un peu partout dans la rue.

Le jour suivant, nous fîmes nos valises ; ce qui fit que nous encombrâmes la demeure de nos hébergeurs. Heureusement qu'ils passaient leur journée dans le bourg ! C'était à peine si nous arrivions à circuler. Ce jour-là, nous ne revîmes Jeanne qu'à la tombée de la nuit. Elle avait sûrement passé la journée dans l'église à prier. Et, à l'aube du troisième jour d'avril, nous fûmes tous réveillés par la Pucelle qui montait et descendait les escaliers d'un pas pressé. Tenant toujours à la main nos bagages, elle ne voulait pas perdre une seule seconde de son temps.
- JEANNE !!!!!! houspilla Danael encore endormi pourtant bien courroucé. Qu'est-ce que tu fais ?!?! Le soleil n'est même pas encore levé !!
- Non mais nous avons de la route à faire ! rétorqua cette dernière. Plus tôt nous serons arrivés, mieux ce sera !
Comme les autres, je ne pus m'empêcher de grommeler. Dan n'avait fait qu'empirer le bruit bien trop présent. Ne pouvait-il pas parler normalement ?? Ses hurlements m'avaient arraché mes tympans ! Pour finir sa nuit tranquillement, c'était raté. Doucement, je me levai et me dirigeai vers une bassine d'eau. Le contact du liquide transparent sur le visage me réveilla véritablement. Un autre coup d'eau froide et je fus prête à donner un coup de main à la jeune guerrière.
  Je pris le premier sac qui me tomba sous la main et sortis de la maison. Je retrouvai mon amie en train d'accrocher son bagage à la dernière charrette. Entendant mes pas sur les graviers de la cour, elle se retourna et me sourit :
- Bonjour Bertrand ! T'es le premier à me rejoindre.
Quelle aisance ! Bien que j'avais pris l'habitude de me faire nommer « Bertrand », cela en restait toujours déconcertent. Son regard se posa sur le sac que je transportais et un immense sourire s'étira sur ses lèvres. Elle me pria de le déposer à ses pieds et d'aller lui chercher le reste. J'acquiesçai avant de repartir de suite en prendre un nouveau.
Au fur et à mesure que nous rangions les affaires, nos compagnons se levaient chacun à leur tour et venaient nous prêter main forte. Finalement, après une heure de labeur, nous remerciâmes chaleureusement nos hôtes en leur offrant la charrette qui ne nous servait plus à rien. En effet, la belle voiture de Jeanne nous permettait à la fois de nous installer confortablement pour le voyage et de remplir au maximum les autres chariots. Nous tirâmes à la courte-paille les deux premiers cochets de la matinée pour conduire les deux charrettes restantes. Cela tomba sur les aînés : Razzia et Ténébris. Ayant chacun pris place, nous fîmes rouler les véhicules et levâmes les voiles du beau bourg qu'était Chinon.

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant