Chapitre 46

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  Petit rappel :
Shimy = Richard Astria
Gryf = Jean d'Aulon
Ténébris = Jean D'Alençon
Jadina = Bertrand de Poulengy

Bonne lecture !

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Élysio

  Assis à une table d'une taverne d'Orléans, je ne comprends pas. Jeanne Darc et ses légendaires compagnons ont un comportement tellement étrange ! Je n'ose même pas les approcher ! Ils rient très fort entre eux. Leur proximité est bizarre. Ils ne sont pas si proches d'habitude ! Alors comment expliquer leur attitude ?
  Pourtant, la journée a commencé normalement. Accompagnée par ses compagnons, La Pucelle a prié à l'aube les corps des disparus. Mais elle n'a pas pu le faire très longtemps : nos glorieux chefs de guerre l'ont appelé. Je ne sais pas trop ce qu'ils se sont dit. Ils utilisent des termes tellement compliqués ! Spécifiques au combat. Mais ils étaient très fiers de la dernière bataille. Compréhensible : elle a permis de lever le siège d'Orléans ! Un tournant dans la guerre m'a-t-on expliqué. D'après Bertrand, la situation du royaume de France est critique. Il est vrai que la moitié des terres de notre Dauphin est occupée par les Anglais. Mais je ne me rendais pas à quel point ! S'ils avaient réussi à s'emparer du bourg, notre royaume aurait été perdu ! Heureusement que la légendaire équipe les ont chassé !
  La conversation fut brève et les commandants repartirent à leurs occupations. J'en profitai pour me rejoindre à eux. Moi aussi je voulais fêter la victoire.
-Mais regardez qui va là ? sourit Jeanne. N'est-ce pas là mon petit page Élysio ?
Tout sautillant, un petit rire s'échappa de ma bouche :
-C'est bien moi ! Et vous, la légendaire équipe qui a bouté hors d'Orléans les Anglois ?
La jeune guerrière leva un sourcil et se retourna vers ses compagnons tout aussi surpris qu'elle. Ils ne comprenaient d'où provenait le surnom : « la légendaire équipe ». Avec entrain, je leur expliquai que tous les bourgeois trouvent que leurs exploits relèvent du miracle. Ils pensent que, des siècles plus tard, les gens s'en souviendront. Cet événement deviendra légendaire. Les acteurs ont donc le droit à ce beau surnom amplement mérité. Un petit rictus se dessina alors sur leurs lèvres. Ils avaient l'air d'apprécier cette nomination.

  Nous nous rendîmes aux portes d'Orléans. L'armée et la milice défilaient déjà dans les rues du bourg. Acclamées de tous, nous entendions les festivités commencer. Alors que j'étais très impatient de rentrer dedans, la légendaire équipe hésitait encore. Elle voulait laisser les combattants recevoir les glorifications qu'ils méritaient amplement. J'étais d'accord mais je restais très impatient. Moi aussi je voulais faire la fête ! Cependant, un détail m'effleura l'esprit. On s'attendait à une entrée triomphale de la part de la légendaire équipe ! Il fallait être à cheval et que Jeanne eût sa bannière. L'idée était partagée par tout le groupe. Ainsi, nous partîmes chercher leurs montures.
Prêts à rentrer dans Orléans, nous attendions l'accord de Jeanne pour y aller. Sur la monture de Richard, il me tardait tant ! J'avais hâte de découvrir le bourg libéré de mes propres yeux. Cependant, la guerrière restait hésitante. Elle ne voulait pas gâcher la parade des soldats.
-Jeanne ? finit par demander Jeannot. Tout va bien ?
-Pourquoi ne veux-tu pas entrer ? questionna Danael.
-L'armée et la milice ont bien plus de mérite, expliqua-t-elle à mis voix. L'une a combattu corps et âme depuis le début de ce siège. L'autre a subi les dures pénuries suite aux problèmes de ravitaillement. La libération d'Orléans, on la doit surtout à ces deux organes. Sans elles, rien de tout ceci ne serait arrivée.
-Tu as tort Jeanne, la contredit alors Razzia, cette victoire te revient de la même façon que la milice et l'armée. Sans toi, jamais les soldats n'auraient pu être soudés. Jamais la milice n'aurait été créée. Certes, Orléans avait besoin d'eux. Mais sans toi Jeanne, le bourg serait à la merci des Anglois ! Alors n'aie pas peur d'y aller, tu mérites de savourer cette victoire.
Alors que le colosse terminait à peine sa phrase, je l'approuvai vigoureusement. Je n'aurais pas dit mieux ! Il a tout à fait raison, Jeanne devait être acclamée par les bourgeois. Au même titre que le reste de la légendaire équipe !
  Timidement, la guerrière sourit à Razzia. Et sans plus tarder, elle ordonna à son cheval d'avancer.
  Les pas de nos montures résonnèrent sur les pavés de la cité et alertèrent ses habitants. Très rapidement, je vis une foule monstre s'amasser près de nous. Silencieuse au début, elle commença à nous acclamer. Petit à petit, à mesure que nous avancions dans Orléans, les acclamations se firent de plus en plus fortes. Il avait beaucoup d'applaudissements et de cris euphoriques ! Du haut du cheval de Richard, je me sentais puissant. J'étais aux côtés de La Pucelle, il y a de quoi être fier ! J'espère que, plus grand, je serai à la hauteur des exploits de la légendaire équipe. Je veux l'impressionner par mes actes de bravoure !
-Jeanne, l'appela Richard, tu entends les bourgeois ?
La Pucelle se retourna vers son ami et leva un sourcil. Un malin sourire sur ses lèvres, elle attendait des explications. Pour elle, les mots se perdaient dans le bruit de la foule euphorique. Je levai alors les yeux vers l'archer. Moi aussi je voulais savoir ce qu'il avait entendu ! Après tout, il a une ouïe extraordinaire ! Il est capable d'entendre bien plus de choses qu'une personne normale. Alors j'étais très curieux de connaître les dires d'Orléans.
-Les bourgeois ont décidé de modifier ton surnom, sourit-il. À présent, tu n'es plus La Pucelle de Lorraine mais La Pucelle d'Orléans !
Jeanne ouvrit grand les yeux. Elle était très surprise par le fait d'être associée à un bourg. Moi, je pense qu'elle le mérite ! Elle est la libératrice d'Orléans ! Tout joyeux, je la félicitai de son nouveau titre qui a beaucoup d'allure ! Richard continua d'écouter la population et nous apprit également que les bourgeois ont rallongé le surnom de toute l'équipe : « la légendaire équipe d'Orléans ». Certains nous surnomment même « les libérateurs d'Orléans » ! En réalité, je ne sais pas si je fais réellement parti de la légendaire équipe. Mais j'aime le croire. Laissons l'illusion prendre vie !

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant